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AN. 535.

XLIV.

Concile de Cler

mont.

Can. 2.

voit fort maltraité, & lui avoit ôté tout fon bien. Mais connoissant la bonté du roi Theodebert, il l'envoïa prier de lui prêter quelque argent pour la ville,

offrant de le rendre avec interêt. Le roiola

aux ci

fept mille fous d'or, que l'évêque diftribua
toïens. Ils en firent commerce & s'y enrichirent.
L'évêque offrit enfuite au roi de lui rendre fon ar-
gent mais le roi dit qu'il n'en avoit pas befoin, &
qu'il fuffifoit qu'on en eut foulagé la pauvreté de

cette ville.

Le concile de Clermont s'affembla le huitiéme de Novembre aprés le confulat de Paulin le jeune, c'està-dire, l'an 535. On y fit feize canons. Pour prévenir l'abus qui commençoit à s'introduire, d'obtenir les évêchez par la faveur des rois, il eft dit: que celui qui defire l'épifcopat fera ordonné par l'élection des clercs & des citoïens, & le confentement du metropolitain fans emploier la protection des perfonnes puiffantes, fans ufer d'artifice, ni obliger perfonne, foit par crainte, foit par prefens, à écrire un decret d'é4. lection. Autrement l'afpirant fera privé de la communion de l'église, qu'il veut gouverner. Les clercs ne doivent point être foutenus contre leurs évêques par les puiffances feculieres. Ceux qui demandent aux rois les biens d'une églife, au préjudice des pauvres, feront privez de la communion de cette églife. & la donnation fera nulle. Celui-là fera auffi excommunié, qui privera l'églife en quelque maniere que ce foit, de ce qui lui a été donné par écrit, & ne le rendra pas à la premiere fommation de l'évêque.

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14.

2. 15.

Tous les clercs doivent celebrer Noël, Pâque, la Pentecôte & les autres fêtes folemnelles avec l'évê

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que
dans la cité, excepté ceux qui font attachez à
des titres dans la ville ou à la campagne. La même
chose est ordonnée aux plus anciens d'entre les ci-
toïens; fous peines d'être privez de la communion
à ces fêtes. Il est défendu d'emploïer les tapis & les
voiles de l'autel, pour couvrir les corps des morts,
même des prêtres, ni de prêter l'argenterie des églises
pour fervir à des nôces.

63.7.81

Enfuite des canons eft une lettre fynodale des p. 1805. mêmes évêques au roi Theodebert: par laquelle, fur les plaintes de plufieurs particuliers, ils le priene d'empêcher que perfonne ne foit privé des biens qui lui appartiennent dans les terres d'un autre roi, pourvû qu'il lui païe les tributs. C'eft qu'aprés la mort de Clovis, fon roïaume fut partagé entre les quatre fils, Theodoric, Clodomir, Childebert & Clotai

re.

en 524.

XLV. Saint Cloud.

Sup. n. 1.

Greg. III. hift.

Mais Clodomir aïant été tué par les Bourguignons laiffa trois fils en bas âge, Theobalde, Gonthaire & Clodoalde, que la reine Clotilde leur aïeu. le faifoit élever auprés d'elle à Paris, & les aimoit c. 18. uniquement: ce qui fit craindre à Childebert qu'elle ne les fit reconnoître rois. Il envoïa donc fecretement dire à fon frere Clotaire de venir à Paris, pour déliberer ensemble ce qu'il devoient faire de ces enfans, ou leur couper les cheveux, pour les reduire à l'état du peuple, ou les mettre à mort, pour partager le roïaume de Clodomir. C'étoit le privilege de la famille roïale de porter les cheveux longs. Clotaire fort réjoui de cette propofition vint à Paris, & Childebert fit courir le bruit, qu'ils s'affembloient pour élever ces enfans au roïaume. Ils firent dire à

la reine leur mere de les leur envoïer pour ce fujet : & Clotilde ravie de joie, les fit manger & les envoïa, difant: Je ne croirai pas avoir perdu mon fils, si je vous vois regner à sa place.

