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à Posen. Élève de Paganini, il est attaché à la chapelle impériale de Russie depuis 1853. L. C. ET K.

L. Chodzko, Discours prononcé sur la tombe de Grégoire Kontski. - Albert Sowinski, Les Musiciens Polonais et Slaves; Paris, 1857.

KONYRENBURG (Jean), littérateur hollandais, né vers 1770. Professeur de théologie au collége des Remontrants, à Amsterdam, il fut, en 1798, député à la convention nationale de la république Batave, et contribua à la rédaction de la constitution nouvelle. Quelque temps après, il abandonna la carrière politique pour reprendre ses travaux littéraires. On a de lui: Essai sur le génie de Raphael et d'Angélique Kauffmann dans la peinture; Amsterdam; 1810;

Dialogues sur les mythes ou paraboles qu'on trouve dans l'Écriture Sainte; 1809; Éloge d'Élisabeth Bekker et d'Agathe Deken; Histoire de la Révolution de 1813; 1816, avec un supplément imprimé en 1817; Mélanges de Littérature, de Physique et de Morale; Amsterdam, 1818; Constantin le Grand, tragédie, 1818, etc. Parmi les traductions qu'il a faites, on distingue un ouvrage d'Engel: Sur l'Imitation antique; Harlem, 1790, 2 vol. in-8°, fig.

K.

Galerie histor. des Contemporains; Bruxelles, 1822. KONZ (Charles-Philippe), littérateur allemand, né en 1762, à Lorch (Wurtemberg), mort le 20 juin 1827. Il fut ministre de l'Évangile à Vaihingen et à Ludwigsburg, et professeur à l'université de Tubingue. Il publia, sous le pseudonyme de Karel, deux tragédies; Conradin, 1782, et Le Retour de Timoléon à Corinthe, 1801. G. B. Neuer Nekrolog., V, 621.

KOOGEN (Lendert VAN DER), peintre et graveur hollandais, né à Harlem, en 1610, mort dans la même ville, en 1681. D'une famille d'artistes et de riches amateurs, il fut destiné de bonne heure à la carrière des arts et placé à Anvers dans l'atelier de l'habile Jacques Jordaens. Il y resta longtemps, et peignait fort bien l'histoire en grand lorsqu'il quitta son maitre; mais, de retour à Harlem, et s'étant lié intimement avec Cornille Bega, il changea de manière, et ne composa plus que de petits sujets. Ses ouvrages, peu connus en France, méritent pourtant d'être recherchés. Le dessin y est toujours pur, la composition de bon goût, la couleur soignée. Koogen a gravé à l'eau-forte assez dans le genre de Carrache. A. DE L.

Descamps, La Vie des Peintres hollandais, etc., t. II, p. 21-23. Weyerman, De Schilderkonst der Nederlan ders. Pilkington, Dictionary of Painters.

KOOKEN, impératrice du Japon, succéda à son père Sioomu, au 7e mois de l'an 1409 de la période de Sinmu (749 de J.-C. ), et mourut en 1419 (759 de J.-C.). Deux faits d'une certaine importance signalent le règne de cette princesse. Jusqu'à cette époque les Japonais avaient tiré l'or de la Chine ou de la Corée : en 749 Kooken en reçut pour la première fois de la province

d'Osio. En 753 elle bâtit le fameux temple Toodaïn, pour remplir un vœu de l'empereur son père. Elle mourut ne laissant qu'une fille pour lui succéder. F.-X. T.

Charlevoix, Histoire du Japon. Kæmpter, Voyage au Japon. Marco-Paulo, Voyage en Chine et au Japon. Mailla, Histoire générale de la Chine. - Histoire universelle, t. XX.

KOONIN, empereur du Japon, petit-fils de l'empereur Tent-su, monta sur le trône l'an 770 (de J.-C.), et mourut en 782. Sous son règne, le Japon, à l'abri des incursions des Chinois et des Tartares, fut désolé par divers fléaux. Il éclata un orage qui fit des ravages inouïs. On vit tomber du ciel des feux qui ressemblaient à des étoiles, et l'air retentit de bruits épouvantables (1). Dans sa consternation, l'empereur fit célébrer dans tout l'empire des matsuris pour apaiser les dieux (Jakasis), qu'il croyait irrités. Deux ans avant sa mort, qui arriva en 782,' un incendie consuma tous les temples de Méaco. Koonin eut pour successeur son fils Kuan-mu. F.-X. T.

