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Epift. Rad. at.

élevée, & qui reçût la benediction de faint Germain de Paris. Sainte Radegonde fe foumit entierement Greg. IX. c. 42. 0. à cette abbeffe, fans fe referver la difpofition de rien. 5- cone- pQuelque tems aprés, le roi Clotaire vint à Tours avee fon fils Sigebert, fous pretexre de devotion: mais à dessein de paffer à Poitiers, & reprendre fainte Radegonde: qui l'aïant appris écrivit à faint Germain qui accompagnoit le roi, pour le prier de détourner ce malheur. Saint Germain aïant lû la lettre se profterna aux pieds du roi, en pleurant devant le tombeau de faint Martin & le conjura de

la

part de Dieu de ne point aller à Poitiers. Le roi de fon côté se prosterna devant faint Germain, le priant que Radegonde obtint de Dieu le pardon de ce qu'il avoit entrepris par mauvais confeil. Saint Germain alla pour cet effet à Poitiers, & obtint facilement ce que le roi defiroit.

XVII.

cile de Tours
Ap. Greg. IX.
hift. c. 39. tom. s.

conc.p.872.

Ce fut donc pour la confervation de ce monafte- Lettres du conre de Poitiers, que fainte Radegonde écrivit aux évêques du concile de Tours. Leur réponse ne porte les noms que de fept: Euphrone, Pretextat, Germain, Felix, Domitien, Victorius & Domnole. Aprés avoir loüé le zele de fainte Radegonde, ils lui accordent ce qu'elle demandoit, & ordonnent que les filles de leurs diocefes, qui fe feront retirées dans fon monaftere, ne pouront plus en fortir, fuivant la regle de faint Cefaire d'Arles, que fi quelqu'une est affez malheureufe de le faire, elle fera excommuniée & anathématifée; & que fi elle paffe jufques à fe vouloir marier, tant elle, que le mari facrilege, & les complices feront fujets à la même peine, jufques à ce qu'ils fe feparent pour faire penitence. Ils obli

som. 5. conc. p.868.

42.

gent leurs fucceffeurs à maintenir cette difcipline, fous peine de leur en répondre au jugement de

Dieu.

Quatre de ces mêmes évêques, Euphrone, Felix, Domitien & Domnole écrivirent à leurs peuples à l'occafion, comme l'on croit de la guerre civile Greg. IV. c. 40. qui arriva aprés la mort de Cherebert, entre Sigebert & Chilperic, pour la Touraine & le Poitou. Cette lettre contient une exhortation aux peuples de detourner par de bonnes œuvres les maux dont ils font menacez. Premierement, de ne point celebrer de mariages, mais de les differer jufques à ce que cette calamité foit paffée à plus forte raifon de rompre les conjonctions inceftueuses. Enfuite de païer les dixmes de tous leurs biens, même des ferfs : & pour ceux qui n'ont point de ferfs, de païer le tiers d'un fou d'or pour chacun de leurs enfans: enfin de se reconcilier avec leurs ennemis.

X VIII. Sainte croix de Poitiers,

Baudoniu. n. 17.

Sainte Radegonde avoit déja dans fon église des reliques de plufieurs faints: mais elle defiroit ardemment d'en avoir de Jesus-Christ même, c'est-à-dire de la vraie croix. Elle refolut donc d'en demander à l'empereur Juftin. Mais comme elle ne faifoit rien fans confeil, elle écrivit au roi Sigebert, dans le roïaume duquel elle étoit, pour avoir fa permiffion; & l'aïant obtenuë elle envoïa des clercs en Orient: à qui l'empereur donna du bois de la croix, orné d'or & de pierreries, avec plufieurs reliques des saints; & des évangiles ornez de même. Les reliques étant venues à Poitiers, fainte Radegonde pria l'évêque Meroüéę, fucceffeur de Pientius, de les placer dans son monaftere, avec le chant des pfeaumes, & les

honneurs convenables. L'évêque fans avoir égard à
fa priere monta à cheval pour aller à fa maifon de
campagne. Sainte Radegonde fort affligée, envoïa
au roi Sigebert, le priant d'ordonner que le premier
évêque qui se trouveroit, transferât ces reliques. Ce-
pendant elle redoubloit fes jeûnes, fes veilles & fes
prieres avec toute fa communauté. Le roi envoïa le
comte Juftin à Euphrone archevêque de Tours
pour le charger de cette commiffion. Euphrone vint
à Poitiers, & en l'absence de l'évêque il porta les re-
liques dans le monaftere avec un grand appareil de
cierges, d'encens & de pfalmodie. Il y eut depuis un
grand concours de peuple à cette églife, & il s'y fit . 5.
plufieurs miracles.

;

Greg. gl. Mart.

