m. 14. paffer ni les marchands ni les autres particuliers fans A Carthage on enleva ainfi par ordre de Cyrila, la grace de Dieu, pourquoi veux-tu perir éternellement pour une gloire paffagere? A quoi te ferviront l'or & l'argent? te délivreront-ils du feu d'enfer ? Son mari lui répondit: Qu'avez-vous, ma femme, que vous a-t-on dit de moi ? je fuis toûjours catholique par la grace de Jefus Chrift, & ne perdrai jamais la foi. Plufieurs, tant hommes que femmes craignant la violence de cette perfecution, se retirerent dans des deferts, & y moururent de faim ou de froid. Ainfi Crefconius prêtre de la ville de Myzente fut trouvé mort dans une caverne du mont de Zique. Il y eut en ce tems-là une fechereffe extrême par toute l'Afrique, qui caufa une grande famine, & enfuite une pefte: & ces fleaux furent regardez comme une punition divine de la perfecution. On regarda de même la mort d'Huneric; car aprés avoir regné sept ans & dix mois, il mourut en 485. d'une maladie de corruption, fourmillant de vers & tombant par pieces: il eut pour fucceffeur Gontamond fils de fon frere Genton. XIV. Prevarication des C. P. Buag. III. Hift. C. 20. Sup. n. 10. Le pape Felix écrivit à l'empereur Zenon touchant cette perfecution d'Afrique ; & ce fut appa- legats du Pape à remment ce qui excita l'empereur à envoier à Carthage fon ambaffadeur Uranius, avec le peu de fuccés qui a été marqué. Mais Zenon lui-même ne traitoit guere mieux les catholiques, qui rejettoient fon pretendu édit d'union. Depuis que le pape eut envoïé à C. P. les évêques Vital & Milene, & pendant qu'ils étoient encore en chemin, il reçût une lettre de Cyrille abbé des Acemétes de C. P. qui fe plaignoit à lui-même de ce qu'il agiffoit fi lentement avec Acace. Sup. liv. XXIX. Theophan. an. 12. 13. 14. Zen. p. 113. C. D. Liber. brev. c. 18. Gefta de nom. Acao. in fi. Felix. epift. 6. ad Ac. aprés tant d'attentats contre la foi catholique. Le pape Felix aïant reçû cette lettre, écrivit à ces legats, de ne rien faire qu'ils n'euffent vû l'abbé Cyrille, & appris de lui comment ils devoient fe conduire: mais ils n'en eurent pas la liberté. Car étant arrivez à Abyde, ils y furent arrêtez par ordre de l'empereur Zenon & du patriarche Acace, & on les mit en prifon aprés leur avoir ôté leurs papiers, de peur qu'ils ne rendissent aux catholiques de C. P. les lettres qu'ils avoient pour eux. Pendant cette prifon l'empereur les menaça de mort, s'ils ne communiquoient avec Acace & avec Pierre Monge; enfuite il emploïa les careffes, les prefens & les fermens. Les legats cederent enfin, & contre leur ordre promirent de communiquer avec Acace. Alors on les tira de prifon, ils vinrent à C. P. ils parurent en public avec Acace, reconnurent Pierre Monge pour évêque legitime d'Alexandrie, & communiquerent avec fes apocrifiaires. Aprés quoi on les renvoïa en liberté. Gelaf. ad epifc. Il n'y avoit que les deux évêques Vital & Milene; car le troifiéme legat Felix défenseur de l'église Romaine, étoit demeuré malade en chemin ; & n'arriva à C. P. qu'aprés que Vital & Mifene furent fortis de prison. On lui ôta auffi fes papiers, on le mit en une prifon tres-rude; & comme il demeura ferme, Acace ne le voulut pas voir. Mais avant que les deux évêques legats partiffent de C. P. les catholiques de la ville firent trois proteftations contre leur Theoph. p... prevarication. Ils en attacherent une publiquement à l'habit des legats, ils jetterent la feconde comme Evag. UI. 20. 