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VI

selon ses format, papier et la typographie de l'autre siècle, soudain je m'y employai en toute piété, parce qu'aussi, et manies d'amateur à part, la lecture m'avait enchanté : pour répartir la trouvaille dans de consécratrices bibliothèques, qui en notifiassent l'existence et des droits à la vulgarisation ensuite.

Quelques années maintenant postérieurement, le cas se trouve de mettre l'oeuvre en circulation, avec confiance; et d'initier à cet ancien don inaperçu d'un étranger filial, pour qu'on accepte, le Public: il fallait, aidant au service avec grẻ rendu aux Lettres nationales, l'appoint d'une librairie, comme ayant un cachet traditionnel, et prompte à populariser.

Avec ce concours, je restitue VATHEK, attrayant Conte imaginatif par Beckford, un de nos écrivains, à la Langue Française.

Mon avis est que le volume occupera dans les collections classiques, ayant la nouveauté en plus, parmi les Chefs-d'œuvre des Petits Maîtres, sa situation.

S. M.

PRÉFACE

de 1876

Qui n'a regretté le manquement à une visée sublime de l'écrit en prose le plus riche et le plus agréable, travesti naguère comme par nous métamorphosé? Voile mis, pour les mieux faire apparaître, sur des abstractions politiques ou morales que les mousselines de l'Inde au XVIIIe siècle, quand régna le CONTE ORIENTAL; et, maintenant, selon la science, un tel genre suscite de la cendre authentique de l'histoire les cités avec les hommes, éternisé par le Roman de la Momie et Salammbô. Sauf en la Tentation de Saint Antoine, un idéal mêlant époques et races dans une prodigieuse fête, comme l'éclair de l'Orient expiré, cherchez ! sur

des bouquins hors de mode, aux feuillets desquels ne demeure de toute synthèse qu'effacement et anachronisme, flotte la nuée de parfums qui n'a pas tonné. La cause... mainte dissertation et au bout je crains le hasard. Peut-être qu'un songe serein et par notre fantaisie fait en vue de soi seule, atteint aux poèmes or leur rythme le transportera au-delà des jardins, des royaumes, des salles; là où l'aile de péris et de djinns fondue en le climat ne laisse de tout évanouissement voir que pureté éparse et diamant, comme les étoiles à midi.

Un livre qui en plus d'un cas, son ironie d'abord peu dissimulée, tient à l'ancien ton et, par le sentiment et le spectacle vrais, au roman évocatoire moderne, m'a quelquefois contenté en tant que bien la transition ou comme produit original. Le manque de maint effort vers le type tout à l'heure

entrevu ne m'obsède pas à la lecture de ces cent et quelques pages; dont plus d'une, outre la préoccupation d'y badiner à bon escient, révèle chez qui l'écrivit un besoin de satisfaire l'imagination d'objets rares ou grandioses. Le millésime, tantôt séculaire, placé sous le titre, reste à ce compte, pour l'érudit, une date; mais je voudrais auparavant séduire le rêveur.

L'histoire du Calife Vathek commence au faîte d'une tour d'où se lit le firmament, pour finir bas dans un souterrain enchanté; tout le laps de tableaux graves ou riants et de prodiges séparant ces extrêmes. Architecture magistrale de la fable et son concept non moins beau! Quelque chose de fatal ou comme d'inhérent à une loi hâte du pouvoir aux enfers la descente faite par un prince, accompagné de son royaume; seul, au bord du précipice: il a voulu nier la

religion d'État à laquelle se lasse l'omnipotence d'être conjointe du fait de l'universelle génuflexion, pour des pratiques de magie, alliées au désir insatiable. L'aventure des antiques dominations tient dans ce drame, où agissent trois personnages qui sont une mère perverse et chaste, proie d'ambitions et de rites, et une nubile amante; en sa singularité seul digne de s'opposer au despote, hélas ! un languide, précoce mari, lié par de joueuses fiançailles. Ainsi répartie et entre de délicieux nains dévots, des goules puis d'autres figurants qu'elle accorde avec le décor mystique ou terrestre, de la fiction sort un appareil insolite: oui, les moyens méconnus autrefois de l'art de peindre, tels qu'accumulation d'étrangetés produite simplement pour leur caractère unique ou de laideur, une bouffonnerie, irrésistible et ample, montant en un crescendo quasi lyrique, la silhouette des passions ou de cérémonials, et que n'ajouter

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