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RHADI. avoir le maniment des affaires, fans Hégire 327. vouloir rien entreprendre contre la Ere Chr. 939. perfonne du Souverain, il alla rendre fes hommages au Calife, & lui demanda enfuite pour toute grace d'être revêtu de la charge d'Emiral-Omara. Rhadi, trop heureux de. pouvoir le fatisfaire à ce prix, confentit à fa demande, & lui accorda même bientôt toute fa confiance.

Iakem, qui n'avoit ambitionné, cette place que pour avoir l'honneur de commander en chef abfolu, fans s'embarraffer que fon pouvoir s'étendît fur beaucoup de Provinces, ne s'oppofa point au parti que prit le Calife, d'accorder les droits & les prérogatives de Souverain à plufieurs. de ceux qui occupoient de grands Gouvernemens. Ainfi fe détruifit peu à peu la puiffance temporelle du caLifat. Ces nouveaux Souverains ne regarderent plus le Calife que comme le premier Iman ou Pontife de la religion, qui n'avoit prefque d'autre fonction que de faire la priere publique.

On lui accordoit cependant de laiffer fon nom fur la monnoie, & de donner les inveftitures; mais cette

Hégire 327.

derniere prérogative n'étoit plus re- RHADI gardée que comme une fimple céré- Ere Chr. 939. monie, à laquelle la plupart des Prinees fe difpenferent de fe foumettre dans la fuite ;& ce qui paroîtra encore plus furprenant, c'eft que les Emirsal-Omara eux-mêmes, qui n'étoient que dépofitaires de l'autorité califale, fe rendirent tellement les maîtres de la Couronne, qu'ils l'ôterent & la donnerent à leur gré, fans que qui que ce foit ôsât s'élever contre un abus auffi criminel.:

Ce fut lakem qui le premier: fitt valoir les droits de fa charge: ih porta même fes prétentions beau coup plus loin qu'on ne fe feroit attendu. L'élévation de ce Turc à une place auffi éminente, furprit également tout le monde, foit à caufe de l'indifcrétion qu'il y avoit de la part du Calife de s'expofer à fe voir bientôt le jouet d'une nation qui avoit occafionné tant de défordres dans FEtat fous quelques Califes précédens foit à caufe de lakem lui-même, qui n'auroit jamais dû efpérer d'occuper une place de cette conféquence.dis

En effet, ce Turc étoit d'une con- Origine dition qui ne lui permettoit pas de de Lakean.

Ere Chr. 939.

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RHADI. porter fes vûes fi loin. Elevé dans la Hégire 127. fervitude, il avoit long-tems demeuré en qualité d'efclave au fervice de Mardavige Roi de Dilem. Ce Prince l'ayant pris en affection, l'affranchit, & l'éleva peu après aux premiers grades militaires. Iakem fe diftingua dans les différentes occafions où il eut occafion de paroître ; mais fervant fous un Prince ambitieux qui cherchoit à faire des conquêtes, & ne connoiffoit d'autre lop que fon épée, il forma auffi le deffein de tenter fortune, & commença par confpirer contre fon maître & fon bienfaiteur. Il le tua à Ifpaham dans le tems que ce Prince prenoit le bain, & projetta enfuite de fe fervir des troupes qu'il avoit gagnées, pour s'établir dans quelque portion de fes Etats.v37

Mais ayant appris par les intelligences qu'il avoit à Bagdet, & furtout avec Moclah, qu'il lui feroit facile de s'établir plus folidement auprès du Calife, s'il pouvoit chaffer de la cour l'Emir Raik, il fe fervit de ces mêmes troupes, pour exécuter ce grand projet qui lui réuffit dans tous les points.

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il

Ere Chr. 939.

raineté.

Plus adroit que celui auquel il ve- RHADI. noit d'enlever la charge d'Emir, Hégire 327. prit des mefures affez juftes pour s'y Raïk obtient conferver. Ainfi lorfque Raïk vint fe l'irak Arabipréfenter devant Bagdet pour tâcher que en fouvede s'y rétablir, lakem le tint en refpect, & l'empêcha de prendre aucun avantage. Les hoftilités ne durerent pas long-tems. Raik voyant bien qu'il ne réuffiroit pas à recouvrer ce qu'il avoit perdu, fe retrancha du cô-: té de la négociation, & demanda du moins qu'on lui accordât, comme on avoit fait à tant d'autres, la propriété de quelques places, dont il avoit le gouvernement. Il y eut à ce fajet plufieurs conférences; le Calife & Raik s'envoyerent réciproquement des Ambaffadeurs ; & enfin, il fut conclu qu'on lui céderoit Bafrah Couffah, & Irak Arabique. A ces conditions chacun mit bas les armes, & Raik ne penfa plus à recouvrer fon ancienne dignité d'Emir.

fe fait recon

Il fe fit peu après un autre démem- Hégire 328. brement d'une bien plus grande con- Ere Chr. 940. féquence. Après Pextinction des Tho) Mohammed lonides, les Califes étoient redevenus noître Souveen quelque façon Souverains de la Syrain en Egyp rie & de l'Egypte ; mais l'appréhen

te

Hégire 328.

RHADI. fion qu'ils eurent que les Gouverneurs Ere Chr. 940. qu'ils nommeroient pour ces Provinces ne tentaffent encore de s'y établir en Souverains, leur fit prendre le parti de changer fouvent ceux à qui l'on confieroit ces Gouvernemens.

Cette politique pernicieufe fut la caufe de beaucoup de défordres. La plupart des Gouverneurs prévoyant que bientôt on les déplaceroit, ne penfoient qu'à s'enrichir promtement, & vexoient les peuples de toutes façons pour fatisfaire leur avarice. D'autres, qui vouloient garder leur pofte malgré les ordres du Calife, travailloient à s'infinuer dans l'efprit des peuples, & fur-tout à gagner les troupes, afin de fe foutenir fi l'on entreprenoit d'ufer de violence pour les tirer de leurs Gouvernemens. Tel fut l'état de l'Egypte & de la Syrie depuis le califat de Moktaphi jufqu'à celui de Caher.

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Ce Calife ayant donné le Gouver nement de l'Égypte à Aboubécre, Mohammed, fils de Tagage, Turc de nation, & l'en ayant dépoffédé peu après, ce Gouverneur s'empara de cette Province à force ouverte & s'y établit en Souverain. Rhadi

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