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mation du

ble , on en fait de petites boulettes, & quand
les femmes veulent s'en fervir, elles
elles prennent
une de ces boulettes, la ramolliffent avec quel-
ques gouttes d'eau, l'étendent dans leurs mains
en les frottant l'une contre l'autre, & l'appli-
quent fur le vifage, le cou & les épaules. Mais
elles craignent, & vraisemblablement ce n'eft pas
fans raison, qu'un ufage trop fréquent de ce cof-
métique, en bouchant les pores de la peau, n'oc-
cafionne la fièvre. On s'en fert avec fuccès dans
cette incommode maladie, fi bien connue des
Européens qui font dans l'Inde, fous le nom de
chaleur piquante (1); mais il eft quelquefois dan-
gereux pour les étrangers d'interrompre ainfi les
opérations de la nature, dans un climat brû-
lant. Les jeunes filles de Sumatra, ainsi que nos
jeunes Angloifes, font grand cas de la rofée du
matin, comme cofmétique, & croient qu'en
en frottant les cheveux, elle les fait croître &
les fortifie. C'est pour cela qu'elles ont grand
foin de la recueillir dans des vafes, à mesure
qu'elle tombe, avant le lever du foleil.

Confom Si le bimbang fe fait à l'occafion d'une noce, mariage, le couple eft marié le fecond ou le troisième

(1) Note du Traducteur. C'eft fans doute une efpèce d'échauboulure.

Jour; mais il peut fe paffer encore deux ou trois jours, fans que le mari foit en poffeffion de fa jeune époufe; les vieilles femmes fe faifant un devoir de l'empêcher auffi long-temps qu'elles peuvent, & l'époufe elle même regardant comme un point d'honneur de défendre jusqu'à l'extrémité ce précieux joyau qu'elle feroit pourtant bien fâchée de conferver (1). Vers la nuit, on fait placer fur des couffins élevés les deux époux, parés de leurs plus beaux habits & de tous leurs pompons. Quelquefois on les charge de tous les joyaux de leurs parens, & même du village, qu'on a grand foin de leur ôter quand la cérémonie eft terminée. Mais cela n'a pas lieu lorf que les deux époux appartiennent à des familles diftinguées. Je me fouviens d'avoir affifté au mariage d'une jeune fille, dont la beauté n'auroit déparé aucun pays du monde, avec le fils de Raddeen, Prince de Madura, auquel les Anglois accordèrent leur protection contre les Hollandois, après que fon père eût péri leur victi

(1) On rapporte que la jalousie entre les Anglois & les Hollandois vint de la préférence que le Roi accorda aux premiers, dans une fête qu'il donna à l'occasion d'une victoire de cette nature, que son épouse lui avoit long-tems difputée.

1

mé (1). Elle n'étoit ornée que de chofes que lui appartenoient. Sa parure répondoit parfaitement à fa beauté; fes cheveux, chofe dont les Sumatranoifes tirent le plus de vanité, étoient arrangés avec beaucoup de grace; une élégance & un goût peu commun fe montroient dans l'ordre & l'ajustement de tout ce qu'elle portoit. Il faut avouer néanmoins, que ce goût n'est point du tout général, fur-tout parmi les Naturels du Pays. La fimplicité, fi effentielle à l'idée que nous nous formons du goût, eft la marque diftinctive d'un Peuple groffier & abfolument fans culture, & elle eft encore celle des Peuples parvenus au plus haut degré de civilisation. Sumatranois font loin de ces deux extrêmes. Les habits & les meubles riches & fomptueux, font l'objet de leur vanité & de leur ambition, quoiqu'ils ne puiffent pas fouvent fe les procurer.

Les

Les bimbangs fe font avec beaucoup d'ordre & de dignité. Les vieillards font très-attentifs à la conduite des jeunes filles, & les parens extrê mement délicats fur la moindre infulte qu'on pourroient leur faire. Dans une de ces fêtes, un jeune homme demanda à un autre ce qu'il pen

(1) Les circonstances de cette malheureuse affaire font confignées dans un Ouvrage intitulé: Voyage aux Indes Orientales en 1747 & 174%.

foit d'une fille qui dansoit. « Quand elle feroit chargée d'or, répondit celui-ci, je n'en voudrois n pour ma maitreffe, ni pour ma femme ». Un frère de la fille fe trouva là par hafard, & entendant ce propos, il lui demanda raifon de ce qu'il venoit de dire de fa fœur. On tira les cris, mais les fpectateurs les féparèrent. Le frère fe préfenta le lendemain pour attaquer en Juftice le diffamateur, mais celui-ci, qui étoit un reefow, fe tint caché, & on ne put le trouver.

Les Coutumes des Sumatranois leur permettent d'avoir autant de femmes par joojoor qu'ils peuvent en acheter & entretenir; mais il eft extrêmement rare d'en voir qui en aient plus d'une, & cela feulement parmi les Chefs. Ils doivent en quelque manière cette continence à leur pauvreté. Les préceptes de la tempérance font plus puiffans chez eux, que les aiguillons d'un appétit déréglé, & leur font négliger d'ufer d'une permiffion que leurs Loix leur accordent. En parlant de la polygamie, ils difent que c'est le privilége des riches, auquel les pauvres Réjangs ne peuvent prétendre. On a vu quelques jeunes reefows avoir plufieurs femmes, mais auffi-tôt que le père de la première eft informé d'un fecond mariage, il fait prononfer le divorce. Un homme marié par femundo

Nombre des femmes,

lygamie.

ne peut prendre une feconde femme, fans répu dier la première, par la raifon évidente que deux ou plufieurs femmes ne peuvent avoir également droit à la moitié de fes biens.

De la po- Montefquieu (1) prétend que la Loi qui permet la polygamie eft conforme au phyfique du climat de l'Afie. La beauté chez les femmes de cette partie du monde précède la raison, & comme elle eft prématurée, elle paffe auffi bientôt. L'empire de leurs charmes eft court. Il est donc très fimple, obferve le même Auteur, qu'un homme quitte fa femme pour en prendre une autre, qu'il cherche à retrouver ces charmes qui fe font flétris dans fa poffeffion. Mais eft-ce là véritablement le cas de la polygamie Affurément non. Elle fuppofe la poffeffion & la jouiffance de plufieurs femmes dans le mêmetemps, & je la regarderois plutôt comme un vice, qui a fa fource dans l'influence d'un climat brû lant fur l'appétit fenfuel des hommes, qui comme toutes les autres paffions défordonnées, les abufe fur leurs véritables befoins. C'eft probablement la même influence fur des organes plus fenfibles, qui rend le defir de vengeance beaucoup plus violent parmi les Peuples du midi,

(1) Efprit des Loix, Liv. XVI. Ch. 2.

que

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