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LIVRE TRENTE-DEUXIE'ME."

:

var. Is.

323 to. 4. conc. p. 1748Jean & à tous les patriarches, & les églifes métro- ap. Caffiod. IX. politaines qu'il vouloit qu'on obfervât un decret du fenat, fait du tems du pape Boniface, & portant: que quiconque auroit promis quelque chofe, par foi, ou par perfonne interpofée, pour obtenir un évêché, le contrat feroit declaré nul, avec reftitution de ce qui auroit été donné.

Le roi permet toutefois aux officiers de fon palais, de prendre jusques à trois mille fous d'or, compris l'expedition des lettres, lors qu'il y aura un differend touchant l'élection du pape à la charge que les officiers riches, n'en prendront rien, puisque c'est du bien des pauvres. Pour les autres patriarches c'eft-à-dire, les archevêques, on pourra prendre jufques à deux mille fous; & pour les fimples évêques, on pourra diftribuer au petit peuple, jusques à cinq cens fous. Le roi ordonna au prefet de Rome, de faire graver cet édit en des tables de marbre, qui feroient mises à l'entrée du parvis de faint Pier- Ibid. IX. 16.

re.

XXVI. Converfions

de

Evagr. IV. c. 20.

L'empereur Juftinien témoignoit un grand zele pour la converfion des infideles, & des heretiques. barbares. Dés le commencement de fon regne, il attira à fonTheoph. p. 149. alliance les Herules ou Elures : car on les nommoit & 6i. Vales. auffi de ce nom, à cause des marais qu'ils habitoient. Il leur donna des terres, leur fit de grands prefens & leur persuada d'embraffer la religion chrétienne : car ils étoient encore païens. Leur roi Graitis vint à C. P. & fut baptisé à l'Epiphanie, la premiere année de Juftinien : c'eft-à dire en 528. & avec lui douze de fon confeil, & de fes parens. L'empereur le leva des fonts; & le renvoia tres-content. Mais

Procop. Goth. II

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Theoph. p.149.

bien que les Herules fiffent profeffion du chriftia-
nisme, & qu'ils euffent un peu adouci leurs mœurs:
ils ne laiffoient pas d'être encore fort corrompus, &
rompoient fouvent leurs traitez. Ce qui fait crain-
dre, que Juftinien n'eût trop hâté leur converfion
par le defir de leur alliance.
les plus

La même année Gordas roi des Huns voifins du Bofphore, s'allia auffi avec les Romains, fe fit chrétien, recût le baptême, & fut levé des fonts par l'empereur: qui lui fit de grands prefens, & le renvoïa chez lui pour garder la frontiere de l'empire. Gordas étant de retour, raconta à fon frere Moüagere, l'honnêteté & la liberalité de l'empereur; & prenant les idoles des Huns, qui étoient d'argent & d'autre métail précieux, il les fondit. De quoi les Huns irritez, égorgerent Gordas, de concert avec Moüagere, qu'ils firent roi, & fe revoltecontre les Romains. On rapporte auffi à ces Procop. III. adif. commencemens la converfion des Zanes, peuple d'Armenie , que Juftinien aïant vaincus par un de fes capitaines, adoucit leurs mœurs farouches, leur fit embraffer la religion chrétienne, & leur bâtir une église.

G. 6.

En Ethiopie fur la frontiere d'Egypte, les Blemyens & les Nobates, tributaires des Romains, adoroient 1.1. Perf. c. 19. entre autres dieux, Ifis, Ofiris & Priape; & les Blemyens facrifioient des hommes au foleil. Mais Narfes y commandant des troupes, abbatit les temples par ordre de Juftinien, mit les facrificateurs en prifon, & envoïa les idoles à C. P.

XXVII.

Quant aux heretiques, Juftinien leur ôta toutes les Heretiques pour- églifes qu'ils poffedoient, & les rendit aux catholi

fuivis.

5

Theoph. an. 1.p

Id. p. 153.

ques. La troifiéme année de fon regne, indiction 10. C.
huitième, c'est-à-dire, l'an 530. il fit une grande re-
cherche des païens, & des heretiques, & confifqua
leurs biens. On accufa Macedonius, qui avoit été
referendaire, & Afclepiodoté auparavant prefet. Ce
dernier, de crainte fe fit chrétien, & mourut peu de
tems_aprés. On fit le procés à Pegase d'Heliopolis
avec les enfans. Le patrice Cratere, le quefteur Tho-
mas & d'autres furent arrêtez; & la terreur fut gran-
de. L'empereur ordonna que les catholiques feuls
entreroient dans les charges publiques, à l'exclufion
des païens & des heretiques, à qui il donna trois
mois pour fe convertir.

Procop. Aneca.