Charlevoix, Histoire du Japon. — Kæmpfer, Relation d'un Voyage au Japon.

KOOTEN (Théodore VAN), humaniste hollandais, né le 22 octobre 1749, à Leeuwarden, mort en 1814. Il fit ses études à Franeker, y devint l'ami du célèbre Jean Schrader, et le remplaça en 1784 dans sa chaire, après avoir été recteur des écoles latines de Campen et de Middelbourg. Le parti patriote ayant succombé en 1787, par suite de l'invasion prussienne, il fut obligé de quitter son poste, et vint résider en France avec Walckenaër, fils de l'helléniste. Quelques années plus tard, il accompagna ce dernier dans son ambassade d'Espagne, et ne le quitta plus depuis son retour en Hollande. Il mourut chez lui, dans une maison de campagne située entre Harlem et Leyde. On a de lui: Specimen Emendationum, inséré à la suite des Emendationes de J. Schrader; 1772; - Incerti auctoris (vulgo Pindari Thebani) Epitome Iliados Homericæ; Leyde et Amsterdam, 1809, in-8°: l'impression de cet ouvrage, commencée en 1774, fut interrompue par les circonstances politiques; Delicia Poeticæ Fasciculi VII; Dunkerque et Amsterdam, 17921805, in-8°. Les meilleures pièces de cette collection sont de Kooten, qui s'était proposé Tibulle pour modèle; il excellait dans la poésie latine. Son style est élégant et pur. P. L-Y. Kotbus et de Rivecourt, Dictionn: Biogr. de la Hollande.

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KOPCZYNSKI (Onuphre), grammairien polonais, né à Czerniow, dans le palatinat de Gnèzne, le 30 novembre 1735, mort à Varsovie, le 14 février 1817. Il entra chez les piaristes, et eut pour guide le célèbre Stanislas Konarski; il voyagea dans les pays étrangers. De retour en Pologne en 1775, il fit partie de la commission de l'éducation publique, qui régénéra l'ancien

(1) Il s'agit probablement ici de la chute de quelques aérolithes.

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système pratiqué par les jésuites. On a de lui: Grammaire Polono-Latine; Varsovie, 1778; - Elegia in stemma Stanislai-Augusti; Varsovie, 1782, in-4°;- Valentino Gagatkiewicz, Elegia; 1783, in-4°; Sur l'Enseignement chrétien et moral; Varsovie, 1786; - Carmen heroicum ad quosdam diffidentes qui, potentiam vicinorum metuentes, in rebus patriæ pertimescebant; Varsovie, 1792, in-4°; - Dissertation sur l'esprit de la Langue Polonaise; Varsovie, 1804, in-8°; Règles sur la Bonne Conduite; Varsovie, 1806, in-8°; Sur le Style; 1807;- Essai de Grammaire Polonaise pratique et raisonnée pour les Français; Varsovie, 1807, in-8°; De Varsaviensi Convictu, Martem inter atque Minervam certamen a Galliarum legato Varsaviæ residente, J. Serra, armis et scriptis inclyto diremptum, elegia; Varsovie, 1808, in-4°;

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Religiosus et sapiens princeps FridericusAugustus, rex Saxonix et magnus dux Varsaviæ, religionis et literarum in Scholis Piis sator. Epigramma; Varsovie, 1809, in-folio;

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Kalendæ octobris 1814, ad Congressum Vindobonensem; Varsovie, 1814, in-4°; Ad Alexandrum I, Rossiarum imperatorem, Poloniæque regem, terras suas invisentem; Varsovie, 1816, in-folio. Ces deux derniers écrits ont été traduits en français par Baudouin de Courtenay. L. CHODZKO.

Bentkouski, Hist. de la Litter. Polon., 1814.- Annales de la Societe des Amis des Sciences de Varsovie de 1801 a 1816.- Memorial de Varsovie de 1803. -- Podcraszynski, La Pologne Littéraire; 1830.

