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de toute la Gaule, étoit, selon Strabon, le plus grand & le plus considérable de la Narbonnoise. Il étoit formé par un bras de la rivière d'Aude, qui avoit été détourné de son ancien lit par une grande jetée de pierres, depuis le village de Sallèles jusques à Narbonne, dans l'espace de sept milles; cette branche de l'Aude, devenue navigable dans cette ville, va se jeter de là dans un étang qui anciennement, de même que la rivière, portoit le nom de Narbonne; on lui donna dans la suite celui de Rubresus. On l'appelle aujourd'hui l'étang de Bages, de Peyriac & de Sigean. L'Aude coule dans un canal au milieu de cet étang dans l'espace de deux milles & va se jeter dans la mer au grau2 appelé la Nouvelle, à douze milles de Narbonne. On attribue à l'empereur Antonin Pie la construction de ce canal, comme nous verrons ailleurs. C'est par ce même canal que les vaisseaux entroient dans l'étang & remontoient ensuite par la rivière jusques à Narbonne.

La côte de Leucate est au midi & à vingt milles ou environ de cette ville. On3 prétend que les Grecs ou Marseillois l'appelèrent Leucata, à cause de la blancheur des rochers qui sont sur ce rivage. Les anciens ne connoissoient que le nom de cette côte; Leucate est aujourd'hui le nom d'un cap, d'un étang & d'une forteresse bâtie sur un rocher. Nous devons à Festus Avienus & à Sidonius Apollinaris la connoissance des îles voisines de Narbonne, situées entre la mer & les étangs qui règnent sur cette côte. Le premier qui les appelle Piplas y comprend la presqu'ile de Leucate. Ces îles sont celles de Gruissan, de Cauchenne ou Cauquenne, qu'on appelle aujourd'hui Sainte-Lucie, & de Lec, Licci ou Lecci. Il y a dans la dernière une église sous l'invocation de saint Pierre bâtie, à ce qu'on croit, sur les ruines d'un ancien temple de Jupiter. On peut comprendre dans le pays des Bébryces ou des environs de Narbonne quelques lieux dont il est fait mention dans les anciens itinéraires, tels que Ad vigesimum situé à vingt milles de cette ville, & Hosuerbas ou Userva. M. de Marca place le premier aux cabanes de Fitou, dans le diocèse de Narbonne, sur la route du Roussillon; on peut conjecturer, suivant la distance. marquée dans les mêmes itinéraires, que la situation de l'autre étoit du côté de Homs sur l'Aude, à quinze milles au nord-ouest de Narbonne. Saint Jérôme fait encore mention d'un village qu'il appelle Vicus Atacis, dont on ignore la véritable situation; on sait seulement qu'il devoit être voisin de Narbonne & que le célèbre poëte Terentius Varro en étoit natif".

Outre les lieux dont nous venons de parler, le pays des Bébryces ou de Narbonne comprenoit encore tout le Razès, Pagus Redensis, dont il n'est fait mention que dans les temps postérieurs aux Romains7. On peut y ajouter le

Voir Marca Hispanica, p. 28 & seq. p. 33. On appelle grau, en Languedoc, du mot latin gradus, les baies, rades, golfes ou ports qui sont le long de la côte de la mer. De là vient aussi le nom d'échelles du Levant. (Note des Bénédictins.) Adrien de Valois, Notitia Galliarum.

4

Marca Hispanica, p. 33.

Saint Jérôme, in chronic.

Marca Hispanica, p. 81 & seq.

Un érudit contemporain qui a cherché à déterminer l'emplacement de ce vicus Atax, comme l'appelle réellement le chroniqueur Eusèbe (Vico Atace, in Provincia Narbonensi, éd. 1570, p. 65), a cru le retrouver dans la ville actuelle de Limoux, dont un

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Éd. origin.

t. 1, p. 56.

Carcassès avec Carcassonne sa capitale, qui, avant son érection en évêché, sous le règne des Goths, se trouvoit, à ce qu'on prétend', ainsi que le Roussillon, dans les limites de la Cité ou diocèse de Narbonne.

