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indiction neuviéme: c'est-à-dire, l'an 561. Il en avoit A N. 561. regné cinquante depuis la mort de fon pere Clovis. Il voulut être enterré comme lui, & comme fon frere Childebert en une église de sa fondation : fçavoir, celle de S. Medard prés de Soiffons qu'il avoit commencée, & qui fut achevée par fon fils Sigebert. D'adord Clotaire avoit fait couvrir le tombeau de faint Medard d'une cabane de menuës branches, en attendant que l'église fût bâtie; & les fideles pre-Greg. gl. conf. cà noient des brins de ce bois pour guerir diverfes maladies. Ce roi difoit en mourant: Qu'en penfez vous? Quel eft ce roi celefte, qui fait ainfi mourir de fi grands rois ? Ses quatre fils partagerent le roïaume comme avoient fait ceux de Clovis. Charibert fit fa refidence à Paris, Gontran à Challon où à Lion Sigebert à Mets, Chilperic à Soiffons.

95.

30.

La ville de Tours étoit dans le partage de Charibert, qui aïant reçu le ferment des habitans, leur Greg. lib. IX. cà jura de fon côté qu'il les laifferoit en l'état où ils avoient vécu fous fon pere, fans les charger d'aucune nouvelle impofition. Mais le comte Gaison prenant un ancien état des tributs, l'envoïa au roi qui le mit au feu, en gemiffant & craignant la puiffance de faint Martin. Il fit rendre à son église l'argent qui avoit été exigé : declarant que perfonne du peuple de Tours ne païeroit aucun tribut.

tes.

La ville de Saintes étoit auffi du roiaume de Charibert, & Leonce archevêque de Bourdeaux y af- Id. fembla un concile des évêques de fa province, où il dépofa Emerius évêque de Saintes, comme n'étant pas ordonné canoniquement car il avoit eu un decret du roi Clotaire, pour être facré fans le conX xx iij

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Concile de Sain

IV. hift. c. 26,

fentement du metropolitain, qui étoit abfent. Le concile aïant dépofé Emerius, élut à fa place Heraclius prêtre de l'églife de Bourdeaux; & les évêques envoïerent au roi Charibert, le decret de l'élection, foufcrit de leur main. Le prêtre qui le portoit étant arrivé à Tours, raconta à l'archevêque Eufronius la chofe comme elle s'étoit paffée, le priant de foufcrire auffi le decret: mais Eufronius le refufa ouvertement prévoïant fans doute le scandale que cauferoit cette élection. Quand le prêtre fut à Paris, & en prefence du roi, il dit: Seigneur le fiege apoftolique vous faluë. C'étoit le style du tems, de nommer apoftoliques tous les fieges épifcopaux, principalement les métropolitains, & tous les évêques papes. Mais le roi feignant de ne pas l'entendre, dit au prêtre : Avez-vous été à Rome, pour me faluer de la part du pape ? Il répondit : C'est vôtre pere Leonce qui vous falue avec les évêques de fa province, vous faifant fçavoir qu'Emerius a été déposé de l'évêché de Saintes, qu'il avoit obtenu par brigue contre les canons. C'est pourquoi, ils vous ont envoïé leur decret, pour en mettre un autre à la place: afin que le châtiment de ceux qui violent les canons attire la benediction fur vôtre regne. A ces mots le roi fremiffant de colere commanda qu'on l'ôtât de fa presence, qu'on le mit dans une charette pleine d'épines, & qu'on l'envoïat en éxil; & ajoûta: Penses tu qu'il ne refte plus de fils du roi Clotaire, qui maintienne fes actions, pour chaffer ainfi fans nôtre ordre un évêque qu'il a choifi? Il envoïa auffi tôt des ecclefiaftiques pour rétablir Emerius dans le fiege de Saintes, & des offi

ciers de fa chambre, qui firent païer à l'archevêque Leonce mille fous d'or, & aux autres évêques du concile à proportion de leurs facultez. Emerius demeura donc évêque de Saintes; & il y a apparence qu'il fe reconcilia avec Leonce, puifque Leonce à fa priere acheva l'église de S. Bibien, commencée par Eufebe predeceffeur d'Emerius. Placidine femme de l'archevêque Leonce contribua à fournir l'argent, pour l'ornement du fepulchre de ce faint; & prit part avec fon époux à la décoration de plufieurs autres églifes. Elle étoit d'une grande vertu & d'une grande noblesse descenduë de l'empereur Avitus.

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Fortun. lib. 1. Carm. 12.

III. Converfion des

Greg. mirac. S.

