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Euphemius, nous viendrons fans doute à ce redoutable tribunal de Jefus-Chrift; où les chicanes & les fuites ne feront point d'ufage. On y verra clairement, fi c'est moi qui fuis aigre & dur, comme vous dites, ou vous qui refusez le remede falutaire. Quoi que le pape en cette lettre traite Euphemius de frere, il y declare toutefois que ce n'est pas une marque de communion & qu'il lui écrit comme à un étranger.

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Vers le même tems le pape Gelafe reçût une lettre de Laurent évêque de Lignide en Illyrie, portant que dans l'églife de Theffalonique, & dans les autres du païs, on avoit lû la lettre du pape Felix, touchant les excés d'Acace; que tous lui avoient dit anathême, & que perfonne n'étoit entré dans fa communion. C'est pourquoi Laurent prioit le pape d'envoyer aux évêques d'Illyrie une profeffion de foi, qui fervît d'antidote contre l'herefie. Le pape dans Epift 2. p. 1163, fa réponse reconnoît que c'eft la coûtume que l'évêque nouvellement établi dans l'églife Romaine, envoye aux églises le formulaire de la foi. Il l'infere en effet dans cette lettre, expliquant principalement le mystere de l'Incarnation contre l'herefie d'Eutychez; & témoigne à la fin de la lettre, efperer, que l'empereur travaillera efficacement à faire ceffer les difputes temeraires. Nous avions refolu, dit-il, de vous envoyer quelques-uns des nôtres, si l'état des affaires nous l'eût permis. Par où il femble marquer les troubles qui agitoient l'Illyrie & l'Italie, qui changea alors de maître.

XXVII. Theodoric rot

Theodoric roi des Oftrogoths avoit été donné en ôtage à l'empereur Leon, & élevé à C. P. dés d'Italic.

C. I.

Procop. 1. Goth.

A N. 492. l'âge de huit ans. Dix ans aprés il en fut retiré par fon pere Theodemir, & enfuite il lui fucceda au Fornand. p. 482 royaume; mais l'empereur Zenon le rappella auprés de lui, l'adopta pour fon fils d'armes, l'éleva aux plus grandes dignitez, & le fit conful en 484. Les Goths fes fujets habitoient cependant l'Illyrie, où ne les trouvant pas à leur aife, il pria l'empereur Zenon de lui permettre de les mener en Italie. Il vaut mieux, disoit-il, qu'elle m'obéïsse à moi qui fuis à vous, qu'à un cyran qui ne vous reconnoît point, parlant d'Odoacre; & fi nous fommes vaincus, vous ferez déchargé de la dépense que nous vous faifons. Zenon y confentit, & lui recommanda le fenat, & le peuple Romain. Les Goths y cofentirent auffi, & Theodoric leur ayant fait traverfer la Pannonie, les amena dans le territoire de Venife; ainfi il entra en Italie fous le confulat de Probin & d'Eufebe, en 489. & dés cette année il gagna deux batailles contre Odoacre. Il en gagna une troifiéme l'année fuivante 490. fous le confulat de Fauftus & de Longin, & obligea Odoacre à fe renfermer dans Ravenne: où l'ayant tenu affiegé trois ans, il le contraignit à fe rendre. Ainfi en 493. fous le confulat d'Olybrius, Theodoric entra dans Ravenne, demeura maître de l'Italie, & prit le titre de roi. Il avoit donné la vie à Odoacre, mais il le fit mourir, prétendant qu'il avoit attenté contre fa perfonne.

A N 493.

XXVIII. Memoire da pape Gelafe contre les Grecs.

Caffiod, var. 1.

Auffi-tôt Theodoric envoïa une ambassade à l'empereur Anaftafe avec une lettre tres-refpectueufe, pour lui demander la paix, qu'il obtint facilement. Les ambaffadeurs furent Faufte maître des offices,

,

Epist. 4. to. 4.

& Irenée, tous deux portans le titre d'illuftres; & le pape Gelafe ayant appris de Faufte les plaintes des Grecs contre l'église Romaine, lui envoïa une inftruction pour leur répondre. J'ai bien compris, dit- conc. p 1x68. il, que les Grecs demeureront dans leur obftination, & qu'ils ne cherchent qu'à renverser la foi catholique, à loccafion de l'ambaffade du roi. Mais que veut dire l'empereur, quand il fe plaint que nous l'avons condamné? puifque mon predeceffeur lui a écrit fur fon avenement à l'empire, & que je lui ai fait auffi mes complimens par. lettre fans en avoir jamais reçû de lui. Et enfuite: Ils difent qu'on doit leur pardonner. Qu'on donne un exemple depuis le commencement du chriftianifme, que des évêques, que les apôtres, que le Sauveur lui-même ait pardonné, finon à ceux qui fe corrigeoient. Nous lisons que Jefus-Christ a reffufcité des morts: mais non pas qu'il ait absous des gens morts dans l'erreur. Il a donné à faint Pierre le pouvoir de délier, mais seulement ceux qui font encore fur la terre.

