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Grand' privaulté engendre vilité.

Après plufieurs amoureux paffe mens,
Regards, eucillades, petis charivaris,
Qui tous fervent aux grans embrasemens,
De cueurs humains, & mondains efpritz;
Echo fans plus après plufieurs foubzris,
Ung feul baifer requift à Narcifus :
Riens n'eft fi dur en amours que reffus.

Par fon orgeüil fier, & prefumption,
Depit, outrage, & felonnie nature,
En fe mirant par grant elacion,
A fa beaulté & plaifante ftature,
Euft en defdaing la povre creature,
Sans la laiffer parvenir à fon efme:
C'est bien congneu qui fe congnoit soy-mefme.

Et en effet par l'inhumanité
De Narcifus qui le baifer defnie,
La povre Echo par grande aufterité,
Ufa en pleurs le furplus de fa vie ;
En gemiffant fut en voix convertie,
Et endura mutation fubite :
Ung cueur piteux en larmes fe delite.

Ce Narcifus après confiderant
Que par la Dame avoit efté prié,
S'en orgueillit, & tout en fe mirant;
Après qu'il euft glorifié,

Pour le vouloir des deux fut toft mué
En une fleur, qui ès fontaines croist:
Orgueilleux cucur foy-mefme fe decopt.

Notez enfans; car comme la beaulté
De la fleur eft incontinent paffée,

L'honneur du monde qui n'eft que vanité
En un moment eft auffi abaiffée;

Si a efté cefte hiftoire braffée,

Pour ceulx qui fiers & trop orgueilleux font: Dieu & Nature fans caufe riens ne font.

Ballade contre les Princes.

Princes qui tenez les très

grans Eftatz, Sans regarder la façon & maniere, Vous courroucez tant de gens en un tas Que pour vous va çen devant derriere; Pour ce maintenez pour raifon droituriere} Car en ce printemps & nouvelle faifon Les Vers Manteaulx en feront la raison.

Que penfez vous ? prenés vous voz esbatz 'A mettre fus une telle matiere?

Pour ce moyen vous forgez grans debatz,
Qui dureront au moins l'année entiere;
Et vous dis bien fe ce temps dure guere,
Et Dieu reçoit de chafcun l'oraifon.
Les Vers Manteaulx en feront la raison.

Vous faictes tant de gens crier helas En haulte voix, faifant à Dieu priere, Ou ensemble tous puiffez defcendre en bas Au puis d'enfer la tefte la premiere ; Car auffi bien font metaulx champs baniere Ce temps d'iver, vous verrez qu'à saison Les Vers Manteaulx en feront la raison.

Prince regarde à qui baillé tu as Toute la charge de ta noble maison, Et pense bien comment garder pouras, Les Vers Manteaulx en feront la saison.

RESPONSE.

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Tous qui parlez des Princes & Seigneurs,
Qui aux Eftatz ont leur haulte main mife.
Et les charges de plaintes & clameurs,
Que chafcun fait endroit foy à fa guife;
Au grant Confeil eft la chofe remife,
Mailtre Denis qui a tousjours faifon,
Aux Vers Manteaulx oftera la toifon.

Puis ferez en toutes vos erreurs,
Et congnoiftrez que c'eft folle entreprise
Il n'y aura grans petis ne greigneurs,
Que leur deffence ne foit tousjours amife;
Mais fe l'en voit quel' raison foit desmise,
Ceftui bon mäiftre qui fçet plumer toifon
Aux Vers Manteaulx oftera la toison.

Vous menaffés foubz couvertes couleurs Ceulx qui craignent les grans vent de bife, Et propofez que vous font vos douleurs Pour mal entendre le tout à voftre guife; Mais fe par vous banniere eft aux champs mife Le vray ouvrier qui congnoift la maifon Aux Vers Manteaulx oftera la toifon.

Princes pensez à toutes ces aigrures, Pour tous ceux-là qui ont la defraison D'entretenir qui mieulx à ces rigeurs Aux Vers Manteaulx oftera la toifon.

RESPONSE.

S'il advient les Manteaulx Vers Ayent cours comme chafcun penfe

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Et que tout voise de travers,
Je dis ainfi que l'en commence;
Mal content ayez efperance,
Congnoiffez que le temps l'applicque,
De ramener fans difference

Ung autre nouveau bien publique.

Soubz umbre de fermens couvers
On baille à qui l'en veult puillance,
Mais les faitz feront defcouvers
S'il plaift à la divine effence;
Lors on verra la confequence
De leur faulce & dampnée pratique :
Car par eulx reviendra en chance
Ung autre nouveau bien publique.

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Ung tas de raffotez couars
Ont voulu par leur aliance,
Fraper à tort & à travers
Sur les bons ferviteurs de France;
Qui fut la vraye caufe & fubftance
Du jadis mauvais bien inique,
Et les Seigneurs plains d'arrogance
Forgent ung nouveau bien publique.

Ha! Prince de haulte excellence
On te met en ung grant picque,
Car foubz ton manteau d'ignocence
Se forge ung nouveau bien bublique.

Ballade contre les Manteaulx.

Vous verrez Manteaulx appellez vers de terre, Qui fans raifons vous plaignez des Eftatz, Advisez fe la paix ou la guerre,

Lequel des deux pour prendre vos esbatz

Vous vauldra miculx; car je croy ung tas
Se n'y pensez par bonne occafion
Arbres & fourchés en feront la raifon.

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Quant on vouldra ferez tenuz en férre
De fi très près, que vous criez helas;
Que vous fault-il ? querez vous la defferre
Des malheureux tombés jufques au bas?
Je vous prometz que defditz & debatz,
Arbres & fourches en feront la raison.

Aller vous fault gens paoureux ailleurs
querre
Que cefte Court, ce n'eft pas voftre cas,
Tirez avant, ce n'eft pas autre erre,
Et que ce foit plus vifte que te pas 3
Ou autrement pour le jufte compas,
Pour le plus tard celle noble faifon,
Arbres & fourches en feront la raison.

Prince Royal qui devez tous conquerre,
Ne pardonné fi grande defraison
A telz mignons, qui pour devoir aquerre,
Arbres & fourches en feront la raison.

Ballade quand on cria la Paix à Reims.

Vous efpritz & vertueux courages Plaifans, honneftes, royaux, & pacifiques Sallez à cop, de voz nobles bernages Engins fubtilz, caulx & fcientiques, Et regardez les œuvres deifiques Dont Dieu nous a fi grandement douez; Que tous nous deux font aujourd'huy muez En joyes, en chantz, en plaifirs, & jeux Par ces trois Dames lefquelles cy voyez, C'eft France & Flandres, & la Paix entre deux?

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