KOPERNIK, en latin Copernicus (1), l'un des créateurs de l'astronomie moderne, naquit le 12 février 1473, à Thorn, qui appartenait alors à la Pologne (2), et mourut à Frauenburg, le 23 mai 1543. Les historiens ont longtemps discuté sur l'origine de ce grand homme : les uns le font descendre d'une famille noble, les autres prétendent que son père était serf, comme si la descendance pouvait, ainsi que le génie, donner la gloire et l'immortalité. C'est seulement de nos jours qu'on est parvenu, sur des titres vrais ou supposés, à décider cette question de naissance : la mère de Kopernik, appelée Barbel Wasselrode, était sœur de l'évêque de Warmie, et son père, fils d'un bourgeois considéré de Cracovie. C'est ainsi que Christophe Colomb se trouva, après sa mort, avoir des parents dans presque tous les pays de l'Europe, lui qui de son vivant n'eut pas même une patrie! Quoi qu'il en soit, Kopernik reçut une éducation distinguée, grâce aux soins de son oncle, l'évêque de Warmie. Il fit ses études classiques au collége de Thorn, et vint à dix-huit ans suivre les cours de phi

(1) De là on a fait Copernic, orthographe essentiellement vicieuse; car, comme ce nom est polonais, en l'écrivant avec un c, il faudrait le prononcer Tsopernits.

(2) C'est donc à tort que le roi de Bavière l'a fait ranger parmi les illustrations allemandes dans le temple de Walhalla Kopernik est Polonais et de nom et de naissance,

losophie et de médecine à l'université de Cracovie. Ce fut aux leçons d'Albert Brudzewki qu'il commença à se passionner pour la science qu'il devait illustrer. Dans ses instants de loisir, il cultivait la peinture avec beaucoup de succès. A vingt-trois ans il se rendit en Italie pour achever ses études à Padoue et à Bologne. Il s'y fit inscrire sur la liste des étudiants polonais qui fréquentaient ces célèbres universités circons. tance qui a été citée pour montrer encore que Kopernik n'était point Allemand. En 1499 on le trouve professant à Rome les mathématiques devant un auditoire nombreux. En 1502, de retour à Cracovie, il se fit prêtre, et huit ans après il devint chanoine à Frauenburg, petite ville située sur les bords de la Vistule. C'est là qu'il passa le reste de ses jours, partagé entre les devoirs de sa charge et la culture de l'astronomie. Il employait aussi une grande partie de son temps à des œuvres de charité et à donner de bons conseils : il visitait les malades pauvres, et les soignait à ses frais; il imagina la construction d'une machine hydrau. lique pour distribuer l'eau dans toutes les maisons de la ville, s'occupa de la fonte des monnaies (1), et plaida victorieusement la cause de ses collègues dans un procès que le chapitre de Frauenburg soutenait contre les chevaliers de l'Ordre Teutonique.

Kopernik hésita longtemps à publier le travail qui l'a immortalisé. Vaincu enfin par les sollicitations réitérées de deux amis, il se décida à livrer à l'impression son De Revolutionibus Corporum Cœlestium (Nuremberg, 1543, in-fol.) C'est lui-même qui nous l'apprend, dans la préface de cet impérissable monument, qu'il mit, par sa dédicace, sous la sauvegarde du pape Paul III. «< Il m'est permis, y dit l'auteur, de croire qu'aussitôt que l'on connaîtra ce que j'ai écrit dans ce livre sur les mouvements de la Terre, on criera haro sur moi (statim me explodendum cum tali opinione clamitent). Du reste, je ne suis pas assez amoureux de mes idées pour ne pas tenir compte de ce que d'autres en penseront; puis, bien que les pensées d'un philosophe s'écartent des sentiments du vulgaire, parce qu'il se propose la recherche de la vérité, autant que Dien l'a permis à la raison humaine, je ne suis pas cependant d'avis de rejeter entièrement les opinions qui semblent s'en éloigner..... Tous ces motifs, ainsi que la crainte de devenir, à raison de la nouveauté et de l'absurdité (apparente), un objet de risée (contemptus qui mihi propter novitatem et absurditatem opinionis metuendus), m'avaient fait presque renoncer à l'entreprise. Mais des amis, parini lesquels le cardinal Schomberg et Tidemann Gisius, évêque de Kulm, parvinrent à vaincre ma répugnance. Ce dernier surtout mit la plus grande insistance à me faire publier ce livre, que j'avais gardé sur le chantier, non pas neuf ans, mais près de trente-six. »

(1) Il écrivit à ce sujet une dissertation (De optima monetæ cudendæ, 1526 ).