Quand ils furent arrivez, on les prit, & on les fepara de leurs ferviteurs & de leurs gouverneurs. Alors Childebert & Clotaire envoierent Arcade homme de confiance, porter à Clotilde des ciseaux & une épée nuë, & lui dire : Les rois vos fils demandent ce qu'il vous plaît que l'on faffe de ces enfans. Si vous voulez qu'on leur coupe les cheveux & qu'on les laiffe vivre, ou qu'on les égorge tous deux. On n'avoit pris que les deux aînez: le troifiéme, sçavoir Clodoalde, fut fauvé fut fauvé par de braves gens. Clotilde effraïée de cette propofition, & outrée de douleur, dit dans le premier transport de fa colere: Si on ne les fait pas regner, j'aime mieux les voir morts que tondus. Arcade vint promptement dire aux deux rois: Executez vos desseins, la reine y confent. Auffitôt Clotaire prit par le bras Theobalde l'aîné de fes neveux âgé de dix ans, le jetta par terre, & lui enfonça fous l'aiffelle un couteau dont il le tua. Aux cris de l'enfant, Gontaire fon frere âgé de fept ans fe jetta aux pieds de Childebert, & lui embraffa les genoux en pleurant, en difant: Mon cher pere, empêchez qu'on ne me tue, comme mon frere. Childebert, le vifage trempé de larmes, dit à Clotaire: Mon frere, je vous prie de m'accorder la vie de cet enfant. Je vous donnerai pour lui tout ce qu'il vous plaira. Mais Clotaire lui répondit en fureur : Tu le laifferas ou tu mourras pour lui. C'est toi qui m'as engagé dans cette affaire, & tu manques fi-tôt à ta parole?

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parole: Childebert lui rejetta l'enfant, & Clotaire le prenant lui perça le côté de fon couteau, comme il avoit fait au premier. Puis il monta à cheval, & s'en retourna, comme s'il n'avoit rien fait. Childebert se retira auffi à la campagne: enfuite ils partagerent ensemble le roïaume de Clodomir. Ainfi fut accomplie la prophetie de faint Avit abbé de Mici, lors Sup. n. 1. qu'il vouloit détourner le roi Clodomir de faire Greg. III. hist. c. 6. mourir le roi Sigifmond & ses enfans. La reine Clotilde fit mettre dans un cercueil les corps de fes deux petits fils, & avec un deüil extrême, faifant chanter des pfeaumes, les fuivit à l'églife de faint Pierre où ils furent enterrez. Enfuite elle fe retira à Tours, où elle acheva fa vie dans les prieres, les aumônes, les veilles & l'exercice de toutes fortes de vertus: donnant liberallement des terres aux églises, aux monafteres & à tous les lieux de pieté. Enfin pleine Greg.IV.hift.c.1. d'années & de bonnes œuvres, elle mourut à Tours du tems de l'évêque Injuriofus, vers l'an 545. Son corps fut tranfporté à Paris, & enterré par les enfans Childebert & Clotaire, dans le fanctuaire de la même église de faint Pierre, à côté du roi Clovis fon époux. C'eft l'église de fainte Geneviève, que Clotilde avoit fait bâtir. Ses reliques y font encore; & l'église honore fa memoire le troifiéme de Juin.

Martyr. R. 3. Iun.

Le jeune Clodoalde aiant été fauvé du maffacre, Id. III. c. 18. Vita. fe coupa les cheveux de fa propre main, & renonçant au monde alla trouver faint Severin, qui demeuroit prés de Paris, enfermé dans une cellule, & reçut de lui l'habit religieux. Il pratiqua toutes les aufteritez de la vie monaftique; & donna aux monasteres & aux églifes, ce qui lui reftoit d'heri

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Martyr. 7. Sept.

XLVI.

Monafteres des Gaules.

Greg.Vit. PP. c.s.

Martyr. R. 24. Nov.

tages. Ensuite pour éviter les loüanges, & vivre in-
connu aux hommes, il alla en Provence, y demeu-
ra long-tems, & y fit plufieurs miracles. Il revint à
Paris où il fut reçû avec une grande joïe; & à la
priere du peuple, l'évêque Eufebe l'ordonna prêtre
vers l'an 551. Enfin faint Cloud, car c'est ainsi que
nous nommon.
Clodoalde, bâtit un monaftere en
un lieu nommé Nogent à deux lieues au-deffous de
Paris fur la Seine, où il finit faintement fes jours
vers l'an 560. Le monaftere a été depuis changé en
églife collegiale, qui conferve les reliques du faint,
& le lieu a pris fon nom. L'église honore fa memoire
le feptiéme de Septembre, & c'est le premier faint
de la race des rois de France.

Il y avoit alors dans les Gaules grand nombre de monafteres, & de faints folitaires, dont je me contenterai de marquer les plus fameux. La ville de faint Pourçain fur les confins de l'Auvergne & du Bourbonnois, a commencé par un monaftere, dans lequel Porcien esclave d'un barbare se refugioit souvent, pour éviter les mauvais traitemens de fon maître. Il y fut enfin reçû, & par fon merite en fut élû abbé. Ses vertus & fes miracles le firent refpecter par le roi des Francs Theodoric, comme il faifoit la guerre en Auvergne l'an 525, & il lui accorda la liberté de plufieurs captifs. L'églife honore la memoire de faint Porcien le vingt-quatriéme de Novembre; & fon abbaie a été reduite depuis huit cens ans à un prieuré de Benedictins, dépendant de l'abbaïe de Tournus. Le monaftere de Combronde en Auvergne, eft auffi devenu un prieuré de l'abbaïe de Menat dans la même province.

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