Hégire 339 Miféricorde de Dieu. Quelques Hif- MOTH toriens, ajoute ce même Auteur, Ere Chr. 950. rapportent que lorfque les Karmates enleverent cette Pierre de la Mecque en leur pays, on employa quarante chameaux des plus gros & des plus forts pour la porter, lefquels cependant fe lafferent tous l'un après Pautre fous fon poids; mais lorsqu'il s'agit de la rapporter à la Mecque un feul chameau affez maigre la porta facilement, & même s'engraiffa dans le chemin. Le même Auteur dit de plus, que les Califes firent enchaffer un morceau de cette Pierre dans le feuil de la porte de leur palais : ce qui obligeoit tous ceux qui y entroient de le baifer, & ils s'attirerent par-là une grande vénération. Il ne nomme point le Calife à qui cette idée vint dans l'efprit. Au refte, fi ce fut Mothi, on peut dire que ce fut la feule chofe remarquable qu'il ait faite dans fa vie; & qu'il eut fans doute raifon de chercher un moyen de s'attirer de la part des peuples quelque appa-rence de refpect, puifque par luimême il ne faifoit rien qui fût capable de mériter l'eftime de fes fujets. Hégire 340. & fuiv. Ere Chr. 95. & fuiy. Hégire 347. Ere Chr. 958. Tous les regards étoient tournés: fur l'Emir-al-Omara ; lui feul dispofoit des charges & des graces: ainfi on ne connoiffoit que lui dans l'Empire. C'étoit à lui que s'adreffoient les vœux & les refpects des peuples. Moëzeddulat, Prince Bouide, qui étoit alors revêtu de cette charge, s'en aquittoit d'une façon à fe concilier l'amitié des Mufulmans; car excepté la conduite qu'il tenoit à P'égard des Califes, à qui il ne laiffoit aucune autorité, il avoit attention d'ailleurs à procurer le bonheur des peuples, en entretenant l'abondance dans Bagdet, & en faifant rendre exactement la juftice. Il s'y étoit appliqué plus particulierement, depuis la violente fecouffe qu'il avoit eu à effuyer de la part de Naffer'Aldoulat, Prince Hamadanite; & il vouloit parer une feconde infulte, en engageant les peuples à prendre fa défenfe, & même à feconder le deffein qu'il méditoit de fe venger un jour de ce Prince. En effet, Moëzeddulat ayant pafMoëzeddu- fé quelques années à bien affurer fon fat déclare la autorité, & à fe concilier de plus en. fer-Aldoular. plus la bienveillance des peuples, guerre à Naf Hégire 347. partit fubitement de Bagdet à la tê- MOTHI. te d'une armée nombreuse, & entra Ere Chr. 948. dans la Méfopotamie, où il alla attaquer Naffer-Aldoulat dans Mofful fa capitale. Le Prince Hamadanite qui ne s'attendoit pas à cette irruption, fut contraint de prendre la fuite, & d'abandonner fes Etats, dont Moëzeddulat s'empara ainfi bien plus facilement qu'il ne l'avoit efpéré. Le Prince Bouide, maître de Mofful, étendit fes conquêtes dans les environs, & il paffa près d'un an dans ce pays, où il commandoit en fouve rain, tandis qu'en même tems il fe faifoit obéir dans Bagdet, où quoiqu'abfent, fes ordres étoient exécutés avec autant d'exactitude, que s'il eût été en perfonne à la tête des affaires. Il lui accor de la paix. Naffer-Aldoulat ayant inutilement Hégire 348. tenté des moyens pour fe relever de Erc Chr. 959, l'échec qu'il venoit de recevoir prit un parti qui lui réuffit plus heureufement que s'il eût agi à force ouverte. Il fit parler de paix à Moëzeddulat. Il y eut entre leurs députés plufieurs conférences, en conféquence defquelles ils fignerent un accommodement. Le Prince Hamada MOTHI. nite recouvra ainfi fes Etats, & le Hégire 348. Bouide retourna à Bagdet. Ere Chr. 959. Hégire 353. Saïff-Aldoulat, frère de NafferAldoulat, fut auffi obligé d'avoir recours à la négociation pour fe foutenir dans fes Etats. Ce n'eft pas qu'il n'eût encore des reffources pour faire face aux Grecs, qui jufqu'alors l'avoient vigoureufement pourfuivi; mais dans le tems qu'il avoit raffemblé des troupes pour marcher contre eux, il reçut des nouvelles affligeantes, qui l'obligerent, de penfer à fe défendre dans l'intérieur même de fes Etars, contre un nouvel ennemi qui machinoit fa perte. C'étoit ce même Négez, autreEre Chr. 964 fois fon efclave favori, à qui il avoit Négez fe ré- donné un riche gouvernement, & Saiff- Aldou- qu'il avoit nommé Général d'une par volte contre Jat. tie de fes troupes. Ce traître avoit déja fait porter des paroles à Moëzeddulat, à qui il s'engageoit de livrer inceffamment une des plus fortes places des domaines de fon maître. On ne dit point fi cette propofition fut écoutée ou non; peutêtre que Moëzeddulat ayant fait la paix avec un des Princes Hamadanites, ne voulut point traiter l'autre Мотни. en ennemi, & que Négez voyant cette indifférence, changea d'avis, Ere Chr. 564. & entreprit de faire des conquêtes pour lui-même. Il fe déclara donc ouvertement contre Saïff-Aldoulat, & débauchant les troupes dont ce Prince lui avoit confié le commandement, il réfolut de s'en fervir pour fe révolter contre lui, & s'établir en fouverain dans le gouvernement qu'il en avoit obtenu.. fait la paix a conjuration.. Cet affranchi prit donc les armes, Hégire 34 & fe mit à faire des conquêtes. Saïff- Ere Chr. 965. Aldoulat outré de cette perfidie, Saïff-Aldoulat penfa auffitôt à s'en venger; mais vec les Grecs afin de le faire plus furement, il & diffipe la. négocia avec les Grecs ; & dès qu'il eut fait fon accommodement, il marcha contre Négez, le battit, & le tua même de fa propre main. La mort de ce traître délivra le Prince de toute inquiétude, & il ne tarda pas à voir rentrer fous fon obéiffance la plupart des places qui s'étoient prêtées à la révolte de fon affranchi. Ce Prince mourut deux ans après, Hégire 356. & laiffa fes Etats à Al-Emir-Schérif Ere Chr. 967. fon fils, à qui le Calife donna le fur- Sa mort.... nom de Saad-Aldoulat, qui fignifie |