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peché, n'y retournez plus, & demandez pardon du AN. 484. paffé. Mais Acace aïant reçû cette lettre ne changea point de conduite. Il ne quitta point la communion de Pierre Monge, & ne lui confeilla point ouvertement de recevoir le concile de Calcedoine, & la lettre de faint Leon.

Le pape Felix en étant informé proceda enfin à la condamnation d'Acace dans un concile des évêques d'Italie, & donna fa fentence, qui commence ainsi: Vous êtes trouvez coupable de plufieurs fautes. Au mépris des canons de Nicée vous avez ufurpé les droits des autres provinces. Vous avez non feulement reçû à vôtre communion des heretiques ufurpateurs, que vous aviez vous-même condamnez: mais vous leur avez encore donné le gouvernement d'autres églifes. Témoin Jean que vous avez mis à Tyr aprés que les catholiques d'Apamée l'avoient refufé, & qu'il avoit été chaffé d'Antioche; & Himerius dépofé du diaconat & excommunié, que vous avez éle vé à la prêtrise. Il lui reproche enfuite la protection qu'il donne à Pierre Monge, ennemi du concile de Calcedoine , pour le maintenir dans le fiege de S. Marc les violences exercées contre les legats Vital, Misene & Felix, au mépris du droit des gens. Vous n'avez point voulu répondre, ajoûte-t-il, devant le faint fiege fuivant les canons au libelle de mon confrere Jean; c'est Talaïa, qui a intenté contre vous des accufations tres-graves, & par ce filence · affecté vous les avez confirmées. Il conclut: Ayez donc part avec ceux dont vous embraffez fi volon tiers les interêts, & fçachez que par la prefente fentence vous êtes privé de l'honneur du facerdoce & Tome VII.

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E

XVI. Condamnation

'Acorde Fel. Epift. 6. to. 4.

Conc. p. 1073.

de la communion catholique, étant condamné par le jugement du faint Esprit & l'autorité apoftolique fans pouvoir être jamais abfous de cet anathême. Celius Felix évêque de la fainte églife catholique de Rome, j'ai foufcrit. Donné le cinquiéme des calendes d'Août fous le confulat de Venantius: c'est à dire le vingt-huitiéme de Juillet 484. Soixante & fept évêques souscrivirent cette fentence avec le pape: Ĉe qui montre que fous le regne d'Odoacre Arien, les évêques d'Italie ne laiffoient pas d'avoir la liberté de s'affembler comme fous les empereurs catholiques.

Tutus ancien clerc de l'églife Romaine en fut fait défenseur, afin de porter à C. P. cette fentence que l'on ne pouvoit y envoyer autrement. Il fut aussi chargé de deux lettres, l'une à l'empereur, l'autre au clergé & au peuple. La lettre à l'empereur Zenon eft dattée du premier d'Août de la même année, & c'est une réponse à celle qu'il avoit envoyée au pape par Vital & Mifene. Le pape s'y plaint d'abord de la violence exercée à leur égard contre le droit des gens, refpecté par les nations les plus barbares. Enfuite il declare, que le faint fiege ne peut jamais communiquer avec Pierre d'Alexandrie ; quand ce ne feroit que parce qu'il a été ordonné par des heretiques. C'est pourquoi, dit-il, je vous laisse à juger fi on doit choifir la communion de l'apôtre faint Pierre ou celle de Pierre d'Alexandrie. Vous pourrez connoître quel il a été, comment il a ufurpé le facerdoce ayant à peine un ordinateur : comment il a été compté depuis longt-tems les condamnez, même chez vous: Vous le pourrez,

tems entre

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dis-je, connoître par les lettres qu'Acace, mainte-
nant fon protecteur, a écrites à mon predeceffeur,
& dont je vous envoïe les copies. Il lui déclare en-
fuite la condamnation d'Acace, & l'exhorte à y
obéir comme à une ordonnance du ciel: parce qu'il
eft plus utile à l'empereur de fuivre l'autorité de l'é-
glife, que de lui vouloir donner la loi. Dans la lettre
au clergé & au peuple de C. P. le pape déclare la con- Epift. 10
damnation de Vital & de Mifene, pour lever le fcan-
dale de leur prevarication. Il déclare auffi la con-
damnation d'Acace, dont il leur envoïe la copie, &
ajoûte : Vous devez par vôtre jugement conserver en
fon rang le prêtre Salomon, qu'Acace a déposé pour
plaire aux heretiques & tous ceux qu'il peut avoir
traitez de même. Enfin il avertit, que tous ceux qui
veulent demeurer catholiques doivent fe retirer de la
communion d'Acace.

Liberat. brev.c

Niceph. XVI. c.

