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Pour exception ou deffence.
Il repond que pas il ne croift
Que ung Cordelier de l'Obfervance,
Le puiffe priver de ce Droit,
Veuë l'ypotheque qu'il avoit
Sur cette mignonne fringante.
Car la loy mefme ne pourroit
Sans caufe luy ofter fa rente.
Je demande fe l'applicante
Pour frustrer l'autre & reculer;
A quelque raifon fuffifante,
De mettre en jeu le Cordelier.
Les Droitz nouveaulx pour abreger,
Refpondent que on ne trouve mye
Que ung Frere Mineur peult ofter
Le Droit d'une tierce partic.
Et quoique la mignonne dye,
Elle doit de toute raifon
Tenir loyalle compaignie,
Foy & promeffe à ce mignon.
Mais s'elle alleguoit trahison
Encontre luy, ou faulte grande;
Elle auroit bonne exception,
Pour le fruftrer de fa démande.
Une aultre doubte je demande,
Femme à fon mary bas devant
Qui prent à d'autre lieu provende.
Loit il de luy en faire autant?
Se fon mary s'en va hantant
Aucunes mignonnes fillettes,
Doibt-elle frequenter pourtant,
Les Cordeliers ou les Billettes ?
Pourtant s'il a façon doulcette,
Qui fe voife ailleurs atteler,
Peut-elle courir l'efguillette
Et s'en faire auffi harceller?

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2

Et cil qui voit fa femme aller
En lieu de gibier, à l'efcart,
A il caufe de grumuler,
Fraper ou luy donner fa part?
Les Droitz dient que tel fouldart,
Doit endurer en paix l'offence.
La raifon du faige dit par art,
Dolus cum dolo fe compense:
En ce cas l'ung l'aultre compenfe,
Puifque chafcun d'eulx eft en Ruyt,
L'ung a les dez, l'autre la chance
C'eft fimpleffe d'en faire bruyt.
Une autre queftion nous duit,
Une qui fert de beaulx meffages,
Une courtiere qui ne vit
D'autre chofe que de courtaiges,
En contrefaifant ces meffages;
Une mefchante defchirée,
Qui a couru bourgs & villages,
Et eft à tous habandonnée,
Une morfonduë, mal parée,
Une mefchant' bague au gibier,
Cette vieille l'a emmenée,
Et là vous met fur le mestier,
Et de fait l'a appoistée

De chapperon rouge, au furplus
De corfet de foye, de baudrier
De robbe que voulez vous plus,
Tant que devant pour trois feftuz
Vous l'euffiez euë, ou pour du pain :
Maintenant la couple d'efcuz,
Ou le noble luy pend au fain.
Au temps de tout fon premier train,
Elle alloit par tout loing & près,
Et maintenant c'eft ung gras grain,
Et ne va que aux porches fecretz.

Elle alloit devant & après
Toute feule, à mont & à val,
Maintenant c'eft ung cas exprès
Qui la fault conduire à cheval.
Quel' tromperie! propos final,
C'eft deception & cautelle.
Or l'inventeur de tout le mal,
A efté cette maquerelle.

Je demande comment doit-elle
Eftre pugnie veu qu'elle s'applicque
De bailler fi lourde marelle,
Et tromper la chofe publicque;
Selon Droit & la theorique,
On la doit pugnir voirement ;
Mais, par mon ferment, la pratique
Eft au contraire maintenant,
C'eft que on la pugnift d'argent,
Et de peine pecuniaire,

Au profit de quelque Sergent,
Qui en eft le Juge ordinaire.
Mais que on luy fonce le falaire;
Elle aura fon gaige exprez,
Et fi n'y aura Commiffaire,
Qui en parle jamais après.

Une aultre question je metz,
Que vous femble il d'une ymage,
Qui s'acointe d'aucun nyais,
Et vent troys foys fon pucellage?
Quelque gros grain faifeur du faige,
La vient ung petit manier:
Celuy là paye l'apprentiffaige,
Et le pucellaige premier.
Depuis furvient quelque efcollier
Gorgias, de bonne maison,
Qui fe met à en effayer,
Et eft le fecond échanson;

Après revient quelque mignon
Qui paye & paffe les deftroitz :
Vous femble il que ce foit raifon
Vendre une feule chofe à trois :
Quelque vendage toutesfoys,
Qui foit faict ou qui ait efté,
Telle marchande contre noz Droitz,
Retient la proprieté.

Je demande fe d'équité,

Il eft faige, ou fol qui fi fie5
Et fe pour telle faulceté,

La nymphe doit eftre pugnie?

Les Droitz decident, quoy qu'on dye; Se la faulceté eft congneuë,

Celle qui fait la tromperie,

Sera fuftigée & batuë,

Demy veftuë, & demy nuë,
Pour recongnoiftre fon delict:
Non pas en carrefour ne en la ruë,
Mais aux quatres cornetz d'ung lict.
Les dents contremont, l'efperit
Penfant, ravy en amourette
La tefte au bout du chalit,
En lieu du cul d'une charette.
Et l'execution parfaicte,

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Après quatre ou cinq moys paffez,
Par ceulx qui la defpeche ont faice,
Affin d'eftre recompenfez.

C'eft trop caquetté, c'est affez,
Sur le dol, ce m'eft advis.

S'enfuit donc pour estre avancez,

LA RUBRICHE de Impenfis. Des Impenfes ; felon tous ditz, S'on tache à decepvoir les gens,

Et tromper par moyens fubtilz,
Ce n'eft que à fin des defpens.

DE IMPENSIS.

Pour ce après de Dolo je prens
Des Impenfes en bonne foy.
Ceulx qui font l'arquemie aux dens,
Ne practiquent point cefte loy,
Ceulx auffi qui n'ont pas dequoy,
Ne peuvent telz grans defpens faire,
Pour ce c'eft le pis que je voy,
Quant ung homnie eft mince de caire.
Se ung amoureux n'a que traire,
Ne que mettre en production,
Il n'y fault point de Commiffaire,
Pour faire la taxation.

Trop inutille eft l'action,
Celuy qui à povreté tire.
Encore pis l'execution,

Là ou on ne treuve que frire.
Or n'eft-il riens au monde pire,
Quant ilz ont ensemble leurs Cours,
Pour ung povre mignon deftruire,
Que faulte d'argent en amour.
On a veu les anciens jours
Qu'on aimoit pour ung tabouret,
Pour un efpinglier de velours,
Sans plus pour ung petit touret.
Aujourd'huy il fault le corfet.
Ou la trouffoire d'ung grant pris.
Ou bailler dix efcus d'ung tretz,
Ou la robbe fourrée de gris.

Or voicy ung cas qui eft mis,
Ung mignon ayme une mignonne,
Et font fes efperitz ravis,

Tant uy femble-elle belle & bonne;

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