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même

c. 25.

1. Cor. v. 5.

c. 27.

l'office de manger feul aprés les autres, d'être exclus tout ensemble de la table & de l'oratoire : de ne parler à perfonne, d'être feparé de tous dans le travail. Saint Benoît applique à cette entiere feparation les paroles de l'apôtre, qui dit, que l'excommunié eft livré à fatan: ce qui fait croire qu'il parle d'une veritable cenfure ecclefiaftique mais il veut que l'abbé prenne un foin particulier de l'excommunié. Que fi quelqu'un ne profitoit point des corrections même corporelles : aprés avoir effaïé tous les moïens de le corriger, on le chafsoit enfin du monaftere, de peur qu'il ne corrompît les autres. Que s'il vouloit revenir promettant de s'amender, on le recevoit jusqu'à trois fois. Telle eft la regle de faint Benoît qui pretend n'y mettre rien de rude Prolog. c. ult. ni de difficile, & ne la traite que d'un petit commencement, bien éloigné de la perfection qui eft décrite dans les conferences de Caffien, les vies des peres & la regle de faint Bafile. J'ai rapporté celle-ci affez au long, parce qu'elle a été trouvée fi fage, que dans la fuite des tems elle a été reçûë par tous les moines d'Occident.

Dans le même tems, mais dans un autre.partie d'Italie, nommé alors la province Valerie, aujourd'hui l'Abruzze ulterieure, vivoit faint Equice, pere de plufieurs monafteres. Etant fatigué dans fa jeunesse de rudes tentations de la chair, il s'appliqua à l'oraison avec plus d'affiduité. La nuit un ange lui apparut, en prefence duquel il lui fembla qu'on retranchoit la fource de ce mal; & depuis ce tems, il ne fentit plus aucune tentation semblable. Ainsi appuïé du secours de Dieu, outre les homRr

Tome VII,

c. 29.

xx. S. Equicc abbé.

Greg. 1. dial. c. 4.

:

mes qu'il gouvernoit déja, il commença à conduire des filles avertiffant toutefois fes difciples de ne fe pas fier à fon exemple. Outre le foin de fes monafte res, il s'appliquoit encore à l'inftruction des peuples t allant dans les villes, dans les bourgades, & les maifons particulieres. Ses habits étoient fi pauvres, & fon exterieur fi méprifable, qu'à moins de le connoître on ne lui auroit pas rendu fon falut. Il montoit le plus méchant cheval du monaftere, qui n'avoit pour bride qu'un licou & que des peaux mouton pour felle. Il portoit fur lui, dans des facs les livres facrez, & les expliquoit par tout où il arrivoit.

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de

Felix homme noble de la province de Nurfie, lui dit un jour: Comment ofez-vous prêcher fans avoir d'ordre facré, ni de permiffion de l'évêque de Rome, fous qui vous vivez? Saint Equice lui répon dit Je m'en difois autant à moi-même: mais une nuit un jeune homme tres-beau m'a apparru, & m'a appliqué une lancette fur la langue, en difant : J'ai mis mes paroles en ta bouche: vas prêcher. Depuis ce jour-là, je ne puis m'empêcher de parler de Dieu. Le bruit de fes prédications étant venu jufques à Ro. me, les clercs de l'églife Romaine dirent au pape : Qui eft cet homme ruftique, qui fe donne l'autorité de prêcher, & s'attribue vos fonctions tout igno rant qu'il eft? Il faut l'envoïer prendre, afin qu'il connoiffe la vigueur de la difcipline. Le pape y confentit, & envoïa Julien, alors défenfeur de l'églife Romaine, & depuis évêque de Sabine: lui ordonnant toutefois, d'amener le ferviteur de Dieu avec beaucoup d'honneur.

Julien alla promptement au monaftere où il

trouva des moines occupez à tranfcrire des livres. Il leur demanda où étoit l'abbé: Il eft, dirent-ils, dans ce valon, qui fauche du foin. Julien avoit un valet infolent, qu'il envoïa pour lui amener l'abbé. Il entra promptement dans le pré, & regardant tous les faucheurs, il demanda qui étoit Equice. Mais quand on le lui eut montré, quoiqu'il ne le vît que de loin, il commença à trembler: en forte qu'il pouvoit à peine fe foutenir. Il embraffa les genoux du faint abbé, & lui dit, que fon maître étoit venu le trouver. Saint Equice lui dit: Prenez du foin pour vos chevaux je vous fuis, quand j'aurai achevé le peu d'ouvrage qui refte. Julien étonné de ce que fon valet tardoit, le fut encore plus quand il le vit revenir chargé de foin. Je ne t'ai pas envoïé querir du foin, lui dit-il: mais m'amener un homme. Le voici qui vient, dit le valet. En effet saint Equice arriva aiant des botines garnies de cloux tant fa faux fur fon cou. Julien le méprifa & fe preparoit à lui parler rudement: mais quand il le vit proche, il fut faifi d'un tel tremblement, qu'à peine lui put-il parler pour s'acquitter de fa commifLion. Il courut lui embraffer les genoux, fe recommanda à ses prieres, & lui dit, que le pape défiroit

le voir.

