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Saint Nicet mourut peu de tems aprés, & eut pour fucceffeur dans le fiége de Treves, S. Magneric fon difciple, qui fonda un monastere en l'honneur de faint Martin de Tours, au même lieu où ce faint avoit établi une églife; & ce monaftere fubfifte encorc. Saint Magneric éleva dans fon clergé S. Gaugeric, depuis évêque de Cambrai.

VIII. Erreur de Juf

Vita S. Eutych.

L'erreur de l'empereur Juftinien, fur laquelle S. Nicet lui écrivit, étoit celle des Incorruptibles, re- tinien. jetrons des Eutyquiens: qui lui fut infpirée par quel-,. Sup. xxxII # ques Origenistes, & principalement comme l'on croit par Theodore de Cappadoce. C'est où aboutit enfin l'inquiétude de l'empereur, & fa curiofité fur la religion. Il dreffa donc un édit, où il disoit, Evagr. IV. c. 39. de Jesus-Chrift étoit incorruptible: p. Bol. 6. Apr.c. le que corps c'eft-à-dire, que dés qu'il fut formé dans le fein de P• 557• fa fainte mere, il n'étoit fufceptible d'aucun changement ni d'aucune alteration, pas même par les paffions naturelles & innocentes, comme la faim & la foif. Enforte qu'avant fa mort il mangeoit fans befoin, comme aprés fa refurrection. Juftinien voulut que tous les évêques approuvassent cette doctrine, & s'efforça même d'y attirer fix évêques Afriquains, qu'il avoit fait venir à C. P. l'an 564. trentehuitiéme de fon regne. Ils étoient tous grands dé- Victor Tun. Chr. fenfeurs des trois chapitres, entre autres Victor de Tunone. Mais ils lui refifterent en face, auffi-bien qu'au patriarche Eutyquius, qu'ils regardoient comme heretique, parce qu'il avoit prefidé à la condamnation des trois chapitres. Auffi furent-ils feparez. les uns des autres, & enfermez en divers monafteres dé C. P.

in fine,

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AN. 565.

quius.

IX.

en

Au refte le faint patriarche Eutyquius refifta fortement à l'erreur de l'empereur: car quand il lui prefenta fon édit pour le foufcrire, il le refufa, lui remontrant que ce n'étoit point la doctrine des apôtres. De cette opinion, difoit-il, s'enfuit neceffairement que l'Incarnation n'a été qu'imaginaire. Car comment un corps incorruptible a-t-il été circoncis ou nourri du lait de fa mere? Comment a-t-il pû fur la croix être percé par les cloux & par la lance? On ne peut le nommer incorruptible, qu'en ce qu'il n'étoit foüillé d'aucune tache du peché, & ne fut point corrompu dans le fepulchre.

Saint Eutyquius aïant fait tous fes efforts pour Exil de S. Euty- defabufer l'empereur : ceux qui lui infpiroient cette erreur, lui perfuaderent auffi de le chaffer de fon fiege. Donc le jour de faint Thimothée vingt-deuxiéme de Janvier l'an 565. comme le patriarche celebroit le faint facrifice dans le palais d'Hormifdas un tribun vint avec des foldats fe faifir de la maison patriarcale. On prit fes domeftiques, & on les fepara les uns des autres, pour les obliger à déposer contre lui: afin de le condamner avec quelque vraisemblance. Aprés qu'il eut achevé le sacrifice, il demeura dans le fanctuaire, étant averti que s'il en fortoit, il feroit en danger de fa vie : il fe tint devant l'autel en fes habits ordinaires, & pria pour l'églife, jufques à la troifiéme heure de la nuit. Puis il prit un peu de nourriture & de repos; & un officier nommé Etherius, vint avec une troupe de gens armez, & l'emmena dans le monaftere nommé Choracudis, dépouillé de tout, excepté de fon pallium qu'il portoit toûjours, & qu'Etherius ne voulut point

c. 8. n. 77.

lui ôter, quoique quelques clercs l'en follicitaffent. A n. 565. Mais comme il étoit fort mal, à caufe de la pauvreté de ce monaftere, on le transfera le lendemain à celui d'Hofias.

Theoph. an. 38.

p. 203.

Evagr. 1V.6.38.

Cependant on ordonna à sa place patriarche de C. P. Jean le Scolastique Syrien, apocrifiaire d'Antioche; & huit jours aprés aiant affemblé quelques évêques, on cita devant eux Eutyquius, pour fe défendre fur les requêtes prefentées contre lui: où il étoit accufé de fe fervir d'onctions, de manger des viandes délicates, & de prier long-tems à genoux peut-être les dimanches; & d'autres crimes femblables. Il fut cité trois fois, pour garder les regles, & répondit toûjours: Si on me juge canoniquement, fi on me rend mon clergé & ma dignité, j'irai, je prendrai mes accufateurs même pour témoins. Ils le.condamnerent par défaut & lui de fon côté les prévint, en déclarant qu'ils avoient encouru les peines canoniques. Enfuite on le transfera à l'île 'nommée Principe dans la Propondid: puis on le conduifit à Amasée métropole du Pont: dans le monaf. Vita S. Eutych. c. tere qu'il avoit autrefois gouverné. Il y demeura douze ans, & y fit plufieurs miracles.

