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ment par d'autres remedes, comme il arrive dans la cure de la verole par le Mercure, dans celle de la morfure des Viperes par les Alcalis urineux, &c.

Ainfi les acides étant de differentes natures, j'ay crû ne pas affés faire que d'examiner nos Alcalis terreux par une feule efpece de ces acides, j'en ay donc employé un de chaque efpece, fçavoir l'efprit de nitre des eaux foftes, & l'efprit de fel des eaux regales.

J'ay dephlegmé ces deux efprits de maniere que l'un diffolvoit fort bien l'or, & que l'autre diffolvoit fort bien. l'argent, étant en cet état examinez par l'Areometre, & comparez à l'eau de riviere, leur poids en volume égal, étoit comme dix-neuf pour l'efprit de nitre, & dix-fept pour l'efprit de fel, à feize pour l'eau de riviere, c'est àdire, qu'un volume de ces efprits égal au volume d'une once d'eau pefoit en efprit de nitre une once & un gros & demi & en efprit de fel une once & demi gros.

yeux

J'ay mis en poudre les Alcalis terreux fuivans; fçavoir des d'Ecrevifles, du Corail, des Perles, de la nacre de Perles, du Bezoar Oriental, du Bézoar Occidental, du Calcul humain, des coquilles d'Huitre, de la corne de cerf calcinée, de la chaux vive, de la chaux éteinte, du Bol, du Tripoli & de la terre figillée.

Une once du fufdit efprit de nitre a diffout,

4.gros 9 grains d'yeux d'Ecreviffes fort promptement. 3. gros 7. grains de Corail promptement.

2. gros 63. grains de Perles promptement:

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2. gros 58. grains de nacre de Perles promptement.
1. gros 36. grains de Bezoar Oriental tres-lentement:
1. gros 60. grains de Bezoar Occidental moins len-

tement.

2. gros 28. grains de Calcul humain lentement.

3. gros 20. grains de coquilles d'Huitres fort promp

tement.

3. gros 28. grains de la corne de Cerf calcinée fans ébullition fenfible.

2. gros 36. grains de chaux vive trés promptement.

1700.

I

3.gros de chaux éteinte fort promptement. Une once du fufdit efprit de fel a diffout, 3. gros d'yeux d'Ecreviffes promptement. 2. gros 26. grains de Corail promptement. 1. gros 56. grains de Perles promptement. 1. gro: 60. grains de nacre de Perles promptement. 46 grains de Bezoar Oriental tres-lentement. 51. grains de Bezoar Occidental fort lentement. 1. gros 24. grains de pierre humaine lentement. 1. gros 11. grains de coquilles d'Huitres promptement. 2. gros 21. grains de corne de cerf calcinée, fans ébullition fentible.

2. gros 55. grains de chaux vive trés promptement.
2. gros 49 grains de chaux éteinte fort prompte-

ment.

Le Bol, la terre figillée & le Tripolis n'ont été diffous, ny par l'efprit de fel, ny par l'efprit de nitre.

Il paroît icy une difference fort confiderable entre les forces diffolvantes de l'efprit de fel, & entre celles de l'efprit de nitre, y ayant quelques unes des matieres cynommees, dont l'efprit de nitre a diffout plus du double de ce que l'efprit de fel en a diffout, & generalement de toutes ces amatieres, l'efprit de nitre en a diffout confiderablement plus que n'en a diffout l'efprit de fel.

La caufe de cette difference confifte en partie dans la differente quantité des fels volatiles acides qui entrent dans la compofition de ces efprits; ces fels se trouvent à peu prés le double dans l'efprit de nitre contre le fimple dans l'efprit de fel., comme l'on le peut voir par l'examen que j'ay fait des efprits acides, qui a été inferé dans nos Memoires de l'année paffée, pag. 45. & comme chaque pointe de ces fels acides eft un veritable tranchoir, l'on doit attendre un plus grand effet du grand nombre de tranchoirs qui fe trouvent dans l'efprit de nitre, que du plus petit nombre de ces tranchoirs dans l'efprit de fel.

L'on doit attribuer auffi la difference de ces diffolutions en partie aux differentes configurations des pointes de ces

acidės; car il fe trouve des corps qui fe diffolvent dans l'efprit de nitre, & qui ne fe diffolvent pas dans l'efprit de fel, & d'autres qui fe diflolvent dans l'efprit de fel, & qui ne fe diffolvent pas dans l'efprit de nitre; je referve cet examen pour une autre occafion, cependant je ne crois pas que l'on puiffe déterminer la figure des acides, felon la figure des fels dont ils ont été tirez par la diftillation comme l'on fait communément, parce que ces fels font des combinaisons des acides avec leurs Alcalis ; & nous voyons que les mêmes acides compofent differentes figures en fe criftallifant felon les differens Alcalis qu'ils ont diffout: par exemple, l'efprit de nitre ayant diffout de: l'argent, fe cristallife en lammes minces, larges & triangulaires; ayant diffout du cuivre, fes criftaux font épais, longuets, & hexagones; & lorfqu'il a raffafié du fel de tartre, il fe remet en longues aiguilles, qui font la vraie figure du falpêtre:il faut donc fe contenter feulement de les fuppofer d'une figure qui convienne aux effets qu'ils produifent, fans avoir égard aux figures de leurs fels, dont la violence du feu les a chassez.

