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dans ce voïage par faint Lubin, alors abbé du mo¬ naftere de Brou, & depuis évêques de Chartres. Saint Aubin travailla à reprimer cet abus en plufieurs conciles entre autre en ce troifiéme d'Orleans, qui le condamne par un de fes canons. Etant preffé par fes confreres dans un concile, d'absoudre des perfonnes excommuniées pour ce fujet, & de leur envoier des eulogies, ou pains benis: il dit: Vous m'obligez à les benir, en abandonnant la caufe de Dieu mais il est assez puissant pour se vanger lui-même. En effet, la personne excommuniée mourut avant que de recevoir les eulogies dans fa bouche. Saint Aubin gouverna l'églife d'Angers vingt-ans & fix mois, mourut en 55o. le premier jour de Mars, auquel l'églife honore encore sa memoire.

:

&

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LIVRE TRENTE-TROISIE ME.

T

I.

Paul patriarche d'Alexandrie.

Heodofe patriarche d'Alexandrie aïant été éxilé, Paul abbé de l'ordre de Tabenne fut ordonné à fa place. Etant méprifé par quelques-uns de fes moines, il étoit venu à C. P. foûtenir les interêts prés de l'empereur : le diacre Pelage qui le con- 31. noiffoit pour entierement orthodoxe, & recevant le concile de Calcedoine, lui procura le fiége d'Alexandrie, & il fut ordonné à C. P. par le patriarche Mennas, en prefence du même Pelage & des legats d'Ephrem d'Antioche, & de Pierre de Jerufalem. L'empereur lui donna l'autorité fur les ducs & les tributs d'Egypte & de fes dépendances, pour ôter les heretiques, & en mettre de catholiques: car ils entretenoient les divifions du peuple.

Liber brev. c. 23,

Sup. XXXII.n.

Etant arrivé à Alexandrie, il obligea, tant par crainte que par adreffe, toute la ville & tous les mo nafteres, à recevoir le concile de Calcedoine. Il voului ôter Elie maître de la milice: mais Pfoius diacre & œconome de l'églife, ami d'Elie, lui découvrit le deffein du patriarche: lui envoïant des lettres par des couriers à pied tres-diligens, dont on ufoit en Egypte. Le patriarche Paul aïant intercepté les lettres de Pfoius, qui étoient écrites en Egyptien: craignit d'être traité comme Proterius, maffacré sup. liv. XXIX. par les Euty quiens, & commença à preffer Pfoius de rendre fes comptes. Il le mit entre les mains de la juftice, & en écrivit à l'empereur. Rodon, qui étoit alors prefet d'Egypte, fe chargea, de le garder

12.2. 11

jusques à ce que l'ordre de l'empereur fût venu. Cependant un nommé Arfene des premiers de la ville, fit des presens à Rodon, & lui perfuada de faire mourir Pfoius dans les tourmens fecretement pendant la nuit. Ses enfans & fes parens s'en plaignirent à l'empereur: qui fit Liberius prefet d'Egypte & l'envoïa à Alexandrie informer de cette affaire. Liberius y étant arrivé, fit venir Rodon, & l'interrogea comment il avoit fait mourir le diacre Pfoius. Par le commandement de l'évêque Paul, répondit Rodon car j'ai un ordre de l'empereur, pour executer toutes les volontez de l'évêque. Paul le nioit & proteftoit qu'il n'en avoit rien fçû. On trouva qu'Arfene étoit l'auteur de ce meurtre & on le fit mourir. Mais l'évêque Paul fut envoïé en éxil à Gaze en Palestine, & Rodon amené à C. P. avec le procés fait contre lui: qui aïant été lû devant l'empereur, il le fit executer à mort.

,

Enfuite l'empereur envoïa à Antioche le diacre Pelage legat du faint fiége, lui donnant commiffion d'aller à Gaze avec Ephrem d'Antioche, Pierre de Jerufalem & Hypace d'Ephese, pour ôter le pallium à Paul d'Alexandrie, & le dépofer. Pelage vint donc à Antioche, & de là à Jerufalem: d'où avec les deux patriarches, & quelques évêques, il vint à Gaze. Ils dépoferent Paul, & ordonnerent à fa place Zoile Leont. fett. att. s. patriarche d'Alexandrie, qui auffi-bien que Paul re

II.

Agnoïtes & Tri

teites.

cevoit le concile de Calcedoine.

