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Que le corps eft tout deffiré.
C'eft on pigné, c'est on miré,
Les cheveulx treffez nous portons
Le bonnet deffus l'œil tiré,
Eftendus comme heriffons.

Les ungs fi ont les cheveulx blonds
Pignez & frandez à merveilles ;
Et les aultres fi les ont longs,
Pour ce qu'ilz n'ont nulles oreilles.
Habitz de modes non pareilles,
Pourpoins de drap d'or longs au cours
Chaifnes, coliers, plumes vermeilles,
Appartiennent à gens de Cours.
Mais ung tas de merdereaulx lours:
Ung oultre cuydé, ung folaftre,
Aura ung pourpoint de velours,
Contrefaifant du gentillaftre.
Tifferrans, mefureurs de plaftre
Fringuent & font des Capitaines ;
Je leur donne pour faire emplaftre;
Les fanglantes fievres quartaines,
D'aultre part fringeurs à huitaines
Ont chaines d'ung marc, d'une livre,
Pour faire valoir leurs fredaines,
De beau laiton, ou de cuyvre :
Ils n'ont point de page à les fuyvre;
Robbe doublée de tafetas;
Chafcun d'eux fi n'a dequoy vivre,
Et veulent porter telz eftas.
Ilz fe pourmainent hault & bas,
Fringuans, faifans les perruquins,
Quant la chaufe eft rompue par bas
Ilz chaufent ungz vielz brodequins,
Tric, trac, on traifne les patins,
C'est à tel brouet telle faulce,
Et desjuner tous les matins

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Comme les Efcuyers de Beaulce.
Qui fe courrouce fe defchauffe,
De bras je n'en trouffe ne pouffe,
Devant que nul ne fe desbauche,
Sur les Gentilzhommes ne touche;
Il jouera mieulx que maiftre Mouche,
Qui me prendra en defarroy:
Qui fera morveux fi fe mouche,
Je ne crains que Dieu & le Roy.
Sans demander ne qui ne quoy,
Plufieurs coquars font bien en point,
Et ne fçauroyent tenir dequoy
Payer la façon d'ung pourpoint:
Ilz n'ont d'argent ne peu ne point,
Par pour leurs vieulx houfeaulx refaire,
Fringuer, faire le contrepoint,
C'elt aux Gentilzhommes à faire.
Mais cuydant qu'ilz ayent dequoy faire
Mal repeuz, maintenant faoulez,
Pour mieulx la fringande parfaire,
L'eaue paffe parmy leurs fouliers:
Ilz font fringans du bois levez,
Et puis pour hanter entre gens,
Leur bource plaine de gettoers
Pour dire qu'ilz ont de l'argent.
Tel pompe, & faict du regent,
Difant j'ay des efcuz une pille,
Tel eft bien paré, frifque & gent
Qui ne fçait ne croix ne pille.
Les aultres fans offence ville,
Se pourmainent par mons par vaulx,
Et font houfez parmy la Ville,
Pour dire qu'ilz ont des chevaulx.
Tant de peine tant de travaulx,
Pour en faire plus largement,
Par Monfieur faint Briol des Vaulx;

Ilz n'ont ne cheval ne jument. Devant l'eftomac proprement, Le beau fin mouchouer de lin; Mais la chemise eft fouvent Groffe comme ung fac de moulin. Les ungz par leur fin jobelin, Fourniffent à l'apoinctement; Les aultres par leur pathelin, D'un cedo bonis nettement; Telz font vestuz honneftement, Ilz fringuent trop & fi n'ont riens: Pour avoir du drap largement, Il faut obliger corps & biens. En effect vela les moyens, Plufieurs font par leurs haulx habiz, Après menez comme beaux chiens, Pour faire leur pain de gros Les aultres par folz appetiz, De la queue d'ung cheval painte, Quant leurs cheveulx font trop petiz, Ilz ont une perrucque faince. Puis qu'ilz ont la tefte fi ceinte, Vrayement j'ay bonne intention Que aucun d'eux feront d'une fain&te, Mais qu'on joue la Paffion.

Et s'on fait quelque fiction

bis:

Le jour du Sacrement, l'ung d'eux
Joüera l'Annonciation,

Pource qu'ilz ont fi beaux cheveulx.
Cuidez vous qu'ilz feroient peneux,
S'en falvent Dieu & fes Sains;
Se le vent emportoit par neux
Leur perrucques de cheveux fains.
Ainfy que Lombars & Romains,
Ilz portent ungz cheveulx de laine,
Tous propres, pignez, & bien paingz,

176 Le Monologue des Perrucques.
Pour jouer une Magdaleine.

En priant que très bonne eftraine,
Vous veüille octroyé le vaudelucque,
Et qu'il veulle envoyé la teigne
A ceulx qui ont telle perrucque.

Fin des Oeuvres feu Maiftre Guillaume Coquillars
Official de Reims.

BALLADES

177

BALLADES

ATTRIBUE'ES

A GUILLAUME

COQUILLAR T

Tirées de l'Edition in 4° gotique, à Paris chez Allain Lotrian.

Complainte de Echo, qui ne peult jouir de Jes amours commence de Echo & de Narcifus.

CHO querant fes mondaines plai¬
fances,

Cuidant venir de fon fait au deffus,
Non regardant les très dures vengen-

ces

Que les haux Dieux contre elle avoyent conceuz ;
Fut surprise de l'amour Narcifus,

Par quoy depuis endura maintz travaulx:
Defir d'aymer paffe tous autres maulx.

Tant y ficha fon cueur & fon courage
Et tellement à l'aymer s'employa,
Que fans garder d'aultres Dames l'usage
D'eftre priée, elle mefme pria;
Vers Narcifus affez fe humilia,
Mais rien ne fit pour fon humilité:

M

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