Ce fut à cette occafion, que le prêtre Fortunat composa l'hymne celebre en l'honneur de la croix, qui commence par ces paroles: Vexilla regis prodeunt. Paul diac. II. Il étoit né en Italie prés de Trevife, & avoit fait fes geft. c. 19. études à Ravenne, où il s'étoit rendu fçavant dans la grammaire, la retorique & la poëtique. Aïant un grand mal aux yeux, il fut gueri par l'huile d'une lampe qui brûloit prés d'un autel de faint Martin & pour reconnoiffance il quitta fon païs, & vint à Tours vifiter les reliques du faint. Il fut bien reçû par le roi Sigebert, & cheri de plufieurs grands, & de plufieurs faints évêques. De Tours il vint à Poitiers. auprés de fainte Radegonde, & y paffa le refte de fa vie, compofant plufieurs poëfies à la louange dest évêques, & de fes autres amis, & à l'occafion des nouvelles églifes qu'ils bâtiffoient: il écrivit auffi en profe les vies de plufieurs faints. Ses vers font affez harmonieux, & valent mieux que fa profe, pleine

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A N. 572.
Greg, IX. hift. c.

40.

XIX.

An. 172.

Sup. n. 5.

de rimes & d'antithefes affectées, fuivant le mauvais goût du fiecle. Sainte Radegonde aïant effayé plufieurs fois inutilement, de regagner les bonnes graces de l'évêque Meroüée, alla avec fon abbesse Agnés à Arles, pour y prendre la regle de faint Cefaire, & étant revenu à Poitiers fe mit fous la protection du roi, ne pouvant avoir celle de l'évêque.

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En Espagne faint Martin de Dume devenu archeConcile de Galice. vêque de Brague, tint un concile des deux provinces de Galice: c'est-à-dire, de Brague & de Lugo tom. 5. conc.p.894. l'ere 610. la feconde année du roi Miron ou Ariamir, que l'on croit être le fils de Theodemir: c'est-à-dire l'an 572. le premier jour de Juin. Le concile fe tint dans l'église métropole de Brague & il y affifta douze évêques, fix de chaque province. Saint Martin y fit lire ce qui avoit efté reglé au premier concile, où il témoigne avoir affifté avec eux ; & propose d'achever ce qu'on n'avoit pû faire alors. Puis il ajoûte: Par la grace de Jefus-Chrift, il n'y a point en cette province de difficulté touchant la foi, il ne refte qu'à regler la discipline, fuivant l'écriture & les canons. Lifons donc premierement les preceptes de S. Pierre. On lût le paffage de fa premiere épî1. Petr. V. 1. 2. 3. tre, où il marque les devoirs des pafteurs, que tous les évêques promirent d'observer: puis on dreffa dix

Sup. XXX. n 39.

canons.

Le premier porte, que les évêques en vifitant leurs églifes, examineront premierement les clercs pour fçovoir comment ils adminiftrent le batême comment ils celebrent la meffe, & les autres offices de l'églife. Ils leur ordonneront fur tout, de faire venir les catecumenes à l'exorcifme vingt jours

avant leur baptême, c'est-à-dire, le quatriéme di- An. 572. manche de Carême; & de leur apprendre particulierement le symbole pendant ce tems-là. L'évêque aïant examiné fes clercs, affemblera le peuple un autre jour, pour l'inftruire de fuir l'idolatrie, l'homici de, l'adultere, le parjure, le faux témoignage, & les autres pechez mortels : de croire la refurrection & le jour du jugement: puis il paffera à une autre églife. L'évêque en fa vifite ne prendra que le droit nommé cathedratique : c'eft-à-dire, deux fols d'or, non pas la troifiéme partie des offrandes, qu'il doit laiffer pour le luminaire & les reparations. Il n'employera point les clercs des paroiffes à des œuvres ferviles.

:

Toute fimonie eft défendue. Les prêtres pourront prendre ce qui fera offert volontairement pour le baptême mais ils n'exigeront rien, de peur de détourner les pauvres de faire baptifer leurs enfans. Les évêques ne prendront plus le tiers du fou que l'on exigeoit pour le faint chrême, faint chrême, fous pretexte du peu de beaume qui y entre. Ils ne prendront rien non plus pour l'ordination des clercs; & ne les ordonneront qu'aprés un foigneux examen, & fur le témoignage de plufieurs. Ils n'exigeront rien des fondateurs, pour la confecration des églifes feulement ils prendront garde qu'elles foient fuffifamment dotées, & par écrit. Si quelqu'un pretend fonder une église, à la charge de partager les oblations avec les clercs: aucun évêque ne la confacrera, comme étant fondée, plûtôt par interêt que par devotion. Le métropolitain dénoncera aux évêques le jour de la pâque, à la fin du concile, & chaque évêque le

:

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