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né vers l'an 544. Son païs étoit l'Auvergne, fon pere Elorentius étoit frere de faint Gal évêque de Clermont, fa niece Armentaria étoit petite fille de faint Gregoire évêque de Langres. Son frere Pierre fut diacre, fa mere Juftine fut difciple de fainte Radegonde. Gregoire fut élevé auprés de faint Gal fon oncle. Il fe fit tonfurer & entra dans la clericature, pour accomplir un vœu qu'il avoit fait étant malade au tombeau de faint Alire. Aprés la mort de faint Gal, Avit évêque de Clermont, fucceffeur de Cautin, prit foin de l'inftruction du jeune Gregoire, & dans le tems reglé il fut ordonné diacre. Il frequen. toit les perfonnes de pieté, pour profiter de leurs exemples; & vifitoit les églifes des faints, particulierement de faint Martin, où il recouvra la fanté dans une grande maladie.

XXVII.

Leobard faint

Venant.

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Greg. Vit. PP. c. II. c. IS.

8. conf. c. 5. V.

hift. c. 7.

Peu de tems aprés que Gregoire fut évêque de Tours, faint Senoch reclus le vint vifiter. Il étoit de s. Senoch, faint la nation des Teïfales peuple barbare, qui étoit en tré dans les Gaules avec les autres, & dont le nom reste à Tifauge en Poitou: il s'étoit établi prés de Tours en un oratoire qu'il repara, & où l'on difoit que faint Martin avoit fait fes prieres. Senoch pria faint Euphrone alors évêque de Tours, d'en venir faire la benediction; mais faint Euphrone aprés avoir confacré l'autel, l'ordonna diacre lui-même; & il fut prêtre enfuite. Il fervit Dieu quelque tems en ce lieu avec trois moines, vivant dans une grande abftinence enforte que pendant le Carême il ne prenoit par jour qu'une livre de pain & une livre d'eau. Il alloit nuds pieds, même l'hiver, & portoit une chaîne de fer aux pieds aux mains & au cou.

:

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Enfuite il fe retira feul dans une cellule où il prioit continuellement les fideles lui apportoient de l'argent, qu'il distribuoit aux pauvres, & l'on comptoit plus de deux cens perfonnes qu'il avoit rachetez ou dont il avoit payé les dettes. Il fortit donc de fa cellule pour venir voir l'évêque Gregoire. Mais quelque tems aprés il fut tenté de vanité, & alla vifiter fes parens en Poitou, d'où il revint plein de complaifance pour lui-même. Gregoire l'en aiant repris il fe corrigea entierement. Comme il faifoit plufieurs miracles fur les malades, il refolut de ne voir jamais perfonne. Mais Gregoire lui confeilla de ne s'enfermer que depuis la faint Martin jusques à Noël, & pendant le Carême, ce qu'il obferva: c'étoit l'uAta. Ben. to. 1. fage de plufieurs folitaires, de s'enfermer pendant le Carême. Saint Marius abbé de Beuvon, faint Dubrit & faint Samfon évêques le pratiquoient ainsi. Saint Senoch guerit entre-autres plufieurs aveugles. Il mourut âgé d'environ quarante ans; & comme le trentiéme jour on celebroit la meffe fur fon tombeau, un mandiant qui avoit les membres retirez fut gueri aïant baifé le drap mortuaire, & il s'y fit depuis plufieurs miracles. L'églife Gallicane honore la memoire de faint Senoch le vingt-quatriéme Martyr. R. 24 d'Octobre, & prés de Loches, il y a un village qui la conferve fous le nom de faint Senou.

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p. 174. m. 33. p. 184. n. 12.

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20.

Greg. vita. PP. c. Il y avoit à Tours un autre folitaire nommé Leobard, qui demeuroit dans une cellule proche de Marmoutier. Un des moines qui vivoient avec lui aïant eu quelque differend avec les voifins, il vinc en pensée à ce faint homme de changer de demeure. L'évêque Gregoire étant venu à Marmoutier,

fuivant

fuivant fa coûtume pour prier: Leobard lui décou-
vrit fon deffein. Gregoire l'affura que c'étoit un ar-
tifice du démon, & lui envoïa des livres de la vie
des peres
& de l'inftitution des moines, apparem-
ment de Caffien, dont la lecture le delivra entiere-
ment de fa tentation. Il étoit natif d'Auvergne, il
vécut vingt-deux ans dans fa retraite s'occupant à
tailler des pierres dans la montagne, à faire du par-
chemin, & quelquefois à écrire, pour chaffer les mau-
vaises pensées.

