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Ce font inftrumens fort foudains,
Pour tendre crennequins à nerfz,
Coup à coup pour bender aux reins,
Et penfez qu'il y en a maints,
Par bien leur crennequins lascher,
Qui ont mainte perfonne attains
Bien au vif jufques à la chair.
Elle fe peuvent enharnacher
De baudriers qui ont beaux tricoys,
Les aultres ne fe font que facher,
Et n'entendent point bien les droitz.
Mignons en ont aucunes foys,
Et quant ilz font pelez ou laiz,
Ilz en font faire des harnoys,
Et des refnes à leurs muletz.
Aucuns en brodent les collets
De leurs pourpointz, & font ce bien
Ou à eulx, ou à leurs varletz ;
Ung bon mefnagier ne pert rien.
Mais je dis le Droit ancien
Sur ces perruques bourfouflées,
Legieres, qui par bon moyen,
Deviennent groffes & enflées ;
Mais icy les années paffées,
Y vint ung docteur fort nouveau ;
Qui a ces matieres traictées :
Pour ce je m'en paffe tout beau,
Tout ne pend qu'à la queuë d'ung veau,
C'est toute chofe contrefaicte.
Quelque jour en lieu d'ung poireau,
On portera une fonnette.

D'ung aultre ton, la befongne eft nette
Se quelque fringart s'en advife,
Et qu'il la cache en fa cornette,
Nous en verrons courir la guife.

L'habit de couverte faintife,

1

La robbe, de bien bas voller,
Le pourpoint, de haulte entreprise,
Le bonet, de diffimuler,

Le chapeau, d'aigrement parler,
Cornette, de faulce bricolle
On ne voit aultres loups hurler
Ne femer autre parabolle.
Ne fuivons plus d'amour l'efcolle,
On n'y lift que de tromperies.
La fcience eft folle parolle,
Les grans juremens, menteries,
Les ftatutz, ce font joncheries
L'Univerfité, c'eft malheur,
Les Bedeaux, lardons, mocqueries
Faulte de fens, c'est le Recteur,
Trahifon, en eft ung Docteur,
Faulceté, en eft le Notaire,
Avarice, eft le Confervateur,
Injure, elle lit l'ordinaire,
Detraction, c'est le Libraire,
Sufpection, c'est le Greffier,
Dire tout, c'eft le Secretaire,
Rudeffe, c'eft ung Meflagier
Defdaing, c'eft ung premier Huyffier
Qui gardes les huys & feneftres,
Refus, eft le grant Chancelier,
C'est celuy qui paffe les Maiftres.

Voyez à dextres & à feneftres,
En tous eftatz qu'on peult choifir,
Entre les gens layz, Clercz & Preftres
On ne voit que fraudes courir;
Chafcun fait velours encherir,
Chascun veult prendre eftatz nouveaulx.
J'ay veu qu'on ne fouloit querir
Que robes à quinze tuyaux,

Larges manches, & haulx chappeaux,

Grans getz de honneste gravité.
Mais ce n'eft de noz fringuereaux,
Que inconftance & mobilité;
Pour l'atour de affabilité,
Le colet de doulx entretien,
On porte corfetz de fiereté,
Et pieces de facheux maintien :
Chaines d'or courront meshouen;
Pour feindre millours & grobis,
Et qui n'aura argent ne rien
Se feindra d'une chaifne à puis.
A cela fommes nous tous duyts;
Et qui n'a que dix frans vaillant,
On l'employe à fringans habitz,
Ainfi le Droit nouveau l'entend.
Notez, & vous tenez à tant,
Que tel a robbe de migraine
Qui ne fçauroit finer contant,
Six blans au bout de la fepmaine,
Combien que plaisance les maine;
Si lit on en mainte Saison,
Que de mouton à courte laine
On n'aura ja bonne toifon.
Je me fonde trop à raison,
Puis qu'avez ouy ce notable,
Je meteray une queftion,
Et ung cas qui eft prouffitable.
Ung homme povre & miferable;
Qui a belle femme & entiere,
N'a vaillant que ung li&t, une table;
Ung banc, ung pot, une faliere,
Cinq ou fix voirres de feuchiere,
Une marmite à cuyre poys:
Il s'en va dehors bien arriere,
Et demeure sept ou huyt moys;
Il retourne après toutesfoys,

Et treuve l'hoftel grandement

Fourny de vins, de bledz, de boys;
De belle vaiffelle d'argent;
Affavoir mon aucunement,
Se le mary doit enquerir
A la femme dont cela vient,
Ne qui la peult fi bien fournir ?
Semble que non, car j'oy tenir
Aux faiges, qu'à cheval donné,
On ne doit point la gueulle ouvrir,
Pour regarder s'il eft aagé.
Item il en a bon marché,

Ce font conqueftz, apres fa mort,
Le mary en a la moytié

,

Ainfi on ne luy fait nul tort.
D'aultre part, voicy le plus fort,
Semble qu'il y ait conjecture
Que fa femme ait efté d'acord
D'entretenir la creature,
Prefter le mofle à la pafture,
Pour avoir cela & foy taire.
S'il fe pourvoit, tort ou droicture;
Elle y perdroit tout fon douaire.
Quoy qu'on fache crier ne braire,
Les Droitz nouveaulx difent ainfi
Que la jeune femme doit faire
Ung chef-d'œuvre fur ce cas cy,
Et dire franc à fon mary,
Que Maiftre Enguerrant Hurtebife;
Son ayeul qui mourut tranfi
L'aultre jour au pays de Frife,
Si luy laiffa par bonne guife,
Tous fes biens à fon teftament.
Ainfi ung vent de la chemise
Fera tout ceft appointement ;
Le mary fe tiendra content,

Cuydant que ce luy fit efcheu
Et penfez que pas il n'entend
La reigle des loix que j'ay leu.
Tel cuyde avoir à bon compte eu
La marchandise qu'il a pris,
Qui le plus fouvent eft deçeu
D'oultre moytié de jufte prix.
Ung femblable mot cy eft mis
Efcript & noté par exprès,
Juxta de regulis juris,
Comme il apperra cy-après.
Une aultre queftion je mes,
Homme & femme tiennent mefnage,
Riches aflez, & pour tous metz,
Ilz veullent faire ung mariaige
De leur fille; le pere eft faige,
Qui dit qu'elle fembleroit belle
Bourgeoife, la mere en enraige
Qui veult qu'elle foit Damoyfelle.
Le pere par bonne cautelle,
Dit & refpond qu'il ne loit pas,
Et qu'il n'appartient point à elle
De porter fi tres grans eftatz.
La mere en fait toujours pourchas,
Et jure qu'elle le fera.

Je vous demande fur ce pas,
Auquel la fille obéira.
Ou fe du tout elle fera,
Comme fon pere luy difoit
Ou fe on la Damoyfellera
Comme fa mere le voulloit.
Brief, mon opinion feroit,
Que pour terminer la querelle,
Cefte fille cy deveroit

S'abiller à mode nouvelle,

Porter moytié drap, moytié toille ;

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