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ordonné évêque d'Anaftafiople, où il continua fes pratiques de vertu, & fit plufieurs miracles, rapportez dans la vie par George, un de fes disciples.

s.

P.

379

XLVII. Occupations de

V. A&ta. SS. kr.

Saint Leandre étant à Conftantinople, fit amitié particuliere avec faint Gregoire : fondée fur la con- Gregoire à C. formité, non-feulement de langue & de profeffion, d. illußr. c. 28. mais de mœurs & d'inclinations. Car faint Leandre avoit embraffé la vie monaftique avant fon épiscopat. Il étoit né à Carthagene; fon pere fe nommoit Seve rien, & il avoit deux freres, Fulgence & Ifidore, & une fœur nommée Florentine. Saint Gregoire lui ou- Greg. praf.in Job vrit fon cœur, & lui déclara tout ce qui lui déplaifoit en lui-même. Comme aprés avoir differé fa converfion, il s'étoit refugié dans le monaftere, où il se croïoit en fûreté contre les tempêtes du monde. Mais, ajoûtoit-il, vous me voïez rejetté en pleine mer, fous pretexte des affaires ecclefiaftiques, pour lesquelles on m'a envoïé ici; & je ne refpire qu'en la compagnie de mes freres.

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Pour s'occuper donc faintement avec eux, il commença à leur expliquer le livre de Job, aprés qu'ils l'en eurent preffé fouvent, & faint Leandre avec eux. Il leur en expofa le commencement de vive Ibid. c. 2. voix puis il dicta des homelies fur le refte; & aïant plus de loisir, il repaffa tout l'ouvrage, & en fit un grand commentaire divifé en trente-cinq livres. C'est ce que l'on appelle les morales de faint Gregoire, parce qu'il tourne toutes les explications fur les mœurs ; & cet ouvrage a toûjours été en grande eftime dans l'églife. Il fuit ordinairement pour texte la verfion de faint Jerôme, qu'il nomme nouvelle, mais il cite auffi l'ancienne. Parce, dit-il, que

c. s. in fi.

A N. 584. l'église Romaine fe fert de l'un & de l'autre.

Niceph. Chr.
Evagr. V. 16,

Fo. diac. lib. 1. c.

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938.

Saint Gregoire pendant fon fejour à C. P. fe fit plufieurs autres illuftres amis, tant des perfonnes les plus confiderables de la cour, que des prelats d'Orient: entre antres Euloge, qui avoit fuccedé depuis peu à Jean dans le fiege d'Alexandrie. On le voit par quantité de lettres qu'il leur écrivit depuis. Il s'acquita de fa charge d'apocrifiaire avec une grande autorité les empereurs même le refpectoient, & il cura fouvent par fes foins des fecours à l'Italie: comme il paroiffoit par les lettres du pape Pelage. Jean diacre nous en a confervé une, où il dit : Vous pourtom. 5. conc. p. rez reprefenter à l'empereur, que les perfides Lom

XLVIII. Affaire des

:

pro

bards nous ont fait souffrir tant de maux contre leur propre ferment, qu'il est impoffible de les raconter. Nôtre frere l'évêque Sebaftien nous a auffi promis de reprefenter à l'empereur, les befoins & les perils de toute l'Italie. Voiez donc enfemble comment vous pourrez nous fecourir promptement : car les affaires publiques font reduites ici à une telle extrémité, que fi Dieu n'inspire à l'empereur de nous envoïer au moins un maître de milice & un duc, nous fommes entierement abandonnez, principalement le territoire de Rome, où il n'y a point de garnifons; & l'exarque écrit, qu'il ne peut nous donner aucun fecours, n'étant pas en état de garder fon voifinage. Dieu veuille que l'empereur nous affifte, avant que l'armée de cette abominable nation s'empare des lieux qui restent encore à l'empire. La lettre eft datée du quatriéme d'Octobre indiction troifiéme : c'est-à-dire en 584.

Pour fecourir l'Italie l'empereur Maurice en

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42.

C. 17.

Greg. VI. 46. VII.

voïa cinquante mille fous d'or à Childebert roi AN. 584. des François, efperant qu'il en chafferoit les Lom- Gaules. bards. Il marcha en effet contre eux mais ils l'ap. Greg. Tur. VI. c. paiserent par leurs foumiffions & par leurs prefens; Pasil. Dike. III. & la mort de fon oncle Chilperic le rappella bientôt en France. Ce roi fut tué à Chelles comme il re- 4. venoit de la chaffe en 584. aprés avoir regné vingttrois ans. Malculfe évêque de Senlis qui attendoit depuis trois jours fans avoir pû le voir, prit foin de fes funerailles; & aprés avoir paffé la nuit en prieres auprés du corps, le fit rapporter à Paris par eau, & l'enterra dans l'église de faint Vincent. Sa veuve Fredegonde craignant la peine de fes crimes, se refugia dans l'église de Paris, fous la protection de l'évêque Ragnemode. Elle avoit un fils de Chilperic, âgé feulement de quatre mois, & nommé Clotaire qui fucceda au roïaume de fon pere. Mais Gontran fon oncle, qui reftoit feul des fils de Clotaire premier, avoit alors la principale autorité parmi les François.

