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dre à la declaration que Mennas en avoit donnée. Enfin il prie l'empereur, de conferver les privileges du faint fiege, & de ne lui envoïer que des perfonnes catholiques & irreprochables. Ilˇeft vifible que cette lettre eft une apologie du pape Vigile, pour effacer les foupçons que l'empereur avoit conçus de fa foi.

Il écrivit en même tems au patriarche Mennas Epis une lettre, où il le felicite de ce qu'il execute ce qu'il avoit promis au pape Agapit à fon ordination: en recevant les quatre conciles, & anathématisant les fchifmatiques. A la fin de ces deux lettres, outre la souscription du pape Vigile, étoit celle du patrice Dominique, dattée du quinziéme des calendes d'Octobre, fous le confulat de Justinien, c'est-à-dire, du dix-feptiéme de Septembre 540.

Cependant Vigile étoit reconnu pour pape legitime depuis fon ordination, comme il paroît par la confultation de Profuturus évêque de Brague en vigil, epist. 2. p. Lufitanie, à la quelle il répondit le vingt-neuviéme Baluz. nova. coli. de Juin, fous le confulat de Jean, c'est-à-dire, 538. p. 1472. Il parle d'abord des Prifcillianiftes, qui s'abstenoient de la chair par fuperftition; & conclut en ces mots : Nous ne blâmons point l'abstinence agréable à Dieu: mais nous ne recevons point ceux qui deteftent fes créatures. Il parle de la maniere de reconcilier les Ariens, à caufe des Goths qui dominoient en Espagne, & dont il fe convertiffoit toûjours quelquesuns. Il dit qu'une église eft fuffifamment confacrée, “4 dés qu'on y a celebré la meffe, quoiqu'on n'y ait point jetté d'eau benite; & que l'ordre des prieres de la messe, est toûjours le même : excepté quel

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AN 538. que petite addition aux jours les plus folemnels: c'est-à-dire, que le canon de la meffe ne change point, excepté les caufes particulieres que l'on infere aprés le Communicantes. On voit en cette lettre l'eau benite bien expreffement marquée.

Theodebert roi des Francs aïant envoïé des troupes en Italie, à l'occafion de la guerre entre les Romains & les Goths: fit confulter le pape Vigile par Moderic fon ambassadeur, qu'elle devoit être la penitence de celui qui avoit époufé la femme de fon frere. Le pape outre la réponse qu'il fit au roi, Epish. 3. p. 314. écrivit à faint Cefaire d'Arles, qui étoit dans fes états, de s'informer de la qualité du fait, & de la difpofition du penitent: pour inftruire le roi du tems neceffaire à une telle penitence, & le prier d'empêcher de tels défordres à l'avenir. La raifon de renvoïer cette affaite à faint Cefaire eft remarquable: On doit, dit le pape, commettre aux évêques prefens, la mesure de la penitence, afin que l'on puiffe auffi accorder l'indulgence, felon la componction du penitent. La lettre eft du troifiéme de Mars 338.

LIX. Troifiéme concile d'Orleans.

to. 5. page 294•

La même année le septiéme de Mai: autrement le jour des nones du troifiéme mois, la quatriéme année aprés le confulat de Paulin le jeune, & la vingt-feptiéme du roi Childebert: les évêques de fon roïaume s'affemblerent à Orleans &y tinrent le concile, que l'on compte pour le troifiéme, où ils firent trente-trois canons. Le premier ordonne la tenuë des conciles tous les ans, & declare que les évêV. Coint. a. 538. ques ne font point difpenfez de s'y trouver, pour être dans le partage de differens rois. Lorfque la

n.9. Can. 3.

Gaule étoit partagée entre les Francs, les Bourgui- AN. 538. gnons & les Goths : les rois d'une nation ne permettoient pas volontiers à leurs évêques, d'aller au concile qui fe tenoit chez un autre. Mais ce n'étoit plus une excufe, depuis que tout fut soumis aux François, quoiqu'ils euffent plufieurs rois. On recommande l'ancienne forme des élections des évêques par les évêques de la province, du confentement du clergé & des citoïens: apparemment à caufe du trouble que la puiffance feculiere commençoit à y apporter.

:

c. 19.

