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Hégire 332.

MOTAXI. de forte que cet Emir lui ayant enEre Chr. 943. voyé un écrit figné de fa main, & contrefigné par les principaux Docteurs de la loi, par lequel il s'obligeoit envers le Calife d'observer religieufement tout ce qu'il avoit promis aux envoyés de ce Prince, Motaki prit congé d'Akschid & des Princes Hamadanites, & partit pour Bagdet avec fa famille, fans avoir avec lui une escorte convenable.

Mégire 333. Ere Chr. 944.

Tozun feint

Tozun averti de la marche de ce Prince alla au-devant de lui, & le. de fe réconci- rencontra à une journée de Bagdet. lier avec lui. Dès qu'il l'apperçut, il mit pied à terre pour lui rendre hommage; & tenant l'étrier du cheval de Motaki, il le conduifit ainfi pendant un longefpace de chemin, en lui faifant toutes les foumiffions poffibles. En même-tems il dépêcha un courier à Abdallah-Aboul-Caffem, fils de Moktaphi, & petit-fils de Mothaded, pour lui annoncer tout ce qui fe paffoit, & l'avertir de fe tenir prêt pour le grand coup qu'on va lui voir exécu

abdiquer le

ter.

11 Poblige à Il continua de rendre les plus califat. grands honneurs au Calife pendant le refte de la route; il le fit même

Hégire 333.

entrer dans Bagdet comme en triom- MOTAKT. phe, & le conduifit jufque dans l'in- Ere Chr. 944térieur de fon palais. Le Prince n'y fut pas plutôt entré, que Tozun fit paroître Aboul-Caffem; & prenant alors un ton d'autorité, il dit au Calife qu'il falloit qu'il fe démît à l'inftant du califat, & que cette dignité alloit être transférée au jeune. Prince qu'il voyoit devant lui.

Motaki étonné d'un revers auffi affreux connut alors, mais trop tard, le tort qu'il avoit eu de s'en rapporter aux belles paroles du perfide Tozun. En vain voulut-il lui reprocher de manquer à la foi du traité, & au ferment qu'il lui avoit fait, il fallut obéir, & le malheureux Motaki eut le chagrin de voir proclamer Calife en fa préfence Aboul-Caffem, à qui Tozun fit prendre le nom de Moftakfi-Billah.

C'eft ainfi qu'après environ quatre ans de regne, paffés dans des traverfes continuelles, l'infortuné Motaki fut tout-à-coup dépouillé de fes Etats. Tozun non content d'avoir fait tomber du trône un Prince à qui il étoit redevable de fa fortune, pouffa la› eruauté jufqu'à faire crever les yeux By

MOTAXI. a fon bienfaiteur. Ce Prince vécut

Ere Chr. 944.

Hégire 333 ainfi vingt-cinq ans privé de la couronne & de la lumiere, jufqu'à ce qu'une maladie termina enfin fes jours & fes malheurs. Les Hiftoriens font l'éloge de la bonté & de la douceur de fon caractère; mais du refte ils conviennent qu'il n'avoit nul talent pour la conduite d'un Etat.

M. l'Abbé Renaudot rapporte dans fon Hiftoire des Patriarches d'Alexandrie, que ce Prince mourut en Egypte, où Akfchid lui avoit offert un afyle quelque tems après fon défaftre.

MOSTAKFI-BILLAH

XLI. CALIFE.

OSTAKFI prit folennelle- MOSTA KFT.

Hégire 333.

Mment poffeffion du trône après Ere Chr. 944.

la dépofition de Motaki. Il n'eut pas plus d'autorité que fon prédéceffeur, & fon regne fut bien plus court. Appellé à la couronne par les intrigues de Tozun, cet Emir le tint dans une dépendance peu différente de l'efclavage; & le Souverain vit fa dignité: réduite aux feules prérogatives de faire la priere publique, de donner les inveftitures, & d'être nommé fur la monnoie. Du refte, il n'eut aucune connoiffance des affaires. Tozun regla tout à fon gré : foutenu par la milice Turque & par la foibleffe même du Calife, il fe rendit tellement redouta-ble qu'il fut faire refpecter fes volonés même après fa mort.

MOSTAKFI.
Hégire 333.

Ere Chr. 944.

Tozun étant tombé malade, remit toutes les affaires entre les mains d'un Officier Turc nommé Schirzad d'Emir de pour les gérer fous fes ordres ; & fa vient hérédi- maladie s'étant confidérablement

La charge

taire.

Hégire 334.

augmentée, il difpofa de fa charge comme d'un bien héréditaire, & la tranfmit à ce même Schirzad de fa propre autorité.

Dès qu'il fut mort, le nouvel Emir Ere Chr. 945. entra en poffeffion de cette charge, & le timide Calife n'ofa lui en refufer l'inveftiture. Schirzad qui n'étoit ni moins violent, ni moins injufte que fon prédéceffeur, ne tarda pas à fe rendre infupportable par la tyrannie de fon gouvernement. Il la pouffa à un point, que les habitans de Bagdet, après avoir long-tems fouffert fans fe plaindre trop ouvertement, perdirent abfolument patience, & réfolurent de fe défaire d'un homme qui ne refpectoit ni la couronne, ni même l'humanité.

Les habitans je Bagdet im

Après que l'on eut tenu fecreteplorent le fe- ment plufieurs conférences fur les cours des moyens qu'on employeroit pour réuf tre Schirzad. fir dans une entreprife auffi délicate,

Bouides con

on trouva que le plus für étoit de fe. mettre fous la protection des Princes

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