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mes compatriotes du spécimen qui leur a deux fois été dédié : chez nous inconnu, illustre ailleurs, ayant paru dans la langue où s'écrivent les lignes de cette revendication.

Par quel concours ignoré de faits, ce livre n'a-t-il pas été, au siècle dernier ou maintenant, vu de quelqu'un? ténèbres; que, loin de chasser, j'épaissis, dénombrant les chances d'une notoriété longtemps et comme savamment éludée. Anonyme, parut, à Paris et à Lausanne, en 1787, une édition simultanée du texte vrai (avant la rédaction et marié depuis, l'auteur ayant résidé aux bords du Léman) : bien la même dont un ballot fut en feuilles expédié de notre rue de la Harpe. Quel œil alors surveilla toutes choses: c'était pendant cette excursion en Portugal, commencée pour distraire le mal d'un veuvage; et Paris n'avait peut-être été en

hâte traversé qu'à l'automne de 1786, peu de mois après la fin de la compagne laissée; or dans d'autres dispositions que faire imprimer un ouvrage vieux de quelques années? La remise du manuscrit s'effectua dès le tour de noces antérieur (conjecture encore risquée) où l'envoi en a été, probablement, fait du château de la Tour près Vevay, après 1783: à moins que les souvenirs trouvés à Fonthill du juvénile isolement et de l'inspiration n'aient à un inconsolable rappelé tel projet de s'aboucher avec le libraire d'ici, dans la saison sise entre le retour d'auprès de chers restes et sa fuite au Portugal! Tout dénonce aux doutes l'hypothèse faite en vue d'approcher de la tardive date; et ceci qu'entre tant de notes intimes ou attentives à ne perdre un détail curieux (servant ensemble de fonds aux Lettres de Voyages), quelque allusion eût trahi l'arrivée dans les bosquets royaux et les fêtes, à Lisbonne, du

volume frais d'encre; sinon déjà des épreuves. La rare pièce que voici, soustraite au bouquin demeurant; d'où même émane-t-elle ? Divers points s'y éclairent : un surtout, des Épisodes; et l'autre utile à l'achèvement de ma notice, car il indique l'origine d'une version anglaise mais nul qui résolve la question en débat. Lisez. L'ouvrage que nous présentons au public a été composé en Français par M. Beckford. L'indiscrétion d'un homme de lettres, à qui le manuscrit avait été confié il y a trois ans, en a fait connaître la traduction Anglaise avant la publication de l'original. Le traducteur a même pris sur lui d'avancer dans sa préface que « Vathek » était traduit de l'Arabe. L'auteur s'inscrit en faux contre cette assertion, et s'engage à ne point en imposer au Public avec d'autres ouvrages de ce genre qu'il se propose de faire connaître; il les puisera dans la collection précieuse des manuscrits Orientaux laissés

par feu M. Wortley Montague, et dont les originaux se trouvent à Londres chez M. Palmer, régisseur du duc de Bedford. Perspicacité difficile! il doit y avoir eu, au milieu du refroidissement de chacun causé par maint délai à une publication oubliée et payée même dès longtemps, oui, miseau jour subite de ce VATHEK, chez Poinçot, à l'insu du jeune auteur, qui, repassant par Paris en 1788, ne s'ouvre à personne du Conte Arabe, soit que le peu de bruit fait autour de l'apparition ne l'engageât point à se nommer, ou qu'il obéît à certaine susceptibilité de sa famille. Un exemplaire a-t-il été envoyé avec dédicace à des sommités littéraires, doutez-en au silence unanime. trouvé dans les annales du temps. L'adolescent, allant à Ferney avec son précepteur, saluait dix ans plus tôt Voltaire, mort au moment qu'avait à peine hors des salons paternels brillé la future Mme de Staël, plus tard visitée par l'homme mûr

à Coppet. Cent mémoires fouillés', voilà nos deux seuls littérateurs que Beckford ait abordés; et la société française qui l'accueillait au passage se restreint à des cercles de haute aristocratie. Très fièrement timide, peut-être attendait-il qu'on lui parlat d'abord de son livre de jeunesse :

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1 Le MERCURE d'abord, six tomes de 1787, puis le JOURNAL DES SAVANTS; enfin à la même date l'ANNÉE LITTÉRAIRE de Fréron rien. Silencieux Métra l'est au long de ses MÉMOIRES SECRETS pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCXLII jusqu'à nos jours, ou JOURNAL D'UN OBSERVATEUR, etc.; et de Bachaumont la CORRESPONDANCE SECRÈTE politique et littéraire ou MÉMOIRES pour servir à l'histoire des cours, des sociétés et de la littérature en France depuis la mort de Louis XV, cesse avec les derniers mois de 1786 où aucune œuvre du titre de VATHEK ne se fit d'avance annoncer. Bon à consulter, quelle mention fait de l'œuvre Barbier en son DICTIONNAIRE des ouvrages anonymes et pseudonymes, celle-ci : CAPRICES (LES) ET MALHEURS DU CALIFE VALTREK, traduits de l'Arabe (par BEAUFORT), Londres, 1791, in-12. Si quoi que ce soit s'y montre excepté la substitution d'un nouveau titre au premier de l'édition parisienne de 1787 (toute remportée à Londres et que précéderait alors l'Avant-Propos transcrit page xxx), erreur de tout point qu'un tel renseignement: mais peut-être gros de révélations! L'idée ici ressort d'une confusion précieuse faite par un autre oracle de la bibliophilie Quérard entre ces dits CAPRICES, etc., et un tirage donné comme de Poinçot, Paris, 1786: voyez la FRANCE

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