& por

Saint Equice rendit graces à Dieu, qui le vifitoit par le fouverain pontife; & aïant appellé fes freres, il commanda de preparer les chevaux & preffa fortement Julien de partir à l'inftant. Il eft impoffible, dit Julien, je fuis trop las pour partir aujourd'hui. Saint Equice lui dit : Vous m'affligez, mon fils; car fi nous ne partons aujourd'hui, nous ne partirons

AN. 529. point. En effet, le lendemain au point du jour ar riva un courier en diligence avec une lettre à Julien, portant ordre de ne point tirer le ferviteur de Dieu de fon monaftere. Et comme Julien demanda la cause de ce changement: il apprit, que le pape avoit été fort épouvanté en une vifion, pour avoir voulu faire amener l'homme de Dieu. Saint Equice retint Julien quelque tems, pour exercer envers lui la charité, & le força à recevoir le falaire de fon voïage. On croit que faint Equice mourut vers l'an 540. & fon tombeau fervit de refuge aux moines pendant les incurfions des Lombards.

Acta SS. Ben.

to. I. p. 658.

XXI. Mort de Felix

pape.

Lib. Pontif.

ce,

Le

pape

Felix III. mourut le douziéme d'Octobre III. Boniface II. $29. aprés trois ans & deux mois de pontificat. Il bâtit à Rome dans la rue facrée l'église de faint Cofme & faint Damien, & rebâtit celle de faint Saturnin, qui avoit été brûlée. Il fit deux ordinations au mois de Février & de Mars, & ordanna cinquante-cinq prêtres, quatre diacres & vingt-neuf évêques. On éleut en fa place Boniface II. Romain de naiffanfils de Sigifvult, par confequent de race de Goths. En même tems un autre parti éleut un nommé Diofcore, qui fut ordonné dans la Bafilique de Conf tantin, & Boniface dans celle de Jule, le quinziéme d'Octobre. Mais le fchifme ne dura qu'environ un mois car Diofcore mourut le douziéme de Novembre. Boniface pouffa fon reffentiment_jufqu'à le faire condamner, & anathematifer aprés fa mort; & il en fit figner un écrit, qu'il extorqua au clergé par artifice, & le mit dans les archives de l'églife.

Enfuite il affembla un concile dans la Bafilique

de faint Pierre, où il fit paffer un decret, qui lui AN. 531. donnoit pouvoir de defigner fon fucceffeur: aprés quoi, il obligea les évêques par écrit & par ferment, à reconnoître que ce feroit le diacre Vigile. Mais peu de tems aprés on tint un autre concile, où ce decret fut caffé, comme contraire aux canons & à la dignité du faint fiége; & le pape Boniface fe confeffa coupable de leze majefté: fans doute à caufe de la part que le roi devoit avoir dans l'élection du pape. Il brûla le decret en prefence de tous les évêques, du clergé & du fenat. On loue toutesfois Boniface, d'avoir fait des liberalitez à fon clergé, & de leur avoir diftribué une grande quantité de vivres dans un peril de famine.

y

XXII.

Concile de To

De fon tems on tint un concile à Tolede, la cinquiéme année du regne d'Amalaric, Ere 565. le fei- lede. ziéme des calendes de Juin : c'est-à-dire le dixfeptiéme de Mai 531. Montant évêque de Tolede Y to.4.p.57540 prefida, accompagné de cinq autres & on y fit cinq canons, dont le premier marque ainfi les interftices des ordinations. Ceux que leurs parens deftineront dés l'enfance à la clericature, feront d'abord tonfurez & mis au rang des lecteurs : pour être inftruits dans la maifon de l'églife, en prefence de l'évêque, par celui qui leur fera prépofé. Quand ils auront dix-huit ans accomplis, l'évêque leur demandera, en presence du clergé & du peuple, s'ils veulent fe marier: car nous ne pouvons leur ôter la liberté accordée par l'apôtre. S'ils promettent librement de garder la continence, on les ordonnera foûdiacres à vingt-ans. A vingt-cinq accomplis, s'ils fe font biens conduits on les ordonnera diacres,

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