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CY

153

COMMENCE

LE MONOLOGUE

DU PUYS,

FAICT PAR COQUILLART.

ORRIERS mignons hantans bang

quetz

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Gentilz, fringans, dorelos,
Portés vous plus les affiquetz,
Ne les robes de camelos?

Motes argenteufes, petis œillades,
Entretenés vous plus voz tours,
De faire donner les aubades
Que foulliés faire tous les jours ?
Où eftes vous chantz de linottes
De chardonneretz, ou ferins,
Qui chantés de fi plaifans hotes,
Soubz les treilles de fes jardins?
Où eftes vous les tabourins,
Les doulcines, & les rebecz,
Que nous avions tous les matins
Entre nous aultres mignonnetz ?
J'ay veu que j'avoye Henrict
A faire mes charivaris,
Avec fon compaignon Jacquet,

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Pour fes Bourgeoifes de Paris.
J'ay veu qu'eftoye mignonnet,
Chantant entre les Damoifelles,
Ung corps fectis, fade, gronnet;
Pensès qu'avoye des plus belles.
Vous femble-il point que pour argent
Qu'on peuft jouyr de fes amours
Eltre tousjours mignon fringant,
Partant cornette de velours?
Aultrefoys ay efté en Cours
Pour faire balades, & rondeaulx,
Et ne dormoye ne nuytz, ne jours à
A penfer les termes nouveaulx.
Ung jour m'en aloye pas à pas,
Fort mignon, plaifant & habile,
Tracaffant, traignant le patin,
Car je fçavoye bien mon ftille,
Et entendoys bien mon latin.
Je vous eftois mifte, friquet,
Habillé comme ung Gentilhomme;
Efveillé comme ung faulpiquet
N'y avoit que pour moy; en fomme
Les beaulx petit gandz, le bonnet >
Et la perrucque, bien pignée,
Pour dire morbieu pas ung pec,
J'eftoys ung fringant à journée.
D'aventure comme je paffoye,
Et m'en alloye, tout en paix
Sans que aucun mal y penfoye
Se me dit ung, adieu Joannes,
N'oublie pas ton efcriptoire.
Et je vous efcoute, quoy voire,
Ha! ventrebieu, quel broquart
Penfaige à moy, c'eft ung coquart
C'eft la façon du temps qui court
De fes varletz dymencherès

Qui font veftus fur le gourt,
De nous appeller tous Joannes.
Ilz portent les cappes couppées,
En la façon de maintenant;

C'eft quant leurs robbes font percées,
Pour eftre plus mignonnement.
Se vous les voyez tous les jours
Quant ilz ouvrent de leurs meftiers
Leurs robbes veftus à rebours,
Vous diriés, fe font favetiers:

Et quant fe vient aux jours des feftes,
Ilz femblent tous gros tréforiers,
Ilz ne demandent que les festes,
Pour aller aux nopces dancer,
Faire les vouftes, & faulter,
Affin qu'on die, c'eft-il, c'eft mon,
Par la mortbieu il dance bien,
Brief, c'est ung gentil compaignon,
Et fi a ung très beau maintien :
Par mon ame c'eft grand dommaige
Qu'il n'eft porteur de cotherès,
Car il a ung très beau corfaige
Pour porter, affez de grans fais.
Ilz vous portent, comme j'enten,
De beaulx anneaulx dedans leurs doitz
Qui font dorés de beau faffran,
Il femble que, foient petitz Roys;
Et mectent la main au bonnet
Affin qu'on voye les anneaulx :
Pour dire j'ay ung afficquet,
Et n'ont pas vaillant deux naveaulx :
Au fort laiffons cefte faerie,
Et retournous à noz moutons ;
C'est une droicte refveric
D'ouir parler de leurs façons.
Je m'en altoye delà les pons,

Avecques mon page Jacquet,
Monté fur une belle hacquenée;
Et penfés que j'eftoye dehet,
La belle robbe fourrée,
Les gentilz petitz brodequins,
Tracaffer par mons & par vaulx,
Aller, retourner par chemins,
Faire feu deffus les carreaulx,
Moniter partout mon beau corfaige.
Par le fangbieu c'eft grand dommaige;
Se dient les gens de Paris,
Il feroit ung beau perfonnaige
Pour eftre Abbé de fain& Denis.
Je ne penfoye point à leurs ditz,
N'à leurs parolles, n'à leurs devis,
Je penfoye bien à aultres jeuz;
Car me monftroye pour la Dame
De qui j'eftoye amoureux.

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Et fi vous dy bien, par mon ame,
Que c'eft la plus mignonne femme,
Par Dieu qui foit point à Paris :
Car elle a le plus plaifant ris,
Les yeulx vers, la petite bouche
Quant elle marche fur efpinettes,
Elle faict ung tas de minettes.
On dit celle femme n'y touche
Se vous la voyez quant elle rit
Vous diriés vela ung enfant,
Sans faire noife, hy, hy, hy,
Se fai& elle tout bellement.
Je vous pafle incontinent,
Sans faire femblant ne maniere ;
J'ay advifé la chamberiere,
Qui eftoit affife à la porte,
Viens à elle de bonne forte,
Et puis comment vous va,

la belle

Et très bien Monfieur, dift-elle,
Où avez vous demouré tant?
Par ma foy, j'ay efté dehors,

Où j'ay veu de bien mauvais temps,
Celuy dis-je par bons accors

Et puis, & puis où eft ma Dame ?
Que faict elle? y a il ame?
Ennement elle eit fur le lic,
Elle repofe ung petit,

Ce me dit lors la chamberiere.
Ouvrés moy dont l'huys de derriere;
Affin que j'entre en la maison.
Je n'oferoye pour le garçon,
Qui s'esbat emmy le jardin :
Mais Monfieur s'en va demain,
Se me dift-elle incontinent,
Et pourrés venir feurement
Ceans coucher avec ma Dame.
Je m'en voys fans penfer à ame,
Rencontre mes deux compaignons
Bona dies foit aux mignons,
Où allés vous ? d'où venés vous ?
Nous en allons en ung banquet,
Voulés vous venir avec nous ?
Je vous renvoye mon haquet,
Par mon petit garçon Jacquet,
Et luy dis; apporte la torche,
Et te tiens au plus près du porche,
Affin que faiche où te trouver.
Quant nous fufmes tous en la falle,
Qu'eft-il de faire ? de dancer.
Et Dieu fçet fe on fait la galle
A mener dancer fes bourgeoifes.
Ces dorelotz, ces gorgias
Menoient les meilleures galoifes,
Qa ne fentoit que muglias,

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