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Oyez nos fciences honnetes,
Puifque l'heure y eft difpofée.
Venez la Symple & la Rufée,
Qui avez la court abusée,
Venez, on vous enfeignera:
La caufe euft été terminée

Entre vous deux, mais ceste année,
Je cuide qu'elle furcerra,

Une aultre foys on y penfera.
Efcoutés donc ce qu'on dira,
Aprenez, foyez clergerefles:
Quelque mot vous y fervira,
Quant l'arreft fe prononcera,
D'entre vous aultres plaidereffes.
C,a mes mignonnes dancereffes
Mes tres plaifantes bavarreffes,
Delaiffez vos amoureux traitz,
Mes grandes entretenereffes,
Combien que vous foyez maitreffes,
Efcoutez nos moyens parfaits,
Cloez l'œil de, je hay telz fais.
Les paupieres de, je m'en tais;
L'oreille de, tout fonne cas;
La langue de, tout eft mauvais ;
La bouche de, laiffe m'en paix ;
Et les dens de, ne me plait pas ;
Prenez l'art de, je m'en esbas;
L'ardeur de, vela ung bon pas;

Le vouloir de, on ne me peult mieulx dire
Les grands geftes de, parler bas;

La façon de vela mon cas;

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Et le ris de, grand mercy Sire.

Quant eft de moy pour vous instruire,
Pour vous recréer & defduire,

J'ay veftu ma chappe d'honneur,
Mon chapperon fourré, pour lire,

Mon pulpitre, pour plus hault luire,
Et mon bonnet rond de Do&teur,
Ma grant lenterne de lifeur,
Mon livre pour eftre plus feur,
Sans faillir ne fans repentir.
Les Dames par leurs doulceur
A ce faire, me ont meu le cueur.
Honnefte cueur ne peult mentir:
C,a mignons pour vous advertir,
Puis que on voit nos anciens Droitz
Caffer, anuller, pervertir,
Par la confufion des Loys,
Et que j'apperçois & congnois
Que pour trainacer le patin,
Il eft de grans clers en Françoys,
Qui ne font que afnes en latin,
Lefquelz font vetus de fatin,
Et ont or, argent, & joyaulx :

Advifé me fuis au matin,

De vous lire des Droitz Nouveaulx;
Droitz nouveaulx, Droitz efpeciaulx,
Droitz dont on ufe par expres :
Ce ne font pas Droitz feriaulx,
Les droitz de la porte Baudais,
Nenny non ce fon droitz tous frais,
Droitz de maintenir bref & court,
Par les mondains du temps qui court
Et n'y ayt fi fot, ne fi lourd,
Si nyaiz, ne fi mal bafty,

Pour faire du gros du demy lourd,
Qui n'ufe des Droitz du jourd'huy,
Et en effect, de ces Droitz cy,
Toute la premiere rubriche,
C'eft, de Jure Naturali.

Du Droit naturel je m'y fiche,

Ce droit deffend à povre & riche,
De laiffer par longues journées,
Povres femmellettes en friche
Par faulte d'eftre labourées :
Mais veult qu'elles foyent reparées,
Pailibles en leurs jouyffances,
Toujours maintenues & gardées,
En toutes mondaines plaifances.
Et penfés quelles alliances:
D'amour, & de vraye union,
Leurs fignes & leurs circonftances
Prennent du Droit naturel nom.
Pourquoy car la conjunction,
Le fait principal, & meflée,
La fin, la frequentation,

Fut de droit naturel trouvée.

Se en quelque amoureufe affemblée, Ung mignon peut avoir accès, Que fera-il de premiere entrée ? Il prye, il commence ung procès, Il follicite de fi près,

Que Litifconteftation

Se faict, & puis on vient après
A faire la production.

Et fault produire quelque don,
Quelque affiquet, fi femble beau,
On mettera fans dilation,
Les piéces deflus le Bureau:
Là fe fait ung Droit tout nouveau,
Dieu fçait comme on pratique l'art,
Et fe c'eft ung fot ou ung veau
Qui n'ait riens produit de fa part,
Que fait-on fe c'eft ung coquart,
Qui, peult eftre, a produit trop pou;
On le met à ung fac à part,

Et le laiffe on pendre au clou.

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On l'enporte je ne fçay ou,
Sans en faire longues enqueftes,
Et le met-on en ung vieil trou,
Pour les vueilles des haultes feftes.
Aucuns par bien bailler requestes,
Obtiennent des provifions:

Les aultres fe y rompent les teftes,
Et n'ont point d'expeditions:

Telz moyens d'amours, telz façons,
Viennent aux femmes de nature;
Telz induftries, telz leçons,
Le droit naturel leur procure.
Beau Sire, fi la creature
Prent tous les jours de fon mary;
Le picotin à grant mesure,
Fait-elle mal? nenny, nenny.
Et s'il eft pefant, endormy
Songeart & qu'il n'y puiffe entendre,
Doit-elle point avoir ung amy?
Je dis qu'il eft befoing de attendre
Qu'il foit fommé, avant qu'en prendre
Ailleurs; & s'il refpond, fans plus,
Je me garderay de mefprendre
Quel provifion du furplus;
Ce delay là femble reffus.
Pourtant ne doit point eftre mis
Si toft du nombre des cocus.
Le mary par fix ou fept nuys,
Combien que s'il paffe les dix,
Sans caufe, & que le boys s'alume,
Femme peult prier fes amys,
Et faire felon la coustume.

Mes mignons efcoutez la plume,
C'est trop le latin efcumé:

Faites tousjours que l'on fe fume,
Ainfi qu'avez acoutumé

Humez fe vous n'avez humé, Riez comme vous fouliez rire, Semés fe vous n'avez semé, Dices comme vous fouliez dire. Ne laiffez point vos droitz prefcrire ; Soyez fongneux de les apprendre. Car on parle fouvent de cuire, Mais le fournier n'y peult entendre. Toutes fois batre pour l'efclandre. Pot à couvert pour les buvans, Loyal, fubtil, fecret, ou riens. Nos mignons fringans & bruyans, Qui brouillent noltre parchemin, Nos fringans, nos peruquians, Nos gens traverfeurs de chemin, Ilz font leur compagnon Jennin Leur gros vallet Gaultier Fouet, Leur frere d'armes Guillemin, Et leur Paige Bec à Brouet. Qui fe enquierent non eft? fi eft; S'elle eft Damoyfelle ou Bourgoife, Quel' robe elle a, ne quel corfet, Soubz fon chapperon de Pontoise. S'elle eft grave, s'elle fe poife, S'elle a ne mortiers, ne pille&es, S'elle eft fiere, doulce ou courtoife, S'elle a filz, filles, ne fillettes. S'elle eft du quartier des Billettes, Gente, cointe, propre ou fetitle, S'elle a ne rubens, n'éguillettes. Se c'eft ou fucre ou forte épice. Se l'etat haulle ou apetiffe. Chafcun en lit une leçon. Tantoft vela Colin Suyffe, Qui en va faire une chanfon. Quelque Tabourin ou Bourdon,

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