e

Les combinaisons poffibles de ces vingt-cinq lettres vont à un nombre, fi exceffif que l'on employe plus de -trente chiffres de fuite pour les compter;mais il feroit trés-inutile d'envenir à ce détail,puifque la plus part ne fignifieroient rien, &que dans les langues les plus riches& les plus copieufes, comme dans la Grecque, les racines d'où tous les autres mots fignificatifs font dérivés fe reduifent environ à trois mille, en y comprenant les particules indeclinables, & dans Hebreux environ à deux mille.

La combinaison des lettres forme les fyllabes,& les fyllabes forment les mots: Ily a pourtant des fillabes & des mots qui ne font que d'une lettre; comme, ô qu'il y a de plaifir à être foumis à Dieu! Où e fait une fyllabe, &o, i, a, font des fyllabes & des

mots.

Lafyllabe fuivant l'étymologie grecque fignifie affemblage;mais la fyllabe au fens des Grammeriens eft un fon ou une voix formée d'une ou de

B

plufieurs lettres. Toutes les voyelles peuvent feules faire desfyllabes parce que feules elles forment des voix parfaites; comme ami, élû, image, obole, uni, yvre. Deux confones de fuite entre des voyelles ; on joint la premiere avec la voyelle precedente, pour en faire une fyllabe,&la feconde avec la voyelle fuivante pour en faire une autre fyllabe, comme dans ce mot fyllabe où la premiere left jointe avec l'y pour faire la fyllabe, fyl & la feconde / avec l'a fuivant pour la fyllabe la.Il y a des fyllabes d'une feule voyelle; il y en a de deux lettres, comme je, te, pere, mere, extafe: de trois, comme moi, toi, lui, donner: de quatre, comme bail, bras, grandeur: de cinq, comme broüil-lards: de fix, comme prompt, a-voient, & de fept comme prompts, lo-geoient, man-geoient.Ily a auffi des mots d'une fyllabe,de deux,de trois,dequatre, de cinq,de fix,de fept,de huit,& de 9.

Si on accoûtumoit lesEnfans à faire reflexion fur toutes ces minucies, on

leur apprendroit à lire beaucoup plus promptement, & on les difpoferoit auffi à apprendre l'Ortographe: car on arrêteroit par ces reflexions la vivacité & l'empreffement qui les confond; au lieu qu'en leur apprenant à lire par routine& fans raisonnement, ils paffent fouvent toute leur vie fans fçavoir les premiers elemens de la lecture & de la Grammaire. Il ne faut donc pas s'étonner s'ils n'ont point de netteté d'efprit, & s'ils ne raisonnent point parcequ'on n'a pas cultivé leur raison, lorfqu'elle étoit flexible, &fufceptible detoutes les impreffions Du fon & de la prononciation des lettres dans les fyllabes & dans

a

les mots.

La lettre dans la compofition des mots conserve toûjours la prononciation naturelle devant les confones. Toute la difference qu'elle fouffre; c'eft que dansquelques mots elle fe prononce longue, comme bâton, pâté, & dans d'autres breve, comme cage, Dame,fage. Mais cette diffë

rence de longue & de breve n'eft pas particuliere à l'a: elle convient à toutes les autres voyelles fans qu'on en puiffe donner de regles certaines, nid'autres raisons que l'usage.

A devant e dans le mot de Caën conferve toute fa valeur, & fe prononce comme s'il n'y avoit pointd'e. Dans les mots tirés da Latin,comme Equateur, Equinoxe, Cæfar il perd toute fa force, & l'e feul fe prononce; enforte qu'on les écrit ordinairement fans a Equinoxe, Cefar, Cefure.

A devant i fait une diphtongue qui fe prononce comme un é fermé dans ces mots, plaire, plaifir, contraire, faire, affaire. Et comme une ouvert dans plufieurs autres ; comme faim, main, pain, aide, air, paix, &c..

Quand ai eft fuivi d'un l, l'a conferve toute fa force, & l'i ne fert qu'à rendre la prononciation del, moüillée, bail, bataille, mail, émail, vaillant, vaille, faille.

A devant uny final, ou devant un y fuivi d'une muet,fe prononce com

me une ouvert : May, vray, effay, playe, vraye, paye, effaye. Mais fi l'y eft fuivi d'un e mafculin & fer.né, ou d'un autre voyelle:Alors a fe prononce comme une fermé,& l'y comme un double i, payer, effayer, payant effayans, payons effayons, que l'on prononce comme s'ils étoient écrits, pe-iere, effe-ier &c. En d'autres mots comme ayeul, bayard, cayeu, bayonnette, Payen.

A conferve fa prononciation,&y,fe prononce comme un double ii.Dans ces mots : Paon, faon, Laon, Craon, a retient fa prononciation & l'o perd la fienne:au contraire dans ces mots, Aouft S. Laon, taon, faoul, faoule, Saone,riviere, l'a perd fa prononciation& l'o retient la fienne; car on prononce Out,Saint Lon,ton,fou,Sône. A devant u fait une diphtongue qui fe prononce comme o, mais la bouche plus ouverte, car il y a de la difference entre la prononciation entre haute & hotte.

Le b, ne reçoit point d'alteration