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octrois; sur la répression de la fabrication des vins, pour laquelle il fit trois rapports; sur la refonte des monnaies de cuivre et sur les brevets d'invention. Vers la même époque, il publia deux brochures Sur les Octrois en général et sur l'octroi de Paris dans ses rapports avec les boissons.

Le 24 février 1848, comprenant la gravité de la situation, M. de La Grange se fit, quoique malade, presque porter à la chambre. Dès le lendemain de la révolution, il entra franchement dans la lutte contre l'anarchie. Rappelé par le suffrage universel au conseil général de la Gironde, il y fit prévaloir deux ans de suite la révision de la constitution, et contribua au mouvement d'opinion qui produisit l'élection du 10 décembre. Nommé en 1849 à l'Assemblée législative, il se sépara de ceux de ses amis qu'une impulsion. contraire entraînait vers de périlleuses complications, et lorsqu'il fallut choisir entre l'omnipotence parlementaire et le prince Louis-Napoléon, M. de La Grange préféra la domination d'un homme à un despotisme collectif et aux hasards d'une Convention. Après le coup d'État du 2 décembre, M. de La Grange fit partie de la commission consultative. Il est aujourd'hui sénateur, grand-officier de la Légion d'Honneur et membre du conseil du sceau. Outre les écrits cités, on a de lui: De la Noblesse comme institution impériale; Paris, 1857. Le Voyaige d'Oultremer en Jérusalem par le seigneur de Caumont, l'an M. CCCC. XVIII, in-8°; 1858. Le marquis de La Grange a épousé, le 6 juin 1827, Constance-Madeleine-Louise-Nompar de Caumont, fille de Philibert-Nompar de Caumont, duc de La Force, pair de France, et de Marie Constance de Lamoignon.

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LAGRANGE (N......), traducteur français, né à Paris, en 1738, mort dans la même ville, le 18 octobre 1775. Fils de parents pauvres, il annonça de bonne heure d'heureuses dispositions. Un de ses professeurs lui procura une bourse au collége de Beauvais, où il acheva ses classes. Le baron d'Holbach le chargea de l'éducation de ses enfants. Il venait de terminer cette tâche lorsqu'il mourut. Lagrange avait rencontré chez d'Holbach les principaux encyclopédistes. Diderot lui conseilla de traduire le poëme de Lucrèce. La Grange entreprit ce travail, et fit paraître : Lucrèce, traduction nouvelle, avec des notes; Paris, 1768, 2 vol. in-8° et in-12; 1794, 3 vol. in-8°; an vII (1799), 2 vol. in-12; 1821, 2 vol. in-12; 1823, 2 vol. in-18 cette traduction, revue, dit-on, par Naigeon, eut un grand succès; le style est facile et coulant, et les notes montrent une critique judicieuse. Il traduisit encore du latin : Antiquités de la Grèce en général et d'Athènes en particulier, avec des notes par F. Leis

ner; Paris, 1769, in-12. Enfin, il publia les OEuvres de Sénèque le Philosophe, avec des notes critiques d'histoire et de littérature, un Essai sur la vie de Sénèque le Philosophe (par Diderot ), et des notes (par Naigeon); Paris, 1778-1779; 1791, 7 vol. in-12; Tours, an (1795), 8 vol. in-8° et 8 vol. in-12; Paris, 1819-1820, 13 vol. in-12. Lagrange avait laissé cette traduction imparfaite; Naigeon la termina, et revit tout le travail. Darcet et Desmarest lui fournirent quelques annotations. Les notes du premier livre des Lettres sont presque toutes du baron d'Holbach. J. V.

