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appartient, je ne doute pas que la charité qui fait le caractère de cet Esprit, ne vous fasse trouver un nouveau plaisir à le posséder, quand vous voyez que, sans cesser de vous être propre, il devient commun à tous les Fidèles, et qu'ils peuvent le partager avec vous, sans que vous perdiez rien, ni de vos droits, ni de votre possession.

Le Seigneur donne de temps en temps à son Eglise des hommes extraordinaires, dont les faits qui tiennent du prodige, semblent, pour être perpétués dans la mémoire des hommes, n'avoir besoin que du récit que les pères en font à leurs enfans, et que ceux-ci, de génération en génération, transmettent successivement jusqu'à la postérité la plus reculée. Ceux de S. François de Sales sont de ce genre. Mais comme la multitude et la variété des objets présens ont bientôt fait perdre le souvenir du passé, Dieu a suscité d'autres hommes pour conserver à son Eglise la mémoire d'une infinité de paroles et d'actions, qui, sans ce secours de la Providence, n'auroient pas échappé au temps qui efface et détruit tout.

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Cette même Providence, pour soutenir jusqu'à la fin des siècles dans l'Eglise, l'édification que l'Evêque de Genève lui a donnée, s'est servi d'un autre moyen, qui d'abord semble rendre inutile le secours des personnes qui écrivent pour conserver à la postérité les sentimens et la conduite des Saints. Ce moyen est l'établissement de l'Ordre de la Visitation. On diroit que Dieu n'a inspiré à son Serviteur le dessein de le former, que pour faire survivre ce saint homme à lui-même en la personne des saintes filles,

qui, depuis la naissance de cet Ordre jusqu'à nos jours, ont eu le bonheur de s'y engager. C'est l'Esprit de S. François de Sales qui vous anime, MES RÉVÉRENDES MÈRES; ce sont ses maximes qui vous règlent; ce sont presque les propres termes dont il se servoit, qui font le langage que vous parlez dans vos monastères.

L

Mais comme ces maximes mêmes vous éloignent de tout commerce avec le monde, les Fidèles qui vivent dans le siècle, sont privés des puissantes leçons que votre conduite, formée sur le caractère de votre saint Fondateur, leur feroit, s'ils recevoient de vous les grands exemples que vous ne pouvez leur présenter. Le Seigneur, qui a donné S. François de Sales à son Eglise pour la sanctification de tous ses enfans, dans quelque condition qu'ils fussent, a voulu que le pieux Evêque de Belley fût l'instrument de la Provividence en leur faveur. Ce grand Prélat, qui connoissoit le prix de tout ce qui venoit du S. Evêque de Genève, a recueilli avec autant d'exactitude que de fidélité jusqu'aux moindres de ses paroles, si cependant il est permis de se servir de ce terme en parlant d'un homme qui ne prononçoit que des oracles; et l'Eglise lui a l'obligation de connoître que S. François de Sales n'en proféroit aucune qui ne fut assaisonnée du sel de la sagesse de Dieu dont il étoit plein.

Ce qu'a fait le pieux Evêque de Belley dans un ouvrage de six volumes, j'ai essayé de le faire en un seul ; et en cela, j'ai cru me conformer à l'Esprit de S. François de Sales, qui s'accommodoit, autant qu'il étoit permis, au goût du temps où il vivoit, pour gagner tout le monde à Dieu.

Comme dans le temps où nous sommes, les ouvrages concis, serrés, énergiques, sont ceux qui ont le plus d'attrait pour le lecteur, j'ai cru qu'un précis de l'ouvrage de M. de Belley, précis qui mettroit tout d'un coup sous les yeux les sentimens de S. François de Sales, seroit lu avec tout l'agrément qu'on avoit à lire l'ouvrage dans son entier, lors même que le style diffus de l'auteur sembloit devoir lui faire perdre quelque chose de ce qu'il avoit de gracieux.

Je n'avois pourtant pas entrepris la lecture de ce long recueil, dans le dessein d'en faire un extrait pour le public. J'avois pour toute intention, celle de m'instruire et de m'animer par la lecture des grandes actions et des paroles édifiantes et instructives de S. François de Sales je cherchois un modèle pour moi, et non pour le proposer aux autres.

Mais ma foiblesse pouvoit-elle me permettre de suivre tout d'un coup de si grandes leçons et un modèle si parfait ? J'ai donc cru devoir au moins recueillir et mettre par écrit ce que je devois pratiquer, afin que l'ayant continuellement sous les yeux, je ne fusse pas un moment sans me proposer à moi-même un sujet d'émulation, le plus pressant que puisse avoir un Pasteur chargé d'un nombreux troupeau. J'ai imprimé le plus avant qu'il m'a été possible, dans mon esprit, ce que j'avois sous les yeux ; et la consolation que j'ai goûtée en méditant ce que j'avois dans le cœur, m'a engagé à procurer autant que je le pourrois aux Fidèles, un avantage qui m'a paru trop précieux pour n'être possédé que par moi seul.

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Plaise au Père des miséricordes répandre sa bénédiction sur l'Ouvrage. Vos prières, MES RÉVÉRENDES MÈRES soutenues de la protection du S. Evêque dont je vous présente l'ESPRIT, me fait espérer avec confiance cette bénédiction, et j'attends de votre charité que vous prierez aussi pour l'Auteur, qui est avec la vénération la plus parfaite,

MES RÉVÉREndes Mères ET TRÈS-
HONORÉES SŒURS,

6 Décembre 1726.

Votre très-humble et tres obéissant Serviteur, P. C.

QUOIQUE

UOIQUE ce Recueil porte le même nom que celui de M. de Belley, d'où il a été tiré, ce n'en est toutefois qu'un Extrait : Extrait qui exprime tout l'Esprit de S. François de Sales. M. de Belley ne s'étoit proposé dans son Ouvrage, que de faire voir l'Esprit de S. François de Sales; mais une plume aussi féconde et aussi rapide que la sienne, u'a pu se contenir toujours dans les bornes de son sujet ; il s'est étendu souvent à d'autres matières, lesquelles, quoiqu'excellentes, ne laissent pas quelquefois de faire perdre de vue le sujet principal. C'est pour remplir précisé ment le titre de cet Ouvrage, que l'on a entrepris d'en extraire uniquement ce qui compose cet Esprit, afin qu'il paroisse tout d'un coup dans un plus agréable point de vue. On y a corrigé quelques termes qui ne sont plus d'usage; mais on l'a fait avec sobriété, pour ne rien diminuer de l'onction et de l'énergie des expressions, soit de S. François de Sales, soit de M. de Belley. On y a même laissé quelques histoires agréables, propres à délasser le Lecteur en l'instruisant. Comme ce sont tous morceaux détachés et qui n'ont point de liaison nécessaire, on n'a pas cru devoir s'éloigner de la méthode de l'Auteur, qui n'a point d'ordre marqué. On peut dire que toutes les vertus y sont traitées, mais avec assez d'étendue, et qu'il n'est personne, de quelque état qu'il soit, qui n'y trouve de quoi s'instruire et s'édifier. Dieu veuille bénir cet Ouvrage, et le faire servir à sa gloire.

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