Kopernik se décida donc, à l'âge de soixantedix ans, à faire imprimer son livre, et chargea son disciple Rheticus d'en revoir les épreuves. Il eut peu de jours avant sa mort la satisfaction de tenir dans ses mains défaillantes le premier exemplaire de son ouvrage, sorti des presses de Jean Petreius, de Nuremberg. Cette première édition, devenue très-rare (c'est celle-là que nous avons sous les yeux), fut suivie d'une seconde, en 1566, et d'une troisième, en 1617. Soixante-treize ans après la mort de son auteur, le De Revolutionibus Corporum Cœlestium fut condamné (le 5 mars 1616) par la congrégation de l'Index, comme « renfermant des idées données pour très-vraies sur la situation et le mouvement de la terre, idées entièrement contraires à la Sainte Écriture.» Ce fut cet arrêt qu'invoqua le clergé de Varsovie pour refuser, le 5 mai 1829, son concours à l'inauguration de la statue de Kopernik, exécutée par Thorwaldsen (1).

Kopernik vint au monde à cette époque de renaissance où l'esprit humain semblait se réveiller tout à coup d'un sommeil séculaire. Ce sommeil n'avait été qu'apparent; car toutes les grandes questions alors si vivement tranchées n'étaient pas neuves: plus d'une fois elles avaient été mises en avant par de hardis penseurs; mais leur voix était aussitôt étouffée par l'autorité régnante, ou bien leur parole, incomprise, ne trouvait aucun écho auprès de leurs contemporains. En thèse générale, on peut soutenir que toute révolution ouvertement acceptée s'est déjà auparavant accomplie dans les esprits. Bien longtemps avant la découverte de l'Amérique, on avait parlé de l'existence probable d'une quatrième partie du monde (voy. Chr. COLOMB); et Kopernik savait lui-même qu'il n'était pas le premier à faire tourner la Terre autour du Soleil. Mais il fallait une persévérance à toute épreuve pour parvenir à se faire écouter, et la découverte, encore récente, du NouveauMonde fut en cela d'un grand secours à l'astronome révolutionnaire. Rien ne s'opposait plus à faire circuler la Terre librement dans l'espace depuis qu'il était démontré qu'elle forme avec l'eau un globe unique, qu'elle n'est pas démesurément grosse, et qu'il peut réellement exister au-dessous de nous des habitants qui ont les pieds opposés aux nôtres (2).

(1) L'empereur Napoléon 1er fit, en 1807, restaurer à ses frais le tombeau, très-endommagé, de Kopernik, dans l'église Saint-Jean à Frauenburg; il le fit placer de manière qu'on pût le voir de tous les points de l'église. A Thorn, il apprit que la maison du grand astronome était occupée par un tisserand. I s'y fit conduire, et voulut acheter le portrait de Kopernik; mais le tisserand préféra le conserver, comme une sainte relique.

(2) ... Magis id erit clarum, si addantur insulæ ætate nostra sub Hispaniarum Lusitaniæque principibus repertæ, et præsertim America ab inventore denominata navium præfecto, quam, ob incompertam ejus adhuc magnitudinem, alterum orbem terrarum putant, præter multas alias insulas antea incognitas, quo minus etiam miremur antipodes sive antichthones esse.» (De Revol. Corp. Cœlest. cap. III, p. 2, édit. 1543).