Cependant les Euty quiens ou Acephales fe divifoient tous les jours en nouvelles fectes. Theodose d'Alexandrie étant à C. P. donna occafion à celle des Mare. XIII. 32. Agnoïtes. Car comme Nôtre Seigneur dit, que per

fonne

:

fonne ne fçait l'heure du jugement, pas même le
Fils; on demanda fi Jefus-Chrift l'ignoroit comme
homme. Theodofe dit: que Jefus Chrift ne l'igno-
roit pas parlant fur ce point comme l'église catholi-
que. Il écrivit même contre ceux qui attribuoient à
Jefus-Chrift cette ignorance, & que par cette rai-
fon, on nommoit Agnoïtes: car agnoëm en grec, fi-
gnifie ignorer. Ils difoient que cette ignorance lui
convenoit, comme la douleur qu'il avoit fentie; &
qu'étant entierement femblable à nous, il ignoroit
ce que nous ignorons. Ainfi ils fe feparerent des
Theodofiens, & tinrent leurs affemblées à
part.

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Ad. 10.

Dans le même tems que Theodofe étoit encore à C. P. commença l'erreur des Tritheïtes, dont l'autheur fut Jean Grammairien Alexandrin, furnommé Philoponos: c'est-à-dire, laborieux. Il objectoit aux catholiques qu'en confeffant deux natures il falloit auffi reconnoître deux hypoftafes. On répondoit, que la nature & l'hypoftafe étoient differentes: autrement il faudroit admettre en la Trinité trois natures, puifqu'il y a trois hypoftafes. Philopone avoüoit la confequence, & reconnoiffoit dans la fainte Trinité trois natures particulieres, outre la commune fuivant la doctrine d'Ariftote : ainfi il admettoit trois dieux d'où fes fectateurs furent nommez Tritheïtes. Philopone écrivit auffi contre la refurrec- Phor. bibl. n. 21. tion, pretendant que les ames ne reprendroient pas Niceph. XVIII. les mêmes corps. Il faifoit toutefois profeffion de la religion chrétienne, & la défendit contre Proclus de Lycie philofophe Platonicien, qui vivoit dans le même tems, & qui avoit combattu la religion par suid in From dix-huit argumens, la traitant avec mépris.

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C. 4.7 48.

ttt. Origenistes en

Palestine.

Le diacre Pelage legat du faint fiége, étant de re tour à C. P. aprés fon voïage de Palestine, quelques moines de Jerufalem qu'il avoit vûs en paffant, vinrent le trouver. Ils apportoient des articles extraits des livres d'Origene, & vouloient en poursuivre la condamnation auprés de l'empereur, ce qu'il faut Vita S. Sab. c. reprendre de plus haut. La nouvelle laure fondée

Sup. liv.

n. 15.

36. p. 273.

p. 274.

XXXI.

Sup. xxxI. n. 27.

27;•

par faint Sabas en 507. en faveur des moines feditieux, eut pour premier abbé Jean, qui avoit le don de prophetie. Etant prêt de mourir, il dit en pleurant aux principaux de la communauté, affis auprés de lui: Voici venir les jours où les habitans de ces lieux s'éleveront & s'écarteront de la foi: mais leur orgueil fera humilié, & leur temerité les fera chasser. Son fucceffeur Paul, homme fort fimple y reçût fans le fçavoir, des moines qui enfeignoient en feGret la doctrine d'Origene. Le principal étoit un nommé Nonnus de Palestine, qui bien qu'il parût être non seulement chrétien, mais pieux, fuivoit en effet les erreurs des païens, des Juifs & des Manichéens croïans les rêveries d'Origene, fur la préexistence des ames. L'abbé Paul ne gouverna que fix mois la nouvelle laure & fon fucceffeur fut Agapit, disciple de saint Sabas.

:

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Il découvrit les erreurs de ces quatre moines, & craignant qu'ils n'en infectaffent d'autres, il les chaffa par la permiffion d'Elie patriarche de Jerusalem. Mais Elie aïant été chaffé, ces moines vinrent à JeVita. S. Sab. p. rufalem, prier Jean fon fucceffeur de les laiffer retourner à la nouvelle laure. Il envoïa querir faint Sabas & Agapit; & fçachant que Nonnus & les autres étoient Origenistes, il ne voulut point les écouter.

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