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To. 3. op. Athan. p. 614. edit. 1693.

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Not. Afr. 133. Vigile de Tapfe, celebre pour fes écrits. La crainte d'aigrir la perfecution, lui fit cacher fon nom & il emprunta ceux des peres les plus illuftres, pour donner plus de cours à fes ouvrages, principalement chez les Vandales & les autres barbares Ariens, fçavans dans la critique. Ainfi il compofa une dispute entre faint Athanafe & Arius, qu'il fuppofe s'être paffée publiquement à Laodicée, par ordre de l'empereur Conftantius, en prefence d'un juge nommé Probus ; & il y rapporte tous leurs discours, comme s'il en avoit trouvé les actes: mais il reconnoît luiLib. V. adv. même dans un autre ouvrage, que ce n'eft qu'une fiction dont il eft l'auteur. Il le declare encore dans une Eod. to. 3. p. 642. feconde édition qu'il fit de la même difpute, y ajoûtant Sabelius & Photin avec Arius, contre faint Athanafe; & il dit qu'il fait ainfi parler les perfonnages pour rendre la verité plus fenfible, par les difcours des parties & la fentence du juge.

Eutych. c. 2.

App. to. 8. ор. Aug. p. 36. edit.

1688.

Il compofa de même sous le nom de saint Augustin un dialogue contre Felicien Arien, touchant l'unité de la Trinité; & on lui attribue avec raison la App. to. 2. p. 39. fauffe difpute de faint Auguftin contre Pafcentius & le fymbole qui a fi long-tems paffé sous le nom de faint Athanafe. Cet artifice de Vigile de Tapfe produit de la confufion dans les ouvrages des peres: car on a long-tems attribué les fiens aux auteurs dont il avoit emprunté le nom; & les nouveaux critiques lui en ont attribué d'autres, dont les auteurs font moins certains. Enfin fon exemple peut avoir enhardi plufieurs écrivains temeraires, à fuppofer fous de grands noms de fauffes pieces, de faux actes de martyrs, & des vies des faints.

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Vigile étant depuis venu à C. P. écrivit contre l'herefie, qui y avoit plus de cours, qui étoit celle d'Eutychés; & comme il étoit alors en pleine liberté, il mit fon nom à cet ouvrage, qu'il divifa en cinq livres. Le quatriéme eft emploïé à défendre la lettre de faint Leon à Flavien, & le cinquième à défendre la définition du concile de Calcedoine. C'est le feul ouvrage qui porte le nom de Vigile: encore l'a-t-on attribué quelque tems à Vigile évêque de Trente & martyr, quoiqu'il fût mort long-tems avant l'herefie up. liv. xx. n. 22, d'Eutychés.

Ꮴ .

IX.

les évêques fuffent conduits en éxil, Perfecution geneAvant que Huneric envoïa des bourreaux par toute l'Afrique rale. Viēt. Vii. lib. en même tems, pour n'épargner perfonne, ni âge ni fexe, en ceux qui refifteroient à fa volonté. On faifoit mourir les uns à coups de bâton, on pendoit ou on brûloit les autres, on dépouilloit les femmes, principalement les nobles, pour les tourmenter publiquement. Une nommée Denise plus hardie & plus belle que les autres, leur dit : Tourmentez-moi comme il vous plaira, épargnez-moi feulement la honte de la nudité: mais ils l'éleverent plus haut pour la donner en spectacle. Tandis qu'on la battoit de verges, que les ruiffeaux de fang couloient de fon corps, elle difoit: Miniftres du démon, ce que vous faites pour ma confusion eft ma gloire; & comme elle étoit Içavante dans les écritures, elle exhortoit les autres au martyre. Elle avoit un fils encore jeune & délicat, nommé Majoric, & voïant qu'il craignoit les tourmens, elle jettoit fur lui des œillades feveres, & lui faifoit des reproches avec fon autorité maternelle, lui difant: Souviens-toi, mon fils, que nous avons

&

2.

été baptifé au nom de la Trinité dans l'église catholique nôtre mere. Ne perdons pas le vêtement de nôtre falut, de peur que le maître du festin ne nous trouvant pas la robe nuptiale, ne dise à ses serviteurs : Jetez-les dans les tenebres exterieures. Le jeune homme fortifié par fes difcours, fouffrit conftamment le martyre; & fa mere l'embrassant, rendit graces à Dieu à haute voix, & l'enfevelit dans fa maifon, pour prier fur fon tombeau. Plufieurs autres dans la même ville, fouffrirent le martyre par fes exhortations: sçavoir, fa fœur Dative, & le medecin Emelius fon parent: Leoncia fils de l'évêque Germain, Tertius & Boniface ; ils fouffrirent tous de grands tourmens.