C. II.

On accufoit ce zele de Juftinien d'être mêlé d'interêt, parce qu'il profitoit des confifcations des par ticuliers. Car pour celles des églifes heretiques, il les donnoit aux catholiques. Or ces églifes hereti- Pelag epift. 1o. ques étoient tres-riches, particulierement celles des to. 5. conc. p.798.E. Ariens. Elles avoient de grands trefors en vases facrez & en meubles precieux; & de grands revenus en terres & en maisons, qui faifoient fubfifter beaucoup de particuliers, même catholiques. On fe plaignoit encore que ces converfions étoient forcées & précipitées ce qui faifoit beaucoup d'hypocrites, & de deferteurs, qui paffoient en païs étrangers. Souvent auffi les plus ruftiques en venoient à des feditions. Quelques-uns de desespoir, se tuoient euxmêmes. Hy eut des Montaniftes en Phrygie, qui s'enfermerent dans leurs églises, y mirent le feu, fe brûlerent.

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&

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Justinien poursuivit auffi les aftrologues, & il eut des vieillards, qui furent promenez fur des cha

S s iij

meaux à C. P. pour ce feul crime. Il fit des loix tresNov. 77. 141. feveres contre les blafphêmes, & contre l'impu dicité, en differentes années de fon regne; & des Theoph. p. 151. la feconde année, il fit punir feverement Ifaïe évêque de Rodes, & Alexandre évêque de Diofpolis en Thrace dépofez pour leurs crimes abominables, & par la dépofition reduits au rang des laïques. On les promena par la ville aprés les avoir mutilez, & le crieur difoit : Evêques ne deshonorez pas vôtre faint habit. Plufieurs autres impudiques furent punis, ce qui répandit une grande crainte. Il défendit les lieux de Proc. I. adif. c. 9. debauche, principalement à C. P. & y fonda un monaftere de penitentes avec de grands revenus.

Νου. 14ο

XXVIII

Revolte des Sa

maritains.

Les Samaritains furent traitez comme les heretiques; & les pourfuites que l'on fit contre eux causerent de grands defordres en Palestine. Il est vrai qu'à Cefarée, & dans les autres villes plufieurs firent profession du christianisme : quelques uns de bonne foi; mais la plupart feulement en apparence, indignez de la violence qu'on leur faifoit, & il y en avoit qui devenoient Manichéens ou païens. Mais dans le plat païs, tous les laboureurs s'affemblerent, & Procop. Anecd. prirent les armes au mois de Mai de l'an 530. pillant & brûlant les églifes, & les villages entiers, tuant aprés de cruels tourmens tous les chrétiens qu'ils rencontroient, fans distinction ; en forte qu'il n'y avoit plus de fûreté fur les grands chemins. Ils exercerent ces hoftilitez, principalement autour de Naples ou Samarie: où l'empereur Zenon avoit mis une garnison, pour les punir d'une sedition, dans la quelle l'évêque Terebinthius avoit pensé être tué. Il leur ôta donc le mont Garizim, qui étoit proche

c.11.Vita S. Sab.c. 70. Chr. pafch.

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fit bâtir une église de la Vierge, enfermée d'une AM. 531. muraille avec dix hommes pour la garder. Mais en bas dans la ville de Samarie, il mit une bonne garnison. Sous Anastase les Samaritains furprirent l'église d'en haut: mais la garnison retint la ville baffe. En cette revolte, fous Juftinien, les Samaritains fe rendirent maîtres de Samarie. Ils y couronnerent empereur un d'entre eux nommé Julien : égorgerent l'évêque nommé Ammonas, & prirent des prêtres, qu'ils mirent en pieces, & les firent frire avec des reliques de martyrs. L'empereur Juftinien fut donc obligé d'envoïer contre eux des troupes reglées; & il y eut un combat, où on en tua grand nombre, entre autres Julien leur chef. Plufieurs fe firent baptifer, & feignirent d'être chrétiens. Mais ils garderent long tems leur ancienne superstition : en forte que fous les gouverneurs feveres, ils fauvoient les apparences mais fous les gouverneurs negligens ou intereffez, ils vivoient en Samaritains, & en ennemis declarez du chriftianisme.

& brûlé au milieu de la

Pendant cette guerre un nommé Silvain, Samaritain tres-puiffant, & grand ennemi des chrétiens étant entré à Scythopolis fans ordre de l'empereur fut pris par les chrétiens ville, comme S. Sabas avoit predit dix ans auparavant. Arfene fils de Silvain étoit à C. P. où il portoit le titre d'illuftre, & avoit grand credit auprés de l'empereur & de l'imperatrice. Ainfi les plaintes qu'il fit ibid. c. 70. de la mort de fon pere attirerent leur indignation contre les chrétiens de Palestine. Alors Pierre patriarche de Jerusalem, & les évêques de fa dépendance, prierent faint Sabas d'aller à C. P. & de demander à

Vita S. Sab. c. 61.

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