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bon fens dans les affaires ordinaires de la vie, étoient reconnus de tout le monde, & dont le

Bathala Mey capal, qui excita le premier tremblement de terre, & c'est d'eux que font defcendus toutes les Nations du monde.

Cette defcription ne convient point aux barbares & fauvages infulaires, vivant fur les montagnes, qui font de la couleur & de la taille des Hottentots du Cap de Bonne-Espérance; comme ceux-ci, ils ont les cheveux. courts & crêpus ; ils fe barbouillent tout le corps de graiffe & de cendres. Leur habillement confifte en une feule pièce faite d'écorce d'arbres, dont i's fe couvrent le milieu du corps ; ils portent en outre quelques bracelets de rattans, curieusement travaillés; & pour marque de diftinction, ils ont des guirlandes compofées de plumes d'oifeaux. Leurs armes font l'arc & les flèches & un grand couteau. Ils reffemblent en quelques points aux Sauvages de l'Amérique feptentrionale: car leur plus. grand plaisir eft de boire dans le crâne de leurs ennemis, après les avoir-fcalpés. Ils le nourriffent principalement de fruits & de racines qu'ils trouvent dans les bois, & quand ils tuent quelque gibier, ils font un feftin, & après s'être bien fatigués à danfer, ils fe cou chent pêle-mêle, comme des bêtes, en plein air. Ils n'ont ni écriture, ni loix, ni aucune efpèce de gouvernement; fi ce n'eft que chaque famille obéit à fon Chef, dont l'unique foin eft de défendre fon diftrict, ce qui les oblige à foutenir de fréquentes & fanglantes guerres. Anciennement, conime Seigneurs naturels de la contrée. ils forçoient ceux qui étoient établis dans le pays plat, à

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témoignage auroit été d'un grand poids dans les chofes importantes; je les ai, dis-je, entendu foutenir avec la plus grande confiance & avec l'air de la conviction & de la fincérité, qu'ils avoient plus d'une fois, pendant la guerre, tenté d'enfoncer leurs armes dans le corps nud de leur adverfaire; mais en vain, parce qu'il étoit impénétrable; la pointe étant continuellement & miraculeufement détournée, fans aucun effort de la part de l'Orang betooah, ou homme invulnérable, & qu'ils avoient eu plus de cent fois des preuves de cette nature que les betooahs

leur payer un tribut pour l'ufage des bois & des rivières. Ils ont différens noms dans les différentes parties de File; mais les Espagnols les appellent en général Negritos del monte, Nègres de la montagne, quelquesuns d'eux étant auffi noirs que les Naturels de la Guinée, fur-tout dans l'île de Negros. On croit qu'ils font les Habitans originaires des îles; mais il eft difficile de découvrir d'où vient cette race, fi différente par la couleur & par les coutumes de tous les Peuples des environs, fi l'on n'attribue cette différence aux alimens, & à l'action de l'air auquel il font continuellement expofés. Les Peuples plus civilifés dont il a été parlé cideffus, que les Espagnols appellent Indiens, font robufies, bien faits, d'une phyfionomie agréable, mais d'une couleur tirant fur le cuivre : ils ont le nez plat, les yeux & les cheveux noirs ». Tiré d'un Manuscrit communiqué par M. Alexandre Dalrymple.

n'avoient pas les plus petits moyens naturels de défense. Un Officier Anglois, avec plus de courage & de gaieté que de prudence, découvrit une impofture de cette efpèce. Un homme s'étant vanté en fa préfence d'être doué de ce privilége furnaturel, l'Officier faifit l'occafion de lui enfoncer dans le bras la pointe de fon épée, & il en fit fortir du fang, au grand contentement des fpectateurs, & au grand déplaifir du prétendu invulnérable, qui jura de s'en venger, & qui l'auroit fait, fi on n'avoit trouvé moyen de l'écarter. Mais un feul exemple de charlatanerie découverte ne fuffit pas pour détruire une fuperftition enracinée. C'eft parmi les Malais qu'on trouve ordinairement ces impofteurs, & non parmi les Naturels du Pays, dont les mœurs ont bien plus de fimplicité.

J'ai tout lieu de croire que les Miffionnaires ou autres, n'ont jamais fait des tentatives pour convertir les Sumatranois au Chriftianisme, & je doute fort que les plus habiles & les plus zélés obtinffent quelques fuccès permanens dans ce pieux emploi. Plufieurs mille Habitans des îles Orientales furent baptifés par le célèbre François Xavier, dans le feizième siècle; cependant on ne trouve aujourd'hui aucun de leurs defcendans qui ait confervé un feul rayon de la lumière qui leur avoit été commu

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Aucun Miffionnaire.

niquée; & probablement, comme c'étoit la nouveauté feulement, & non la conviction, qui les avoit portés à embraffer une nouvelle croyance, l'impreffion n'en refta pas plus long-temps que le fentiment qui l'avoit fait adopter, & difparut auffi rapidement que l'Apôtre voyageur. Les Portugais & les Chrétiens font confondus, dans la Langue des Malais, fous un même nom général, qui eft Orang Zerani, par corruption, pour Nazerani. Cette négligence des Miffions, à l'égard de Sumatra, eft une des causes pour lefquelles l'île a été jufqu'à préfent fi peu connue des Européens.

CHAPITRE XVI.

Du Pays de Lampoon, & de fes Habitans, Langue. Gouvernement. Guerres, Coutumes particulières. Religion.

APRI

PRES avoir décrit les mœurs & coutumes des Sumatranois en général, mais plus particulièrement des Rejangs, & avoir jeté un coupd'œil, dans l'occafion, fur celles des Habitans du Paffummah, qui leur reffemblent beaucoup, je vais maintenant donner une idée des points dans lefquels les Habitans du pays de Lampoon en diffèrent, quoique cette différence ne foit pas fort confidérable.

Limites du

Pays de Lan

qui poon.

Le de Lampoon comprend toute cette pays partie de l'extrémité Méridionale de l'île, qui s'étend dequis la rivière Padang goochie, qui le fépare du Pafummah, fur la côte occidentale, jufqu'à Palembang, au nord-eft; place qui eft prefqu'entièrement, habitée par des Javanois. Au fud & à l'Eft, il eft baigné par la mer, il a plufieurs ports fur le détroit de la Sonde, entr'autres les baies de Keyfer & de Lampoon: la grande rivière Toolang bouang, qui naît d'un

&

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