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'AN. 523. feffa pas pour cela la religion catholique. Il étoit d'une bonté finguliere, qui dégeneroit en foibleffe: Vita S. Fulg. c. 28. fon regne fut de fept ans & trois mois. Aïant rendu la liberté à l'église d'Afrique, il permit d'ordonner par tout des évêques; & premierement à Carthage, où l'on élût Eugene, recommandable pour fa doctrine. Ainfi l'Afrique recouvra l'exercice libre de la religion catholique, aprés foixante & fix ans d'interruption, à compter depuis la perfecution de Gense

G. 29.

ric en 457.

Les évêques éxilez arrivant à Carthage, y furent reçûs comme des confeffeurs de Jesus-Chrift: particulierement faint Fulgence, plus connu que les autres, par les combats qu'il y avoit livrez contre les heretiques, quand il fut rappellé par Trafamond. Le peuple attentif fur le rivage, observoit le vaiffeau dont il defcendroit ; fi tôt que fon visage parut, il s'éleva un grand cri, & on entendoit chanter les louanges de Dieu en toutes fortes de langues. Les évêques aïant mis pied à terre, allerent d'abord à l'églife de faint Agilée, au milieu d'une grande foule de peuple, qui marchoit devant & aprés ; & comme on s'empreffoit principalement autour de S. Fulgence, car c'étoit à qui recevroit le premier sa benediction: les plus difcrets l'environnerent, pour le foulager dans la chaleur, & lui faire le paffage libre. Une groffe pluie qui furvint, ne diffipa point le peuple: mais comme faint Fulgence marchoit la tête nue, les plus nobles étendirent fur lui leurs chafubles c'est-à-dire leurs manteaux. Aïant vifité fes amis à Carthage, il en fortit pour fe rendre à fa ville de Rufpe; & pendant tout le chemin, qui

:

étoit long, le peuple venoit au-devant de lui, por- A n. 523. tant des lampes, des flambeaux & des branches d'arbres, & rendant graces à Dieu.

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P. 434

To. 4. conc. p. 1595.

Le premier ouvrage de faint Fulgence aprés son retour font les trois livres de la predeftination & de la grace, adreffez à Jean prêtre, que l'on croit être Maxence, & à Venerius diacre. Douze évêques de ceux qui avoient été éxilez avec lui en Sardaigne & qui avoient écrit la réponse au diacre Pierre, écri- ap. Fulg epift. 15. virent une feconde lettre adreffée à Jean & à Venerius, sur la grace & le libre arbitre, pour réponse à celle qu'ils en avoient reçûë. A la fin ils les exhortent à inftruire ceux qui foûtenoient les opinions contraires, en leur lifant les livres de faint Auguftin à Profper & à Hilaire.

;.

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LVIII. Mort d'Hormif

Lib. Pontif.

Le pape Hormifda mourut la même année 523. de Jefus Chrift, fous le confulat de Maxime, le fixiéme da. Jean 1. pape jour d'Août, aprés neuf ans de pontificat. De fon tems outre les prefens qui vinrent de Grece, le roi Theodoric offrit à l'églife de faint Pierre, deux chandeliers d'argent du poids de foixante & dix li vres ; & il eft remarquable, qu'on reçût l'offrande d'un prince Arien. Les prefens que le pape Hormif da fit lui-même à plufieurs églifes de Rome, montent à quinze cent foixante & onze livres d'argent. En plufieurs ordinations au mois de Decembre, il fit vingt & un prêtres & cinquante-cinq évêques, Il trouva des Manichéens qu'il fit foüetter & bannir, aprés les avoir convaincus. On doit entendre que ce fut par le miniftere de la puiffance feculiere. Aprés que Lib. Pontif, le faint fiége eut vacqué fept jours on élût pour pape, le treiziéme d'Août, Jean natif de Tofcane

,

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AN. 525. fils de Conftantius, qui tint le faint fiége deux ans &

LIX.

Manichéens pour

fuivis.

neuf mois.

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&

On trouve une loi de l'empereur Juftin contre les Manichéens qui n'avoient pas été recherchez L. 12. 6. de bar. fous Anaftafe, accufé au contraire de les favorifer. Justin donc ordonne qu'ils foient chaffez par tout, punis de mort. Il exclut les autres heretiques, les païens & les Juifs de toute charge ou dignité : de peur qu'ils n'en prennent occafion de vexer les chrétiens & particulierement les évêques. On excepte les Goths, alliez des Romains. , parce que l'on ne vouloit pas choquer Theodoric. Les Manichéens furent auffi recherchez & punis en grand nombre, par le patrice Hypace, fils de Secondin, qui fut fait gouverCedr. tom. 1. p. 364. neur d'Orient la même année 523. fixiéme de Juftin.

D.

Theoph. an 6. p.145.

