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Empires; elle l'eft aux Dépofitaires de leur autorité fouveraine, aux Miniftres des Loix, aux Citoyens enflammés de zèle, qui fe fentent nés pour faire entendre aux Nations la voix de la vérité.

De tout tems, les Princes, les Grands, les Sages, les Savans, les Peuples même, ont unanimement reconnu parmi le connoiffances philofophiques, celles des Sciences morales & politiques pour les plus importantes & les plus utiles à l'humanité.

Parmi les Nations les plus renommées, plufieurs grands Hommes en firent leurs délices dans les tems de la vraie

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gloire & de la folide prospérité : mais les Perfes, les Grecs, les Romains, nos ancêtres les Gaulois, & plufieurs autres n'entrevirent que quelques principes ifolés, & furent féduits par de fauffes lueurs; les Egyptiens, les Péruviens, plus inftruits & plus heureux furent la proie des Barbares qui les op

primerent. Peut-être les fortunés Chinois, font-ils jufqu'à préfent l'unique exemple d'un Gouvernement fondé fur les Loix éternelles conftitutives de l'ordre, qui fait depuis quatre mille ans la félicité de ce Peuple immense, malgré toutes les viciffitudes inféparables de l'humanité, qu'il a plufieurs fois épouvrées.

Ce vafte & magnifique Empire, maintenu pendant quarante fiécles contre tous les efforts des paffions civilifées ou barbares, par la feule puiffance de l'efprit philofophique, démontre quelle eft la force & l'efficacité des connoiffances morales & politiques. La Science de Fohi, confignée dans fon livre mistérieux, le plus ancien de l'univers, renouvellée d'âge en âge par des Princes immortels, les Hoam-ti, les Yao, les Xun, les Ven-vam, les Cheu-cum & quelques autres; remife en vigueur, mieux développée & plus affermie que jamais par le grand Confucius, entre

tient depuis plus de quatre mille ans dans l'abondance, au-delà de trois cent vingt millions d'Habitans, qui vivent fages, heureux & libres autant que des hommes peuvent l'être, fous le Gouvernement le plus abfolu, mais le plus juste du Monarque le plus riche, le plus puiffant, le plus humain & le plus bienfai

ant.

Voilà ce que peut d'une part la connoiffance des Loix naturelles & fociales, conftitutives de l'ordre. Voilà ce que peut la Science morale & politique, qui n'eft ni arbitraire, ni versatile, ni obfcure, ni incertaine, ni conjecturale; mais fimple, claire, évidente, fondée fur l'ordre phyfique, & fur les volontés conftantes de l'Auteur même de la nature, fi palpables, fi fenfibles, que la raison humaine ne peut jamais les méconnoître, quand elles fixent fon attention.

Mais d'autre part, quelles erreurs &

quels abus n'entraîne point l'ignorance trop commune de ces grandes & fécondes vérités premieres, qui font les feuls garants du bonheur des hommes ? Quels funeftes effets se multiplient fans ceffe à la fuite de l'efprit de fyftême, abfurde, inconféquent, irréfolu, précipité; qui marche fans principes & fans guide, qui n'écoute qu'une imagination préoccupée, qui ne confulte que les defirs d'une cupidité insatiable, & qui n'a de régle que l'inftinct aveugle des intérêts qui naiffent du moment, des objets & des personnes?

Combien d'horreurs nous offrent les Annales de ces Peuples, triftement célebres, qui n'eurent point des Philofophes pour Légiflateurs, & qui refterent livrés aux orages d'une Adminif ration arbitraire faute d'être éclairée ? Les campagnes spoliées des richesses rurales qui font la fertilité de la terre, des laboureurs qui gémiffoient fous le joug

de la vexation, des propriétés mal affurées que les charges indirectes, les exclufions, les prohibitions minoient fans ceffe; des efprits dégradés, des cœurs corrompus, des mœurs perverties ; l'injustice, la rapine, la violence qui triomphoient prefque impunément ; des Loix mobiles, vicieuses, destructives & méprifées; l'efprit de découragement, de diffenfion, de révolte, qui luttoit contre l'efprit de domination, de faste & de cupidité; le luxe ruineux des Cités & la fauffe opulence des Oppreffeurs du Peuple; un spectre coloffal de puiffance; l'autorité fouveraine trop fouvent égarée par ceux même qui auroient dû l'éclairer, trop fouvent combattue par ceux qui auroient dû lui concilier les refpects; des inimitiés nationales invétérées ;. des conquêtes illufoires & pernicieuses, des guerres fanglantes & continuelles, & pour tout dire d'un feul mot, la malheu reufe humanité livrée alternativement

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