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çois I. étant en Dauphiné y envoya des gens en bateau, qui allerent plus de deux lieuës dans le Lac, mais un grand bruit qu'ils commencerent à entendre leur fit peur, ils n'allerent pas plus avant, pas plus avant, & mirent fur des planches des flambeaux allumés qu'ils virent difparoître tout d'un coup en un certain endroit, qui apparemment étoit un gouffre. Un Curé de ce païs-là y alla plufieurs années aprés, & foit qu'il eût pris un autre chemin dans la Grotte, foit qu'il fût moins aifé à effrayer, foit qu'il eût l'imagination moins portée au Merveilleux, il a laiffe une Relation de ce voyage fort differente, & beaucoup plus fimple. Il vit des chutes d'eaux, il trouva des endroits où l'on étoit à fec, d'autres où la voûte étoit fi baffe que l'on ne pouvoit y paffer fans fe coucher le ventre contre le bateau. Ce n'eft pas que cette derniere circonftance ne puifle faire quelque peine, mais enfin dans la feconde Relation, le Merveilleux va considerablement en diminuant.

Voila ce qui eft rapporté dans les Livres fur cette Grotte & fur la Montagne Inacceffible. Mais M. Dieulamant a pris la peine d'envoyer à l'Academie une Relation de la Grotte qu'il a examinée de fes propres yeux, & elle ne conserve plus aucun veftige de fes anciennes merveilles Elle eft creusée irregulierement dans le Rocher, & fon entrée peut avoir 4 à 5 toiles de largeur fur 5 à 8 de hauteur. Au bas de cette entrée, fort un petit ruiffeau qui s'écoule dans le Rhofne. Ce ruiffeau étoit prefque à fec au mois d'Août, que M. Dieulamant alla voir la Grotte, mais fon lit fait juger qu'il eft toûjours fort petit. La Grotte fe fourche. Dans la partie qui eft à droite, on voit beaucoup de congelations d'eaux qui diftilent au travers des Rochers. Dans la partie qui eft à gauche, il fe diftile des eaux qui font une partie du ruiffeau. Elles tombent d'abord dans un aflés grand baffin naturel, au-deffous duquel il y en a plufieurs autres petits qui font une cascade affes agreable. Au fond de cette Grotte eft une espece d'ouverture creufée auffi dans le Rocher, au bas de laquelle eft l'eau qui forme la plus grande partie du ruiffeau. C'eft ce qu'on appelle le

Lac, parce que l'eau eft dormante. Il a un demi-pié, ou un pié tout au plus de profondeur. L'allée où eft cette ef pece de Lac parut à M. Dieulamant n'avoir pas plus de 20 toifes de longueur en fe rétreffiffant un peu, car du commencement où il étoit, il crut en voir le fond avec des flambeaux. Les gens du païs l'affurerent qu'il n'y avoit rien au-delà. C'est là cependant l'abîme où les flambeaux furent engloutis.

Si M. Dieulamant avoit examiné la Montagne Inacceffible, peut être fe feroit-elle redreffée.

Les Illes flotantes qui font dans un Lac auprés de Saint Omer, ont auffi paffé en revûë, & ont paru peu merveil. leuses. Ce ne font proprement que des tiffus de racines d'herbes mêlées d'un peu de terre graffe.

SUR LE PHOSPHORE

LE

DU B. ARO METRE.

E Hazard, premier Auteur de prefque toutes les découvertes, apprit à M. Picard, il y a prés de 30 ans, que le Mercure de fon Barometre, fecoué dans l'obscurité, donnoit de la lumiere. Auffi-tôt tous les Observateurs de la nature éprouverent leurs Barometres, mais il ne s'en trouva que trés-peu qui euffent ce privilege, on ne vit point à quoy l'on pouvoit attribuer que les uns rendiffent de la lumiere, & que les autres n'en rendiffent point, on ne crut pas qu'avec fi peu d'experiences, on fût en état d'ofer raisonner fur cette matiere, on attendit du hazard & du temps les éclairciffemens dont on avoit befoin, &. la chose en demeura là.

Mais dans cette année M. Bernoulli Profeffeur en Mathematique à Groningue, ayant été frappé de la lecture de ce fait extraordinaire, fe mit à l'examiner, & à le fuivre, & commença par effayer fon Barometre, qui effectivement étant agité avec force dans l'obfcurité donna une foible lueur.

Comme l'on pouvoit foupçonner que la lumiere, ou du moins une grande lumiere, n'étoit fi rare dans les Barometres, que parce qu'il n'y avoit pas un vuide parfait dans le haut du tuyau, ou que le Mercure n'étoit pas bien purgé d'air, il s'affura par experience qu'avec ces deux conditions, des Barometres n'étoient encore que trés foiblement lumineux, & par confequent que ce n'étoient là tout au plus que des conditions, & qu'il falloit chercher ailleurs. une veritable caufe.