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Il paroît que Carcassonne, Carcasso ou Carcassum Tectosagum, étoit déjà une ville considérable du temps de César, puisqu'elle fournit à ce général des troupes auxiliaires dans les guerres qu'il eut à soutenir pour la conquête des Gaules. Pline la met en effet au nombre des villes qui jouissoient du droit latin, c'est-à-dire qui se gouvernoient par elles-mêmes. L'itinéraire de Bordeaux ne lui donne cependant que le nom de château, parce qu'elle n'étoit pas sans doute encore élevée à la dignité de cité ou de ville épiscopale, honneur qu'elle ne reçut que sous les rois visigoths au sixième siècle, comme l'on verra dans. la suite 2. Nous trouvons dans les itinéraires deux autres lieux qui paroissent

des quartiers, situé sur la rive gauche de l'Aude (Atax), portait au moyen âge & porte encore aujourd'hui le nom caractéristique de Tax ou Taïx. La ville basse à laquelle s'applique particulièrement le nom relativement moderne de Limoux (Limos ou Lymos en roman, Limosus en latin), aurait été elle-même habitée & populeuse des les premiers temps de la domination romaine, s'il faut prendre au sérieux les débris de toute espèce & les monnaies du haut empire que l'on y trouve en grand nombre toutes les fois que l'on remue un peu profondément le sol (M. FONDS-LAMOTHE, Sur l'antiquité de la ville de Limoux, in-8°, 1-11). Elle avait pour centre à cette époque la place actuelle du marché désignée alors sous le titre de Forum, comme nous l'apprend le nom de Porta Forona, donné à une des portes les plus anciennes de la ville. (Charte de l'année 1150).

Le Pagus Redensis, dont le territoire paraît avoir été beaucoup plus étendu sous les carlovingiens qu'il ne l'a été depuis, doit remonter lui-même à une haute antiquité, quoiqu'on ne le trouve mentionné nulle part avant le moyen âge. Il devait ce nom, probablement celtique d'origine, au village ou à l'oppidum de Redae, qui avait encore une certaine importance au temps de Charlemagne, puisque le poëte Théodulphe le cite, après Narbonne

Les actes anciens la distinguent d'un château (fortia) détruit, puis reconstruit sous le nom de Ribes-Hautes-deMontfort, pendant les secousses terribles ici de la guerre des albigeois & du plan de Flacian ou Flaçan (lou pià de Flassa), dont le nom se nble indiquer aussi une localité romaine d'origine, villa ou burgus, comme on le disait déjà du temps de Fortunat.

* Il parait pour la première fois dans une charte de Charles le Chauve du 2 juillet 854. En 982 el e portait encore le titre de vicus, qu'e le a échangé depuis contre ceux de villa & de burgum. (Acte de 1171.)

& Carcassonne, comme une des villes les plus considérables de cette région de la Gaule:

Inde revisentes te, Carcassona, Redasque,
Moenibus inferimus nos cito, Narbo, tuis.

(THEODULF. Carm. l. 1, c. 1, v. 141-142.) C'est cette métropole, oubliée depuis longtemps aussi & représentée aujourd'hui par le triste village de Rennes (on écrivait anciennement Règnes), qui paraît avoir imposé son nom aux bains de Rennes, très-connus eux-mêmes & très-fréquentés à l'époque romaine, comme le prouvent les remarquables débris que l'on recueille depuis plusieurs siècles dans les substructions & au voisinage des thermes antiques 3. — Il est singulier de voir, aux deux extrémités de la France, les ethniques Redensis (Pagus Redensis) & Redones (Civitas Redonum), empruntés évidemment au même radical, aboutir des deux côtés au nom moderne de Rennes, qui suppose, il est vrai, une première altération latine. [E. B.] 'Pline, 1. 3, n. 5.

La ville de Carcaso, dont l'existence remonterait au temps de Jules César, s'il fallait en juger par quelques manuscrits des Commentaires', était

Voir notamment les beaux fragments du bige votif de bronze découverts il y a plus d'un sièce, au village de Fa, près de Rennes, & les curieux ex voto de marbre ecue.llis tout récemment par M. de Fleury dans les ruines de l'établissement lui-même.

