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de Juillet, fous le confulat de Decius le jeune, fur- AN. 529. nommé Bafile: c'eft-à-dire, en 529. L'occafion de ce concile fut la dédicace d'une églife, que le patrice Libere prefet du pretoire des Gaules, avoit bâtie dans la ville d'Orange: car il avoit invité plufieurs évêques pour cette folemnité. Il s'y en trouva treize, dont le premier eft faint Cefaire, & la plûpart font les mêmes du concile de Carpentras. Nous avons appris, difent-ils, que quelques-uns par fimplicité, ont des fentimens touchant la grace & le libre arbitre, qui ne font pas conformes à la foi catholique. C'eft pourquoi nous avons jugé raisonnable, de proposer & foufcrire quelques articles, qui nous ont été envoïez du faint fiége, tirez des faintes écritures par les anciens peres fur ce fujet.

Enfuite font vingt-cinq articles, dont les huit premiers font conçûs en forme de canons: mais fans anathême, & prouvez chacun par des paffages de l'écriture: ils portent en substance: Que le peché d'Adam n'a pas feulement nui au corps, mais à l'ame: Qu'il n'a pas nui à lui seul, mais qu'il a paffé à ses defcendans: Que la grace de Dieu n'est pas donnée à ceux qui l'invoquent, mais qu'elle fait qu'on l'invoque: Que la purgation du peché, & le commencement de la foi, ne viennent pas de nous, mais de la grace. En un mot , que par les forces de la nature, nous ne pouvons rien faire ni penser qui tende au C.9.10. &c. falut. Les dix-fept autres articles, ne font pas tant des canons, que des fentences tirées de faint Auguftin & de faint Prosper, tendant à prouver la neceffité de la grace prévenante. Aprés ces vingt-cinq articles, le concile d'Orange continuë: Nous devons

O o iij

A N. 529.

,

donc enseigner & croire, que par le peché du prémier homme, le libre arbitre a tellement été affoibli, que perfonne n'a pû aimer Dieu comme il faut croire en lui, ou faire le bien pour lui, s'il n'a été prévenu par la grace. C'eft pourquoi nous croïons Hebr. XI. qu'Abel, Noé, Abraham & les autres peres, n'ont pas eû par la nature cette foi que faint Paul louë en eux, mais par la grace. Et aprés la venuë de Nôtre Seigneur cette grace en ceux qui defirent le baptême, ne vient pas du libre arbitre mais de la bonté de Jefus-Chrift. Nous croïons auffi que tous les baptisez peuvent & doivent, par le fecours & la cooperation de Jefus Chrift, accomplir ce qui tend au falut de leur ame, s'ils veulent travailler fidelement. Que quelques uns soient predestinez au mal par la puiffance divine, non feulement nous ne le croïons point, mais fi quelqu'un le croit, nous le déteftons, & lui difons anathême. Il faut croire que la foi du bon larron, du centurion Corneille, & de Zachée ne venoit pas de la nature, mais de la grace. prélats ne fe contenterent pas de foufcrire à cette definition de foi mais afin qu'elle fervît auffi à défabufer les laïques, ils y firent foufcrire les perfonnes illuftres, qui avoient affifté à cette dedicace: fçavoir, le patrice Libere, & fept autres. Saint Cefaire enBonif etift. 2.p. voïa à Rome cette confeffion de foi, par Armenius prêtre & abbé, pour la faire approuver par le pape. On rapporte ce même tems un concile de Valence, fur la même doctrine de la grace, où saint CeVitas. Caf.lib. faire ne put se trouver étant malade: mais Cyprien évêque de Toulon, y foûtint fortement la doctrine catholique.

1687.

1. n. 35.

à

:

Les

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com. p. 1679.

Le concile de Vaifon indiqué deux ans aupara- AN. 529. vant, fe tint le feptiéme jour de Novembre 529. & il y affifta douze évêques, compris faint Cefaire. Aprés y avoir fait la lecture des canons suivant la coûtume, il ne fe trouva aucune plainte contre les évêques presens : enforte que cette affemblée ne fervit qu'à fe voir, & entretenir la charité. Toutefois avant que de fe feparer, ils firent cinq canons qui c.24 portent Que fuivant la coûtume utilement pratiquée dans toute l'Italie, tous les prêtres de la campagne recevront chez eux, les jeunes lecteurs qui ne font point mariez pour les élever comme de bons peres, leur faifant apprendre les pfeaumes, lire l'écriture, & les inftruifant dans la loi de Dieu: afin de se preparer de dignes fucceffeurs. Quand ils feront venus en âge, fi quelqu'un d'eux veut se marier, on lui en laiffera la liberté.