Euphemius dit: qu'Acace n'a pû être condamné par un feul. C'eft que les Grecs difoient, que le jugement du pape feul ne fuffifoit pas, & qu'il falloit un concile general pour condamner un patriarche de C. P. Gelafe répond: Ne voit-il pas qu'Acace a été condamné en vertu du concile de Calcedoine, comme on a toûjours ufé à l'égard de toutes les · herefies; & que mon predeceffeur n'a fait qu'exe- p. 11697 cuter un ancien decret, fans rien prononcer de nouveau. Non feulement un pape, mais tout évêque le pouvoit faire. Car Acace n'a pas inventé une nouvelle erreur, pour avoir besoin d'un nou

veau jugement. Ils nous oppofent les canons, & ils y contreviennent, en refufant d'obéir au premier fiege, qui ne leur demande que la raison. Ce font les canons, qui ont voulu que les appellations de toute l'église fuffent portées à ce fiege, & que l'on ne pût en appeller nulle part: enforte qu'il jugeât de toute l'église fans être jugé de perfonne, & que fes jugemens demeuraffent fans atteinte. En cette même affaire Timothée d'Alexandrie, Pierre d'Antioche, Pierre, Paul, Jean & les autres qui fe prétendoient évêques ont été dépofez par la feule autorité du fiege apoftolique; & Acace lui-même en est té- · moin, puisqu'il a été l'executeur de ce jugement. Il a donc auffi été condamné de la même maniere, quand il eft retombé dans leur communion.

En vertu de quel concile ont-ils chaffé de fon églife Jean d'Alexandrie, fans qu'il ait été convaincu devant ni aprés? En vertu de quels canons a t-on chaffé Calendion, & plufieurs autres évêques? Quoi l'on a dû chaffer les évêques du fecond & du troifiéme fiege, & tant d'autres évêques innocens; & l'évêque de C. P. à qui les canons ne donnent aucun rang, retombant dans la communion des heretiques, n'a pas dû être dépofé? Au refte, c'eft une grande impudence de fuppofer qu'Acace a demandé pardon, & que c'eft nous qui avons été difficiles. Témoin vôtre frere l'illuftre Andromaque, à qui nous avons donné d'amples inftructions, pour exhorter Acace à rentrer dans la communion du fiege apoftolique, & qui nous a affuré par ferment qu'il y avoir fait de grands efforts. Le pape Gelafe s'attribuë ici en commun ce qu'avoit fait Felix fon predeceffeur,

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predeceffeur qui furvéquit à Acace. Gelafe continue: Je leur demande, où prétendent-ils que s'exerce le jugement qu'ils propofent? chez eux? en forte qu'ils foient les parties, les témoins & les juges. S'il s'agit de la religion, la fouveraine autorité de juger n'eft dûe felon les canons, qu'au fiege apoftolique. S'il s'agit de la puiffance du fiecle, elle doit être jugée par les évêques, & principalement par le vicaire de faint Pierre. Perfonne, quelque puiffant qu'il foit dans le fiecle, pourvû qu'il foit chrétien, ne s'attribue le pouvoir de juger des chofes divines, s'il ne perfecute la religion.

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Vers le même tems le pape Gelafe reçût une lettre des évêques de Dardanie, où ils le nomment pere des peres, declarant qu'ils veulent obéir en tout à fes ordres, & que dés avant qu'ils les euffent reçûs, ils avoient renoncé à la communion d'Eutychez, de Pierre, d'Acace & de tous leurs fectateurs: enfin, qu'ils veulent demeurer inviolablement attachez au faint fiege. Ils prient le pape de leur envoïer quelqu'un des fiens, en prefence duquel ils puiffent regler ce qui concerne la foi catholique. Cette lettre eft foufcrite par Jean évêque de Scopia, métropole de la province, & par cinq autres évêques. Le pape leur envoïa un évêque nommé Urficin avec une lettre, où il marque qu'il n'a pû leur donner part, fuivant la coûtume, de fon entrée au pontificat, auffi-tôt qu'il auroit defiré, à caufe des troubles de guerres: ce qui marque la revolution d'Italie, & la conquête de Theodoric. Il dit: que l'herefie d'Eutychez a commencé depuis environ quarante-cinq ans, ce qui revient à l'an 493. à comp

Tome VII.

H

p. 1171.

p. 1165.

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