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dont il appelle le premier Prince Raja Śabu, &· il dit que, fous le règne de fon fecond fils Cafemo, il arriva un Prêtre Arabe, qui le premier prêcha la doctrine des Caliphes, convertit le Roi, & lui donna le nom de Xa Mahamed, en l'année 1384. Corneille le Brun apprit du Roi de Bantam, en 1706, que les Habitans de Java avoient embraffé cette religion depuis environ trois cens ans. De ces divers récits, nous pouvons conclure avec raifon que le Mahométifme, qui fe répandit en Arabie dans le feptième siècle, n'a fait aucun progrès à Sumatra avant l'année 1400, & que l'époque de fon introduction, vu le voifinage de l'île avec Malacca, ne peut être de beaucoup poftérieure. Marc Paul, Voyageur Vénitien, qui, malgré fes inexactitudes, a certainement vu la plus grande partie des contrées qu'il décrit, & a fûrement vifité Sumatra ou Java, ou peut-être l'une & l'autre de ces. îles, dit que ceux des Habitans qui vivoient près du rivage de la mer, dans la petite Java, quand il y arriva en 1268, fuivoient la Loi Mahométane, qu'ils avoient apprife des Marchands Sar-' rafins qui y venoient. Ceci recule l'époque de la. converfion de plus d'un fiècle; mais je n'oferois pas garantir le témoignage de cet Auteur (1).

(1) Suivre Marc Paul dans fes courses, c'cft s'engager dans un fentier obfcur, mais où l'on peut trouver

François Xavier, ce célèbre Jéfuite Miffionnaire, dit que quand il fut à Amboine, en 1546, le

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quelque foible lumière. Voici un extrait d'après lequel le Lecteur pourra former un jugement fur l'authenticité fi conteftće de ce Voyageur. «De Petan, on vient dans le Royaume de Meletur, où il y a une grande abondance d'aromates, & dont les Habitans ont une langue particulière. Au-delà de Petan, en gouvernant au nord, on arrive à la petite Java (fans doute Sumatra) éloignée de Petan, de trente-trois lieues. On dit qu'elle a fix cens cinquante lieues de circuit. Elle est divisée en huit Royaumes, & les Habitans ont une langue particulière. Cette île eft fi avancée au fud que l'étoile polaire ne peut y être vue. J'ai été dans ce. Pays, & j'ai parcouru fix de fes Royaumes: favoir, Ferlech, Bafman, Sumara, Dragoiam, Lambri & Fanfur. Les Habitans de Ferlech qui occupent les montagnes, ne fuivent aucune loi; mais ils vivent en bêtes, adorant la première chose qui fe rencontre le matin dans leur chemin. Ils mangent de la chair de toutes fortes d'animaux, & même celle des hommes. A l'égard de ceux qui habitent le long de la mer, ils font Mahometans, ayant appris cette Religion des Mar→ chands Sarrafins qui y viennent. Dans le Royaume de Bafman, (ne feroit-ce pas Paffummah) les Habitans ont une langue particulière.... On y trouve une grande quantité d'éléphans & de licornes (rhinocéros); ces dernieres ont le poil d'un bifon, le pied comme l'éléphant, la tête comme le fanglier, & une feule corne au milieu du front; le Pays abonde auffi en finges,

peuple y commençoit d'apprendre à écrire des mais comme cette île eft fort à l'eft,