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Mais ils furent bien plus maltraitez en Perfe, dans le même tems, par le roi Cabade fils de Perofe. Ils avoient gagné fon troifiéme fils Ftasoüarsan, en lui promettant la couronne. Vôtre pere, difoient-ils, eft vieux, s'il vient à mourir les mages feront roi un de vos freres, pour accrediter leur fecte. Mais nous

pouvons faire enforte par certaines prieres, que Vôtre pere renoncera à l'empire, en vôtre faveur; afin que nôtre doctrine s'établiffe par tout. Le jeune prince le leur promit, s'ils le faifoient roi. Mais Cabade l'aïant appris affembla fes états, feignant de vouloir déclarer roi Ftafoüarfan. Il ordonna aux Manichéens d'y venir avec leur évêque Indazar, leurs femmes & leurs enfans: il y fit auffi venir les mages, avec leur chef Glonaze, & Bazane évêques des chrétiens, qu'il aimoit comme excellent médecin. Cabade aïant appellé les Manichéens, leur dit :

J'aime vôtre doctrine, & je veux de mon vivant AN. 523. donner le roïaume à mon fils Ftafoüarfan, parce qu'il l'a embraffée. Separez-vous pour le recevoir. Ils fe feparerent en effet, & Cabade fit entrer fon armée, qui les mit tous en pieces avec leur évêque, en presence du chef des mages & de l'évêque des chrétiens. Enfuite Cabade envoïa des lettres par tout fon empire, pour tuer & brûler tous les Mani-. chéens, quis'y trouveroient; confifquer leurs biens à fon tréfor, & brûler leurs livres.

Cabade étoit mal fatisfait de l'empereur Juftin

> Chr. Pafch. p. 332.

C.

à caufe de la converfion du roi des Lazes, arrivée Agath.lib.i.p.ss. l'année precedente 522. fous le confular de Symma- Theoph. an. 5. que & de Boëce. Les Lazes habitoient l'ancienne 144. Colchide, & étoient fujets des Perfes

qui leur

donnoient des rois. Leur roi Zamnaxe étant mort
fon fils Zathe vint auffi-tôt à C. P. fe donner à l'em-
pereur Juftin
& le prier de le déclarer roi des La-
zes: difant qu'il vouloit être chrétien & ne pou-
voit fe refoudre à être couronné par le roi des Per-
fes: qui l'obligeroit à faire des facrifices, & à toutes
les ceremonies de fa religion. L'empereur Juftin le
reçût avec joie, le fit baptifer, l'adopta pour son
fils, & lui fit époufer une fille de qualité nommée
Valeriene. Il le déclara roi des Lazes; lui donnant
une couronne à la romaine avec des habits blancs.
où étoit en broderie l'image de l'empereur, & le
renvoïa avec de grands prefens. Le roi des Perfes
fe plaignit, de ce que l'empereur avoit couronné le
roi des Lazes fon fujet : au préjudice de la paix &
de l'amitié qui étoit entre eux. Juftin répondit, qu'il
n'avoit pû s'empêcher de recevoir un homme, qui

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&le

4. 12.

vouloit renoncer aux fuperftitions du paganisme, Procop. 1. Perf. pour embraffer la religion chrétienne. Mais le roi des Perfes ne fut pas content de cette réponse. Les Iberiens voifins des Lazes & fujets des Perfes, étoient déja chrétiens.

I X.. Chrétiens per

Acta. S. Aretha.

Il y avoit un grand nombre de chrétiens dans l'Hefecutez en Arabie. miar, partie de l'Arabie heureuse, dont les Grecs 24. Oct. Sur. spec. nommoient les habitans, Homerites. Mais ils avoient bist. Arab. Poc. p. alors pour roi un Juif nommé Jofeph Dounoüas ou V. Bibl. Orient. Dunaan, grand ennemi des chrétiens. On le furnomFi:houd. p. 475.. ma auffi l'auteur des foffes, parce qu'il faifoit jetter dans des foffes pleines de feu, tous ceux qui ne vou

62.

Niceph. XVII. 6.6.

loient pas fe rendre Juifs. La cinquième année de Theoph. 144 Juftin, qui eft l'an 522. Dounoüas affiegea la ville de Negra, ou Nageran, dont tous les habitans étoient chrétiens. Mais ne pouvant la prendre de force, il fit fi bien par de faux fermens, qu'il y entra par compofition. Alors il effaia de pervertir les habitans, & ne pouvant les faire renoncer à Jefus-Chrift; il fir brûler les os de l'évêque Paul, mort deux ans auparavant : il fit allumer un grand bucher, où il jetta tous les prêtres, les moines & les religieufes: il fit couper la tête à Arethas gouverneur de la ville, venerable vieillard, & à un grand nombre de peuple même à des femmes : enfin il emmena toute la jeuneffe en captivité. L'églife fait memoire des martyrs Martyr. & 27. brûlez fous Dunaan en general, le vingt-feptiéme de Juillet, & de faint Arethas en particulier, le vingt-quatrième d'Octobre, avec trois cens quarante autres de Nagran, & une femme dont le fils, âgé feulement de cinq ans, fe jetta dans le feu où étoit fa mere en confeffant Iefus Chrift

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2

L'année

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