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royaume, jadis fameux, eft tombé dans l'obscurité. Tout le pays fitué fur la partie orientale de l'île, depuis le détroit de la Sonde jufqu'à la Pointe du Diamant, ou Tanjong Gooree, eft une terre baffe, où à peine on voit quelques mo tagnes peu confidérables, & elle est couverte en partie de bois. La côte feptentrionale, depuis cette Pointe jufqu'à Acheen, préfente un aspect bien différent; c'eft une pente douce au pied d'une chaîne de hautes montagnes, & des terres bien cultivées. Pafay, qui fut autrefois le fiége principal du gouvernement de cette extrémité de l'île, eft fituée dans une belle baie, appelée Telloo Samoway, où le bétail, les grains, & toutes fortes de provisions abondent. Près du rivage de cette baie, il croît de beaux arbres, qui, pour la qualité & la grandeur, pourroient servir de mâts aux plus gros vaiffeaux, & dont on coupe une grande quantité, qu'on transporte à Malacca & à Batavia. Le gouvernement & les coutumes de ces pays font les mêmes, peu de chofe près, que celles de tous les autres où regnent les mœurs & la Langue Malaise.

à

Naturels ne fe fervent jamais du premier. Mendez Pinto dit, que la ville d'Aru étoit fur la rivière Panetican, & il donne un exemple de l'extrême rapidité de fon courant, ainfi que de fa grande largeur. Il est fait mention, dans un Ecrivain poftérieur, d'une rivière Jorcan.

Tome II.

M

Battas.

Situation du Pays.

CHAPITRE XVIII.

Pays de Batas: fes productions. Habitans. Mœurs Gouvernement, & Coutumes extraordinaires.

LA Nation la plus confidérable qu'on trouve en avançant vers le nord, eft celle des Battas, dont les coutumes & les mœurs, très-différentes de celles des autres Habitans de l'île, méritent une defcription particulière. Quoiqu'il foit fait fouvent mention de ce Peuple dans les anciens. Ecrivains, cependant ce n'a été que vers l'an 1752, temps où les Anglois s'établirent à Natal, & formèrent des relations dans cette partie de l'île, qu'il a été proprement connu des Européens, & que fes ufages extraordinaires, en quelques points, ont été foigneufement examinés.

Le pays de Batta, à parler en général, est borné au nord par celui d'Acheen, & au fud par Pafummah & par le diftrict indépendant de Rou ou Aru; mais pour le déterminer d'une manière plus précife, il s'étend depuis la grande rivière Sinkell jufqu'à celle de Tabooyong, fur

la côte, & dans l'intérieur, jufqu'à Ayer Bongey au nord duquel eft le pays de Rou, qui eft limitrophe. Il eft très-peuplé; mais la plus grande partie des Habitans réfide loin des côtes, dans l'intérieur des terres, au milieu de vastes plaines fituées entre deux chaînes de montagnes, fur les bords d'un grand lac : là le fol eft fertile, & la culture fi fupérieure à celle des districts mé-1 ridionaux, qui font couverts de bois, qu'à peine y voit on d'autres arbres que ceux qui ont été plantés par les Naturels eux-mêmes. L'île étant fort étroite dans cette partie, les villes font fituées fur les rivières qui coulent dans le Détroit de Malacca, ainfi que fur celles qui vont fe rendre à la côte occidentale; mais la communication eft plus ouverte avec ces dernières, à caufe du fel & autres articles qui leur font régulièrement fournis par les établiffemens Anglois

&

par les Commerçans du continent de l'Inde.

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Le Pays eft divifé en plufieurs diftricts, dont Divifions les principaux font: Ancola, Padambola, Mandeeling, Toba, Selendong & Sinkell. Les Habitans font partagés en Tribus, dont cinq à Ancola, trois à Mandeeling, & cinq à Toba; je ne connois pas le nombre des autres.

mens An

Les établissemens Anglois, dans cette partie. Eablife. de l'île, font à Natal ( Natar) & à Tappanooly gloir. Dans le premier, la communication avec les

Natal

Voyage

'de Tappanooly, qui, pour les avantages naturels, n'a pas fon égale. Les Navigateurs difent que toutes les flottes d'Europe pourroient y être à l'ancre en tout temps, avec la plus grande fûreté; & telle eft la complication de fes havres l'un dans T'autre, que quelques-uns ont affuré qu'un grand vaiffeau pourroit y être caché, de manière à ne

pas être découvert fans des recherches longues & difficiles. Malheureufement, elle est mal fituée eu égard à la route générale des Navigateurs, & loin de nos importans établissemens de l'Inde; de forte qu'elle ne nous a pas été jufqu'ici d'un grand avantage. Elle s'ouvre dans le centre du pays des Battas, & fes bords font habités par ces Peuples, qui y échangent leurs denrées pour les articles étrangers dont ils ont befoin. Les Naturels font en général bons, & ils n'excitent point de défordres dans nos établissemens. Pendant long-tems, les Achenois ont tenté de nous chaffer de Tappanooly par la force des armes, & nous nous fommes vus dans la néceffité de faire la guerre plufieurs années contre eux, pouraffurer notre tranquillité. Ils cherchoient à rétablir chez les Battas leur commerce, que la concurrence des Anglois a prefque réduit à rien.

On affure que jamais Européen n'a pénétré à dans le pays la diftance de vingt milles dans le pays qui eft derrière Natal. Mais à Tappanooly, M. Hol

de Batta,

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loway, Chef de cette place, & M. Miller, Botaniste, firent en 1772, par ordre du Confeil, un voyage dans l'intérieur du pays de Batta, pour y faire des recherches, & ranimer le commerce du caffia qui avoit été pendant quelque temps discontinué (1).

(1) La relation de ce voyage eft inférée dans les regiftres de la Compagnie. Je vais en donner ici un extrait, contenant la partie géographique. « Le 21 Juin 1772, Nous partîmes de Poolo Punchong, & nous vînmes en bateau au qualloe (l'embouchure) de la rivière Penang Sooree, qui eft dans la baie de Tappanooly, environ dix à douze milles au fud-eft de Poolo Punchong. Le jour fuivant nous remontâmes cette rivière en Jampan, (efpèce de bateau), & dans l'efpace d'environ fix heures, nous arrivâmes à un lieu appelé Qualloe Loomoot, où font quelques maifons Mala fes. Tout le terrain, des deux côtés de la rivière, eft bas, couvert de bois, & inhabité. Environ à un quart de mille de-là, de l'autre côté de la rivière, eft un Campong (village) Batta, fitué fur le fommet d'une petite montagne fort agréable & régulière, qui s'élève en pyramide du milieu d'un pré de peu d'étendue. Le 23 Juin, nous vinmes par un pays uni & boifé, à Campong Loomoot, & le jour fuivant à Sa-tarong. Nous allâmes enfuite à Tappolin, à Siccia & à Sa-pefang. Ce dernier eft fitué fur les bords de la rivière Batang Tara, à trois ou quatre journées de la mer; de manière que notre marche fut jufques-là prefque parallèle à la côte. Le premier Juillet, nous laifsâmes Sa-pefang

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