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Ont con

mœurs

ginaires.

Et pourquoi.

continue de frapper l'air vers le corps qu'on en lève, jufqu'à ce qu'il foit à une certaine distance. Là il est mis en terre, à la profondeur de trois à quatre pieds: on élève la terre autour du tombeau, on y conftruit une petite hute, fur les poteaux de laquelle on cloue les cornes des bifons tués à cette occafion (1). Cela fait, chacun fe retire chéz foi.

Les attas ont confervé leur caractère & leurs fervé leurs mœurs originaires plus qu'aucune autre nation de l'île, au moins de celles qui habitent les parties feptentrionales; ce qu'on peut attribuer, entr'autres causes, à leur éloignement en général de la côte, à leur ignorance totale de la navigation, & à ce que leur pays n'a point d'or, (excepté vers l'extrémité méridionale) qui puiffe exciter la cupidité des ufurpateurs, ou l'avidité des colons; les richeffes végétales du fol n'étant

(1) M. Miller dit qu'il a vu tuer le cent fixième bifon fur le tombeau d'un Raja, cérémonie qui dure un an après l'enterrement.

Note du Traducteur. Ceci nous rappelle les Hecatombes des Grecs; toute la différence, c'eft que ces facrifices n'avoient lieu que dans des occafions extraordinaires, comme pour le gain d'une bataille, pour quelque calamité publique, & que les cent vicümeg étoient immolées à la fois,

point des objets dignes de pareilles gens, & pouvant d'ailleurs être obtenues plus avantageusement, par le commerce, des Naturels eux-mêmes, fanst qu'il foit befoin de les molefter. A ces caufes nous pouvons encore ajouter, la nature de leur Gouvernement, divifé en plufieurs Souverainetés, & l'indépendance limitée des petits Chefs, qui n'est point favorable à la propagation des nouvelles opinions & coutumes, puifqu'il fuffiroit que l'un d'eux en adoptât quelqu'une, pour que les autres la rejettaffent, les Battas n'étant point dans le ças des peuples réunis fous un feul Chef, qu'ils regardent comme la règle de leur conduite, tels que font les Habitans de Menangcabow, circonftance à laquelle ceux-ci doivent fans doute leur entière converfion au Mahométifme. Enfin, on peut préfumer que l'idée qu'on a confervée de la férocité de ces peuples, par leur coutume de manger les prifonniers, a pu affoiblir l'ardeur & ralentir le zèle des innovateurs religieux qui auroient été tentés d'introduire parmi eux leurs opinions.

Situation.

CHAPITRE XI X.

Royaume d'Acheen. Etat préfent de fon Commerce. Air & fol. Habitans. Gouvernement. Revenus. Manière de punir les Criminels.

ACHEEN, proprement dit Aché (1), est le

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feul royaume de Sumatra qui, par fon importance politique, ait mérité de tenir une place dans une hiftoire générale. Mais fa condition préfente eft fort différente de ce qu'elle fut autrefois, lorfque fes armées chafferent les Portugais de l'île, & que fes Princes reçurent des ambaffades de tous les grands Potentats de l'Europe.

Ce royaume occupe l'extrémité nord-ouest de l'île. Son étendue, ftrictement parlant, ne va pas au-delà d'environ quarante à cinquante milles dans l'intérieur, au fud-eft, & un peu plus loin fur la côte, quoiqu'anciennement il s'étendît juí

(1) Les Malais prétendent qu'il a été ainfi nommé d'une efpèce d'arbre appelé Ache, qui lui eft parti

culie r.

qu'à Indrapour, & à Ticoo, Un lieu appelé Carty, non loin de la rivière Battoo Bara, forme fes limites fur la côte orientale. Les villes principales comprises dans cet efface font Pedeer, Samerionga, & Pafay. Sur la côte occidentale il s'étend jufqu'à Barros, entre laquelle & Acheen on trouve Tappoos, Sinkell, Tampat Tooan, Labooan Hadjee, Soofoo, Nataboo, Arigas & ·Dyah.

L'intérieur du Pays, depuis Acheen jufqu'à Sinkell, eft divifé en trois diftricts, ou contrées ~Allas, Reeah & Carrow. Les mœurs Achenoises règnent dans les deux premières, mais les Habitans de Carrow ont beaucoup de rapport avec les Battas, dont ils font féparés par une chaîne de montagnes.

Sur une rivière qui fe décharge près de la pointe nord-oucft, ou cap d'Acheen, environ à deux milles de fon embouchure, dans une vafte vallée formée en amphithéâtre par deux hautes chaînes de montagnes, eft la Capitale, qui porte le nom d'Acheen. La rivière n'eft pas large en cet endroit, & comme elle fe partage en plufieurs branches, il n'y a pas beaucoup de fond, & la barre y eft très-forte. Dans la mouffon sèche, les bateaux d'une certaine groffeur ne peuvent y entrer, encore moins les grands navires, qui jettent l'ancre hors de fon embouchure, dans une

Capitalet

Etat prée rade formée par les îles de cette pointe. Quoique commerce. la ville ne foit plus l'entrepôt des marchandises

fent de fon

· ports

de l'Orient, elle fait encore un commerce confidérable avec les Naturels de cette partie de l'In douftan appelée Telinga (2), qui lui fournissent des toiles de coton de leur pays, & reçoivent en retour de la poudre d'or, du bois de fapan, de la noix de betel, du patchleaf (1), un peu de poivre, du foufre, du camphre & du benjoin. Les deux derniers articles y font apportés des de Sinkell & de Tappoos, & le poivre des places plus au fud; Acheen n'en produifant point de nos jours, & même n'en ayant jamais → produit en grande quantité, quoiqu'on y en fît fouvent des cargaifons. Six à dix navires Telingas de cent cinquante à deux cens tonneaux, font employés à ce commerce: ils arrivent à Acheen toutes les années vers le mois d'Août, & s'en retournent en Février & Mars. Il ne leur eft pas permis de relâcher dans au cun autre port

(1) Telinga ou Telingana, eft proprement le pays fitué entre les riviéres Kina & Godavery; mais il paroît que les Peuples de l'Orient appliquent ce nom, qu'ils prononcent Cling, à toute la côte de Coro mandel.

(2) C'est le pachauhaut ou coftus indicus, que les Malais appelent Delum.

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