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Car elle a ung tres grant engin.
D'une on dit qu'elle ayme hucin
Et a l'inftrument compaffé
Comme ung houseau de bifcain,
Quant a le ventre deflaffé.

L'une a couru,

l'autre a traffé

L'une a les grans, l'autre a les gros.
L'autre a l'eftomac renversé
Et a l'entendement au doz.
L'une a vifaige de marmotz
Enluminé de vermillon:

Et l'autre fent l'ombre des brotz,
Ou la graine de morillon.
L'une eft rognée par le talon,
Et cloche ung peu quant elle dance.
L'autre a le corps à reculon,
Et cuide l'on du cul la pance.

Brief, c'eft une droite plaifance,
Que d'ouyr mignons en bancquetz.
Car en celle où l'on met l'advance,
Il y a tousjours fy, ou mes.
Sotz, faiges, drups, dupes, nyais,
En playdoyés, en efcriptures,
Tous Advocatz, & Clercz, & Laiz,
Sçavent ce Tiltre des Injures,
Et parlent fouvent fans mesures,
Et injurient gens fans raison.
Et pour achever noz lectures,
Je veulx mouvoir deux queftions.

Et puys bo; l'une eft, noz mignons
Vont quelque Bourgeoife hanter,
Et la tiennent fi bien fur fons,
Qu'ilz parviennent à habiter.

Quant ilz ont faic, ilz s'en vont vanter
Par tout à Gaultier & à Sybille ;
Et s'on ne les veult efcouter

Aux champs, ilz le crient en la Ville
Je demande par voye fubtille,
Se la femme aura action,

De l'injure & par rigueur du ftille,
S'il y chiet grant punition?
Je refpons par diftinction,

Ou celle dont on dict ce bien,
Prent des mignons argent, ou non,
Ou elle le faict, & n'en prent rien.
Se elle prent argent, tout moyen,
Tout remede, le Droit luy fault.
Et s'elle n'en prent point, trop bien
Elle a l'action, & ne chault
S'elle a eu chofe qui le vault :
Car fe vanter c'eft mal rendu.
Et dit pour ce, que ung tel ribault
A bien gaigné d'eftre pendu,
Par ainfy eft le cas folu.

QUESTION,

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L'autre queftion en effect,
Ett telle, ung Macé goguelu
Treuve fa femme fur le faict,
Affavoir mon fe s'eft mieulx faict
A luy, d'appeller fes voifins,
Les gens de la ruë, ou le guet?
Que fçay-je, ung tas de maillotins,
Ses oncles, parens, & coufins,
Pour fa povre femme efcorner,
Et affin qu'ilz foyent plus enclins
De confentir la feparer:

Ou fe c'eft mieulx fait d'endurer,
Et luy dire par bons moyens,

Au moins deviez vous l'huys ferrer,
S'il fuft venu des aultres gens,
Se quelq'ung fuft entré ceans

1

Il n'euft pas falu rompre l'huys.
Lequel eft plus faige? je tiens,
Auffi les Droitz font à ce duys,
Et à ce refolu, que puis

Qu'il fçet qu'on befongne, ou qu'on baise;
Devant qu'entrer doibt dire, & puis,
Qui eft leans? ne vous defplaife,
Ne bougez, faictes à voftre aife,
Sans luy demander que fais tu?
Car qui fe courfe fi s'appaife:
C'eft grant peine d'eftre teftu.
Penfez pour ung gentil coqu,
Qui veult vivre en perfeverance,
Il n'y a fi belle vertu

Au monde, que de patience:

Car pofé qu'on parle, ou qu'on tance,
On n'en tient riens ce n'eft que glofe;
Pour parler ne fe mue plaifance,
Brief, on n'en aura aultre chofe.
Mes mignons fans plus longue profe,
Auffy quant ferez avec gens,
Tenez tousjours la chambre close,
Pour doubte d'aultres furvenans.
Par cefte refponse je rens
Solu le cas qui eft c'y mis,
Et finiffent icy les moyens,
Du Tiltre de injuriis.

Des Droitz nouveaulx avez oùys,
Sept Tiltres c'eftoit mon entente
D'en lire encore cinq ou fix,

:

Voire dix, voire vingt, ou trente,
Mais brief pour cefte année prefente
C'eft force vous tenir à tant,
On ne peult faire que en faifant.
Toutesfoys pour finer ces Droitz,
J'entens lire tous les ans,

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Des Tiltres quelques deux ou troys,
Par maniere de pafletemps.
Pour ceste heure foyez contens,
Peu à peu fault ronger ou paiftre,
Petit à petit on est mailtre.

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Se le temps n'euft efté eftroit, En bref je fçavoye les manieres A faire les reigles des Droitz, Qui cuffent efté fingulieres: Mais d'embraffer tant de matieres En ung coup, tout n'eft pas empraint: Qui trop embraffe, mal estraint. Par Dieu mes Dames, mes Bourgeoises, A tous voz maintiens gracieux, Ne prenez pas mes dictz à noises, Mes motz ne vous foient ennuyeux; En mes ditz n'y a que tous jeux, Et ne quiers à perfonne guerre : Qui l'entend aultrement il erre. Auffy tres redoubtez Seigneurs, Vers vous me veulx humilier. Et vous mercye de voz honneurs, povre petit Efcolier,

Ce

Que daigné avez escouter.

Mais en tous lieux & bas & haulx,
Souvienne vous des Droitz nouveaulx.

Cy finiffent les Droitz nouveaulx.

ICY

COMMENCE

LE PLAYDOYER

DE

COQUILLART. D'entre la Simple & la Rufée.

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