Multis praeterea viris fortibus Tolosa, Carcasone & Narbone, quae sunt civitates Galliae pro inciae finitimae, ex his regionibus nominatim evocatis (CAES, de Bello Gall. lib. 3, c. 20). Il faut dire pourtant que les plus anciens de ces manuscrits omettent le mot Carcasone, & que M. Carl Nipperdei le supprime dans sa nouvelle édition des Commentaires. (C. lul. Caesaris Comment. edid. Carl. Nipperdei; & Fr. Ochler, Lips. Teabn, 1853.)

avoir été de son district, savoir: Cedros, qui en étoit à huit milles vers Toulouse, à peu près vers le village qu'on appelle aujourd'hui Caux, & Liviana, entre Narbonne & Carcassonne, à onze milles de celle-ci & à vingt-sept de

déjà une ville romaine au temps de Pline, qui la cite sous le nom latin de Carcasum' dans la liste des oppida latina de la Province, dressée par lui d'après des documents officiels perdus aujourd'hui. Mais on ignorerait encore à quelle époque & par qui elle avait reçu cet honneur, sans la découverte récente (1847) d'une inscription gallo-romaine que nous reproduisons d'après la lecture, fort exacte d'ailleurs, qu'en a donnée M. Ernst Herzog dans l'Appendix epigraphica de sa Gallia Narbonensis. (Lipsiae, Teubner, 1864):

C COMINIO. C. F.
VOLT. BITVTIONI
PRAIT. C. I. C.

(Append. epigr. n. 266.)

Ce texte, assez peu remarqué à Narbonne, à l'époque où il avait été déposé dans le musée de la ville, ne paraît pas avoir beaucoup frappé de prime abord M. Herzog lui-même, qui le croyait originaire de Narbonne & qui le signalait comme tel à M. Mommsen, l'un des éditeurs du nouveau Corpus inscriptionum Latinarum, publié par l'Académie royale de Berlin. C'est comme inscription narbonnaise, en effet, qu'on le trouve reproduit dans le premier volume de ce grand recueil (n. 1488), où il avait trouvé accès à cause de l'orthographe archaïque du mot PRAIT (or) & du titre de praetor lui-même, antérieur, comme on le sait, à celui de duumvir, qui devient général à partir du règne d'Auguste. La dernière des trois sigles qui terminent la troisième ligne de l'inscription représentait, dans cette hy

Oppida latina... Carcasum Volcarum Tectosagum. (PLIN. edid. Sillig. & Lud. Iahn, lib. 3, c. 4 [5].) - Elle est désignée chez Ptolémée sous le nom de Kapazaó (Edid. L. Renier, p. 288); - sous celui de Carcassione dans la Table théodosienne; & de Carcassone dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, où elle ne figure plus que comme castellum: Castellum Carcasone (édit. L. Renier, Ann. des Antiq. de France, 1850, n. 559.

3 Ces documents sont les Commentarii Agrippae, auxquels Pline se réfère à plusieurs reprises dans le troisième livre de son Histoire naturelle; la grande carte géographique peinte à fresque sur les murs du portique d'Octavie, terminé aux frais d'Auguste (voir Pline, 1. 3, c. 3), & la Formula Provinciae, à laquelle Pline tait allusion à la fin du chapitre que nous venons de citer: Adjecit formulae Galba imperator. (PLIN. 1. 3, c. 4 [51.) — Voir sur ces intéressantes questions la belle dissertation de M. le professeur Ritschl: Vermessung des Roem. Reichs; Rhein. Museum, 1842, p. 481, § 55.

4 Cujus aetatis esse constat titulum Narbonensem alterum, simul et repertum et servatum, item ab Herzogio mecum communicatum hunc..... cum nominet Coloniam Iuliam Claudiam, nam sic notas recte interpretatus est erzogius, collata Henzeniana, n. 2258. (Corp. inscr. Latin. P. 274, n. 1488.)

pothèse, l'épithète Claudia, que la colonie de Narbo-Martius paraît avoir reçue de l'empereur Claude au même titre & en même temps que la colonie de Lugdunum, dont elle restait au moins nominalement l'égale.