Indiquons maintenant, comme nous l'avons fait à l'article COLOMв, quelques-uns de ces échos perdus jusqu'à la venue de Kopernik, en commençant par ceux que le grand astronome signale lui-même. Voici d'abord comment il s'exprime à cet égard dans la préface de son immortel ouvrage De Revolutionibus Corporum Cælestium: « Je me suis donné la peine de relire tous les livres de philosophes que j'ai pu me procurer, pour m'assurer si j'y trouverais quelque opinion différente de ce qu'on enseigne dans les écoles relativement aux mouvements des sphères du monde. Et je vis d'abord dans Cicéron que Nicétas avait émis l'opinion que la Terre se meut (Nicetam sensisse Terram moveri ) (1). Puis je trouvai dans Plutarque que d'autres avaient eu la même idée. » Ici Kopernik cite textuellement ce que l'auteur grec rapporte du système de Philolaüs, savoir «< que la Terre tourne autour de la région du feu (région éthérée), en parcourant le zodiaque comme le Soleil et la Lune (2) ». Du reste, les principaux pythagoriciens, tels que Archytas de Tarente, Héraclide de Pont, Échécrate, etc., enseignaient la même doctrine, d'après laquelle « la Terre n'est pas immobile au centre du monde; elle tourne en cercle, et est loin d'occuper le premier rang parmi les corps célestes (3) ». Pythagore avait appris, dit-on, cette doctrine des Égyptiens, qui dans leurs hiéroglyphes représentaient le symbole du Soleil par le scarabée stercoral, parce que cet insecte forme une boule avec les excréments de bœuf où il vit, et que se couchant sur le dos, il la fait tourner entre ses pattes. Timée de Locres était plus précis encore que les autres pythagoriciens quand il appelait « les cing planètes les organes du temps, à cause de leurs révolutions (ὄργανα χρόνου διὰ τὰς τροπὰς) », ajoutant qu'il fallait supposer la Terre non pas immobile à la même place, mais tournant, au contraire, autour d'elle-même et se transportant dans l'espace (tv γῆν..... μὴ μεμηχανῆσθαι συνεχομένην καὶ μέσ νουσαν, ἀλλὰ στρεφομένην καὶ ἀνειλουμένην νοεῖν) (4).

Plutarque raconte que Platon, qui avait toujours enseigné que le Soleil tournait autour de la Terre, avait vers la fin de ses jours changé

(1) Cicero, De Finibus, lib. V.

(2) Φιλόλαος ὁ Πυθαγόρειος την γὴν κύκλῳ πε ριφέρεσθαι περὶ τὸ πῦρ, κατὰ κύκλου λοξου, ὁμοιοτρόπως ἡλίῳ καὶ σελήνη. Plutarch., De Placitis Philosoph., lib. II, 23, et III, 11 et 13. Voyez aussi Stobée, Eclog. Phys., lib. I; Diogène Laerce, lib. VIII, 85. Selon Eusèbe (Præpar. Evangel.), Philolaüs avait le premier exposé le système de Pythagore.

(3) Τὴν γὴν οὔτε ἀκίνητον, οὔτε ἐν μέσῳ τῆς περιφορᾶς οὖσαν, ἀλλὰ κύκλῳ περὶ τὸ πῦρ αἰωρουμέ νην, οὔτε τῶν τιμιωτάτων, οὐδέ τῶν πρώτων τοῦ Xóбμον μорíшν úжάρɣetv. Plutarch., Numa; cf. ejusd. De Placit., III, 13; Clement-Alex., Stromat., V.

(4) Plutarch., De Placit., lib. III. Comp. Dutens, Origine des Découvertes attribuées aux modernes, t. I, p. 208.

d'opinion, regrettant de n'avoir pas placé le Soleil au centre du monde, seul lieu qui convienne à cet astre (1).