Arabes

très-femblables aux hommes. Les chaffeurs les prennent & les épilent, excepté à l'endroit de la barbe & des parties naturelles ; & après les avoir farcis de plusieurs herbes odoriférantes, ils les font fécher, & dans cet état, ils les vendent aux marchands, qui les portant en divers endroits, font accroire que ce font de petits hommes. J'ai demeuré pendant cinq mois dans le Royaume de Samara, attendant que le temps fût propre à la navigation. Les Habita ns font fauvages & anthropophages. Ils n'ont point de blé, mais ils font du pain de riz. Ils n'ont point de vignes non plus ; mais ils tirent une boisson de certains arbres, auxquels ils font une incifion, d'où fort une liqueur qu'ils reçoivent dans un vaiffeau. On y trouve auffi des noix d'Inde. Dans le Royaume de Dragoiam (c'est peut-être An-drageri, nom corrompu dans ces derniers temps, en celui de Draguin), les Habitans font fauvages pour la plupart. Ils adorent les Idoles, & ont une langue particulière & un Roi. Quand quelqu'un parmi eux eft malade, 'ses amis & fes parens affemblent les Magiciens, pour favoir s'il en réchappera. Si ceux-ci difent qu'il mourra, ils lui ferment la bouche & le nez, & le font ainfi périr par la fuffocation, afin qu'il ne meure pas de maladie. Puis ils dépècent fa chair, la cuifent & lạ mangent; donnant pour raison de cette barbarie, que fifa chair pourriffoit, elle feroit convertie en vers, & que ces vers enfin ne trouvant plus à fe repaître fur fon cadavre, mourroit de faim, de quoi l'ame du défunt fouffriroit de grandes peines dans l'autre monde. Ils

& qu'elle étoit alors bien moins connue qu'elle l'eft devenue par la fuite, le zèle & l'avidité de ces aventuriers Mahométans ne dût les attirer que

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bien tard.

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Non-feulement les Habitans de Menangcabow

tuent auffi, & mangent les étrangers, qui ne peuvent pas fe racheter avec de l'argent.- Dans le Royaumė -de Lambri ( on trouve ce nom dans Barros, & dans d'autres Historiens Portugais), il croît beaucoup d'aro.mates, & fur-tout de Byrcos: lorsque ces derniers ont pouffé, ils les tranfplantent & les laiffent trois ans en terre, après quoi ils les déracinent. On trouve dans ce Pays quelques hommes qui ont une queue com ine les chiens, de la longueur d'une palme; mais ils vivent dans les montagnes. Il y a auffi des licornes & plufieurs autres fortes d'animaux. Dans le Royaume de Fanfur (peut-être Campar), il croît d'excellent caniphre, qui fe vend au poids de l'or. Les Habitans font du pain de riz, & ils font une boiffon de là liqueur des arbres. Il y a des arbres appelés mori, qui ont une écorce fine, fous laquelle on trouve une efpèce de farine excellente, q'uils apprêtent fort bien. C'eft un mets délicat, & dont j'ai quelquefois mangé avec plaifir. (c'est le fagou) On compte par mer cinquante lieues de la petite Java aux îles de Necurán & ďAngania, & de la dernière à la grande ile de Seylam (Ceylan), 340 lieues. Voyages de Marc Paul. Edit. Ital. de 1601, & Traduction Françoile de 1735, par Pierre Bergeron, -in-4°.

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changèrent

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changèrent de religion, ou plutôt en adoptèrent une, n'en ayant point auparavant, mais encore ils éprouvèrent une altération totale dans leur langue, dans leurs loix, mœurs & coutumes. Cette révolution doit être attribuée à l'établissement parmi eux des Malais de la Presqu'île, avec lefquels ils ont aujourd'hui la plus grande conformité; au point que dans toute l'île un homme de Menangcabow & un Malais font des termes à peu-près fynonimes; en comprenant dans les limites de ce Royaume la côte de la mer d'Atay-Angin (1), d'où ils émigrent plus directement dans les parties méridionales. En Acception effet le mot Malais, par-tout l'Orient, ne dé- générale de figne plus uniquement un Habitant de la Pref qu'île de Malacca, ni un homme qui fe dit en defcendre, mais celui dont la langue & la religion font les mêmes que les leurs ; ainfi

que tout

(1) Atay-Angin signifie au vent; mais la partie de Sumatra ainfi appelée, qui s'étend depuis Natal jufqu'à Priaman, ne tire pas, felon moi, fon nom de fa fituation, mais du Peuple qui probablement vint s'y établir en grand nombre, des contrées orientales de l'île, qui font au vent ( relativement à la mouffon du nordeft) de la péninfule de Malacca, & qui à caufe de cela font appelées Atay-Angin, comme celles du côté occidental de la péninsule, sont appelées Deboua-Angin.

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mot Malais

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