La ville de Narbonne, à laquelle le monument se trouvait ainsi attribué, était désignée, à l'époque impériale, sous les sigles C. I. P. C. N. M., dont on n'aurait ici qu'une ecloga bien incomplète, puisqu'il y manque précisément celles des deux mots Narbo Martius qui en forment la partie essentielle & concluante. Le titre archaïque de praitor municipalis, qui disparaît d'assez bonne heure pour faire place à celui de duumvir, ne se concilierait pas beaucoup mieux avec l'épithète Claudia que la ville ne portait point encore au temps d'Auguste, comme le prouve la célèbre inscription de l'Ara Narbonensis, dédiée dans les dernières années de ce prince. Comment oublier d'ailleurs que le magistrat dont il est ici question appartenait à la tribu Voltinia, c'est-à-dire à une tribu bien distincte de la tribu Papiria, dans laquelle étaient inscrits, comme on le sait, tous les Narbonnais d'extraction libre, tous ceux au moins qui possédaient le titre de citoyen romain ?

La présence du monument dans le musée de Narbonne, où il était coté sous le n° 1527, ne prouvait point d'une manière absolue qu'il eût été découvert dans les ruines de la ville ou extrait de ses murailles comme l'ont été, à diverses époques, la plupart des bas-reliefs & des marbres inscrits qui y figurent. On ne le trouve reproduit ou mentionné par aucun des anciens épigraphistes qui en ont relevé les textes au seizième ou au dix-huitième siècle, & en prenant des informations plus précises sur la provenance de ce monument, dont l'attribution en était venue à l'embarrasser sérieusement, M. Herzog lui-même avait acquis la certitude qu'il n'appartenait point à la ville de Narbonne, comme il l'avait cru de prime abord, & comme on l'avait

5 Elle y est constamment désignée sous les sigles C. I. P. N. M. (Voyez les notes précédentes & le recueil des inscriptions de Narbonne à la fin du tome II.)

6 Nous remarquerons incidemment que ces indications se trouvent fréquemment associées, à Narbonne, à des noms tout celtiques, comme celui de Cominius Betutio, dont le cognomen lui-même n'était qu'un diminutif archaïque du nomen Betutius ou Betutia, qui nous est connu par d'autres inscriptions narbonnaises.

7 Il y est signalé & expliqué, malgré son origine étrangère, comme un monument narbonnais antérieur, il est vrai, au temps d'Auguste, où la colonie était administrée par un magistrat portant le titre de préteur.» (Catalogue du Musée de Narbonne, 1864, p. 26.)

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l'autre ; ainsi ce dernier lieu ne devoit pas être éloigné de la baronnie de Capendu.

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De tous les Volces Tectosages, les Toulousains étoient les plus célèbres. Ces peuples, que les anciens Latins appellent Tolosates, Tolosati' & Tolosenses, étoient limitrophes de l'Aquitaine & occupoient tout le pays qui compose aujourd'hui la métropole ecclésiastique de Toulouse, & qui renferme le diocèse

cru d'après lui. Il y avait été transporté du village de Rieux-Mérinville, situé à moitié chemin entre Narbonne & Carcassonne & probablement dans le territoire de Carcasum, dont les limites se trouvaient indiquées, sinon tracées, du côté du sud par cette découverte.

Si le C majuscule qui termine la troisième ligne n'était, comme tout l'indiquait, que la sigle, c'està-dire la première lettre du nom de Carcassonne (Carcaso ou Carcasum), dans le territoire de laquelle le monument avait été découvert, il devenait facile d'interpréter les deux sigles qui précédaient cellelà. Elles ne pouvaient représenter que les deux mots Colonia Iulia, & elles nous apprenaient que la ville de Carcassonne, érigée en ville latine (colonia latina), comme beaucoup d'autres villes celtiques de la Province, avait pris, comme plusieurs d'entre elles, le titre de Iulia, soit en mémoire du dictateur qui leur avait accordé cette faveur, soit en souvenir de la Lex Iulia municipalis qui avait servi de type à l'organisation municipale de la plupart des villes latines de la Province. Il ne faut point oublier cependant qu'il existait à Narbonne, vers le même temps ou peu de temps après, des Cominii dont la famille y aurait joué aussi un rôle considérable, s'il faut en juger par une belle inscription romaine du premier siècle encastrée encore dans les anciens murs de la ville, démolis aujourd'hui en partie. Celui auquel est dédiée cette épitaphe, moins bien conservée, il est vrai, que celle du

8 Olim: In dissertatione de Galliae Narbonensis przetori'us municipalibus, (Lipsiae, 1862, p. 5, 35, § 55.) falsa loci i licatione deceptus cum audivissem Narb.ne titulum es e reperum, ad Narbonem retuleram, ut CIC esset Colonia Kulia) Cílandia).

