ma Corrupticoles les fectateurs de Severe c'est-àdire, adorateurs du corruptible; & on appella les partifans de Julien Incorruptibles ou Phantafiaftes. Un diacre d'Alexandrie nommé Themiftius, fit un fchifme particulier fe feparant de la communion du patriarche Timothée, qui favorifoit tantôt l'un, tantôt l'autre parti.

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L'empereur Juftinien manda à Thimotée de venir à C. P. voulant l'obliger à fe réunir aux catho Sup. XXXI. #. liques, ou le chaffer du fiége d'Alexandrie: mais comme il fe preparoit à partir, il mourut aprés environ dix-huit ans d'épifcopat. Sa mort fortifia le fchifme, par les brigues de deux competiteurs. Le Liber brev. c. 20 clergé & les puiffances feculieres favorifoient Theodofe, homme de lettres, difciple de Severe, & de la fecte des Corruptibles: mais les moines & le ple portoient l'archidiacre Gaïen, difciple de Julien & de la fecte des Phantafiaftes. C'étoit la coûtume à Alexandrie, que le nouvel évêque veilloit auprés du corps de fon predeceffeur, mettoit la main fur fa tête, l'enfeveliffoit lui-même: puis mettant à fon cou le pallium de faint Marc, prenoit poffeffion du fiége.

peu

Theodofe fut ordonné le foir dans la cathedrale fur un decret du clergé, à la poursuite du chambellan Calotychius, qui étoit du parti de l'imperatrice, de l'autorité du prefet Diofcore & du duc Ariftomaque. Mais quand il voulut faire les funerailles de fon predeceffeur, le peuple & les moines, qui n'avoient point eû de part à fon élection, s'y oppoferent, le chafferent de l'églife, & introduifirent Gaïen. Celui-ci avoit pour lui quelques-uns du clergé, les

XXXII.

plus riches citoïens, les corps des métiers, les foldats, les nobles & toute la province : ainfi il se maintint pendant trois mois. Cependant l'imperatrice Theodora, envoïa au nom de l'empereur, le chambellan Narsés, qui remit en poffeffion Theodofe, comme ordonné le premier; & envoïa Gaïen en éxil: premierement à Carthage, puis en Sardaigne: aprés quoi on ne fçait ce qu'il devint. Theodofe demeura à Alexandrie un an & quatre mois: mais peu de gens communiquoient avec lui, & la plûpart tenoient pour Gaïen.

Ils en vinrent aux mains contre les foldats de Narfés: fur lefquels les femmes du haut des maisons jettoient tout ce qui leur tomboit fous les mains. Il y eut plufieurs perfonnes tuées de part & d'autre. Enfin Theodofe fatigué de ces feditions vint à C. P. où l'imperatrice le fit traiter avec honneur, promettant à l'empereur qu'il recevroit le concile de Calcedoine. Mais comme il persistoit à le refuser, il eut ordre de fortir de C. P. & demeura comme éxilé à fix milles de la ville.

Cependant l'empereur Juftinien voulant ramener Cnference à C. à l'unité de l'églife les partisans de Severe, appella à C. P. Hypace archevêque d'Ephefe, Jean de VefiCollat. to. 4. conc. ne & Innocent de Maronie, qu'il joignit à trois au

P.

p. 1703.

tres évêques, qui étoient déja à C. P. fçavoir, Ef tiene de Seleucie, Antoine de Trebifonde, & Demetrius de Philippi. Il deftina ces fix évêques à entrer en conference, avec fix du parti de Severe : fçavoir, Sergius de Cyr, Thomas de Germanicie, Philoxene de Dulichium, Pierre de Theodofiopole, Jean de Constantine & Nonnus de Cerefine. Mais

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il ne s'y trouva que cinq évêques catholiques: car Demetrius de Philippi tomba malade. Avant la conference l'empereur les appella, & les exhorta à ploïer toute la douceur & la patience poffible; & ajoûta Je ne veux pas que la conference se tienne en ma presence, de peur que les partisans de Severe ne foient chargez de confuffion : mais le patrice Strategis y affiftera.

Ils s'affemblerent dans une falle du palais. Avec les cinq évêques catholiques, étoient Eusebe, prêtre & treforier de la grande église de C. P. Heraclien & Laurent, prêtres & fyncelles du patriarche Epiphane: Hermefigene, Magnus & Aquilin, prêtres œconomes, & députez d'Antioche: Leonce député p. 1764. des moines de Jerufalem. Quand ils furent affis, le patrice Strategius dit aux Orientaux, c'est-à-dire, aux Severiens L'empereur vous a assemblez, non pour user d'autorité, mais par une compaffion paternelle, afin que vous receviez de la bouche de ces évêques l'éclairciffement de vos doutes. Proposezles donc fans efprit de contention, comme il convient à des perfonnes auffi venerables que vous

êtes.