Necrologe de 1777, - Quérard, La France Litter. LA GRANGE (Rivet DE). Voy. RIVET. LAGRANGE (Joseph-Louis, comte), l'un des plus grands géomètres des temps modernes, né le 25 janvier 1736, à Turin, et mort à Paris, le 10 avril 1813. Il était issu d'une famille originaire de la Touraine; Descartes était son aïeul. Après avoir porté les armes sous Louis XV, il passa au service du duc de Savoie, qui le fixa définitivement à Turin, en lui donnant pour épouse une dame Conti, d'une illustre famille romaine. Lagrange était l'aîné de sa famille. De onze enfants, il resta seul avec le dernier né. Dès sa plus tendre enfance, il manifesta un goût prononcé pour l'étude; mais les mathématiques n'avaient encore aucun attrait pour lui; il sembla même les dédaigner d'abord, et ne parut avide que de connaissances littéraires. Ce ne fut que plus tard qu'il se passionna pour les sciences. Il les étudia alors avec cette opiniâtreté et cette patience qu'il conseillait à ceux qui lui demandaient la meilleure manière de les cultiver : « Il faut apprendre les mathématiques, disait-il souvent, dans tout ce qu'elles ont de plus, difficile ». Le génie de Lagrange fut très-précoce. A dix-neuf ans il professa les mathématiques dans l'école d'artillerie de Turin, en présence d'élèves dont aucun n'était aussi jeune que lui. On comprend bien qu'une telle ardeur de méditation et de travail devait nuire au développement de ses forces physiques; aussi était-il grêle, mince et pâle. Ce fut de vingt à vingt-deux ans qu'il commença à se faire connaître; il fut alors, avec le marquis de Saluces et le médecin Cigna, le fondateur de l'Académie des Sciences de Turin. Lagrange était d'un naturel pensif et silencieux : il travaillait toujours de tête et méditait telle. ment ses ouvrages, avant de les produire, qu'il les écrivait sans rature. Cette extrême contention d'esprit le jetait dans une sorte d'exaltation fébrile. Vers l'âge de vingt-cinq ans, au moment où il venait de découvrir sa célèbre méthode De Maximis et de Minimis, il fut atteint d'une affection hypocondriaque. Dès lors des symptômes bilieux se manifestèrent; et on les traita par des saignées répétées, ce qui dut affaiblir sa constitution et lui inspirer ces soins méticuleux qu'il prit pendant toute sa vie. Son régime était sobre et sévère. Par suite de son état mala

dif, on le vit pendant quelque temps s'occuper de médecine, de recherches sur l'organisation, sur la nature des poisons et des diverses substances nuisibles à l'économie animale. Cependant l'exercice du corps, l'interruption des travaux d'esprit rétablirent sa santé altérée. Dès que les premières découvertes de Lagrange furent connues du monde savant, il se trouva en relation avec D'Alembert et Euler, qui étaient à la tête des géomètres de l'époque. Quoiqu'il fût le plus jeune, ces mathématiciens ne dédaignaient pas dans leurs correspondances de le traiter comme leur égal. Euler lui-même n'hésita pas à commenter de sa main son Calcul des Variations. A vingt-huit ans (1764), Lagrange remporta le grand prix de mathématiques à l'Académie des Sciences de Paris pour sa théorie de la libration de la Lune.

Euler,appelé à Saint-Pétersbourg, laissa vacante la place de directeur de l'Académie de Berlin. Frédéric offrit à D'Alembert la présidence de son académie; mais ce géomètre refusa, en proposant Lagrange, qui fut agréé en 1766; il reçut un traitement de 1,500 écus de Prusse (environ 6,000 francs de notre monnaie), avec le titre de directeur de l'Académie pour les sciences physicomathématiques. Lagrange se fit bientôt chérir des Allemands, qui l'avaient vu arriver avec ombrage. Le climat de la Prusse, bien moins ardent que celui de l'Italie, lui fut assez favorable; il se mit au régime du pays, abandonna tout à fait l'usage du vin pour la bière, et acquit même de l'embonpoint. C'est alors qu'il épousa sa cousine, qu'il fit venir de Turin; malheureusement une maladie longue, pendant laquelle il lui prodigua les soins les plus tendres, l'enleva à son affection au bout de deux ans.