Fitre le village de Rieux-Mérinville & celui de Moux. que M. Herzog attribue à Narbonne, en s'appuyant sur une inscription découverte dans ce village. Append. epigr. n. 78.) Da côté de Toulouse, cette limite serait marquée d'une manière plus précise encore (voir la Table th odosienne & Itinéraire de Pordeaux à Jerusalem, entre les stations d'Elu io St celle de Sot magus (Castelnaudary), qui appartiend ait, comme celle d'Hebromagu (Bram), au territoire de Carcassonne.

10 Nous reproduisons ici ce texte important que ne connaissait probablement polat M. Herzog à l'époque où il publiait

practor de Carcaso, y avait exercé successivement les hautes fonctions d'édile & de duumvir, & il joignait à ces deux titres le titre archaïque d'interrex, qui se serait conservé en Gaule & à Narbonne beaucoup plus longtemps que dans le reste de l'Empire".

Quant à la ville romaine dont l'existence nous est attestée par ce précieux témoignage, il est presque inutile de rappeler qu'elle n'a rien de commun avec la ville actuelle de Carcassonne, qui n'est autre chose qu'un bourg ou faubourg, formé par voie d'expansion sur la rive gauche de l'Aude. Elle était assise de l'autre côté du fleuve, sur l'éperon ondulé que couronnent encore les murs wisigothiques & féodaux de la Cité, bâtis & rebâtis à plusieurs siècles d'intervalle sur les bases des murs

romains qui entouraient à l'époque impériale la Colonia Iulia Carcaso. [E. B.]

Il faut évidemment lire Tolosani, car le mot Tolosati n'existe pas. [E. B.]

sa Gallia Narbonensis, car il l'eût inséré tel que Gruter l'a donné (p. 335) dans le Recueil d'inscriptions municipales qui forme le complément de son livre :

T. COMINIVS CF ▾ P
DVOMMR AEDILIS
INT. RREX

L'état actuel du monument ne permet pas de décider si le mot en partie disparu qui suivait les deux sigles C. F. était un cognomen ou le nom de la tribu Pațiria (PAP), ce qui ferait alors du mot Juomi ir un cognomen. Le chanome Ruinouard qui a copié le premier le texte de l'inscription (19391564) lisait ou croyait lire PO, ce qui trancherait la question en faveur d'un cognomen grec, ro nain ou celtique.

"Un savant legiste allemand, M. Rein d'Eisenach, asstrait formellement, dans un récent travail, que le titre de cette magistrature extraordinaire, déjà rare à la fin de la Republ que, disparait complétement à partir de l'époque impériale: In der Kaiserzeit war natürlich nicht mehr daran zu sonhen. (Dr Pauly's, Encyclop. sub voce Interrex.) Nous retrouvons le mot interrex, employé comme cɔ nomer cate fois, dans une inscription archaïque de Nimes, que nous 16produisons ici d'après M. Herzog:

C ANNIVS C F • COR

INTERREX VOVIT

POSVIT

-

(Gall. Na) bon, Appead, epigr. u. 175-)

de cette ville avec ceux de Montauban, de Lavaur, de Saint-Papoul, de Mire-
poix, de Pamiers, de Rieux & de Lombez. Ces peuples jouissoient du droit
latin', & par conséquent leur gouvernement étoit libre.

Toulouse, Tolosa Tectosagum, étoit leur capitale. Sa situation sur la rivière
de Garonne, au milieu d'un pays très-fertile, étoit des plus avantageuses, soit
pour le commerce, soit pour l'agriculture, ce qui lui procuroit l'abondance, sur-
tout depuis que ses habitans, après avoir abandonné l'exercice des armes, ne
s'adonnoient plus qu'à la culture des terres & au gouvernement2 politique. Il
n'est pas aisé de fixer l'époque de sa fondation. Il paroît seulement, sur le témoi-
gnage de Justin, qu'elle subsistoit au cinquième siècle de la fondation de Rome
& dans le temps de l'expédition des Tectosages dans la Grèce3. Les Romains,
après avoir conquis le pays des Volces, la mirent d'abord au nombre des villes
alliées à leur République ; ils y établirent dans la suite une colonie romaine qui
devint riche & puissante. Elle étoit déjà célèbre avant la conquête des Romains.
par deux temples d'Apollon & de Minerve, & c'est peut-être ce dernier qui lui
fit donner le nom de Palladienne, Palladia1, autant que les belles-lettres qu'on
y cultivoit avec soin 5. Plusieurs fameux rhéteurs enseignèrent, en effet, dans

