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A N. 575.

XXIX.

Mort de Sige

bert.

a. 42.

923.

I.

C. 44.

Le concile de Paris n'ayant pû terminer les differens avec Chilperic, ils fe firent une cruelle guerre, où les églifes furent plus affligées, dit Gregoire de Greg. IV. hift. Tours, que fous la perfecution de Diocletien. Theodebert fils de Chilperic, ravagea le Limoufin & le Quercy, brûla les églifes, pilla les vases facrez, tua les clercs, chassa les moines, viola les religieuses. Sigebert vint faire le degât jufques autour de Paris: ce que voïant faint Germain, il écrivit à la reine Brunehaut épouse de ce prince, pour la conjurer de le porter à la paix: au lieu qu'elle étoit accufée d'alutota. 5. come. p. mer cette guerre. Il lui reprefente combien eft honteuse la victoire fur un frere; & combien ils s'éloignent de leur veritable interêr, en ruïnant leur propre maison, & l'heritage que leurs parens leur ont Ìaiffé, au lieu de les conferver à leurs enfans. Mais cette lettre fut fans effet: Sigebert pouffa fes avanta Greg. IV. c. 45. ges, & Chilperic fut chaffé de Paris, de Rouen, prefque de tout fon roïaume, & reduit à s'enfermer dans Tournay. Sigebert vint à Paris, & Brunehaut s'y rendit avec leurs enfans. Il envoïa affieger Chilperic; & comme il étoit prêt de partir pour y marcher lui-même, faint Germain lui dit: Si vous épargnez la vie de vôtre frere, vous vivrez & reviendrez victorieux: fi vous avez d'autres pensées, vous mourrez. Sigebert méprisa cet avis, & arriva à Vitry prés de Douay, où tous les François de Neuftrie le reconnurent pour leur roi, & l'éleverent fur un pavois: mais dans le même tems il fut tué par deux affaffins envoïez par Fredegonde femme de Chilperic. C'étoit en 575. la quatorzième année de fon regne. Son fils Childebert âgé de cinq ans, fut enlevé de Paris,

ci 46,

Greg. V. hiß, c.

c. z.

& reconnu roi. Brunehaut y refta: mais Chilperic vint AN. $75. peu aprés, qui l'envoïa en éxil à Rouen. Cependant il fit marcher fon fils Meroüée vers le Poitou: mais ce prince étant venu à Tours, feignit d'aller voir fa mere Andoüere, que Chilperic avoit quittée pour Fredegonde, & confinée au Mans. Sous ce pretexte, Meroüée paffa à Rouen, se ligua avec la reine Brunehaut & l'époufa quoique veuve de fon oncle. Chilperic fort irrité vint auffi-tôt à Rouen. Meroüée & Brunehaut fe refugierent à une église de faint Martin, bâtie fur les murs de la ville. Le roi Chilperic effaïa de les en tirer par artifice: mais comme ils ne se fioient pas à lui, il leur jura que fi c'étoit la volonté de Dieu qu'ils demeuraffent ensemble, il ne les fepareroit pas: c'est-à-dire, fi leur mariage étoit jugé legitime. Sur ce ferment ils fortirent de l'églife, Chilperic les embraffa & les reçût à fa table: puis il emmena Merouée à Soiffons, laiffant Brunehaut à Roüen. Mais aïant été attaqué peu de tems aprés, il commença à fe défier de Meroüée, il lui ôta fes armes & lui donna des gardes: puis il lui fit donner la tonfure & l'habit clerical; & enfin il le fit ordonner prêtre & l'envoïa dans le Maine, au monaftere de S. Calais, pour apprendre les regles de la vie ecclefiaftique.

Saint Germain évêque de Paris mourut vers l'an 576. le vingt-huitiéme de Mai, comme il l'avoit predit: car quelques jours auparavant il fit venir son secretaire, & lui commanda d'écrire au-deffus de fon lit ces paroles: Le cinquiéme des calendes de Juin, qui eft le même jour. Il vécut environ quatre-vingt ans. Il prêchoit avec une grande force: on lifoit à fatable des livres de pieté: en voïage il parloit de Dieu

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с. 30

C. 14.

XXX.

Mort de S. CerGreg. V. hift c.8.

main de Paris.

Fortun. vita infi.

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ou chantoit fes loüanges. Il difoit toûjours l'office tête nuë, même à cheval, quoiqu'il tombât de la pluye ou de la neige. Souvent il fe levoit la nuit pour chanter dans l'églife cinquante pfeaumes avant que d'éveiller les autres: & aprés avoir fouffert un grand froid, il fe recouchoit afin que perfonne ne s'en apperçût. Souvent auffi il demeuroit dans l'églife depuis la troifiéme heure de la nuit, c'est-à-dire, neuf heures, jufqu'au jour : tandis que les clercs fe fuccedoient pour chanter les nocturnes tour à tour. Aprés s'être ainfi fatigué, il ne laiffoit pas d'écouter les plaintes des pauvres & des affligez, & d'aller même au-devant.

