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MOTAKI. Hégire 329. Ire Chr. 941.

MOTAKI-LILLAH *

XL. CALIFE.

ANs le tems de la mort de

Dhadi, lakem ne fe trouva

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point à Bagdet: il étoit depuis quelques jours à Couffah pour différentes affaires. Dès qu'on l'eut informé de cet évenement, il écrivit promtement une lettre circulaire par laquelle il mandoit aux Alides, aux Abbaffides, & à d'autres perfonnages diftingués dans la nation, de s'affembler au plutôt chez Abu Kaffem Soliman, Vifir du feu Calife, pour convenir du choix d'un Souve

rain.

*Le furnom de Lillah auffi bien que celui de Billah, & ceux de Lemrillah & Beemrillach, que l'on trouve dans la fuite, fignifient en Dieu, a Dieu, par le commandement de Dien, ou comme nous difons en Europe, par la grace de Dien.

Ere Chr. 941.

Les fuffrages furent unanimes. MOTAKT. Toutes les voix fe déclarerent en fa- Hégire 329. veur d'Ibrahim, fils de Moctader. Motaki eft On lui prêta auffitôt ferment de fidé- élu Calife. lité, & on lui donna le nom de Motaki-Lillah. Ce Prince continua lakem dans fa charge d'Emir - al- Omara, & lui donna l'inveftiture de cette dignité, en lui envoyant la vefte & l'étendard.

Cette attention à l'égard de Iakem lakem eft ne fut de la part du Calife qu'un pié-affalliné. ge que ce Prince lui tendoit, afin qu'il ne fe méfiât pas du malheureux fort dont il étoit menacé. Cet Emir fut affaffiné peu après, & l'on prétend que ce fut par ordre du Calife. Le haut degré de puiffance où il étoit parvenu le rendoit infupportable. Il regloit tout à fon gré, & s'étoit tellement rendu maître des affaires, que les Miniftres de l'Etat n'avoient plus de fonction. Il décidoit tout par lui-même, & les expéditions qui auroient du moins dû paffer par les mains du Vifir, étoient fcellées par fon Secrétaire. Mais ce qui avoit contribué le plus alors à le faire hair du Calife, c'étoit la conduite qu'il avoit tenue à l'inftant de la

Hégire 329. Ere Chr. 941.

MOTAXI. mort de Rhadi. Il avoit envoyé fes à Bagdet, & avoit fait enlever gens d'autorité tous les meubles du Palais Impérial, & tous les chevaux qui étoient dans les écuries du feu Calife. C'étoit apparemment un nouveau droit qu'il vouloit joindre à ceux dont il jouiffoit déja en vertu de fa charge. Motaki fut fi piqué de l'audace de cet Emir, qu'il réfolut de s'en défaire ; & en effet, Iakem fut affaffiné quelque tems après fon arrivée à Bagdet.

El-Macin rapporte autrement la mort d'Iakem. Il dit que cet Emir - étant un jour forti de Bagdet pour aller à la chaffe, vit de loin une bande de Curdes qui paroiffoient fe retirer dans leur Province du Curdistan. Il lui prit auffitôt envie de fe divertir à leur faire peur, & il fondit fur eux avec fes gens comme s'il eût eu def fein de les dévalifer. Ces paffans, qui étoient en petit nombre, prirent auffitôt la fuite, croyant avoir affaire à un parti de brigans. Iakem au lieu de fe contenter de leur avoir donné l'allarme, fe mit à leur pourfuite, & les harcela très-vivement; mais l'un d'eux fe fentant pourfuivi de trop

près,

Hégire 329. Ere Chr. 941.

près, fit fubitement volte face, & MOTARI. paffa fa pique au travers du corps du premier qu'il trouva fous fa main, & l'étendit mort fur la place. C'étoit Iakem que ce Curde tua fans le connoître. La mort de l'Emir déconcerta fes gens ; ils le releverent, & l'emporterent à Bagdet,& les Curdes continuerent tranquillement leur chemin. Motaki ne fut pas fâché de fe voir débarraffé d'un homme qui par fes hauteurs s'étoit rendu infupportable, & il regarda fa mort comme un événement heureux dont il falloit profiter pour remettre le califat en vigueur, & le rétablir dans tous fes droits. Mais il étoit trop tard pour y penfer; la charge d'Emir-al-Omara étoit devenue fi importante, qu'il n'y avoit plus moyen de prétendre la fupprimer. Elle faifoit l'objet de l'ambition de plufieurs Princes: & d'ailleurs la milice Turque dont on avoit réuffi à anéantir l'autorité fous les Califes précédens, l'ayant recouvrée entierement fous un Emir de leur nation, vouloit abfolument que cette charge demeurât dans leur corps, & qu'on la déférât à un de leurs Commandans.

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Мотлки.
Hégire 330.

Ere Chr. 941.

Baridiens.

Ces différentes prétentions mirent tout en combuftion dans Bagdet. On Origine des y vit d'abord arriver un Prince de Bafrah, qui follicita vivement cette charge, & qui demanda d'être du moins nommé Généraliffime de la milice Turque, fi on ne lui donnoit pas la dignité d'Emir.

Ce Prince s'appelloit Abdallah; on l'avoit furnommé Baridi, qui fignifie Général des poftes, parcequ'il avoit autrefois poffédé cette charge à Bagdet. Il étoit devenu fi puiffant fous le califat de Rhadi, qu'il s'étoit rendu maître de Bafrah, après l'avoir enlevé à Raïk: il s'étoit auffi emparé de Vaffeth & de toute la Province d'Ahuez. Il fut chef d'une famille qui caufa beaucoup de troubles dans l'Etat. Les Princes de fa maifon hériterent de fon furnom, & furent appellés les Baridiens.

Abdallah n'eut pas le tems de faire de longues follicitations. Dès que les Turcs furent informés de l'objet de fon voyage à la cour, ils prirent les armes, & forcerent ce Prince & toute fa fuite de fortir de Bagdet. Ils allerent enfuite au palais &, demanderent à grands cris que la char

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