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Ere Chr. 967.

MOTHI. le bonheur de l'Etat. C'étoit en reHégire 356. connoiffance des fervices du père, qui avoit toujours paru porté pour les Califes, contre les entreprises audacieuses des Emirs-al-Omara. Saïff-Aldoulat fut un des plus grands Princes de fon tems. Il fit voir une bravoure & une intrépidité peu commune, dans les guerres qu'il eut avec les Grecs. Il fut néanmoins fouvent obligé de plier fous leurs efforts; mais il eut à fon tour de grands avantages, & augmenta fes domaines de plufieurs provinces qu'il conquit fur

Abutagleb s'empare du gouvernement.

eux.

Il regardoit les démêlés qu'il eut avec les Chrétiens comme des guerres faintes. Ce fut ce qui l'engagea à faire ramaffer foigneufement la pouffiere qui s'attachoit à fes habits dans ces différentes expéditions; & lorfqu'il y en eut une certaine quan tité, il en fit faire une maffe en forme de brique, qu'il ordonna que l'on mît fous fa tête lorfqu'il feroit dans le tombeau.

La mort de Saïff-Aldoulat fit une impreffion fi forte fur l'efprit de Naf fer-Aldoullat fon frere, que ce Prince, qui étoit déja âgé, en tomba mala

Ere Chr. 967..

de; & fa tête s'affoiblit tellement, MOTHA que l'on crut devoir l'éloigner du Hégire 356. commerce du monde. Abutagleb fon fils l'envoya au château d'Ardaman, & fe mit enfuite en poffeffion de Mofful & de tout ce qui lui appartenoit.

Cette même année mourut auffi le Mort de fameux Moëzeddulat, Prince Boui- Moëzeddulats de, & frère d'Amadeddulat & de Rokneddulat: ce Prince porta la dignité d'Emir au plus haut point qu'on Feût encore vue fous aucun Calife. Il laiffa tous fes biens & fon autorité à fon fils Azzeddoulat, connu autrement fous le nom Perfien de Bakthiar, qui fignifie heureux.. Moëzeddulat laiffa après lui une grande réputation, qu'il s'étoit acquife par fon mérite perfonnel, par fon courage, & par l'élévation de fon efprit. Il fut encore plus eftimé des Alides que de tous autres, à cause du foin qu'il prit de faire graver fur la porte des mofquées la malédiction lancée contre les Ommiades, qui avoient fignalé leur cruauté contre la famille d'Ali. Il y avoit long-tems que cette excommunication étoit en vigueur; mais on fe contentoit de

Ere Chr. 967.

MOTHI la prononcer de vive voix; & ce fut Hégire 356. Moëzeddulat qui ofa le premier la faire graver fur la porte de la mofquée de Bagdet. La voici telle qu'elle eft rapportée dans la Bibliotheque Orientale:

contre les Om

miades,

Malédiction Dieu a maudit Moavie fils d'Abou Sofian, & celui qui a ôté la terre de Fidek aux héritiers de Fatime, & celui qui a empêché que l'on enterrât Haffan fils d'Ali auprès de Mahomet fon grand-père, & celui qui a empêché qu'Abbas ne fût mis au nombre de ceux qu'Omar avoit marqués & défignés pour être les légitimes prétendans au califat; & que Dieu veuille combler tous les habitans de cette ville de paix, d'années & de graces.

On obferve que quelque tems après que cette excommunication eut été ainfi gravée, il y eut des gens affez hardis pour l'effacer, & pour mettre à la place Dieu maudiffe ceux qui font violence aux perfonnes qui font ifjues du Sang du Prophétè. C'étoit un reproche fanglant qu'on faifoit à Moëzeddulat, de fulminer une excommunication contre ceux qui avoient enlevé le califat aux Ali

des, tandis que lui-même tenoit le MOTH1. Calife fon fouverain en fervitude, Ere Chr. 967.

& ne lui laiffoit aucune autorité.

fuccéda à Moë.

Mothi qui étoit accoutumé à ne fe Azzeddoulat mêler de rien, donna au fils de ce zeddulat. Prince l'inveftiture des domaines de fon père, & le reconnut pour Emiral-Omara, en lui donnant le drapeau & les autres marques honorables attachées à cette dignité. Azzeddoulat ne fut pas fi heureux que fon père. L'éminence de fa place excita l'ambition de fes propres coufins, qui réuffirent enfin à l'en dépofféder, comme on le verra bientôt.

La mort de Cafor qui arriva l'an Hégire 358. de l'Hégire 358, occafionna dans Ere Chr. 969. l'Empire Mufulman une révolution des plus confidérables. Cafor, après avoir gouverné l'Egypte avec beaucoup de fageffe, comme tuteur de Mohammed & d'Ali fils d'Akfchid, étoit enfin parvenu au point d'y com. mander fouverainement, fans cependant dépouiller fes pupilles de leur autorité. Ces Princes étant devenus majeurs, & ayant ou peu de goût, ou peu de capacité pour le gouvernement, lui laifferent tout pouvoir dans l'Egypte; de forte qu'on ne

Hégire 358.

Ire Chr. 969.

MOTRI. connoiffoit que lui, & on le regar doit même comme s'il eût été de la famille d'Akfchid ; c'est ce qui lui fit donner le furnom d'Al-Akschidi fous lequel il eft connu dans l'Hif

toire.

Les deux Princes Akfchidiens étant venus à mourir, Cafor fe faifit alors de toute l'autorité, & la conferva jufqu'à fa mort, fans penfer à la reftituer à un petit-fils d'Akschid qui y avoit un droit acquis par fa naiffance. Mais ce n'étoit qu'un enfant, dont on n'avoit rien à craindre d'ailleurs Cafor étoit für de la bienveillance des peuples, & il auroit été difficile de former-contre lui quelque entreprise avec un certain fuccès.

Cafor regna donc tranquillement; & quoiqu'il s'en fallût beaucoup qu'il fût né pour le trône, il fit voir cependant des qualités vraîment royales, qui lui attirerent les plus grands éloges des Auteurs de fon tems, & fur-tout des Poëtes, qui célébrerent à l'envi fa valeur, fa magnificence, & en particulier fon amour pour les Lettres. Tel étoit le point de grandeur où fe trouvoit élevé par fon mé

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