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Acta S. Saturnini, apud dom Ruinart, Acta
sincera. Voir Catel, Mém. p. 112. & au tome II de
cette édition les preuves, chroniques. (E. M.)

5 Il serait presque inutile, après ce que nous
avons dit dans plusieurs des notes précédentes,
d'examiner & de discuter une à une les opinions
erronées que l'on s'est faites pendant des siècles sur
les origines de la ville de Toulouse, dont on reculait
l'existence comme grande ville & comme métropole,
au moins jusqu'au troisième siècle avant notre ère.
Il nous suffira de rappeler en deux mots que ces
assertions complaisantes, dont les Bénédictins se
sont faits les échos dans un livre d'une incontes-
table valeur, reposent exclusivement sur un texte
légendaire de Justin, l'abréviateur de Trogue-Pom-
pée, dont nous avons discuté ailleurs l'authenticité
& la portée '.

Le titre de colonie, sous lequel ils la désignent,
sur la foi du géographe Ptolémée, ne serait, dans
tous les cas, qu'un titre purement honorifique,
puisque nous savons de source certaine qu'elle figu-
rait encore au temps de Pline parmi les villes la-
tines de la Province', après avoir été honorée, dans

Voir au tome II, la Note CVI.

Oppida Latina..... Tolosani Tectosagum, Aquitaniae
contermini (PLIN. Hist. nat. 1. 3, c. 4 5. Voir sur cette
question que nous reprendrons plus loin les deux dissertations
publiées par MM. Benech & Humbert, dans les Mémoires
de l'Académie des sciences de Toulouse.

--

les premiers temps de la conquête, du titre de ville
alliée ou fédérée, comme nous l'apprend un texte
de l'historien Dion, sur lequel nous reviendrons
plus loin.
- Les monnaies de cette prétendue co-
lonie, qui aurait eu, comme Nemausus, son atelier
monétaire, n'ont jamais existé que dans le recueil
du faussaire de Goltz (Goltzius), qui inventait,
comme on le sait, des monnaies autonomes ou
coloniales à l'usage de toutes les grandes villes de
l'Empire, dont chacune retrouvait ainsi dans son
livre ses titres de noblesse... vrais ou faux'. — Les
deux temples si longtemps célèbres d'Apollon & de
Minerve, que l'on reportait sans hésitation à l'épo-
que gauloise, & dont l'un aurait valu à la ville
l'épithète de Palladia, sous lequel le poëte Martial
l'a désignée le premier (dans un tout autre sens
évidemment), ne reposent point, comme nous le
verrons bientôt, sur des fondements plus solides &
ne résistent pas mieux à un examen attentif.

-

Ce n'est en réalité qu'un siècle ou un siècle &
demi avant notre ère que commence ce que l'on
pourrait appeler l'histoire sérieuse de la ville, celle
qui repose sur les témoignages d'écrivains dignes de
foi, confirmés à leur tour par des monuments

3 COL. TOLOSA : (numus) Galbae: Goltzius, Thesaur.
rei Antiquar. huberrimus, Antverp, 1575, c. xvIII, fol. 151
(& non 241 comme le disent les Bénédictins), col. 1. Ces
tristes inventions du faussaire hollandais ont été signalées
& dé nontrées de manière à ne pas laisser place au doute
par le judicieux Eckhel, le fondateur de la critique & de la
science numismatique. (ECKHEL, Doctrin. num. veter, pro-
legomena, t. 1, c. 22, p. CXLI & seq.

Marcus (Antonius) Palladiae non inficianda Tolosae,
Gloria, quem genuit pacis alumna quies.

(MART. 1. 9, 99.)

An de Rome
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