Un homme noble de Suburbe nommé Servus, aprés un grand nombre de coups de bâton fut élevé avec des poulies, & fouvent lâché pour tomber de tout fon poids fur le pavé des ruës. On le traîna plufieurs fois, & on le déchira avec des pierres tranchantes enforte que la peau lui pendoit des côtes, du dos & du ventre. A Culufe il y eut une multitude innombrable de martyrs & de confeffeurs; entre autres une femme nommée Victoire. Comme on la brûloit fufpenduë en l'air, fon mari lui difoit ce qu'il pouvoit de plus touchant, l'exhortant à avoir au moins pitié de ses enfans. Mais elle n'en fut point ébranlée; lorsqu'on vit qu'elle avoit les épaules demifes, & qu'elle ne refpiroit plus, on la dépendit: elle raconta depuis, qu'une vierge lui avoit apparu, qui la toucha par tout le corps, & qu'auffi-tôt elle fut guerie.

Victorien citoïen d'Adrumet, étoit alors procon

ful de Carthage, c'est-à-dire, gouverneur pour le roi. C'étoit l'homme d'Afrique le plus riche, & le roi qui avoit en lui une tres-grande confiance, lui manda que s'il obéïffoit à fes ordres, il le tiendroit pour le plus cher de fes domeftiques. Victorien répondit: Dites au roi, qu'il m'expose au feu ou aux bêtes, qu'il me faffe fouffrir toutes fortes de tourmens; fi je me rends, c'est en vain que je fuis baptisé dans l'église catholique. Car quand il n'y auroit que cette vie, je ne voudrois pas pour un peu de gloire temporelle être ingrat au créateur, qui m'a fait la grace de croire en lui. Le roi irrité de cette réponse lui fit souffrir de grands tourmens, & pendant long-tems : ainsi il confomma heureusement fon martyre.

A Tambaïe deux freres prierent les bourreaux de leur faire fouffrir le même fupplice. On les tint fufpendus tout le jour avec de groffes pierres aux pieds. Un d'eux demanda quartier, & pria qu'on le defcendît: mais fon frere encore fufpendu, lui crioit: Non non, mon frere, ce n'eft pas là ce que nous avons juré à Jefus Chrift; je t'accuferai quand nous ferons devant fon trône redoutable, que nous avons juré fur fon corps & fur son sang de souffrir ensemble pour lui. Par fes discours & plufieurs autres, il encouragea fi bien fon frere, qu'il s'écria: Faites-moi fouffrir tous les tourmens que vous voudrez, je ferai comme mon frere. On leur appliqua tant de lames ardentes, & on les déchira tant avec les ongles de fer, que les bourreaux rebutez les chafferent, en difant: Tout le peuple les imite, & perfonne ne se convertit à 'nôtre religion. Ce qu'ils difoient principalement, parce qu'on ne voïoit en eux ni meur

n. s.

X.

triffures ni aucune trace de tourmens.

les

A Typafe dans la Mauritanie Cefarienne Langues cou- Ariens ordonnerent un évêque qui avoit été fecre

pécs.

1. 6.

Bibl. PP. G. to. 2. p. 415. E.

taire de Cyrila, ceque voïant les habitans ils s'embarquerent tous pour paffer en Efpagne, dont ils étoient proches excepté un tres-petit nombre qui ne trouverent point à s'embarquer. L'évêque Arien s'éforça de les pervertir, premierement par careffes, & puis par menaces: mais ils le mocquerent de lui, & s'affemblerent dans une maison, où ils celebrerent publiquement les myfteres. L'évêque l'ayant appris envoïa fecretement à Carthage une relation contre eux: furquoi le roi irrité, envoïa un comte avec ordre de leur couper à tous la langue & la main droite, dans la place publique, en prefence de toute la province. Ĉela fut executé: mais quoiqu'on leur eût coupé la langue jufques à la racine, ils ne laifferent pas de parler auffi-bien qu auparavant : Et fi quelqu'un ne le veut pas croire, ajoûte Victor de Vite, qu'il aille à C. P. & il trouvera un foûdiacre d'entre eux nommé Reparat, qui parle nettement fans aucune peine, & qui par cette raison eft fingulierement L. honoré dans le palais de l'empereur Zezon principalement par l'imperatrice.

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Victor n'eft pas le feul témoin de ce miracle, Enée de Gaze philofophe Platonicien, qui étoit alors à C. P. en parle ainfi à la fin de fon dialogue AN. 484. fur la refurrection: Je les ai vûs moi-même, & les ai oui parler, & j'ai admiré que leur voix pût être fi bien articulée. Je cherchois l'instrument de la parole, & ne croïant pas à mes oreilles, j'ai voulu en juger par mes yeux, & leur ayant fait ouvrir la bou

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