Trois siècles avant J.-C., Aristarque de Samos composa, au rapport d'Archimède, un ouvrage spécial pour défendre le mouvement de la Terre contre les opinions contraires des philosophes. Dans cet ouvrage, aujourd'hui perdu, il enseignait, d'une manière positive, que « le Soleil reste immobile et que la Terre se meut autour du Soleil en décrivant une courbe circulaire dont cet astre occupe le centre (τὸν ἅλιον μένειν ἀκίνητον· τὰν δὲ γᾶν περιφέρεσθαι περὶ τὸν ἅλιον, κατὰ κύκλου περιφέρειαν, ὅς ἐστιν ἐν μέσῳ τῷ δρόμῳ κείμενος) (2). - Il était impossible de poser la question en termes plus nets. Et pour que rien n'y manquât, pas même l'expiation du génie, Aristarque fut accusé d'irréligion, pour avoir troublé le repos de Vesta, « parce que, ajoute Plutarque, afin de sauver l'explication des phenomènes (φαινόμενα σώζειν), il enseignait que le ciel était immobile, et que la Terre accomplissait sur une ligne oblique un mouvement de translation en même temps qu'un mouvement de rotation autour de son axe (ἐξελίττεσθαι δὲ κατὰ λοξοῦ κύκλου τὴν γὴν, ἅμα καὶ περὶ τὸν αὑτῆς ἄξονα δινομένην) (3).

Telle est précisément la thèse que reprit, après dix-huit siècles d'intervalle, Kopernik; et, chose remarquable, lui aussi fut accusé d'irréligion cependant Vesta avec tous les dieux de l'Olympe avait disparu. Ainsi donc le même élément, dans l'antiquité comme dans les temps modernes, apportait un retard au progrès. Il y a là un immense problème à résoudre, plus grand que tous les autres.... Mais revenons à notre exposé historique.

En passant des Grecs aux Romains, et de là au moyen âge, la doctrine d'Aristarque, qui est celle du vrai système du monde, subit une modification curieuse : elle s'éloigna du système de Kopernik pour se rapprocher de celui de TychoBrahé. Ce système consiste, comme on sait, à faire mouvoir autour du Soleil seulement les deux planètes intérieures, Mercure et Vénus, pendant que le Soleil tournerait avec ces deux planètes ainsi qu'avec toutes les autres, autour de la Terre considérée comme centre du monde. Voici ce que dit Vitruve : « Le Ciel tourne per'pétuellement autour de la Terre..... Mais Mercure et Vénus font leurs révolutions autour du soleil, qui leur sert de centre (4). » Macrobe re

(1) Πλάτωνα φασι πρεσβύτην γενόμενον διανενοῆσθαι περὶ τῆς γῆς, ὡς ἐν ἑτέρα χωρᾳ καθεστώ σης, τήν τε μέσην καὶ κυριωτάτην ἑτέρῳ τινὶ κρειτтоνι лробńжоυGEv. Plutarch., Numa.

(2) Archimède, In Psammite.

(3) Plutarch., De facie in orbe Lunæ.

(4) « Cœlum volvitur continenter circum Terram..... Mercurii autem et Veneris stellæ circum Solis radios, Solem ipsum, uti centrum itineribus coronantes... » (Vitruve, De Architectura, lib. IX, c. 4, etc.)

produit à peu près la même idée (1). — Martianus Capella répète aussi que « Vénus, et Mercure ne tournent pas autour de la Terre, mais autour du Soleil, pris pour centre (2) ». Kopernik, en faisant allusion à cette théorie, ajoute «< qu'elle n'était pas trop à dédaigner (3) ». · Cicéron et Sénèque admettaient, avec Aristote et les stoïciens, que la Terre est immobile au centre du monde. Cette question cependant paraissait encore indécise à Sénèque, puisqu'il dit : « Il sera bon d'examiner si c'est le monde qui tourne et la Terre qui reste immobile, ou si la Terre tourne, le monde restant dans l'inaction. En effet, il s'est trouvé des hommes qui ont soutenu que c'est nous que la Terre entraîne à notre insu (nos esse quos rerum natura nescientes ferat); que ce n'est pas le mouvement du ciel qui produit le lever et le coucher des astres, que c'est nous qui nous levons et nous couchons relativement à eux. C'est un problème digne de nos méditations que de savoir dans quel état nous sommes si le destin nous a assigné une demeure immobile ou douée d'un mouvement rapide; si Dieu fait rouler tous les corps célestes autour de nous ou nous autour d'eux (4). »

Laissant de côté les doctrines plus ou moins bizarres consignées dans les cosmographies du moyen âge, connues sous les titres d'Images du monde, nous nous bornerons à citer ce qu'un prince de l'Église, mort environ dix ans avant la naissance de Kopernik, affirmait comme évident (manifestum). « Il est évident, dit le célèbre cardinal de Cusa, que cette Terre tourne en réalité (istam Terram in veritate moveri), bien que nous ne puissions saisir ce mouvement que par une certaine comparaison avec l'élément fixe du ciel (nisi per quamdam comparationem ad fixum) (5). » Il s'agit bien íci du mouvement de translation de la Terre, en vertu duquel le Soleil semble parcourir, dans l'espace d'une année, tous les signes du zodiaque.