Les Orientaux dirent: Nous avons presenté à l'empereur un écrit contenant l'expofition de nôtre foi, où nous avons mis tout ce qui nous fcandalife. Les catholiques répondirent par la bouche d'Hypace évêque d'Ephese : Nous avons vû cet écrit, où vous vous plaignez du concile de Calcedoine, qui a été affemblé contre l'herefie d'Eutychés. Ditesnous donc quelle opinion vous avez d'Eutychés ? Les Orientaux dirent: Nous le tenons pour here

Sup. liv. xxvI.

-223. A.

8.1765.

tique, ou plûtôt pour herefiarque. Hypace ajoûta: Et quelle opinion avez-vous de Diofcore & du fecond concile d'Ephese, qu'il a affemblé ? Les Oriertaux dirent: Nous les tenons pour orthodoxes. Si vous condamnez Eutychés, reprit Hypace, comment justifiez-vous Diofcore & fon concile, qui ont juftifié Eutychés Les Orientaux dirent: Peut-être qu'ils l'ont juftifié, comme aiant fait penitence. Hypace dit: S'il a fait penitence, pourquoi l'anathematifezvous? Comme cette replique les embarraffoit, Hy*. 40. to. 4. cont. pace ajoûta: Il s'eft fi peu repenti, qu'avant que l'on eût achevé de lire les actes faits contre lui à C. P. ils l'ont juftifié, & condamné Flavien & Eufebe. Si Eutychés s'étoit repenti, il falloit les prier & non pas les condamner. On exigeoit d'Eutychés la confeffion des deux natures en Jefus-Chrift. Diofcore au contraire approuvoit qu'il dît: Je reconnois qu'il étoit des deux natures avant l'union: mais aprés l'union je n'admets qu'une feule nature. Que vous en femble: Les Orientaux dirent: Diofcore devoit exiger d'Eutychés, de reconnoître Jefus-Chrift confubftantiel à fa mere: s'il l'a juftifié fans cela, il eft tombé dans l'aveuglement. Hypace dit: Reprenons donc ce que nous avons dit. Dites-vous qu'Eutychés fût catholique ou heretique Ils répondirent: Heretique. Donc, ajoûta-t-il, Eufebe eut raifon de l'accufer, & Flavien de le condamner. Ils en convinrent. Hypace ajoûta: Diofcore & fon concile eurent donc tort de le recevoir? Ils en convinrent encore; & il pourfuivit : Il falloit donc un autre concile univerfel, pour corriger les injuftices de celui de Diofcore? Ils reconnurent qu'il le falloit. D'où Hypace

Hypace conclut qu'il étoit donc jufte d'affembler le concile de Calcedoine. Les Orientaux dirent : 11 étoit jufte & neceffaire de l'affembler ; la question eft de fçavoir, fi la fin en a été auffi jufte. C'est ce qui fut fait en la premiere journée.

Le second jour, l'archevêque Hypace aïant remis l'état de la queftion, demanda aux Orientaux ce qu'ils reprenoient dans le concile de Calcedoine. Premierement, dirent-ils, la nouveauté des deux natures. Car faint Cyrille & fes predeceffeurs, difoient que de deux natures, s'étoit faite aprés l'union une nature du verbe de Dieu incarné. Hypace dit: Toute nouveauté n'est pas mauvaise. Pretendez-vous que celle-ci le foit? Oui, dirent les Orientaux: car faint Cyrille, faint Athanafe, Felix & Jules, évêques de Rome, faint Gregoire Thaumaturge, & faint Denis l'Areopagite, aiant decidé qu'il n'y a qu'une nature du verbe aprés l'union : ceux-ci ont ofé dire au mépris de tous ces perès, qu'il y a deux natures aprés l'union. C'est ici la premiere fois qu'il est fait mention des écrits attribuez à faint Denis Areopagite. Hypace répondit: Ces autoritez font fi fauffes, faint Cyrille n'en rapporte aucune. A Ephese il rap porta des paffages de douze peres contre les blafphêmes de Neftorius, dont il n'y a aucun pour l'unité de nature. Cependant c'étoit-là, qu'il eût dû les rapporter en presence du concile.

que

XXXIII.

Seconde journée.

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Les Orientaux dirent : Quoi donc, nous foupçon- p. 1767. nez-vous de les avoir falfifiez ? Hypace dit: Nous ne vous en foupçonnons pas : mais les Appollinariftes; & venant enfuite aux écrits de faint Denis, il dit: Quant à ces paffages, que vous dites être de bid. D.