Aprés la mort de Chilperic, les citoïens de Rouen Greg. VII. c. 16. rappellerent leur évêque Pretextat de son éxil, & le rétablirent dans fon fiege avec grande joïe. Quelque tems aprés il alla à Paris & fe prefenta au roi Gontran, le priant de faire examiner fa cause. La reine Fredegonde fon ennemie, difoit qu'il ne devoit pas être reçû, aïant été déposé par le jugement de quarante-cinq évêques. Gontran vouloit affembler un concile pour ce fujet : mais Ragnemode de Paris dit au nom de tous les évêques, que Pretextat n'avoic pas été depofé, & qu'on lui avoit feulement impofé une penitence. Melanius qui avoit été mis à Rouen Kkkk

Tome VII.

J.

A N. 585. à la place de Pretextat, en étant chaffé, se retira à Roteüil dans le voisinage, avec la reine Fredegonde, que Gontran y avoit releguée.

c. 19.

Cependant Gondebaud, qui fe difoit fils du roi Clotaire premier, avoit fait un puiffant parti, & de grandes conquêtes en Aquitaine; & plufieurs évêques l'avoient reçû dans leurs villes de gré ou de force: entre autres Urficin de Cahors & Bertran de Bourdeaux. Ce dernier fit même ordonner Fauftien évêque Greg. VII. c. 31. de Dax, par ordre de Gondebaud. Il ne l'ordonna pas lui-même, fous pretexte d'un mal aux yeux ; mais il le fit faire par Pallade de Saintes & par Orefte de Bafas. Gondebaud trahi par les fiens, fut pris & tué; & pour juger les évêques accufez d'avoir embraffé fon parti, le roi Gontran indiqua un concile à Mâcon, pour le dixiéme des calendes de Novembre, la vingtquatrième année de fon regne : c'est-à-dire, le vingttroifiéme d'Octobre 585.

Mais le vingt-troifiéme de Mai de la même année, to. 5. p. 976. il assembla à Valence un autre petit concile de dixfept évêques: dont les trois premiers étoient Sapaudus d'Arles, Prisque de Lion & Evantius de Vienne. Le roi envoïa à ce concile Afclepiodote fon referendaire avec des lettres, par lefquelles il demandoit la confirmation des donations, faite ou à faire aux lieux faints, par lui, la défunte reine Auftrechilde fon époufe & fes filles confacrées à Dieu, Clodeberge & Clodehilde. Le concile la lui accorda, exprimant particulierement les églifes de faint Marcel de Challon, & de S. Symphorien d'Autun; & défendant fous peine d'anathême aux évêques des lieux & aux rois, de rien ôter ou diminuer de ces biens à l'avenir.

XLIX. Gontran à Or

Greg VIII. c. I.

Aprés ce concile, le roi Gontran fit un voïage à AN. 585. Paris, tenir fur les fonts le jeune Clotaire fon pour neveu fils de Chilperic, ce qui ne fut executé que leans. fix ans aprés. Il passa à Orleans au commencement de Juillet, & y fut reçû avec de grandes acclamations du peuple, entre autres des Juifs, qui témoignoient fouhaiter que toutes les nations lui fuffent foumifes. Il connut bien le but de cette flatterie : fçavoir, que leur fynagogue abbatuë depuis long-tems les chrétiens fût rétablie: mais à fon dîner, il protefta qu'il n'en feroit rien. Enfuite il dit aux évêques qui étoient presens: Je vous prie de me faire demain grace de me donner chez moi vôtre benediction, afin que vôtre entrée me foit falutaire : c'est-à-dire, qu'il les invitoit à manger. Ils le remercierent tous & fe leverent aprés fon dîner : ce qui marque qu'ils y

par

la

étoient affis.

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Le lendemain matin, comme il vifitoit les églises pour faire ses prieres, il vint à faint Avit où logeoit Gregoire de Tours: qui vint avec joie au devant de lui, & le pria de recevoir la benediction de faint Martin. Le roi l'accepta, & aïant bû un coup & prié l'évêque à dîner, il fe retira content. Il étoit fort irrité contre Bertran de Bourdeaux & Pallade de Saintes, comme aïant fuivi le parti de Gondebaud. Il ne les vouloit point voir; & on eut bien de la peine à obtenir qu'il les admît à fa table. Il dit à Bertran: Je vous fuis bien obligé d'avoir fi bien gardé fidelité à vôtre famille. Car vous deviez fçavoir que vous êtes mon parent par ma mere, & vous ne deviez pas amener contre moi un ennemi étranger. Puis fe tournant vers Pallade: Je ne vous ai pas non

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