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ans après,qu'il tenta enfin cette entreprife, qui eut pour lui le plus malheureux fuccès.

Pendant ce tems-là, Raïk qui fe Hégire 225. voyoit dépofitaire de toute la puif- Ere Chr. 937. fance royale, s'en fervit utilement! pour lui-même, & fe comporta de façon avec les ennemis de l'Etat, que fans être obligé de prendre les armes contre eux, il établit une bonne intelligence entr'eux & les fujets du Calife.

les Karma

tes.

Les ennemis les plus formidables, Traité avec que l'on eût alors, étoient les Karmates, qui fous la conduite du bra ve Abou-Thaher leur Général, ravageoient cruellement les Etats du Calife, & en particulier l'Arabie, où ils s'étoient rendus fi redoutables, que l'on avoit été obligé d'interrompre le fameux pélerinage de la Mech que. Raik entama une négociation: avec Abou-Thaher, & il réuffit ens fin à modérer fes fureurs, & à le faire confentir à accorder toute fureté aux caravanes qui iroient à la Mecque. Le Général Karmate fe rendit aux inftances de Raik, moyennant une fomme de cinquantè mille diners d'or, que le Calife promit' de A iv dob

Hégire 325.

RHADI. lui payer tous les ans. On verra ceEre Chr. 937. pendant bientôt les Karmates peu: fidéles à leur parole, recommencer. les hoftilités avec autant de fureur qu'auparavant. Peut-être qu'ayant fait leur traité avec Raik, ils ne fe crust rent point obligés à en tenir les conditions, lorfque cet Emir fut dépoffédé de fa charge, par une fuite des intrigues que Moclah venoit d'employer pour le perdre.

Hégire 326. Ere Chr. 938.

Les intrigues

de Moclah font décou

contre Raik

vertes.

Ce Vifir, qui depuis long-tems mé ditoit la perte de Raik, imagina. un moyen qu'il crut.devoir réuffir. Ib écrivit au nom du Calife à l'un des principaux Officiers Turcs, nommé lakem, & fe plaignit de latyrannie qu'exerçoit Raïk depuis qu'il étoit revêtu de la charge d'EmiralOmara. Il demandoit à être délivré d'un homme que fa trop grande autorité avoit rendu infolent. A cet effet il prioit lakem de fe rendre promtement à Bagdet, afin de prendre le commandement général des troupes, & il lui recommandoit de venir affez bien accompagné pour faire tête à l'Emir, en cas que celuici voulût ufer de violence pour l'empêcher d'exécuter ce qu'on exigeoit de lui.

Hégire 326.

Malheureusement pour Moclah, RHADI. cette lettre fut interceptée. Elle tom- Ere Chr. 938. ba entre les mains de Raïk, qui auffitôt alla trouver le Calife, & le pria de lui dire quels pouvoient être les fujets de mécontentement qui l'obligeoient à le dépofféder de fa charge! Le Calife étonné de cette queftion, lui répondit qu'il confervoit les mêmes fentimens qu'il avoit toujours eus pour lui, & qu'il ne voyoit pas fur quoi fes plaintes pouvoient être fondées.

ter,

Raik ayant alors préfenté au Calife la lettre qu'il venoit d'intercepce Prince furpris de la hardieffe avec laquelle on avoit ofé abufer de fon nom, manda le Vifir, & lui reprocha d'entretenir des intelligences avec lakem le Turc. Meclah qui ne fe doutoit de rien, voulut nier d'abord qu'il eût aucun commerce avec cet Officier; mais le Calife lui ayant fait voir fa lettre, il n'y eut plus moyen de fe défendre; le Vifir refta fans réponse.

Cette infidélité fut punie fur le champ. On lui coupa la main qui lui reftoit; & comme cette punition, loin de l'humilier, ne fervit qu'à le

Hégire 326.

RHAD faire déclamer contre le Calife & Ere. Cht, 38, contre l'Emir, on le condamna de plus à avoir la langue coupée. Il fut enfuite chaffé de la cour, & vécut depuis miférablement jufque vers l'an 338 de l'Hégire, qui fut le tems de fa mort. *

*L'Hiftoire du Vifir Moclah eft rapportée un peu différemment par quelques Auteurs Arabes. Abulfarage & El-Macin ne difent point que ce Vifir ait eu les deux mains coupées, ni qu'il ait perdu fa main droite fous le Califat de Caher, comme je l'ai rapporté dans la vie de ce Calife. Scion ces Auteurs, Moclah ne perdit fa main droite que fous Rhadi, à l'occafion d'une lettre qu'il écrivit à ce Prince, par laquelle il lui confeilloit de faire arrê ter Raik, & de mettre en fa place lakem le Turc. Le Calife communiqua cette lettre à l'Emir, qui ayant par fa charge toute autorité dans Bagdet, fut bientôt vangé des confeils que l'on donnoit à fon défavantage. Cette affaire fut remife à la décifion des Magiftrats, qui conclurent que le Vifir auroit la main droite & la langue coupées,, comme pour un attentat commis contre le bien public. L'Hiftoire rapporte, dit El-Macin, que quand on lui Loupa la main, il parla ainfi Cette main avec , laquelle j'ai tranferit trois fois l'Alcoran', va être 55 coupée comme le feroit la main d'un voleur,,

:

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Le même Auteur dit que ce malheureux Vifir, après avoir perdu fa main droite & fa langue, fut confié dans un lieu bas du Palais Impérial, où il y avoit un puits; & que n'ayant perfonne pour le fervir, il puifoit de l'eau lui-même, en tirant la corde de fa main gauche & l'arrêtoit avec fes dents , pour la reprendre enfuite jufqu'à ce que le fceau fut à fa porée.

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On attribue à ce Vifir l'invention des caractères Arabes modernes, dont on fe fert encore aujour d'hui à la place des anciens que l'on appelloit couffi ques, & qui étoient fort groffiers. Cette découverte lui fit donner le furnom de Vadhé-Khath,

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RĦADY. Ere Chr. 939. Iakem obli

Hégire 327.

le Calife à

le nommer

Cependant foit que par dés rela tions antérieures ce Vifir eût trouvé moyen d'inftruire Takem de la foibleffe du ge que gouvernement, foit ce Ture ambitieux en fût informé par d'autres voies, il réfolut d'en profiter pour se mettre à la tête des affaires, & s'établir fur les ruines de Raïk.

!

Il s'approcha donc de Bagdet avec des troupes, & fe difpofa à faire le fiége de cette place. Raik fortit auffitôt bien accompagné, & entreprit de faire face à l'ennemi ; mais dès le premier choc il fut battu & mis dans une telle déroute, qu'il ne put pas même regagner Bagder pour en fermer les portes aux vainqueurs. Iakem entra donc triomphant dans cette ville, où il trouva tout en défordre dans la crainte où l'on étoit du maffacre & du pillage: mais cé Général fut contenir fes troupes ; & comme il n'afpiroit qu'à

B

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c'est-à-dire, auteur & inventeur de l'écriture.

Ce Vifir, qui avoit copié trois fois l'Alcoran, avoit auffi fait trois fois le pélerinage de la Mec-. que; & après sa mort il fut enterré trois fois, la premiere dans fa prifon, la feconde dans le Palais Impérial, & la troifiéme dans fa propre maison où il fut transféré à la priere de fes enfans, qui demanderent au Calife le corps de leur pere.

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