N'oublions pas que les doctrines que nous venons de passer en revue, et qui sont aujourd'hui,

(1) Macrobe, in Somnium Scipionis, lib. I, c. 19.

(2)« Venus Mercuriusque, licet ortus occasusque quotidianos ostendant, tamen eorum circuli Terras omnino non ambiunt, sed circa Solem laxiore ambitu circulantur. » (Martianus Capella, De Nuptiis Philologiæ et Mercurii, lib. VIII, dans le chapitre intitulé: Quod Tellus non sit centrum omnibus planetis. Voy. notre article CAPELLA. )

(3) << Minime contemnendum arbitror, quod Martianus et quidem alii Latinorum percalluerunt. Existimant enim quod Venus et Mercurius circumcurrant Solem in medio existentem, et eam ob causam ab illo non ulterius digredi putant, quam suorum convexitas orblum patiatur, quoniam Terram non ambiunt ut cæteri, sed absidas conversas habent. Quid ergo aliud volunt significare, quam circa Solem esse centrum illorum orbium?» ( De Revol. Corp. Cœlest., lib. I, p. 8 (verso) de l'édition de 1543.) (4) « Digna res est contemplatione, ut sciamus, in quo rerum statu simus : pigerrimam sortiti, an velocissimam sedem circa nos Deus omnia, an nos agat. » (Sénèque, Quæst. Natural., lib. VII, c. 2, t. V, p. 633, édit. Bouillet.) (5) Card. Cusa, Opera, Bâle, 1565, in-fol., p. 41 cap. De docta Ignorantia.

giner.

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Voilà comment s'exprime celui qui a été si longtemps l'oracle des astronomes. Nous savons au jourd'hui, par raison démonstrative, qu'il n'y a du dernier ridicule que ces conclusions mêmes de Ptolémée. Mais, ne l'oublions pas, il a fallu des efforts séculaires pour arriver à ce degré de connaissance.

pour la plupart, des vérités acquises à la science, ¡ auxquelles on arriverait: elles sont du dernier n'étaient accueillies de leur temps qu'avec une ridicule (návτwv yeλolóτatα), même à imarailleuse incrédulité : elles ne se hasardaient que timidement au grand jour; leurs auteurs, en opposition flagrante avec ce que l'on appelait alors, en style officiel, la vérité et le bon sens, étaient heureux encore si l'on se bornait à les traiter seulement de fous. La gloire de Kopernik est donc, non pas d'être l'auteur du vrai système du monde, mais d'avoir tiré en quelque sorte du sac aux oublis une idée condamnée par le témoignage du sens commun, et de l'avoir fécondée par son génie. Que d'idées qui attendent peut-être encore leur Kopernik!