La santé de Lagrange était quelquefois troublée par une trop grande assiduité au travail. Vers la fin des hivers, lorsqu'il avait beaucoup travaillé, Lagrange était exposé à des débordements bilieux, et se ressentait toujours de son affection hypocondriaque. En 1778, à l'âge de quarante-deux ans, il fut attaqué d'une péripneumonie dont il se rétablit; mais dès ce moment le séjour de Berlin lui devint à charge; la perte de son épouse, la mort de Frédéric II, et peut-être aussi l'indifférence du successeur du grand roi pour les sciences l'engagèrent à tourner ses regards vers la France. Les ambassadeurs de diverses puissances, surtout de Naples et d'Espagne, lui firent, mais sans succès, les offres les plus séduisantes dans le but d'attacher à leur patrie un si grand géomètre. Après avoir été vingt ans à la tête de l'Académie de Berlin, Lagrange vint à Paris en 1787. Le roi ne s'opposa pas à son départ, à la condition toutefois qu'il donnerait encore quelques mémoires à l'Académie. Cette promesse fut accomplie fidèlement, comme le prouvent les volumes de 1792, 1793 et 1803. Depuis 1772, il faisait déjà partie de l'Académie des Sciences de Paris comme associé étranger. Mais pour lui donner droit de suffrage dans toutes les délibérations, on changea ce titre en celui de

pensionnaire vétéran. Lagrange publia en 1787 sa Mécanique analytique, dont il avait rédigé le manuscrit à Berlin, et dont il avait posé les premières bases dans son mémoire sur la libration de la Lune. Il se plaisait à raconter les difficultés qu'il avait rencontrées en cherchant un libraire qui voulût se charger de l'impression de cette œuvre de génie. Séduit par les célèbres expériences de Lavoisier, Lagrange abandonna un moment la géométrie pour étudier la chimie. Autrefois il avait déjà essayé de la physique à Turin; il avait même fait des recherches sur les religions et sur la métaphysique, quoiqu'il n'ait voulu rien imprimer à ce sujet; enfin, il avait cultivé la musique et la botanique. On voit qu'il n'était étranger à aucune science.

En 1792 il épousa en secondes noces la fille du célèbre astronome Lemonnier, académicien. Lagrange avait alors cinquante-six ans. Ce qu'il souhaitait surtout, c'était une compagne aimable, dont la société pût lui offrir quelques délassements dans les intervalles de ses travaux ; à cet égard il ne lui resta rien à désirer. Pendant la révolution, Lagrange se tint à l'écart, tout absorbé par la science. En 1792 il devint membre de la commission des monnaies, et quelque temps après il prit part à l'établissement du système métrique. A la suppression des académies, on conserva d'abord temporairement la commission chargée de jeter les fondements du système métrique, puis on l'épura; Lagrange fut conservé. A la mort de Lavoisier, on lui conseilla de quitter la France; mais il ne put s'y résigner. Nommé professeur à l'École Normale de 1794, il eut à peine le temps d'exposer ses idées sur les fondements de l'arithmétique, de l'algèbre et de leurs applications à la géométrie, parce que cette école n'eut alors qu'une existence éphémère. Dès que l'École Polytechnique fut fondée, il y,devint professeur d'analyse ; c'est même pour elle qu'il publia la Théorie des Fonctions analytiques en 1797, la résolution des équations numériques en 1798, et d'autres écrits non moins importants dans le journal de cette école. Le bureau des longitudes le réclama bientôt, et Napoléon, outre le titre d'académicien, lui conféra les dignités de sénateur, de comte de l'empire, de grand-officier de la Légion d'Honneur et grand'croix de l'ordre impérial de la Réunion. L'empereur l'appelait la haute pyramide des sciences mathématiques.

On n'aurait qu'une faible idée du génie mathématique de Lagrange si l'on ne donnait une analyse rapide de ses principaux travaux. En remontant à l'origine de ses recherches, on appréciera mieux toute la portée de cette belle intelligence. Un des premiers mémoires de Lagrange est relatif à la détermination du maximum et du minimum dans toutes les formules intégrales indéfinies. Ce travail fut entrepris à l'occasion de la courbe de la plus rapide descente et des isopérimètres de Bernoulli. Après avoir montré l'insuffisance des formules connues, après avoir