Dans la diffolution de nos Alcalis, j'ay observé que les › deux acides ont diffout trés-foiblement & avec peine les bezoars & la pierre humaine, en comparaifon des autres Alcalis, nonobftant que la plus grande partie de leur fub. stance, est un fel volatile Alcali, comme il paroît par Analyfes qui en ont été faites, lequel produit toûjours une plus grande effervefcence avec les acides, que né font les coquillages ou les autres Alcalis fimplement terreux.

les

Je crois que cette lenteur d'effervefcence provient de la quantité d'huile épaiffe & groffiere, qui fait une partie de la fubftance de ces pierres, laquelle enveloppant l'Alcali urineux, empêche pendant quelque temps les acides de toucher cet Alcali; & comme les acides n'agiffent pas aifément fur ces fortes de matieres graffes, il a fallu les mettre fortement en mouvement, en les chauffant fur le feu, cette matiere huileuse s'étant à la fin diffoute auffi, a donné une teinture rouge à la diffolution; cette rou.

geur a été plus foncée dans la diffolution faite par l'efprit de nitre, que dans celle qui a été faite par l'efprit de fel, apparemment par la rougeur que l'efprit de nitre produit dans toutes les diffolutions, & auffi parce qu'il en a diffout une plus grande quantité que n'en a diflout l'efprit de sel.

La chaux vive étant employee parmy les remedes dans les Païs Etrangers,j'ay crú la devoir examiner parmy nos Alcalis terreux; elle fe diffout avec grande effervefcence dans les deux efprits acides, mais toujours en moindre quantité dans l'efprit de fel que dans l'efprit de nitre.

Ce qu'il y a de remarquable dans la diffolution, est qu'il n'y a pas de difference entre celle de la chaux vive & entre celle de la chaux eteinte, c'cft-à-dire, oue les acides en diffolvent autant de l'une qu'ils en diffolvent de l'autre, avec cette difference feulement que l'offervefcence cft beaucoup plus prompte & plus violente avec la chaux vive, qu'elle ne l'est avec la chaux eteinte, ce qui provient apparemment de ce que les interftices des petites parties de la chaux vive ne font pas encore remplis d'air ou de l'humidité de l'air, comme ils le font dans la chaux éteinte, & qu'ainfi les pointes des acides trouvant moins d'obftacie de penetrer & de remplir ces interfices que dans la chaux cicinte, elles y entrent avec plus de viceffe, & par confequent y excitent une effervefcence plus prompte, & une chaleur plus vive. Mais que nonobitant cette vivacité, les acides n'en diffolvent pas plus ou moins que dans la chaux éteinte, cela me fait conjecturer que l'un n'eft pas un plus grand Alcali que l'autre, ce qui paroît être contre le fentiment commun que nous avons de la chaux, qui eft, que la chaux eteinte eft, pour ainsi dire, la tête morte feulement de la chaux vive, comme ayant diffipe & perdu fa principale partie alcaline, que l'on uppole être volatile.

Il femble que nos obfervations détruifent cette opinion; car fi la chaux vive contenoit une matiere alcaline volatile, outre fon Alcali terreux, il faudroit une plus grande quantite d'acide pour le fouler, qu'il n'en faudroit pour fouler

la même chaux dépouillée de fon prétendu alcali volatile, car nous avons deja remarqué que les Alcalis volatiles retiennent beaucoup d'acide, & même plus que ne font les Alcalis terreux.

Cependant la chaux vive produifant des effets trésconfiderables que la chaux éteinte ne produit point, il est certain que dans l'une il y a des matieres agiffantes qui ne fe trouvent pas dans l'autre : je crois que Pon pourra plus facilement attribuer ces effets aux particules ignées, ou à la matiere du feu qui s'eit introduite dans la chaux par la calcination, laquelle pendant tout le temps qu'elle eft jointe a la chaux, la fait paroître en chaux vive, mais cette matiere etant fort volatile, s'en dégage peu à peu & laiffe la pierre feulement calcince, ceft-à-dire, feparce de ce qu'elle pouvoit contenir d'humidite, de matière graiffeute, d'acide, & de tout ce que le grand feu eft capable d'en emporter, & alors on l'appelle chaux cteinte.

Nous avons des exemples inconteftables, où la matiere du feu s'introduit dans certains corps, y refte long temps & augmente la pefanteur de ces corps, comme nous voyons dans le regule d'Antimoine calciné au miroir ardent: on ne peut pas dire que l'augmentation du poids du regule vienne des fels volatiles ou de l'huile du charbon qui fe feroit introduit dans les interstices du regule, parce que le feu des charbons ne l'a pas touché.

Etant donc obligé d'admettre icy une introduction des particules du feu, qui restent dans le corps du regule, & qui le rendent plus pefant qu'il n'étoit avant la calcination, je ne vois pas de d fficulte d'admettre la même chufe dans la chaux vive, & fuppofant que la chaux vive contient des particules du feu, qui font fort agiflantes, nous pouvons fort bien comprendre que la chaux vive pourra produire certains effets, tandis qu'elle n'aura pas encore perdue les particules du feu, & qu'elle ne les produira plus, lorfque les particules du feu l'auront quitté, & comme ces particules du feu ne font pas une matiere alcaline, dont la nature eft de retenir les acides, la chaux vive n'a

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