21. un livre ; & mirent la troifiéme dans un panier d'herbes. Cyrille abbé des Acemétes & d'autres ab Dard. Ep. 13. p. 1201. 3. bez de C. P. avec les évêques catholiques d'Egypte qui y étoient écrivirent au pape Felix; & Cyrille envoïa Simeon un de fes moines porter les lettres à Rome. Il y arriva avant les legats, & inftrufit le pape de leur prevarication : ajoûtant qu'avant leur arrivée à C. P. on n'y recitoit qu'en cachette le nom de Pier, re Monge dans les dyptiques, mais depuis on le recitoit publiquement. Ce qui fervoit aux heretiques pour feduire plufieurs fimples, comme fi le siege de Rome avoit reçû Pierre Monge. Vital & Mifene arriverent enfuite à Rome char, Liber. brev. c. 18. gez des lettres de l'empereur & du patriarche. Celles de l'empereur accufoient Jean Talaia de parjure; & difoient que Pierre Monge n'avoit pas été ordonné fans examen, mais aprés avoir foufcrit de fa main, qu'il recevoit le concile de Nicée, fuivi par celui de Calcedoine. Vous devez tenir pour certain, ajoûtoitil, que nous recevons & honorons avec le faint évêque Pierre & toutes les églifes, le faint concile qui s'accorde à la foi de Nicée. Il entend le concile de Calcedoine. Les lettres d'Acace étoient pleines auffi de louanges pour Pierre Monge. Alors le pape Felix assembla un concile, où l'affaire des legats Vital des lega & Misene fut examinée. On produifit les lettres de Cyrille & des autres abbez de C. P. & des évêques Evag. 111. 20. Egyptiens, qui portoient que Jean Talaia étoit catholique & ordonné legitimement; au contraire que Pierre Monge étoit heretique, & ordonné feulement par deux heretiques comme lui, & qu'aprés la fub te de Jean on avoit fait fouffrir aux catholiques tou tes fortes de fupplices. Qu'Acace avoit appris tour des gens qui l'étoient venus trouver à C. P. cela par XV. Condamnation AN. 484. & qu'il favorifoit Pierre en toutes choles. Le moine Simeon foûtint la verité de tous ces faits, & convainquit Vital & Misene d'avoir communiqué aux heretiques, & prononcé à haute voix le nom de Pierre Monge dans les facrez diptyques. Il leur foutint, que bien qu'on leur eût fait plufieurs queftions, ils n'avoient voulu parler à aucun catholique: ni rendre les lettres dont ils étoient chargez pour eux ni rien examiner des attentats commis contre la foi. On produifit auffi le prêtre Silvain, qui avoit été à C. P. avec Vital & Mifene, & qui confirma la dépofition To. 4. conc.p.12. de Cyrille & des autres moines qui l'accompagnoientOn lut la lettre d'Acace au pape Simplicius, qui portoit que Pierre avoit été dépofé depuis long-tems, & le qualifioit enfant de tenebres. Evag. III. c. 20. Vital & Mifene étant ainfi convaincus, furent déposez de l'épiscopat & excommuniez. Tout le concile prononça auffi contre Pierre Monge, en ces termes: L'églife Romaine ne reçoit point l'heretique Pierre condamné depuis long-tems par le jugement du faint fiége, excommunié & anathematifé. Car quand il n'y auroit pas autre chofe contre lui: il fuffifoit qu'il eut été ordonné par des heretiques, pour ne pouvoir gouverner des catholiques. Quant à Acace de C. P. on voit par la chofe même, combien il eft reprehenfible: puifqu'aïant qualifié Pierre heretique dans fes lettres à Simplicius, il ne l'a pas declaré à Zenon, comme il devoit faire, s'il aimoit la foi plus que l'empereur. En ce même concile, ou en quelque Liber. breviar.. autre precedent avant l'arrivée des legats, le pape 15.p. 77. C. 10. 5. pleinement informé qu'Acace étoit heretique, lui écrivit une lettre fynodale, où il difoit: Vous avez An. 484 i V. Vales. peché, |