donné de nouvelles méthodes, il annonce qu'il traitera ce sujet dans un ouvrage où l'on verra déduite des mêmes principes toute la mécanique des corps soit solides, soit fluides. C'est ainsi qu'à vingt-trois ans il jeta les bases des travaux qui devaient faire l'admiration des savants. Quelque temps après, il publia un mémoire dans le quel il ramène au calcul différentiel la théorie des suites récurrentes et la doctrine des basards. Newton avait entrepris de soumettre au calcul les mouvements des fluides; il avait fait des recherches sur la propagation du son: Lagrange démontre que ces principes sont insuffisants et même fautifs; il fonde ses nouvelles recherches sur les lois connues de la dynamique, en ne considérant dans l'air que les particules qui se meuvent en ligne droite; il ramène ainsi le problème à celui des cordes vibrantes, en donne une solution générale, et établit la théorie du mélange des vibrations simples et régulières de Bernoulli. Après avoir montré entre quelles limites cette théorie est exacte, il passe à la propagation du son, traite des échos simples et composés, du mélange des sons, de la possibilité qu'ils se répandent dans le même espace sans se troubler, et démontre rigoureusement la génération des sons harmoniques. Son but était de détruire les préjugés de ceux qui doutaient encore de l'efficacité des mathématiques dans les recherches de la physique. Ce mémoire est le premier qui ait fixé la place de Lagrange dans le monde savant. Si l'analyse en est du genre le plus transcendant, l'objet du moins a quelque chose de sensible. Il était surprenant de voir un jeune homme s'emparer d'un sujet traité par Newton, Taylor, Bernoulli, D'Alembert et Euler, et se poser tout à coup au milieu de ces grands géomètres comme leur égal et même leur maître, en montrant la véritable solution, qu'ils n'avaient qu'entrevue sans pouvoir l'atteindre. Dans ses rapports avec des savants de si haute portée, toujours Lagrange montra une modestie et une aménité telle que jamais la moindre suscepti→ bilité ne troubla leurs relations. Ainsi D'Alembert avait cru qu'il était impossible de soumettre au calcul les mouvements d'un fluide enfermé dans un vase, si ce vase n'avait une certaine figure; Lagrange démontre qu'il ne saurait y avoir de difficulté que dans le cas où le fluide se diviserait en plusieurs masses. D'Alembert avait pensé que dans une masse fluide telle, que la Terre avait pu l'être à l'origine, il n'était pas nécessaire que les différentes couches fussent de niveau: le jeune géomètre fait voir que les équations de D'Alembert. ne sont elles mêmes que celles des couches du niveau. Ces débats se firent toujours avec tous les égards et tout le respect dus à des hommes du plus haut mérite.

A la suite de ces mémoires commence la série des ouvrages qui ont immortalisé leur auteur. Il avait vingt-quatre ans lorsqu'il publia une nouvelle méthode pour la solution des problèmes où il

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s'agit de trouver les courbes qui jouissent de quelque propriété du maximum ou du minimum. C'était l'extension la plus générale que l'on pût donner à la grande découverte de Descartes sur l'analyse indéterminée. Le monde savant l'accueillit avec admiration. Euler surtout, qui avait écrit sur le même sujet un de ses plus beaux ouvrages, fut le premier à signaler la méthode de son jeune rival, et composa plusieurs mémoires pour lá commenter; ce fut lui qui l'appela le calcul des variations. Lagrange s'était borné à la présenter sous le titre d'Essai. A un si grand honneur, le jeune géomètre répondit par de nouveaux titres de gloire. En 1764 l'Académie des Sciences de Paris avait proposé, comme sujet de prix, la théorie de la libration de la Lune; elle demandait quelle était lá cause qui fait que la Lune en tournant autour de la Terre lui montre toujours la même face. Il s'agissait de calculer ces phénomènes et de les déduire analytiquement du principe de la gravitation universelle. Le travail de Lagrange remporta le prix. Non-seulement il embrassait la question proposée; mais il apprenait encore aux géo mètres l'étendue et la fécondité du principe des vitesses virtuelles pour résoudre tous les problèmes de mécanique. Cette idée renferme le germe de la Mécanique analytiqué, en réduisant d'avance à une belle formule d'analyse toutes les questions de mécanique imaginables, lorsqu'on connaît la direction et le mode d'action des forces qui déterminent l'équilibre ou le mouvement. A son arrivée à Berlin, Lagrange publia son beau travail sur les équations numériques, qui devint la base du traité qu'il a donné sur cette matière. Bientôt après il fit paraître ses recherches sur les équations algébriques, et pendant vingt-deux ans qu'il resta directeur de l'Académie de Berlin il publia près de soixante mémoires sur les nombres et les questions les plus élevées d'astronomie générale. En 1787 parut sa Mécanique analy tique, ouvrage dans lequel Lagrange a voulu transformer la mécanique en une question de calcul. Sans doute l'auteur à rempli son objet avec toute la clarté et toute l'élégance qu'on en pouvait attendre; mais si la véritable analyse brille dans la Mécanique analytique, c'est bien moins Idans ses calculs, arrangés avec ordre et 'symétrie, que dans ces courts passages où il rapproche les méthodes et les compare, ou dans ces admirables préfaces qu'il a placées à la tête des différents livrés de son ouvrage. Là, en effet, il examine et discute les principes fondamentaux de la science et fait l'histoire du mouvement de l'esprit humain dans cette suite d'idées ingénieuses par lesquelles les premiers fondements de la mécanique ont été jetés.'