&

Il avoit remarqué que quand on fecoüoit le Barometre, que par confequent l'on faifoit aller le Mercure avec rapidité, tantôt au-deffus, tantôt au-deffous du point où fon équilibre avec l'air l'eût arrêté, la lumiere ne fe montroit que dans la defcente du Mercure, & qu'elle paroiffoit comme attachée à fa furface fuperieure. Delà, il conjectura que quand par cette defcente, il fe forme dans le tuyau un plus grand vuide que celuy qui y étoit naturellement, il peut fortir du Mercure pour remplir ce vuide en partie, une matiere trés-fine, qui étoit auparavant renfermée & difperfée dans les interstices trés-étroits de ce mineral. D'ailleurs il peut entrer dans ce même moment par les pores du verre, plus grands apparemment que ceux du Mercure, une autre matiere moins déliée, quoique beaucoup plus déliée que l'air; & la matiere fortie du Mercure, & toute raffemblée au-deffus de fa furface fuperieure, venant à choquer avec impetuofité celle qui eft venuë de dehors, y fait le même effet que le premier Element de Descartes fur le fecond, c'est-à-dire, produit le mouvement de la lumiere.

Mais pourquoy ce Phenomene n'eft-il pas commun à tous les Barometres? c'est-là la grande difficulté.

M. Bernoulli imagina que le mouvement de la matiere fubtile qui fort du Mercure avec impetuofité lorfqu'il defcend, pouvoit être détruit, affoibli, interrompu par quelque matiere heterogene au Mercure qui fe feroit amaffée fur fa furface fuperieure, & y auroit été pouffée par ce mineral plus pefant qu'elle, que cette espece de pellicule

ne manquoit pas de fe former fur le Mercure dés qu'il n'étoit pas extrêmement pur, que même quelque pur qu'il fût de lui même, il contractoit en peu de temps par le feul attouchement de l'air les faletez qui la compofent, qu'afin qu'il les contractât en un inftant, il ne falloit

que

le verfer en l'air de haut en bas, comme l'on fait ordinairement dans la conftruction des Barometres, que ce mouvement luy faifoit ramaffer en l'air plus de faletés en un moment, qu'il n'auroit fait en plufieurs jours, s'il eût été en repos, qu'enfin cela fuppofé, une methode fûre pour avoir un Barometre lumineux, étoit de le faire d'un Mercure bien pur, & qui fur tout quand on le feroit entrer dans fon tuyau, ne traversât point l'air, & ne s'y foüillât point. Tout ce raifonnement devança les experiences, horfpeut être quelques unes qui regardoient la formation de la pellicule fur la surface du vifargent; tout le reste fut un pur ouvrage d'efprit.

mis

M. Bernoulli eut le plus fenfible plaifir dont la Philofophie puiffe recompenfer ceux qui la cultivent, il vit la nature fuivre le fyftême qu'il avoit imaginé, & plufieurs Barometres qu'il fit, fans que le Mercure pafsât dans l'air, jettoient tous, quand on les agitoit, une lumiere fort écla

tante.

Il tourna encore l'experience de quelques autres manieres, toûjours fur le même principe, & les effets furent toûjours ceux qu'il avoit devinez, ou du moins s'accorderent toûjours avec la premiere pensée.

Il fe tint donc fûr d'avoir le fecret de rendre tous les Barometres lumineux, pourvû qu'ils fuffent conftruits à fa maniere, & ce feroit dans la nature une nouvelle espèce de Phosphore d'autant plus beau, qu'il ne fe confumeroit jamais.

M. Bernoulli fit part.de cette Nouvelle à l'Academie par des lettres qu'il en écrivit à M. Varignon. Tout le monde fût touche du genie de découverte qui brilloit dans tout le fyftême; & quelque prévention favorable qu'il s'attirât, on ne laissa pas de fe mettre à verifier feverement

les faits. On fit d'abord reflexion que quelques Barometres, comme ceux du P. Sebastien, & de Meffieurs Caffini & de la Hire, quoique faits à la maniere ordinaire, & fans les précautions de M. Bernoulli, étoient lumineux. Enfuite on en fit à la maniere de M. Bernoulli, dont quelques uns ne rendirent aucune lumiere, & les autres en rendirent aflés peu.

Il n'en fallut pas davantage à l'Academie pour fufpendre fon jugement. Dés que l'on connoît un peu la nature, on connoît auffi le peril de décider promptement fur les effets naturels. L'examen de la découverte de M. Bernoulli fut continué, & plus approfondi dans l'année fuivante. On ne pouvoit recevoir fans beaucoup de dif cuffion une idée fi nouvelle, ny fans la même discussion refufer une fi belle idée.

DIVERSES OBSERVATIONS

DE PHYSIQUE GENERALE.

I.

L femble que la grandeur apparente d'un objet devroit uniquement dépendre de la grandeur de l'image qu'il trace au fond de l'oeil, cependant il arrive quelquefois le . contraire, & la Lune dont nôtre oil reçoit une plus petite image à l'Horifon qu'au Meridien, parce qu'elle eft alors plus éloignée de nous, paroît beaucoup plus grande à l'Horifon.

Ce Phenomene a fort embaraffé les plus grands Philofophes d'entre les Modernes, & comme il arrive affés souvent que quand on donne à une même chofe des explications fort differentes, aucune n'est la veritable, le P. Goüye ne s'eft point contenté de tout ce qu'on a imaginé jufqu'à prefent fur ce fujet. Defcartes dit que quand la Lune fe leve ou fe couche, une longue fuite d'objets interpofez

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