Il fubfifte encore dans plufieurs endroits, quelques veftiges magnifiques des Ouvrages exécutés par les Péruviens, en vue de l'utilité publique ; on prétend même qu'une partie de ce Peuple immenfe, échappée à la cruauté de ses oppreffeurs, s'eft maintenue dans le centre de l'Amérique Méridionale, fous le même Gouvernement, & fous l'autorité des Princes iffus de la race des Yncas.

(1) Le Tableau économique, cité dans cette Analyfe du Gouvernement des Yncas du Pérou, eft certainement connu d'une partie de nos Lecteurs ; mais peut-être plufieurs d'entr'eux ont-ils encore befoin qu'on les inftruife fur ce chef-d'œuvre de la Philofophie politique.

Nous indiquerions envain la magnifique édition qui fut faite dans les mois de Novemb. & Décembre 1758; il n'eft plus poffible de s'en procurer des exemplaires. Mais on trouve une premiere Explication du Tableau économique, par M. le Marquis de Mirabeau, dans la fixieme partie de l'Ami des Hommes, imprimée en 1760. La Philofophie rurale, publiée en 1763, en eft un développement beaucoup plus confidérable, qui mérite d'être étudié férieusement par tout Homme de Lettres vraiment Citoyen. M. Du Pont, ci-devant chargé de la rédaction du Journal du Commerce, l'enri

chit

chit au mois de Juin dernier, d'une courte mais excellente Analyse du Tableau économique, faite de la main même du Maître : il doit la publier inceffamment dans un Recueil de morceaux précieux que nous nous emprefferons de faire connoître à nos Lecteurs : en attendant, nous pouvons mettre fous leur yeux, d'après M. le M. de M. les Notions préliminaires qui doivent les guider dans l'étude du Tableau économique.

» La terre eft la mere de tous les » biens.

» D'entre ces biens, tout ce que con» fomme celui qui la cultive eft fubfif» tance; il n'y a que ce qu'il peut vendre, qui foit richesse.

رو

» Si l'homme cultive la terre avec fes » bras, il n'en retirera que fa fubfiftance & celle de fa famille, en vivant même

bien pauvrement. Il faut donc qu'il fe » procure de l'aide qui lui fournisse plus Eph. Dec. 1766.

C

Cette aide confifte en machines » en beftiaux, en foment ou engrais, » &c. Toutes ces chofes ont un prix, » dont le montant compofe le bloc des » avances primitives.

رو

» Comme ces chofes fe consomment » & s'ufent au travail, il leur faut un >> entretien & des réparations, dont le » montant joint aux frais de confomma» tion de ceux qui les font aller, aux ,, femences, &c. font ce que nous appellons avances annuelles, attendu "que tous les ans il faut réparer & completter fon attelier, vivre, tra» vailler & femer avant de recueillir.

رو

رو

» Le fruit d'une bonne culture doit être une forte récolte qui fournisse, » 1o, la rentrée des avances annuelles, » pour prévenir & préparer la récolte » future; 2°. l'intérêt des avances pri

"

» mitives, c'est-à-dire, un honnête profit, qui ferve de revenu des fonds employés en machines, beftiaux, engrais, &c. 3°. un excédent & profit » en rapport, que le cultivateur puiffe » vendre ou échanger.

رو

رو

» C'est cet excédent que nous appel»lons revenu. C'eft la feule richesse, » parceque c'est la feule portion difpo

nible; tout le refte étant néceffaire»ment engagé à l'entretien indifpen» fable du rouage de la machine éco» nomique.

"

» Sur cette portion conftatée Richeffe

& appellée Revenu, roule toute la » contexture économique de la fociété. » C'eft fur cette portion que fe préleve, » 1°. la Dixme destinée à l'entretien » des Autels & au fervice extérieur de » la Religion. 2°. Le revenu public affigné au maintien & à la défense de » la Société. 3°. Le reftant forme ce » que nous appellons le revenu des Pro