Ce fut à l'époque où il professait à l'École Polytechnique qu'il publia le Calcul des Fonctions analytiques, le Traité des Fonctions et celui de la Résolution des Équations numériques. Dans l'analyse on a souvent besoin de déduire

d'une fonction donnée d'autres fonctions dérivées

et dépendant essentiellement de la fonction pri-

mitive; la formation et le calcul de ces diffé-

rentes fonctions constituent, à proprement par-

ler, le véritable objet du calcul différentiel ou

fluxionnel. Leibnitz, Bernoulli, L'Hôpital, etc.,

qui ont les premiers employé le calcul différen-

tiel, l'ont fondé sur la considération des quan-

tités infiniment petites de différents ordres et

sur la supposition qu'on peut regarder et traiter,

comme égales les quantités qui ne diffèrent entre

elles que par des quantités infiniment petites à

leur égard. Contents d'arriver à des résultats

exacts, ils ne se sont point occupés de la démons-

tration des principes de ce calcul. Dans un mé-

moire de l'Académie de Berlin, Lagrange avait

avancé que la théorie du développement des

fonctions en série contenait les vrais principes du

calcul différentiel, dégagés de toute considéra-

tion d'infiniments petits ou de limites; il avait

démontré ainsi le théorème de Taylor, qu'on peut

regarder comme le principe de ce calcul. Plus

tard, par suite de sa position de professeur à l'É-

cole Polytechnique, il se trouva obligé de déve-

lopper les principes généraux de l'analyse, de

rappeler les anciennes idées sur le calcul diffé-

rentiel et de faire de nouvelles réflexions ten-

dant à les confirmer ou à les généraliser. Telle

a été la cause qui l'a déterminé à publier un livre

à ce sujet.

En 1808, Lagrange fit imprimer, sous le titre

de Traité de la Résolution des Équations nu-

mériques, un ouvrage qui ramenait l'attention

des géomètres vers l'algèbre, qu'on avait trop

négligée jusque là. L'auteur y donne d'abord

pour la résolution des équations numériques

cette méthode élégante et sûre qu'il avait pu-

bliée pour la première fois dans le recueil des

Mémoires de l'Académie de Berlin (1767, 1768),

Il passe en revue toutes les méthodes imaginées

pour le même objet, les compare, les rapproche,

et, suivant le tour de son génie, les ramène au

même principe. Après avoir reproduit toute la

substance de celles qu'il fit autrefois dans le re-

cueil de Berlin, pour 1770 et 1771, il donne un

précis clair de sa méthode générale fondée sur

la manière de réduire le nombre des permuta-

tions, qui multiplie les fonctions cherchées, et

d'abaisser par là le degré des résolvantes. A

l'occasion du travail de Gauss (Disquisitiones

Arithmetica), Lagrange rappela ses idées, et en

déduisit la résolution directe et générale des équa-

tions binomes de tous les degrés. Tels sont les

points les plus saillants de cet ouvrage.