Le défenseur Tutus étant arrivé en Orient, paffa malgré ceux qui l'attendoient à Abyde, & vint à C. P. au monaftere de Dius de l'ordre des Acemétes. Ne pouvant obliger Acace à recevoir la lettre du pa-bab pe, qui portoit fa condamnation, il fut contraint Theoph. p. 114. de la faire attacher par les moines de ce monaftere au manteau d'Acace, le dimanche, comme il entroit dans l'église pour celebrer l'office. On fit mourir quelques-uns des moines qui avoient attaché sa sentence, & on en mit d'autres en prifon, aprés les avoir maltraitez. Mais Tutus, aprés s'être fi bien acquité de fa commiffion, fe laiffa lui-même gagner par argent, & communiqua avec Acace. Le pape en fut averti, par les lettres de Rufin & de Thalaflius prêtres & abbez à C. P. apportées par un nommé

Fpift. II.

XVII.

Pierre le Fou

lon rétabli.

Dard. p. 1205. D.

1206. B.

Gefta de nom.

Act. in fi.
Liberat. brev.

c. 18.

p. 1209. A.

16.

c.

Bafile. C'eft pourquoi Tutus étant de retour & convaincu en plein concile, par fes lettres & par fa propre confeffion, fut privé de la charge de défenfeur, qu'il n'avoit que pour un tems, & excommunié. Le pape en donna avis à Rufin, à Thalaffius & aux autres moines de C. P. & de Bithynie: les avertiffant de feparer de leur communion les moines qui fe feroient laiffé feduire par les heretiques : en diftinguant toutefois ceux qui n'auroient cedé qu'à la violence des tourmens, & les traitant plus humai

nement.

Acace appuyé de la protection de l'empereur, ne compta pour rien la dépofition prononcée contre lui par le pape, & continua jufques à la mort à offrir Gelaf epift. ad. le faint facrifice. Il ôta même des diptyques le nom du pape: & fit déposer par tout l'orient grand nombre d'évêques catholiques, aufquels il en fit fubftituer d'heretiques, ou communiqua avec ceux qui Gelaf. ad Dard. l'étoient. Il fit chaffer d'Antioche l'évêque legitime Evagy. III. «. Calendion, qu'il avoit lui-même ordonné. Le preTheoph. p. 115. texte de fa dépofition fut d'avoir favorifé le parti d'Illus maître des offices, qui s'étoit revolté en Orient avec Leonce & Pamprepius. Mais en effet, ce fut parce que Calendion demeuroit dans la communion du pape Felix & de Jean Talaïa patriarche d'Alexandrie. Calendion fut donc relegué dans l'Oasis & Pierre le Foulon rétabli à Antioche, du confentement d'Acace, qui l'avoit condamné tant de fois. Plusieurs autres êvêques furent chaffez en même tems; fçavoir, Neftor, Romain de Calcedoine, Julien de Mopfuefte, Paul de Constantine, Manus d'Hemeric; tous fous le même pretexte d'avoir fa

vorifé la revolte; mais en effet, pour avoir refusé l'henotique de Zenon, Pierre le Foulon y foufcrivit, & envoïa des lettres fynodales à Pierre Monge d'Alexandrie. Quelques-uns des évêques chaffez fouffrirent à C. P. une rude perfecution.

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XVIII. Xenaïs Incenoclafte.

Conc. Nic. 2. Act. 5. p. 367. 370.

Pierre le Foulon chaffa entre'autre Cyrus d'Hieraple, & mit à fa place un Perfan nommé Xenaïas ou Philoxene, que le patriarche Calendion avoit ex Th. Lect. & chaffé du païs, voiant qu'il alteroit les dogmes de la fan. Diac. foi, & qu'il foulevoit le peuple. Peu de tems aprés qu'il fut établi à Hieraple, quelques évêques venus de Perfe prouverent que c'étoit un esclave fugitif, & qu'il n'étoit pas baptifé, mais Pierre ne s'en mit pas en peine, & dit que l'ordination épiscopale lui tenoit lieu de baptême. Ce Xenaïas eft le premier que l'on fçache, qui ait attaqué les faintes images. Il difoit, que les anges étant incorporels, il n'étoit pas permis de leur donner des corps, ni de les peindre en figure humaine. Que ce n'étoit point honorer Jefus Chrift que de dépeindre fon image, & qu'il n'y avoit que l'adoration en efprit & en verité qui lui fût agréable. Que c'étoit une imagination puerile, de faire des colombes de relief, pour reprefenter le saint Esprit. Car, disoit-il, il ne s'eft pas fait colombe, il a feulement paru en cette forme une feule fois, fans en prendre la fubftance. Sa pratique étoit conforme à la doctrine. Il effaça en plufieurs endroits les images des anges, & cacha celles de JesusChrift dans les lieux fecrets.

XIX.

Bernabé.

Anthemius évêque de Salamine en Chipre, fut Reliques de auffi inquieté par Pierre le Foulon : qui pretendoit l'affujettir à fon patriarcat. Anthemius fe défendoit

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