Sa vie a été écrite par Fortunat, qui y raconte plufieurs miracles, & quelques-uns dont il avoit été témoin. Il nomme les perfonnes & les lieux, & marque les circonstances. A Bourges faint Germain étant venu pour l'ordination de l'évêque Felix en 560. un Juif nommé Sigeric se convertit à sa predication: mais sa femme ne vouloit point recevoir d'instruction. Saint Germain aprés lui avoir fait parler y alla lui-même, & comme elle ne vouloit pas feulement le regarder, lui mit la main fur le front. Les affiftans virent fortir de fon nez des étincelles & de la fumée; & elle avoua jufques-là qu'elle n'avoit pû regarder le faint en face. Elle demanda à être chrétienne avec toute fa maison, & plufieurs Juifs fuivirent l'exemple de cette famille. Vers la même année 560. il alla à Autun pour l'ordination de Syagrius, & y guerit Flo rentin homme illuftre, depuis évêque de Mafcon, d'un coup qui lui faifoit fortir l'œil hors de la tête. Saint Germain fut enterré dans l'oratoire de faint

Symphorien prés l'églife de faint Vincent, dans laquelle il fut transferé depuis, & qui porte aujourd'hui fon nom. Le roi Chilperic fit fon épitaphe envers latins. Son fucceffeur dans le fiége de Paris fut Ragnemode son disciple, que d'autres nomment Raymond.

,

XXXI.

Greg. V hift. c.

Peu de tems aprés fon ordination il alla à Tours & s'y trouva quand Meroüée fils de Chilperic vint Merouée à Tours: s'y refugier. Gontran Bofon capitaine du roi Sige- 14. bert, qui étoit dans l'église de saint Martin de Tours, aïant appris que Meroüée étoit à faint Calais, lui · envoïa le soûdiacre Riculfe, pour lui conseiller de venir au même afyle. Meroüée vint donc à Tours & entra dans l'églife de faint Martin la tête couverte, & vêtu d'un habit feculier, quoiqu'il eût été ordonné prêtre. L'évêque Gregoire celebroit la messe, & les portes de l'églife étoient ouvertes. Aprés la meffe Meroüée demanda des eulogies: c'étoit ce qui reftoit des pains offerts & non confacrez. L'évêque Gregoire le refufa: Mais Meroüée commença à dire tout haut, qu'il ne devoit pas le fufpendre de la communion, fans le confentement des autres évêques. Gregoire confulta Ragnemode évêque de Paris, qui étoit prefent, & par fon avis donna les eulogies à Meroüée, craignant d'être caufe de la mort de plufieurs perfonnes, que ce prince menaçoit, s'il le rejettoit de fa communion. Gregoire envoia au roi un diacre, pour l'avertir de la fuite de Meroüée, avec le mari de fa niece, qui avoit à faire à la cour. Mais Fredegonde les prenant pour des efpions, les fit éxiler; & Chilperic envoïa dire à l'évêque Gregoire: Chaffez de l'église cet apoftat, autrement je

AN. $77. mettrai en feu tout le païs. L'évêque répondit par fes lettres : Il eft impoffible que ce qui ne s'eft pas fait du tems des heretiques arrive fous un roi chrétien. Par ces heretiques il entendoit les Goths Ariens qui avoient respecté l'afyle de faint Martin. Sur cette réponse Chilperic envoïa une armée à Tours. C'étoit la feconde année du regne de Childebert, c'està-dire, l'an 577.

Meroüée voïant fon pere dans cette refolution s'avifa d'aller trouver Brunehaut, qui étoit dans le roïaume de Childebert fon fils. Car, difoit-il à Dieu ne plaife qu'à caufe de moi l'églife de faint Martin fouffre violence, ou que l'on ufurpe fes terres. Cependant Gontran Bofon, refugié au même afyle, envoïa confulter une devinereffe, qui répondit: que le roi Chilperic mourroit cette année; que Meroüée feroit enfermer fes freres, & prendroit feul tout le roïaume: que Bofon gouverneroit cinq ans, & la fixiéme feroit évêque d'une ville fur la Loire : c'està-dire Tours. D'ailleurs le roi Chilperic perfuadé que Bofon avoit tué fon fils Theodebert, dans une bataille donnée du tems de Sigebert, le vouloit tirer de l'asyle. Il envoïa donc par un diacre nommé Baudegile, une lettre au fepulchre de faint Martin par laquelle il le prioit de lui écrire, s'il étoit permis de tirer Bofon de fon églife. Avec cette lettre le diacre mit fur le tombeau du faint un papier blanc & attendit trois jours la réponse: mais n'en aïant point reçû il retourna vers Chilperic; & le roi envoïa d'autres gens, qui firent jurer à Bofon de ne point fortir de cette église à l'infceu du roi. Bofon le ju

ra

prenant à témoin le tapis de l'autel : mais il

ne

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