Outre les travaux ci-dessus indiqués, et en

partie insérés dans les Mémoires de l'Académie

de Turin, de Paris et de Berlin, on a de La-

grange: La Connaissance des Temps et le Jour-

nal de l'École Polytechnique;-Éléments d'Al-

gèbre, d'Euler, traduits de l'allemand; Paris,

1795, 2 vol. in-8°; le 2e vol. contient 300 pages

d'additions à ce traité;-Mécanique analytique;

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LAGRANGE ( Joseph, comte), général fran-
çais, né le 10 janvier 1763, à Saint-Perserre,
mort à Paris, le 16 janvier 1836. Entré en 1794;
comme capitaine dans un bataillon de volontaires
du Gers, il fit les premières campagnes de la ré->
volution, se distingua à l'armée d'Italie, et y
parvint au grade de général de brigade. Choisi par
Bonaparte pour faire partie de l'expédition d'É-
gypte, il entra le premier au Caire à la tête de
l'avant-garde, et prit part à toutes les grandes
affaires de cette guerre, particulièrement au
siége d'El-Arisch et à la bataille d'Héliopolis. Au
retour de cette expédition, Lagrange fut nommé
inspecteur général de gendarmerie et général
de division. Le 23 septembre 1800, il obtint le
commandement de la quatorzième division mi-
litaire. En 1805 il reçut le commandement en
chef de l'expédition envoyée contre les colonies
anglaises des Antilles. L'escadre, commandée>
par le vice-amiral Missiessy, se rendit à la Mar-
tinique, et le 23 février 1806 elle aborda aux
Roseaux, chef-lieu de l'ile anglaise de la Do-
minique. Les troupes descendirent à terre, et
s'emparèrent de la garnison et de l'artillerie an-
glaise; tous les magasins et les bâtiments mouil-
lés, dans le port furent capturés ou détruits. A son
retour, le général Lagrange commanda, dans
l'hiver de 1806, une division cantonnée en Hol-
lande, et fit la campagne contre la Prusse et contre
l'électeur de Hesse-Cassel, sous les ordres du
maréchal Mortier. Après la conquête de la Hesse,
Lagrange en prit le commandement militaire. A
la formation du royaume de Westphalie, il fit
partie, avec Beugnot, Siméon et Jollivet, de la
commission chargée temporairement de l'admi-
nistration et de l'organisation de ce pays. Le prince
Jérôme ayant été appelé au gouvernement de
ce royaume, Lagrange passa à son service, et
reçut le portefeuille de la guerre, en même temps
qu'il devint chef d'état major du nouveau roi.
Créé plus tard comte de l'empire, le général
Lagrange fut appelé en 1808 à l'armée d'Espa
gne. Il se distingua à l'attaque de Cascante, et
surtout à la bataille de Tudela, sous les ordres
du maréchal Lannes, qui lui avait confié l'at-
taque principale. Rappelé en France en 1809,

il reçut le commandement des troupes fournies par le grand-duc de Bade. Dans la campagne de Russie, il commanda une division du neuvième corps, sous les ordres du duc de Bellune. Passé en 1813 sous les ordres du duc de Raguse, il assista aux batailles de Dresde et de Leipzig. Il se distingua encore dans la campagne de France en 1814, et fut blessé à la tête à ChampAubert. A la rentrée des Bourbons, il se retira près de Gisors, dans les propriétés de sa femme, Mile Talhouet. Il ne prit aucune part aux affaires des Cent Jours, et en 1817 il fut appelé à présider le collége électoral du Gers, qui l'élut membre de la chambre des députés. L'année suivante il fut compris parmi les inspecteurs généraux de la gendarmerie. A la révolution de Juillet il était en disponibilité. Le roi Louis-Philippe le nomma pair de France le 19 novembre 1831. J. V. Nécrologie, dans le Moniteur du 26 janvier 1836. —, C. Mulile, Biogr. des Célébrités militaires.

LAGRANGE (Frédéric, comte DE), fils du général Joseph Lagrange, homme politique français, né en 1816. Il épousa une fille du prince de Chimay, qui le laissa veuf au bout de quelques mois. Sa mère était tante du marquis de Talhouet, et ses sœurs épousèrent les ducs d'Istrie et de Cadore. Riche propriétaire et grand industriel, possesseur d'une verrerie dans le département du Gers, il fut élu représentant à l'Assemblée législative par ce département, le 8 juil. let 1849, à la place de Lacave-Laplagne. Il vota avec la majorité, et, après le coup d'État du 2 décembre 1851, il fit partie de la commission consultative créée par le président de la république. Élu député au Corps législatif par la circonscription de Condom en 1852, il a été réélu en 1857. J. V.