I. c. II.

Vers ce tems arriva la converfion des Sueves, qui étoient Ariens, & établis en Galice depuis plus Sueves. de ans. Le roi Charraric ou Theodemir avoit Mart un fils malade, & reduit à une telle extrémité, qu'il ne refpiroit que foiblement. Alors le roi dit aux fiens: Ce Martin que l'on dit qui fait tant de miracles en Gaule, dites-moi, je vous prie, de quelle religion il étoit. On lui répondit: Il étoit évêque, & enfeignoit à fon peuple que le Fils doit être honoré également avec le Pere & le faint Efprit, comme étant égal en substance. S'il est ainfi, reprit le roi, que quelques-uns de mes fideles amis aillent jufques à fon temple, portant de grands prefens; & s'ils obtiennent la guerifon de mon fils, je croirai ce que ce faint a crû, aprés m'être informé de la foi catholique. Il fit donc pefer de l'or & de l'argent autant que pefoit fon fils, & l'envoïa à Tours au fepulchre de faint Martin. Les envoïez étant revenus rapporterent au roi qu'ils y avoient vû faire plusieurs miracles, & ajoûterent: Nous ne fçavons pourquoi vôtre

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fils n'a pas été gueri. Le roi compris que fons fils ne gueriroit point, qu'il ne crût Jefus-Christ égal à fon Pere: c'eft pourquoi il commença à bâtir une église magnifique en l'honneur de faint Martin, & quand elle fut achevée, il dit : Si je fuis affez heureux pour recevoir des reliques de ce faint, je croirai tout ce qu'enfeignent les évêques.

Il envoïa donc encore les fiens avec un plus grand prefent. Etant arrivez à Tours ils demanderent des reliques. On offrit de leur en donner fuivant la coûtume: c'est-à-dire, des linges ou d'autres draps, qui euffent été quelque tems fur le tombeau; mais ils dirent: Permettez-nous de mettre nous-même ce que nous emporterons. Alors ils mirent fur-le fepulchre du faint, une piece d'un drap de foïe aprés l'avoir pesée, & dirent : Si nous trouvons graces devant nôtre faint patron, ce que nous avons mis pefera demain davantage, & nous le garderons comme une benediction. Aprés donc avoir veillé une nuit, le lendemain matin ils peferent le drap de foïe : mais le poids s'éleva autant que la balance pût monter. Comme ils emportoient cette relique avec grande folemnité, les prifonniers de la ville les entendirent chanter; ils demanderent ce que c'étoit, & on leur dit: Ce font des reliques de S. Martin, que l'on envoie en Galice. Les prifonniers invoquerent le faint, furent délivrez, vinrent jufques aux reliques remercier leur liberateur, & l'évêque obtint du juge leur grace. Les envoïez de Galice en eurent une grande joie, ne doutant point que le faint ne leur fût favorable, & aprés une heureufe navigation ils arriverent chez eux. Les reliques furent reçûës avec

une

une extrême veneration: le fils du roi parfaitement guéri vint au-devant; le roi reconnut l'unité du Pere & du Fils, & du faint Efprit, & fut oint du faint. crême, avec toute fa maifon; & les lepreux qui étoient en grand nombre dans fon peuple, furent tous guéris. Il fe fit quantité de miracles en la nouvelle églife de faint Martin, & le peuple étoit fi zelé pour la religion catholique, qu'il eût fouffert le martyre s'il en eût eû l'occafion. C'est ainfi que cette hiftoire eft rapportée par Grégoire, qui fuc évêque de Tours environ douze ans aprés.

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38.

IV.
Saint Martin de

Fortun. lib. V.

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Greg. V. hift. c.

Cette converfion fe fit principalement par les travaux d'un autre S. Martin, que la providence fit Dume. arriver en Galice, en même tems que les reliqués y arrivoient. Il étoit de Pannonie aufli bien que S. Martin de Tours; & étant allé en Orient vifiter les faints lieux, il fe rendit un des plus fçavans hom sed. de Mustr. c. mes de fon tems. Ce fut donc lui qui donna aux” Id. Chr. Suev. p. Sueves de Galice la regle de la foi qui affermie les églifes, fonda des monafteres, compofa des li vres de pieté, & écrivit grand nombre de lettres, pour exhorter les nouveaux convertis à la pratique de toutes les vertus. Saint Martin fonda entre au tres le monaftere de Dume, dont il porta depuis le nom : c'est un lieu proche de Brague, où par par le fecours du roi, il établit une communauté fous la regle de S. Benoît, qu'il introduifit par confequent v. 44. 39. Ben. en Espagne.

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Peu de tems aprés fous l'ere 600. le feptiéme des calendes de Janvier : c'eft-à-dire, le vingt-fixiéme de Decembre 562. le roi Theodemir fit tenir un concile dans la ville de Lugo, pour confirmer la foi

Tome VII.

Yyy

to. I. p. 261,

874.

Tom. j. conc. p.

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