;

S. n. 41.

X.
Saint Anaftafe

Evagr. IV. 6.33.

Tous les patriarches & plufieurs évêques refufe rent de foufcrire à l'édit de l'empereur, & lui refifte- d'Antioche. rent dans les conciles & par des écrits particuliers. Quant aux évêques d'Orient, lorfque l'empereur demanda leur foufcription, ils s'en défendirent, en difant qu'ils fuivoient l'exemple d'Anaftafe évêque d'Antioche. Il avoit fuccedé peu de tems auparavant à Domnin, & n'étoit pas moins eftimable par fa vertu que par fa doctrine. Il étoit tres-ferme dans

Tome VII.

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c. 41.

An 566.

X I.

nien. Juftin empe

reur.

Marii um.

les chofes effentielles de la religion fans negliger les plus petites: affable fans foibleffe, pour ceux qui ne lui convenoient pas, & fevere fans être inacceffible. Il écoutoit & parloit volontiers dans les matieres importantes, pour refoudre les questions qu'on lui propofoit: mais il n'avoit point d'oreilles ni de langue pour les difcours inutiles. L'empereur Juftinien fit tous fes efforts pour le gagner, croïant qu'il attireroit tous les autres: mais Anaftafe lui refifta avec fermeté, & lui envoïa une réponse; où il montroit doctement, que fuivant la doctrine des apôtres & des peres, le corps de Nôtre-Seigneur étoit corruptible quant aux paffions naturelles & innocentes. Il fit la même réponse aux moines de la premiere & de la feconde Syrie qui l'avoient confulté les cofirmant dans la foi, & les préparant à la défendre. Comme il fçut que Juftinien le vouloit envoïer en éxil : il écrivit un difcours pour prendre congé de fon peuple: mais il ne le publia pas, parce que l'empereur fut prévenu par la mort.

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quaran

En effet, l'empereur Juftinien mourut la Mort de Jufti- tiéme année de fon regne, indiction quinziéme, la vingt cinquième année aprés le confulat de Bafile: Vict. Tun. Chr. c'est-à-dire, l'an 566. le quatorziéme de Novembre, Chr. Pafch. p. 375. agé de quatre-vingt-quatre ans. Quoiqu'il eût fait beaucoup de maux à l'église & à l'état, par son inquietude, fa legereté, fon avarice: il ne laiffe pas d'être illuftre à caufe des grands évenemens arrivez fous fon regne; & les Grecs en font memoire en leur Menologe, le fecond jour d'Août.

Il fit bâtir par tout l'empire un tres-grand nombre d'églifes, dont Procope nous a confervé le detail.

AC.P. feule il en compte trente & une foit bâties de A N. 566. nouveau, foit repares, dont la plus confiderable eft fainte Sophie, qui fubfifte encore aujourd'hui. Dans l'Afie mineure, la Syrie & la Palestine, il compte vingt & une église, & onze dans l'Afrique ce font en tout foixante & trois. Il compte encore dix hôpitaux, & vingt-trois monafteres: la plûpart en Palestine. Sans parler des églifes qu'il ne marque qu'en general, & de celles qu'il n'a pas connuës.

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Le fucceffeur de Juftinien fut Juftin fon neveu fils de fa fœur Vigilantia, qui étoit Curopalate comme qui diroit grand maître du Palais. On le nomme Justin le jeune à la difference du premier. L'imperatrice Sophie fon épouse étoit auffi niece de Theodora. L'empereur Juftin fut couronné

Vict.Tun.Corip.

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par le patriarche Jean, & commença fon regne par païer Evagr. V. c. I. les dettes de Juftinien, & par rappeler les évêques qu'il avoit éxilez, à la referve toutefois de faint Eutyquius de C. P. Il fit un édit fur la foi addreffé à tous les Chrétiens, où il les exhorte à fe réunir à l'églife, & declare fa creance, expliquant au long les myfteres de la Trinité & de l'Incarnation, contre les dernieres herefies. Tous les catholiques l'approuverent comme contenant une doctrine orthodoxe mais ceux qui s'étoient separez de l'église ne s'y réünirent point, voïant que l'édit portoit expreffement que toutes chofes demeuraffent en même état : ainfi il ne fut d'aucune utilité. Juftin témoigna encore de la pieté, en ornant les églifes que Justinien avoit bâties; entre autres la grande églises de C. P. & celle des apôtres: & leur donnant des vafes facrez, & des revenus. Il envoïa en Egypte l'abbé Photin beaufils

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