Biogr. des 750 Représ. à l'Ass. legislative. Les grands Corps politiques de l'État. - Profils critiques et biogr. des Senateurs, Conseillers d'État et Députés.

LAGRANGE (Charles), homme politique français, né à Paris, en 1804, mort à La Haye, le 22 décembre 1857. Entré de bonne heure au service dans le corps d'artillerie de la marine, il devint sous-officier, et se fit remarquer par un certain esprit d'indépendance. C'est ainsi qu'embarqué en 1821 sur la corvette L'Espérance, destinée à un voyage d'exploration sur les côtes du Brésil, avec un détachement de sa compagnie dont il avait le commandement, il voulut s'opposer à l'exécution d'une punition corporelle sur un de ses hommes. Le capitaine le fit arrêter, et le renvoya en France pour le faire passer devant un conseil de guerre à Brest; mais le ministre Clermont-Tonnerre se montra indulgent, se borna à lui infliger une punition disciplinaire, et le renvoya à son corps. En 1823, Lagrange fut désigné pour faire partie d'un détachement d'élite, et embarqué sur le vaisseau Le JeanBart. Bien que ses opinions ne fussent pas favorables à la guerre d'Espagne, il y déploya de la bravoure, assista à la prise de Santi-Petri,

de l'ile Verte et de Cadix. De retour en France, il remplit plusieurs missions, et prit enfin son congé en 1829. Revenu dans sa famille, il s'occupa du commerce des vins. Il coopéra à la révolution de Juillet, et entra bientôt dans les sociétés secrètes. Il fut en 1834 un des priucipaux agitateurs de Lyon, et se mit à la tête de plusieurs bandes d'insurgés pendant les combats qui se livrèrent dans cette ville. Compris dans le procès des accusés de l'insurrection du mois d'avril, il se fit remarquer par son exaltation devant la cour des pairs. A l'audience du 9 mai 1835, la lecture de l'acte d'accusation ayant été interrompue par les accusés, on les fit sortir tous de l'audience, et on n'en ramena que vingt-neuf, de la catégorie de Lyon, qu'on supposait plus calmes. Lagrange demanda alors la parole. M. Pasquier, président de la cour, la lui refusa. Je la prends! s'écria Lagrange, avec impétuosité. Oui, nous protestons devant la parodie de vos réquisitoires, comme nous l'avons fait devant la mitraille. Nous protestons sans crainte, en hommes fidèles à leurs serments, et dont la conduite vous condamne, vous qui en avez tant prêtés et tant trahis! » Sur l'ordre du président, des gardes municipaux entourèrent et saisirent l'accusé. «A votre aise, messieurs, continua Lagrange dans un état de surexcitation toujours croissant; condamnez-nous sans nous entendre; envoyez à la mort, sans avoir admis leurs défenseurs, les soutiens de cent cinquante familles d'hommes du peuple: moi je vous condamne à vivre, car notre sang ne lavera pas les stigmates gravés sur vos fronts par le sang du brave des braves. » Et pressé par les gardes, il sortit en reculant, les yeux toujours fixés sur ses juges. Lagrange ne s'évada pas de Sainte-Pélagie, et fut condamné à vingt ans de détention. Étant tombé malade, il fut transféré dans une maison de santé. Amnistié en 1839, il revint à Paris, et continua de suivre le mouvement républicain. La révolution de Février le compta parmi ses chefs. On prétend même que ce fut lui qui, tirant un coup de pistolet sur le cheval d'un lieutenant-colonel au boulevard des Capucines, provoqua ces terribles fusillades qui frappèrent bon nombre de curieux et amenèrent le renversement de la royauté; mais il protesta publiquement et même devant les tribunaux contre cette inculpation. L'acte d'abdication de Louis-Philippe étant tombé dans ses mains, il le lut au peuple et le conserva. Il courut avec Marchais à l'hôtel de ville, dont il fut nommé gouverneur par le gouvernement provisoire; mais bientôt une réaction lui enleva tout pouvoir. Élu représentant par le département de la Seine, le 4 juin 1848, il publia en entrant à l'assemblée un manifeste où il témoignait un dévouement sans bornes à la république. Il se prononça pour le suffrage universel et pour l'abolition de la peine de mort, qu'il voulait même étendre à l'armée. Réélu le troisième par le même département, à l'Assem

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