Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ere Chr. 934.

RHADI. fous leur puiffance la plus grande Hégire 322. partie de l'Orient. Les trois Arabies, la Syrie, l'Egypte, la Perfe, la Méfopotamie, avoient reçu la loi de ces Conquérans, & ils y exerçoient l'autorité fouveraine par le ministère des Gouverneurs qu'ils nommoient pour veiller fur ces différentes Provinces.

Ce vafte Empire fe conferva ainfi dans toute fon intégrité, jufqu'au regne du célebre Mamon, qui ayant eu l'indifcrétion de donner le Khoraffan en fouveraineté à l'un de fes Généraux nommé Thaher, fut caufe que d'autres Gouverneurs folliciterent dans la fuite, & obtinrent les mêmes priviléges. Ils n'en jouirent néanmoins d'abord que fous la réferve de l'inveftiture que le Calife leur en donnoit; mais quelques-uns d'entre-eux abufant bientôt de la facilité du Souverain, entreprirent de fe fouftraire à toute dépendance, & ne voulurent pas même fe foumettre à demander l'inveftiture.

A ces rebelles il s'en joignit d'autres, qui fous le fpécieux prétexte de remettre la Couronne fur la tête des Alides, qu'ils regardoient com

Ere Chr. 934

me les véritables Souverains, refu- RHADI. ferent toute obéiffance aux Abbaffi-égire 322. des, marcherent contre eux les armes à la main ; & ne pouvant réuffir dans leur projet principal, ils vinrent du moins à bout de fe faifir de quelques démembremens de l'Empire Mufulman, & de s'y établir en toute fouveraineté.

Telle fut l'origine des différentes dynafties qui s'éleverent coup fur coup dans l'Empire des Arabes, & qui s'attribuant fucceffivement diverfes portions de ce vafte Etat, refferrerent tellement les Califes, qu'elles ne leur laifferent prefque d'autre domaine que dans le territoire de Bagdet. Les Thahériens, les Tholonides, les Soffarides avoient commencé depuis long-tems à déchirer cet Empire; d'autres marchant fur leurs traces, & s'enrichiffant de leurs dépouilles, s'emparerent des Provinces qu'ils a*voient envahies, & s'y foutinrent la plupart avec bien plus de fuccès.

C'eft ainfi que fous le regne que je vais décrire, l'Irak Perfienne, & la Perfe proprement dite, tombent fous la puiffance des Bouides, auffi-bien que le Tabareftan, le Giorgian & le

Ere Chr. 934.

RHADI. Manzaderan. La Méfopotamie reHégire 322. connoît pour Princes les Hamadanites. Les Samanides occupent le Khoraffan & toute la Tranfoxane; les Karmates font maîtres des Provinces de Bahrein & d'Iemamah dans l'Arabie. Les Fatimites déja maîtres de l'Afrique, s'emparerent enfuite de l'Egypte & de la Syrie fur les Akfchidiens, qui de Gouverneurs qu'ils étoient d'abord, s'étoient érigés en Souverains. Voilà en peu de mots quelle fut la pofition de l'Empire Mufulman fous le regne de Rhadi-Billah, & de fes fucceffeurs.

Rhadi eft proclamé Ca

life.

Ce Prince fut proclamé folennellement Calife à Bagdet, le jour même de la dépofition de Caher-Billah fon frere. Tout paroiffoit annoncer de fa part un regne très-heureux. En effet, Rhadi étoit d'un caractère excellent, libéral, doux, affable, bienfaifant, amateur des Lettres & des Savans. Il fembloit qu'on alloit voir renaître les beaux jours d'Almanfor & de Mamon; mais toutes ces belles qualités dont on avoit lieu d'ef pérer tant d'avantages, produisirent infenfiblement la ruine de l'autorité califale. Son extrême bonté dégé

nérant en foibleffe, il suivit les per- RHADI. nicieux exemples de quelques-uns Ere Chr. 934 Hégire 322. de fes prédéceffeurs, en accordant ou en confirmant des graces & des priviléges, qui firent dans la fuite prefqu'autant de Souverains qu'il y avoit de Gouverneurs affez ambitieux pour rechercher cette prérogative, & affez puiffans pour s'y fou

tenir.

Rhadi fignala le commencement de fon regne, en rendant la liberté à tous ceux que fon prédéceffeur ayoit fait arrêter. A cette nouvelle, tous les exilés reparurent, tant ceux qui l'avoient été par ordre du cruel Caher, que ceux qui s'étoient éloignés d'eux-mêmes, pour ne point être expofés aux emportemens d'un Prince auffi féroce.

Hégire 323.

Moclah, aux intrigues duquel Rha- Ere Chr. 935. di étoit redevable de la couronne, Le Vilir parut auffi à la Cour, & il fut réta- Moclah eft bli dans fa charge de Vifir. Ce Mi- tétabli niftre, quoique privé de la main droi

Caher lui avoit fait couper, te que reprit fes fonctions, & figna toutes. les expéditions avec autant de facilité qu'auparavant. Il avoit imaginé, à cet effet une efpece de reffort qu'on

[ocr errors]

1égire 323. Ere Chr. 935.

RHADI. lui attachoit au poignet, & en mettant une plume dans ce reffort, il s'en fervoit fort bien, & écrivoit affez lifiblement.

Inftitution

Omara.

le

Après quelques mois de regne, de l'emir-al- Calife, foit qu'il ne fe fentît pas affez fort pour foutenir le poids du. gouvernement, foit qu'il ne voulûr pas s'en donner la peine, fit venir à Bagdet un Mufulman de diftinction appellé Raïk ou Ratek, & remit entre fes mains l'adminiftration générale des troupes & des finances. Il créa en fa faveur le titre éminent d'Emir-al-Omara, qui fignifie Commandant des Commandans. Par-là il obfcurcit l'autorité du Visir, qui dèslors fe trouva borné au fimple emploi de Secrétaire du Calife', fubordonné à cet Emir.

Hégire 3 24.

213

Le Vifir Moclah, fenfiblement Ere Chr, 936. touché d'un établiffement fi contraire à fes intérêts, prit dès cet inftant la réfolution de fe venger fur Raik lui-même, & de perdre un homme dont l'immenfe crédit anéantifsoit toutes les charges de la cour, & principalement celle du Vifir; mais il fallut du tems pour venir à bout de ce deffein, & ce ne fut que deux

« AnteriorContinuar »