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A elle du tout s'abandonne,
Et pour la faire plus mignotte,
Quatre aulnes de fatin luy donne
Pour luy faire faire une cotte.
C'étoit fatin de belle forte,
Sendré, ung fatin de Fleurence,
Et de fait la prie qu'elle porte
Cette cotte, pour fa plaisance,
Pour avoir de luy fouvenance.
La Bourgeoife eut ung aultre amy;
A qui elle donne & advance
Les quatre aulnes de fatin cy,
Il les prent & eft rejouy

Il fringue, & en faict fa fredaine.
L'autre fonge & eft esbahy,
Qu'il voyt qu'il a perdu fa peine.
L'ung eft tondu, l'autre a la laine,
L'ung efchelatre, l'autre la tonne,
L'ung eft celuy qui feme avoine,
Et l'autre eft celuy qui moiffonne.
Affavoir que raifon ordonne,
Si je voys quelque for fringuer
De chofe que à femme je donne,
Se je la pourroye vendicquer,
Reprendre, ou à moy applicquer ?
Le Droit nouveau eft refolu,
Que on ne fçauroit tant topicquer,
Que le fatin ne foyt perdu
Pour moy; mais bien au refidu,
On ne peult la Dame apprehender,
Et fe mon drap ne m'eft rendu,
C'eft affez pour la degrader
De fon honneur, & proceder
Contre elle à degradation:
Le prélat qui fera l'ouvrier,
Sera quelque mauvais garfon.

Telz motz qu'on dit une chanson,
Qui court par les ruës & fentiers,
Ce que on ofte c'est bon renon.
Le registre aux mauvais Greffiers,
Et tous les menuz Officiers,
Comme Scribes, & Promoteurs,
Sont Pages, & pallefreniers,
Applicquans, marchans Gaudiffeurs,
Que fçay-je, un tas d'Afiftoleurs,
Qui ont ouy le faict compter,
Qui jetteront goullées plufieurs,
Et l'yront partout efvanter.
En ce point voit-on degrader
Celles qui trompent leurs amys,
C'eft affez dit, il faut traiter,

LE TITRE, de Injuriis
Des injures le tiltre eft mis,
Ou y a de grandes matieres,
Penfez que ce tiltre eft bien pris
Entre ces vieilles harangieres.
Les eftaux de ces poiffonnieres,
Les coffres de la lingerie,
Et les bacquetz de ces trippieres,
Ne font plains d'aultre mercerie.
Les crochetz de la boucherie,
En Chaftellet ung tas de facz,
Et au furplus la plaidoyrie,
De tous les plus grans Advocatz,
Injures trop à tas, à tas.
Dieu fçet fe bien font efpluchées,
Parolles & menus fatras,

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Aux chambres de ces accouchées
Les feneftres ne font bouchées,
Que à faulx & à manches d'eftrilles;
Les couches ne font attachées

Que de grands lardons pour chevilles :
Les carreaulx furquoy feent les filles,
Sont pains d'ung tas de fe m'ift Dieux :
Les tapis, fe font evangilles,
Et vies à povres amoureux:
Au chevet du lit pour tous jeux
Pend ung benoiftier qui eft gourd,
Avec ung afpergès joyeulx,

Tout plain d'Eaue Benoifte de Cour.
La garderobbe c'eft la court
Là où on traicte noz mignons,
Là on n'efpargne fot, ne fourt,
C'eft là où on les tient fur fons.
L'une commence les leçons
Au coing de quelque cheminée,
Et l'autre chante les refpondz,
Après la legende dorée.

Si-toft que matine eft fonnée,
Il n'y a ne quignet ne place
Que on n'y carillonne à journée,
Il est tousjours la Dedicace,
En la meffe il y a preface,
Mais de confiteor jamais,
Oncques puis le temps Boniface
Auffi on n'y bailla la paix.

Car il y a entre deux ais,
Tousjours quelqu'une qui grumelle.
D'entre fa voifine d'emprès,
Qui veult dire qu'elle eft plus belle.
Bref, c'eft une droite chappelle,
Et fi n'y a Prelat d'honneur,
Qui ne tache bien fans fequelle
D'avoir place d'enfant de cueur.
L'une comptera de Monfieur,
Et l'autre d'une creature
Qui a cul de bonne groffeur,

Mais il ne vient pas de nature.
L'une dic que c'eft enfanture,
L'autre dira qu'il n'en eft rien,
Et pour ofter la conjecture,
Chafcune fai&t tafter le fien,
S'il eft fagotté, s'il eft bien,
S'il eft trouffé, s'il eft ferré,
S'il eft efpais, quoy, & combien
S'il eft rond, ou long, ou carré:
Tel y a s'il eftoit paré,

Et qu'on luy vift ung peu la cuiffe,
On le trouveroit bigarré

Comme ung hocqueton de Souyffe.
Celuy fi me femble elt bien nice
Qui fonde deffus une maifon,
Car quelque chofe que on baftiffe,
Le fondement n'en eft point bon.
Après, qu'on a dit ce jargon,
Tantoft après arrivera
Une grande proceffion
Qui d'aultre matiere lyra.
L'une d'elles commencera
A refgaudir fes efperitz,
Dieu fçet s'elle praticquera
Le Tiltre, de Injuriis.

Quelqu'une par moyens fubtilz
Ira femer de fa voyfinne,
Qu'elle fuborne les amyes

Et les chalans de fa coufine.
D'une autre on dira que c'eft figne
D'une parfaicte mefnagiere,
Prefter pour garder la cuisine,
Son cul pluftoft que fa chaudiere.
S'on touche de quelque compere
L'une dit qu'il eft trop fafchant,
L'autre qu'il a belle maniere,

Mais il fe panche ung peu devant.
D'ung tel, il fçet fon entregent,
Et fi luy fiet bien à dancer:
Mais il n'a pas fouvent argent,
Il ne fçet que c'eft que foncer.
Quelque vieille va commencer
A filler, qui empongnera,
Sa quenoille de hault tencer,
Son fuzeau, de tout fe dira,
Les eftoupes, de on le fçaura,
Le rouet de j'ay bec ouvert,
Le vertillon, de on verra,
Le pot au roses découvert,
Le fil de la quenoille eft vert,
Et fi dextre pour s'enfiler,
Que le grant diable de vauvert
A peine fe peut defmefler.
Pour mieulx à l'aife vaneler
On met eftoupes par dedans
La fainture de trop parler,
Et la couche l'on des plus grans :
On empefche langues & dents,
Et mettent leurs foings & leurs cures
Par lardons, broquars, motz picquans,
A expofer les efcriptures.

C'eft ainfy que telz creatures,
En parlant de l'autre & de l'ung,

Lifent le Tiltre des Injures.

C'est aujourd'huy le train commun
De noz Gentilz-hommes, quelque ung
En banquet n'entendra langaige
Que de mefdire fur chacun:
Sur quelque Bourgeoife; que fay-je,
L'une eft abillée en villaige,
L'autre eft dangereufe au frain,
Et l'autre deveroit eftre faige,

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