&

connus,

:

Gregoire nous a laiffé les vies de plufieurs autres folitaires de fon tems, illuftres par leurs vertus par leurs miracles: mais je me contenterai de faire mention de ceux qui font aujourd'hui les plus ou dont les monafteres fubfiftent encore. Car plufieurs qui étoient alors celebres, font telle ment abolis, qu'il n'en refte plus aucune trace; d'au tres font devenus des églifes collegiales, d'autres de fimples paroiffes. Ainfi à Tours même le chapitre de faint Venant, étoit du tems de Gregoire un monaftere, dont Silvin étoit abbé, lorfque Venantius natif de Berry, quittant fa femme quoiqu'il fût en- Greg. Tit. Pam: co core jeune embraffa la vie monaftique, & y fit tant de progrés, qu'aprés la mort de l'abbé il fut mis à fa place. Dieu fit éclater fon merite par plufieurs reve lations, & plufieurs miracles; & il s'en fit un grand nombre à fon tombeau, que l'on montre encore à Tours: mais ces reliques font à Paris à S. Germain des prés, Cibar, en latin Eparchius natif de Perigueux s'en ferma prés d'Angoulefme, où eft encore un monaftere qui porte fon nom. Il fit grand nombre de miracles; & à fes funerailles vint une grande multitude de cap→

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16.

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167.

Greg. VI. hif. c. glor

de

conf. c. I. Alta Ben to. Pa

Martyr. R. L. ful

AN. 573.

XXVIII. Quatrième concile de Paris,

Greg. IV. hift.

C. 42.

tom, s. conc, p. 318.

tifs, qu'il avoit rachetez. Il mourut l'an 581. le premier de Juillet; & l'église honore fa memoire le même jour.

La même année que Gregoire fut ordonné évêque de Tours, c'est-à-dire en 573. le roi Gontran affembla à Paris tous les évêques de fon roïaume, pour terminer un differend entre les rois fes freres, Chilperic & Sigebert; mais ils ne voulurent point fuivre leur avis. En ce concile que l'on compte le quatrième de Paris, il y avoit trente-deux évêques, dont les principaux étoient Philippe archevêque de Vienne, Sapaudus d'Arles, Prifcus de Lion, qui avoit depuis peu fuccedé à faint Nifier: Conftitut de Sens, Laban d'Eause ou Auch, & Felix de Bourges. Aprés ces fix métropolitains, on voit faint Germafn de Paris, faint Felix de Nantes, faint Syagrius d'Autun, Sagittaire de Gap, faint Aunacaire d'Auxerre, faint Quinis ou Quinidius de Vaison, honoré le quinziéme de FéMartyr, R. 15. Vrier. Ils s'affemblerent dans l'églife de faint Pierre, c'est-à-dire, de fainte Genevieve.

Febr.

Papolus évêque de Chartres prefenta une requête à ce concile, où il difoit: Quoi que j'aïe été élu évêque par le clergé & les citoïens, avec le confentement du métropolitain: toutefois quelques jours aprés, un prêtre de mon diocese nommé Promotus, qui avoit quitté fa demeure fans lettres de mon predeceffeur, s'eft emparé d'une de mes églises nommée Dun, fous un pretendu titre d'évêché; & s'eft mis en poffeffion des biens ecclefiaftiques, qui font au même territoire: je ne fçai de quelle autorité. Je vous conjure de reprimer une telle entreprise, comme vous ne voudriez pas que l'on vous en fit autant.. C'étoit Gilles archevêque de Reims, qui avoit confacré Pro

Greg. VII. hift

Id. IV. c. 45.

motus évêque de Château-dun, par ordre du roi Sige- AN. 173. bert, à qui cette ville appartenoit, au lieu que Chartres étoit à Chilperic. C'eft pourquoi le concile aïant égard à la requête de Papolus, en écrivit à l'un & à l'autre. Dans la lettre à l'archevêque de Reims, les évê- c. 17. ques lui reprefentent que cette ordination eft contre la difcipline canonique, & contre toute raison: puifque Château-dun n'étoit ni de la province de Reims ni de la Gaule Belgique. Ils exhortent donc Gilles à dépofer Promotus & à le garder auprés de

lui:

: puis ils ajoûtent: Et parce que l'évêque Germain, à la requifition de Conftitut fon metropolitain a denoncé à Promotus de fe trouver au concile, ce qu'il n'a point fait: fçachez que nous avons ordonné que s'il prefume, foit par fa propre temerité, foit à la faveur de quelque puiffance que ce foit, de fe maintenir plus long-tems en cette ufurpation; de benir des autels, de confirmer des enfans, de faire des ordinations, ou de refifter à Papolus fon évêque: il fera feparé de la communion, & frappé d'anathême, auffibien que ceux qui recevront fa benediction, aprés la publication de ce decret. Dans la lettre au roi Sigebert, les évêques témoignent ne pouvoir croire qu'il ait confenti à une entreprise fi inoüie; & le prient de ne pas s'engager à la foûtenir, de peur d'attirer fur lui la colere de Dieu. Ces deux lettres font du même jour troifiéme des Ides de Septembre la douzième année des rois, indiction fixième, c'est-à-dire, de l'onziéme de Septembre 573. Elles n'eurent pas l'effet qu'elles devoient; & Promotus fe maintint en fon évêché pretendu de Château-dun, tant que le roi Sigebert vêcut: c'eft-à-dire, encore deux ans.

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