Le double mouvement de la Terre est donc, dans la véritable acception du mot, une idée renouvelée des Grecs. Ptolémée lui-même, que l'on ne cesse d'opposer à Kopernik, la connaissait, et il lui consacre tout un chapitre, non certes pour l'adopter, mais pour la combattre, par des arguments qui présentent un singulier mélange d'erreurs et de vérités. Après avoir parfaitement démontré que la Terre n'est qu'un point (onuaíov λóyov Exɛt) relativement aux espaces célestes (1), il ajoute, étrange aberration! que c'est par des preuves analogues qu'on arrive à démontrer que la Terre n'est douée d'aucun mouvement de translation sur l'écliptique (μηδὲ ἥντινα οὖν κίνησιν εἰς τὰ πλάγια μέρη τὴν rЯv olóv te πoletσbat). Voici l'argument qui lui paraît le plus propre à combattre l'idée d'un mouvement de translation. « Il n'y a, dit-il, ni dessus ni dessous dans le monde, comme il convient à une sphère. Quant aux corps qu'il renferme, ceux qui sont subtils et légers, sont poussés par leur nature au dehors et vont gagner la circonférence : ils nous paraissent se porter en haut, parce que c'est ainsi que nous appelons l'espace qui est au-dessus de notre tête, jusqu'à la surface qui paraît nous envelopper. Les corps lourds et composés d'éléments pesants se dirigent, au contraire, vers le milieu, comme vers un centre ils nous paraissent tomber en bas (xáτw níяTEIV), parce que tout ce qui est audessous de nos pieds dans la direction du centre de la Terre, nous l'appelons l'en-bas; ces corps se tasseront sans doute autour de ce centre par l'effet opposé de leur choc et de leur frottement. On comprend donc que toute la masse de la Terre, si grande comparativement aux corps qui tombent sur elle, puisse les recevoir, sans que ni leur poids ni leur vitesse ne lui communiquent la moindre oscillation. Or, si la Terre avait un mouvement commun avec tous les autres corps pesants, évidemment elle ne tarderait pas à les dépasser par l'effet de sa masse, laisserait les animaux ainsi que les corps graves sans autre appui que l'air, et finirait bientôt par tomber hors du ciel même. Telles sont les conséquences

(1) Ptolém., Syntaxis Mathemat., lib. I, c. 5. NOUV. BIOGR. GÉNÉR. T. XXVIII.

Laissons encore parler Ptolémée, cette lumière de son temps. Après avoir démoli, avec un air profondément dédaigneux, l'hypothèse du mouvement annuel ou de translation, il s'attaque au mouvement diurne ou de rotation. Il croit le réfuter victorieusement en ces termes : Il y a des gens qui, tout en se rendant à ces raisons, parce qu'ils n'ont aucun argument à faire valoir contre, prétendent que rien n'empêche de supposer ensuite que, le ciel demeurant immobile, la Terre tourne autour de son axe d'occident en orient, et qu'elle accomplit cette rotation chaque jour... Il est vrai que quant aux astres rien n'empêche, en ne tenant compte que des apparences, de supposer, pour plus de simplicité (xatá ye tǹv átλovotépav éπiboànv), qu'il en soit ainsi. Mais ces gens-là ne sentent pas combien, sous le rapport de ce qui se passe autour de nous et dans l'air, leur opinion est souverainement ridicule ( ñávʊ yɛλotótatov). Car si nous leur accordions, ce qui n'est pas, que les corps les plus légers ne se meuvent point, ou ne se meuvent pas autrement que les corps de nature contraire, tandis qu'évidemment les corps aériens se meuvent avec plus de vitesse que les corps terrestres; si nous leur accordions que les objets les plus denses et les plus lourds ont un mouvement propre, rapide et constant, tandis qu'en réalité ils n'obéissent qu'avec peine aux impulsions communiquées, ces gens seraient obligés d'avouer que la Terre, par sa rotation, aurait un mouvement plus rapide qu'aucun de ceux qui ont lieu autour d'elle, puisqu'elle ferait un si grand circuit en si peu de temps. Les corps qui ne seraient pas appuyés sur elle paraîtraient donc toujours avoir un mouvement contraire au sien; et aucun nuage, ni rien de ce qui vole ou est lancé, ne paraîtrait se diriger vers l'orient, car la Terre le précéderait toujours dans cette direction: elle anticiperait sur les choses lancées (dans ce sens) par son mouvement vers l'orient, en sorte qu'elles paraîtraient toutes, la Terre seule exceptée, aller en arrière vers l'occident. S'ils disaient que l'air est emporté par la Terre avec la même rapidité que celle-ci, il n'en serait pas moins vrai que les corps qui s'y trouvent n'auraient pas la même vitesse; ou si ces corps étaient entraînés comme ne faisant qu'un tout avec l'air, on n'en verrait aucun précéder ni suivre; ils paraîtraient tous stationnaires, soit qu'ils volassent ou qu'ils fussent lancés. Or, nous les voyons dans ces conditions changer de place, 3

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