6. 21,

Les clercs qui fous pretexte de quelque protec- GI tion refuseront de faire leurs fonctions, feront ôtez du canon, & ne recevront plus de gages ni de prefens que s'ils refusent ouvertement d'obéir par orgüeil ou par quelque dépit, ils feront reduits à la communion laïque, jufques à ce qu'ils aïent fait fatisfaction à l'évêque que s'ils font des confpirations par écrit ou par ferment, comme il étoit arrivé depuis peu en plufieurs lieux, ils feront punis à la difcretion du concile. Ces rebellions des clercs femblent être encore un effet de la domination des barbares. Un clerc ne doit ni poursuivre ni être pour 6. 17. fuivi devant le juge feculier, fans la permiffion de l'évêque. Un évêque ne pourra ôter à un clerc, ce que fon predeceffeur lui aura donné : mais celui même qui l'a donné, peut l'ôter au clerc s'il s'en rend indigne. Il peut auffi le lui ôter, en lui donnant l'administration d'une église ou d'un monaftere. Ces revenus donnez aux clercs, à caufe d'une certaine administration, ou par la liberalité de l'évêque ont été l'origine des benefices, comme il a deja été remarqué.

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A N. 538.

4.14.

29.

28.

1.2. Cod. de Fer. Sup. X. n.27.

6. 10.

La meffe doit être dite à tierce, c'est-à-dire, à neuf-heures du matin aux jours folemnels: afin qu'on puiffe plus facilement venir à vêpres le foir. Les laïques ne, fortiront point de la meffe, que l'oraifon. dominicale ne foit dite; & que la benediction ne foit donnée, fil'évêque eft present. On n'affiftera point aux offices avec des armes. Ceci eft manifeftement pour les barbares: car les Romains ne portoient pas même d'épée hors la guerre & les voïages. Le concile dit encore: Parce que le peuple eft perfuadé que le dimanche, il n'eft pas permis de voïager avec des chevaux, des bœufs ou des voitures, ni de preparer à manger, ou rien faire qui regarde la proprieté des maisons ou des personnes: ce qui fent plus l'obfervation judaïque, que le chriftianisme : nous ordonnons que ce qui a été ci-devant permis le dimanche, le foit encore. Nous voulons toutefois que l'on s'abstiene de travailler aux champs: c'est-à-dire, de labourer, façonner la vigne, faucher les foins, moiffonner ou battre le bled, effarter, faire des haies: pour vacquer plus aisément aux prieres de l'églife. Que fi quelqu'un y contrevient, ce n'eft pas aux laïques: mais aux évêques à le corriger. Nous avons déja vû, que la loi de Constantin, permettoit même le travail de la campagne en cas de befoin. Or comme il y avoit des Juifs par toutes les Gaules, on craignoit avec raison que les chrétiens n'imitaffent leurs fuperftitions. On ne feparera point les nouveaux chrétiens qui auront contracté des mariages inceftueux par ignorance: mais feulement ceux qui l'auront fait à leur escient au mépris des loix; ce qui fera au jugement de l'évê

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8.24.

que. On n'imposera point la penitence aux jeunes AN. 538. gens: ni aux mariez, que du confentement de l'un & de l'autre. Il faut entendre la penitence publique. Ce font les canons les plus finguliers du troifiéme concile d'Orleans.

:

17. Apr.

LX.

to. I. p. 108.

Il fut foufcrit par dix-neuf évêques & fept prê- Saint Aubin d'Antres députez des abfens. Le premier & le prefident gers. Martyr. R. 25. du concile étoit Loup archevêque de Lion, compté Sept. entre les faints, le vingt-cinquième de Septembre : puis trois autres archevêques, Pantagathus de Vienne, que l'églife honore le dix-feptiéme d'Avril, Leon de Sens, Arcade de Bourges, Flavius de Rouen. Entre les évêques font remarquables. S. Eleuthere d'Auxerre, faint Lo de Coûtance, faint Agricole de Challon, faint Gregoire de Langres, faint Gal de Clermont, faint Aubin d'Angers. Ce dernier étant né A. ss. Bened, d'une famille noble auprés de Vennes, se retira dés sa jeunesse au monaftere de Cincillac ou Tintillant où il fe diftingua tellement par fes vertus, qu'à trente-cinq ans, il en fut élu abbé : mais aprés l'avoir gouverné cinq ans, on l'en tira malgré lui pour l'ordonner évêque d'Angers. Il s'appliquoit à nourrir les pauvres, à défendre fes citoïens, à vifiter les malades & à racheter les captifs on lui attribuë même plufieurs miracles, entre autres d'avoir rendu la vûë à trois aveugles, & reffufcité un mort. Fortunat qui a écrit fa vie environ trente ans aprés, raporte leurs noms, & marque les circonftances. Il releve particulierement le zele de S. Aubin, contre les mariages inceftueux, & dit que pour foûtenir cette difcipline, il s'expofa même au martyre. Il alla confulter fur ce fujet faint Cefaire d'Arles; & fut accompagné D d d iij

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