c. 24

Pour l'utilité du peuple, on permet aux prêtres de prêcher non-feulement dans les villes, mais dans toutes les paroiffes de la campagne. Que fi quelque infirmité empêche le prêtre de prêcher, les diacres liront 3 des homelies des peres. A l'exemple du faint fiége & des provinces d'Orient & d'Italie, où l'on dit fouvent Kyrie eleifon, avec grande devotion: on le dira dans toutes nos églises, à matines, à la messe & à vêpres; & à toutes les meffes, même du Carême & des morts on dira trois fois Sanctus, comme aux messes publiques. On recitera dans nos églises le nom du pape; & aprés Gloria Patri, on ajoûtera Sicut erat in principio comme on fait à Rome, en Afrique & en Italie, à caufe des heretiques, qui difent que le fils de Dieu a commencé dans le tems. C'étoit les

c. 4.

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AN 529.

XIII.

de S. Benoît.

S. Greg. II. Dirtg. c. I

Mabill.

Ariens qui dominoient dans les provinces.

Le plus ancien modele qui nous refte de l'office Commencement de l'église en Occident, est la regle de saint Benoît, compofée vers le même tems: car on rapporte à l'an la fondation de fon fameux monaftere du mont 529. Caffin. Saint Benoît nâquit vers l'an 480. aux environs de Norfie d'une famille confiderable. Son pere se nommoit Eutrope, fa mere Abundantia. On l'avoit envoïé étudier à Rome : mais voïant la corruption de la jeunesffe, il fe retira fecretement, & s'éV. Iter. Halic. tant dérobé même de fa nourrice qui l'avoit fuivi, il vint à un lieu nommé Sublac, à quarante milles de Rome où il s'enferma dans une caverne fort étroite. Il y demeura trois ans, fans que perfonne en fçût rien, excepté un moine nommé Romain; qui l'aïant rencontré lors qu'il y alloit, & aïant appris fon desfein, le revêtit de l'habit monaftique, lui donna tout le fecours qu'il pouvoit, & lui gardat le fecret. Romain demeuroit dans un monaftere voifin, fous un abbé nommé Theodat: mais il fe déroboit quelquefois & portoit du pain à faint Benoît, d'une partie de fa portion. Il n'y avoit point de chemin pour arriver à fa caverne du côté du monaftere de Theodat: c'étoit une roche fort élevée. De forte que Romain attachoit le pain à une longue corde avec une clochette pour avertir Benoît de le prendre. Saint Romain vint depuis en Gaule, & gouverna un monal tere prés d'Auxerre, où il mourut.

As SS. Ben. 30. 1. p. 81,

Saint Benoît vivant dans fa grote, ne fçavoit pas même quel jour il étoit. En forte qu'un jour de Pâ que, un prêtre d'un lieu affez éloigné, aïant préparé à manger pour lui-même, Dieu lui fit connoître

par

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par revelation, le lieu où étoit fon ferviteur qui mouroit de faim. L'aïant trouvé à grande peine il lui apprit que c'étoit le jour de Pâque, auquel il ne devoit pas jeûner & lui fit manger de ce qu'il avoit apporté. Vers le même tems, des paftres le trouverent caché dans fa grote, & le voïant vêtu de peau dans des brouffailles, ils le prirent pour une bête mais quand ils connûrent que c'étoit un ferviteur de Dieu, ils le refpecterent: plufieurs même quitterent leurs mœurs brutales & fe convertirent. Depuis ce tems il commença à être connu de tout le voisinage, plufieurs le venoient voir, & lui apportoient de la nourriture recevant fes inftructions. Un jour comme il étoit feul, le fouvenir d'une femme qu'il avoit vûë, excita en lui une tentation fi cap. violente, qu'il fut prêt à quitter le defert. Mais étant revenu à foi, & voïant auprés de lui quantité d'orties & d'épines, il fe jetta dedans & s'y roula longtems à nud: de manière qu'il en fortit tout en fang; & ne fut plus attaqué depuis de pareilles tenta

tions.

Alors plufieurs commencerent à quitter le monde, & fe ranger fous fa conduite: car fon nom étoit déja fort celebre. Il y avoit là proche un monaftere, en un lieu nommé Vicovarro, entre Sublac & Tibur. L'abbé étant mort, toute la communauté vint trouver Benoît, & le pria inftamment d'en prendre la conduite. Il les refufa long-tems, & leur prédit, que leurs manieres ne pourroient s'accorder avec les fiennes: enfin il fe laiffa vaincre. Mais comme il vouloit corriger ces moines, & les faire vivre regulierement: ils commencerent à fe repentir de Pp

Tome VII.

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