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A Nalaboo, la taxe eft d'une piaftre par tête annuellement. En plufieurs endroits fur les grandes routes de l'intérieur du pays, il y a des péages qui fe prennent fur les denrées & les matchandifes qui paffent.

Adminif tration de la

Les Rois d'Acheen poffèdent une étendue de terrain le long de la côte jufqu'à Bencoolen, qui leur a été concédé par le Sultan de Menangcabow, dont ils ont toujours reconnu la fupériorité, & qu'ils reconnoîtront peut-être auffi long-temps que ce Prince ne s'arrogera aucune autorité fur eux, & n'en exigera ni tribut ni hommage. Acheen a toujours été célèbre pour la févérité avec laquelle les crimes y étoient punis par les juftica loix. La même rigueur fubfifte encore, & il ne s'y eft fait à cet égard aucun changement, comme c'est l'ordinaire dans les contrées orientales. Néanmoins on peut dire qu'il n'y a que les pauvres qui éprouvent la verge de la Juftice; les Nobles étant affurés de l'impunité par le grand nombre de leurs cliens. On punit les petits vols Châtimens en fufpendant le coupable à un arbre, avec un canon ou un poids fort lourd à fes pieds; ou en lui coupant un doigt, une main, ou une jambe, felon la nature du vol. On voit tous les jours dans le détroit de ces malheureux ainfi mutilés (r).

(1) Note du Traducteur. On les envoie dans l'ile Puloai, ou Pulo Way, ( près d'Acheen) qui n'est pref

Ceux qui volent fur les grands chemins, & dans les maisons avec effraction, font noyés, & leur cadavre exposé pendant plufieurs jours fur un pieu. Si le vol eft commis contre un Iman ou Prêtre, la punition confifte à brûler en vie le coupable. Un homme convaincu d'adultère trouve rarement des protecteurs parmi fes amis; on le livre ordinairement entre les mains des amis & des parens du mari offenfé, qui le conduisent dans un vafte champ, où formant un grand cercle, ils le placent au milieu. Alors un de fes parens lui remet une arme fort grande appelée gadoo. bong. Muni de cet instrument, le coupable cherche à fe faire un paffage à travers ceux qui l'entourent, & à s'échapper; & s'il y parvient, il est déformais à l'abri de toute pourfuite. Mais il arrive ordinairement qu'il eft fur-le-champ mis en pièces. Dans ce cas, fes parens enterrent fon cadavre comme ils enterreroient un bifon mort, ne voulant point le recevoir dans la maison, ni lui faire les funérailles accoutumées (1). Seroit-il déraisonnable

que peuplé que de pareils gens. On en voit auffi à Acheen qui mendient leur pain. Voyez Recueil de Voyages de la Compagnie des Indes Orientales des Pays-Bas, T. IV, p. 60, & Voyages de Dampier T. III, p. 134, 152. Edit. d'Amft, de 1701,

(1) Note du Traducteur. On peut encore ajouter à ces fortes de châtimens, le fupplice par les élé

de conclure, que les Achenois, avec tant de motifs pour éviter le crime, foit du côté des loix, foit du côté de leurs préjugés, doivent fe diftinguer par les bonnes mœurs & par la vertu? Cependant tous les Voyageurs s'accordent à les repréfenter comme une des Nations les plus vicieuses & les plus corrompues de l'Orient, ce que leur Hiftoire prouvera.

phans, ufité dans plufieurs autres contrées orientales. Voyez Voyages de la Compagnie des Indes Orien ales des Pays - Bas. T. IV, p. 60,

CHAPITRE XX.

Hiftoire du Royaume d'Acheen & des Pays adjacens, depuis l'époque de leur découverte par les Européens (1).

LES Portugais, fous la conduite de Vasco de Gama,doublèrent le Cap de Bonne Efpérance en 1497, & arrivèrent fur la côte du Malabar l'anné fuivante. Ces hommes, que l'amour de la gloire, le commerce, & le defir de s'enrichir par le pillage, condui foient aux plus grandes entreprises, furent fi enchantés des conquêtes qu'ils avoient faites dans I'Indouftan, qu'ils réfolurent de pouffer leurs découvertes encore plus loin. Ils furent informés par des marchands de Guzarate des richeffes & de l'importance de Malacca, grande Ville commer

(1) Il eft impoffible de donner une Hiftoire fuivie & circonftanciée de ce Royaume, d'après les récits imparfaits & obfcurs qui nous ont été tranfinis : tout ce que j'ai pu faire, c'est de raffembler & de placer, dans l'or-` dre de leur date, tous les faits, plus ou moins détachés, que les Hiftoriens & les Navigateurs en ont rapportés. J'espère cependant qu'on ne verra pas cette légère efquifle fans intérêt.

gante, fur la Prefqu'île de ce nom, qu'ils fuppofoient être la Cherfonèfe d'or de Ptolemée. Le bruit en vint aux oreilles de leur entreprenant Souverain, Emmanuel, qui conçut tout de fuite le projet de profiter des grands avantages que ce pays célèbre offroit à fon ambition. Il fit équiper une escadre de quatre vaiffeaux, fous le commandement de Diogo Lopez Sequeira, qui mit à la voile de Lisbonne, le 8 Avril 1508, avec ordre de vifiter ces parties orientales de l'Asie, & d'y établir des relations. Après avoir touché à Madagascar, Sequeira aborda à Cochin, où fon efcadre fut augmentée d'un vaiffeau, & en étant parti le 8 Septembre 1509, il fit voile vers Malacca; mais ayant doublé le dernier cap de Sumatra, alors appelée Taprobane, il jeta l'ancre à Pedir (1), un des principaux ports de cette

(1) Pedir & Pafay étoient anciennement les places les plus importantes de cette partie de Sumatra. La puiffance de la première, qui avoit été prédominante, commençoit à décliner dans le temps des découvertes des Portugais, & celle de Pafay, à gagner le deffus. De Barros. Il est fait mention de Pedir dans Louis Vartomanus, qui écrivoit quelques années auparavant, & qui avoit lui-même vifité cette Ville en 1504. Les Ecrivains que j'ai principalement fuivis pour ces temps reculés de l'Hiftoire d'Acheen, font De Barros & Oforius.

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